Ce texte ressemble à un inventaire de Prévert : cela tient de son objet
qui est lui-même probablement un fourre tout plus littéraire que
politique.
Voyons un peu :
« la construction
européenne élèvera un mur entre une représentation sans pouvoir (les
gouvernements des Etats) et un pouvoir sans représentation (les
technocrates, les juges et les lobbies à Bruxelles ». Mais ce qui est
intéressant dans ce livre, ce sont aussi les ponts faits entre toutes
les pages de l’actualité, du spectacle à la politique, du sport à
l’économie, pour livrer des analyses sur notre société. Ainsi, il
soutient que « l’heure venue, le Marché s’emparera sans mal de ces
hommes déracinés et déculturés pour en faire de simples consommateurs »
D’une
part, je ne vois pas de raison d’élever un mur (quelle sorte de mur ?)
entre les États sans pouvoir et le Pouvoir sans légitimité. D’autre
part, le marché s’est déjà emparé de ’’ces hommes déculturés’’.
Après nous avoir fait accroire que l’égalité était antinomique de la
liberté, voilà que les politiques nous assurent que la sécurité se paie
par un peu de liberté en moins ? C’est archi-faux ! C’est le
consumérisme qui nous rend esclaves. La seule sécurité en régime
néolibéral c’est l’argent : celui qui n’en a pas peut crever.
’’Il (Zemmour) note
que « l’informatique encourage une décentralisation, une dispersion du
pouvoir de décision contraire à notre tradition (…) le capitalisme à
l’ère informatisée redevient une jungle où règne a loi du plus fort, un
monde hobbesien de la guerre de tous contre tous. Une violence de type
féodal ressurgit »
En lisant ça, je dirai que Zemmour
n’aime pas l’informatique et lui fait un mauvais procès : l’informatique
a ses débuts était au contraire un outil de centralisation. S’il faut
reprocher quelque chose à l’informatique en l’occurrence, c’est surtout
le trading à haute fréquence, ce crime contre l’industrie et le commerce
des hommes.
’’Il prend position pour le cumul des
mandats, dont l’interdiction « couperait le lien entre les provinces et
Paris. La France redeviendrait cet agrégat inconstitué de peuples
désunis dénoncé par Mirabeau » et cite Pompidou : « Il y a eu déjà
l’Europe des régions ; ça s’appelait le Moyen âge ; ça s’appelait la
féodalité ».’’
Vieil argument éculé, commun aux cumulards
et aux jacobins : pas besoin de la suppression du cumul des mandats pour
faire de la France un agrégat inconstitué de peuples désuni ; Zemmour se contredit, puisque par ailleurs, il a dénoncé un tel processus déjà en œuvre.