« »« » ceci est intolérable, parce que c’est inacceptable« »« »
S’il a vraiment dit ça, ce qui ne m’étonnerait pas, on serait devant une double preuve. Devant la preuve que les chefs sont convaincus de pouvoir dire n’importe quelle creuserie pourvue qu’elle soit dite avec autorité. La preuve aussi que sur le fond, on finit par ne plus savoir pourquoi le diable est diable.
Un gamin demande à sa mère pourquoi les bébés naissent dans les choux et pas dans les poireaux, elle lui répond parce que parce que.
Dire d’une injure qu’elle est intolérable parce qu’elle est intolérableo ou inacceptable, c’est être à bout de souffle intellectuel. On semble avoir épuisé tous les véritables arguments. Faute de vraies munitions, on jette à l’ennemi des navets.
Cette hyper tautologie prouve peut-être surtout une troisième chose. On a peur de dire un mot de travers.
Monsieur Guerlain, devant Elise Lucet, avait été mis en confiance et il s’était mis à parler de façon décontractée. Résultat de cette décontraction, il a dit des choses qui ne se disent pas en public. Ouille.
Alors quand un chef est de corvée pour essayer de poser quelques mots d’apaisement sur un scandale touchant son entreprise, il ne fait pas le malin et tourne en très petits ronds autour de quelques mots sûrs. Intolérable, inacceptable sont de ceux-là.
Je suis certain que ceux qui essayent de sortir du pot de confiture en serrant deux mots similaires entre leurs fesses refuseront de développer. Trop de risques de dire une connerie.
-Pourquoi chef, pourquoi c’est intolérable ?
-Ecoutez-moi bien. C’est intolérable parce que c’est inacceptable.
Etant entendu que toute la charge de la faute revient à un individu instantanément transformé en fusible, en part du feu ou en bouc émisssaire.
Le luxe est, selon un certain point de vue, une injure à l’humilité, à la modestie et au partage économique des ressources. Tant qu’il ne la joue que glamour, il est inoxydable, comme l’aristocratie autrefois. Mais quand par inadvertance, le luxe prouve, par quelques paroles échappées, son mépris et son élitisme, il est rejeté par la masse. Seulement par la masse. L’élite serait plutôt contente de ces coups francs portés aux rampants et grouillants.
Exemple : lorsque le premire bonze s’était immolé au Vietnam pour protester contre le régime du président Ngo Dinh Diem du Sud Vietnam (un homme férocement anti communiste mais très intègre) sa belle-soeur Nhu avait lancé « Bin, ça leur fera un barbecue »
L’effet de cette phrase a été terrible. Le régime a été renversé et elle a été tuée.
La phrase cynique attribuée à Marie-Antoinette « Ils n’ont pas de pain ? Qu’ils mangent de la brioche ! » si elle était vraie, serait d’un effet aussi dévastateur pour l’aristocratie.
La Coupe semblant pleine à ras bord un peu partout dans le Monde, la néo aristocratie (dont fait clairement partie Galliano au moins en tant que Vatel de ses robes) a tout intérêt à faire très attention à ce qu’elle dit.