« se traduit le plus souvent en français par »Sous-prolétariat" et désigne
les masses urbaines marginales, vivant de manière parasitaire et
fondamentalement incapables d’accéder jamais à une conscience
révolutionnaire.«
Je connais dans ma banlieue des individus vivant de manière parasitaire mais absolument pas de »masses urbaines marginales" expression empreintes d’un mépris de classe envers les couches les plus en difficulté, car là on cible là non pas des comportements délictueux de bandes ou de gangs mais une population dans son ensemble. Ce qui est inacceptable.
Un autre point de vue sur cette question, écrit avant la Révolution russe de 1917 mais qui conserve encore à mon avis une part de vérité
Makhaiski s’oppose à Marx en affirmant le potentiel radical que portent en eux les
chômeurs et les « houligans » du lumpenprolétariat
: « Les socialistes et les sociaux-démocrates en particulier,
en commun d’ailleurs avec toute la société bourgeoise, s’efforcent
de provoquer chez les ouvriers les mieux intégrés du mépris
à l’égard des vagabonds, des plus pauvres, des “lumpenprolétaires”.
Les socialistes n’hésitent pas, à cette fin, de nourrir chez
les ouvriers les instincts les plus féroces de l’ordre d’exploitation.
« Avec le développement de la vie bourgeoise, avec le développement
des syndicats, un fossé se creuse entre les ouvriers les mieux rétribués
et les couches d’ouvriers plus pauvres [...] [Ceux-ci] ne sont évidemment
jamais satisfaits, toujours enclins aux révoltes ; ceux-là,
les ouvriers mieux intégrés, ne comprennent pas la position
désespérée des premiers, ils sont contents de la garantie
de travail et de vie relativement satisfaisante qui leur est assurée
; aussi, craignent-ils de les perdre et à cause de cela garantissent
à la bourgeoisie ce qui lui est nécessaire : la tranquillité
de l’État. »
Il précise : « La révolution ouvrière n’exige
aucune rééducation des houligans. Bien au contraire, il faut
que les sentiments et les aspirations des masses affamées, ce que
la bourgeoisie et les socialistes appellent houliganisme, se répandent
parmi toutes les couches de la population ouvrière, afin que ces
sentiments et aspirations soient réunis en une exigence unique.
Il est indispensable que les ouvriers exigent de la bourgeoisie cultivée,
comme le font les houligans, non pas des droits politiques, non pas des
idées grandiloquentes et de l’éducation, mais de l’argent
bien réel, des biens matériels les plus terre à terre. »
Autrement dit l’unité de la classe et de ses différentes strates est une nécessité pour la Révolution ouvrière. Révolution qui doit avoir pour but d’arracher à la propriété privée de la classe bourgeoise les moyens de production et d’échange. Première étape permettant ensuite l’égalité sociale dont toute la classe anciennement exploitée bénéficiera.
Diviser le prolétariat et tenter de placer ses couches supérieures au service du monde des mains blanches, des bureaucraties politiques ou syndicales qui ont toujours été le principal rempart de la bourgeoisie contre les travailleurs et les chômeurs est sans aucun doute le danger principal.
Qu’on cesse de mépriser les plus mal lotis d’entre nous !