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Commentaire de Deneb

sur Eloge d'une voie humaine


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Deneb Deneb 14 octobre 2010 11:17

Bonjour Mme Boutin

Parlons de consommation. On consomme quelque chose qui se consume. Qui s’épuise. On consomme de la nourriture. On consomme de l’énergie, encore que celle-ci existe en quantités illimités, il suffit de l’apprivoiser, ce que l’Humain fait depuis la nuit des temps. Mais en parlant de la jouissance, du plaisir, du désir, de la motivation, de l’enthousiasme, de la passion ... Peut-on consommer ces valeurs ? Peut-on vraiment parler de la consommation en parlant de la culture ? S’épuise-t-elle lorsque l’on en profite ? Non, c’est même le contraire. La culture et le plaisir ne sont pas des biens consommables. Ce qui leur attribue leur puissance c’est le

partage. La culture ne croît que si tout le monde en profite.

Vous dites qu’il faille encadrer le « marché des désirs ». Les désirs sont-ils des biens consommables pouvant faire l’objet d’un marché ? Les désirs sont-ils taxables ? Je crois, comme vous, que l’Humain, pas seulement l’homme comme vous dites, n’a pas de prix, ni de valeur marchande. Ni ses rêves, ni ses désirs, d’ailleurs.

Nous sombrons peu-à-peu dans la douce illusion que l’argent peut tout acheter, que tout peut faire objet d’un marché. Sans doute à cause de cet amalgame entre la consommation et l’enrichissement culturel, intellectuel et spirituel qui n’est pourtant pas une ressource épuisable donc consommable ; Elle n’existe en effet que dans la mesure de sa propagation et du partage qu’elle suscite.

J’ai la vision d’une société future où les gens consommeront de moins en moins de biens matériels, mais s’enrichiront sans scrupule sur le plan culturel, intellectuel, spirituel. Où l’on jouira sans entraves des fruits de l’imagination et de l’ingéniosité humaines.

Pourtant le gouvernement dont vous faîtes parti veut réduire la culture, ce temple de l’imagination humaine, à un simple bien de consommation. En traquant les méchants cinéphiles et autres mélomanes récidivistes, qui « volent » les oeuvres, en évoquant la culture avec une sémantique consumériste, votre gouvernement n’a-t-il pas installé ses étals dans ce temple ? Vous croyez en Jesus-Christ, ce qui n’est pas mon cas, je me considère athée. Mais j’ai la foi en société humaine qui finira inévitablement par renverser ces étals et libérer la culture du carcan mercantile dans lequel veut l’enfermer le Pouvoir.

Avec tous mes respects.


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