Long Wurst Franz
Bravo pour votre exposé. Je partage en partie vos idées. Cela me fait penser aux meilleures pages de Rousseau ou, plus près de nous, à André Gorz (Les métamorphoses du travail, éditions du Seuil).
Reste à voir si l’évolution techologique de notre société conduira nécessairement à un renforcement des structures hiérarchiques. On pourrait penser, au contraire, que la complexification des techniques exigerait des individus mieux formés intellectuellement et plus autonomes.
Par ailleurs, l’interdépendance des travailleurs induit-elle forcément une organisation pyramidale du travail ? Vous connaissez le vieux slogan soixante-huitard : « Ton patron a besoin de toi. Tu n’as pas besoin de lui. » Si, par patron, on entend les actionnaires-propriétaires des grandes entreprises, ce slogan me paraît assez juste. La première chose qu’il faudrait faire, pour orienter la civilisation dans un sens plus égalitaire, ce serait de se débarrasser de cette classe de parasites. Quant aux managers, ils sont sans doute utiles, mais pourquoi auraient-ils forcément plus de pouvoir que les autres travailleurs ? Dans les entreprises autogérées, les managers sont élus, donc révocables par les travailleurs, qui sont en même temps propriétaires. Pourquoi ne pas étendre ce modèle à toutes les entreprises ?
Enfin, la complexité de notre civilisation est parfois purement artificielle, et pourrait sans dommage diminuer. Je pense ici aux produits financiers, dont la complexité et l’opacité sont en grande partie responsable de la crise des subprimes. Il en va de même pour la constitution de sociétés écrans, destinées à masquer les activités des entreprises. Tous ces artifices techniques et juridiques pourraient être supprimés avec un peu de bonne volonté politique.