Vous devriez lire le document de
Bernard FRIOT : http://www.carre-rouge.org/IMG/doc/Friot_pour_CR43_def-_.doc
La qualification (et donc le salaire qui va avec)
est un attribut de la personne, elle ne peut pas lui être retirée et elle ne
peut que progresser au cours de la
vie. La qualification personnelle est le
contraire de la sécurisation des parcours professionnels, qui laisse la portion
congrue aux droits transférés de l’emploi vers la personne puisqu’il ne s’agit
que des droits liés à une certaine sécurisation de la mobilité de travailleurs
devant en permanence prouver leur « employabilité » (les comptes
épargne en matière de formation, de pensions, de couverture santé, le droit au
reclassement). Elle est également le contraire du revenu universel. Le
revenu universel (au sens de distribution universelle d’un forfait de plus ou
moins haut niveau selon les projets, disons entre le RMI et le SMIC) pose les
personnes comme porteuses de besoins qui pourraient être, pour un premier
étage, financés par le revenu d’un patrimoine collectif dont l’Etat est le
gardien et sur lequel chacun a un droit de tirage. A cet aval donné à une
institution du capital aussi fondamentale que la propriété lucrative, le revenu
universel ajoute le fait que, « premier chèque », forfaitaire,
constitutif des ressources individuelles, il appelle un « second
chèque », fonction de la contribution de l’individu à la production et
donc confortera le marché du travail et la valeur travail. Le revenu
universel est ainsi l’antagoniste du salaire universel, qui lui nous délivre du
marché du travail, de la disqualification des producteurs posés comme êtres de
besoins, de la fiction du revenu, de la valeur travail et de la propriété
lucrative.
Lire aussi : http://www.ecotheurgie.com/article-petits-trucs-pour-argumenter-contre-l-economie-37609654.html
Dans d’autres systèmes
économiques, il peut exister des instances formelles qui fixent les prix. C’est
le cas dans le distributisme.
Le distributisme prétend souvent qu’il propose un système AMA, où on commence
par la distribution de monnaie (A comme argent). Cette monnaie sert à acheter
des marchandises (M), et ces marchandises sont vendues contre de l’argent (A).
L’enchaînement que Marx identifie dans le capitalisme est MAM.
Cette présentation MAM est biaisée, car elle suggère que la première
marchandise produit de l’argent (respectant le principe de la valeur travail),
alors que la suivante doit être achetée par de l’argent préexistant. Le AMA est
tout aussi biaisé, puisque les distributistes suggèrent que le premier argent
est donné, tandis que le second est issu de la vente de biens. Le mérite au
travail ne détermine plus le droit à consommer d’un individu en première
instance, mais il est réintroduit en second lieu.
En réalité, l’enchaînement réel est de type ...AMAMAMAMAMAMAMA... et n’a ni
début ni fin. Le distributisme ne peut se présenter comme AMA que dans la mesure
où il remet régulièrement les compteurs à zéro avec sa monnaie à durée de
validité limitée.
C’est donc une commission qui fixe les prix dans le distributisme. Ces prix
sont déterminés selon des critères informels d’utilité sociale, c’est-à-dire de
mérite du producteur. Les défenseurs de l’instance marché ne prétendent pas
autre chose. Quel argument les distributistes peuvent-ils donc avancer pour
prétendre être plus équitables que le marché. Un seul : "Le marché est
méchant, nous sommes gentils. Le marché est injuste. Nous serons justes."
Libre à nous de les croire.
Ceci dit, dans le corps économique,
il me semble important que ce soit la tête (politique) qui décide et non un de
ces organes (marché).