@Hervé Hum
"Quand bien même tous les
arbres de la terre se changeraient en calames (plumes pour écrire),
quand bien même l’océan serait un océan d’encre où conflueraient sept
autres océans, les paroles de Dieu ne s’épuiseraient pas. Car Dieu est
Puissant et Sage." (Coran 31:27)
Je suis dans l’ensemble assez d’accord.
La Shahada est, comme son nom
l’indique, une profession de foi, et le deuxième terme, n’implique pas
que le prophète Mohammad soit le seul prophète de Dieu, mais que celui
qui fait cette profession de foi se rattache à cette révélation là.
Le Coran affirme que Dieu a envoyé des prophètes à chaque peuple :
163. Nous t’avons fait une révélation comme
Nous fîmes à Noé et aux prophètes après lui. Et Nous avons fait
révélation à Abraham, à Ismaël, à Isaac, à Jacob, aux Tribus, à Jésus, à
Job, à Jonas, à Aaron et à Salomon, et Nous avons donné le Zabour à
David.
164. Et il y a des messagers dont Nous t’avons
raconté l’histoire précédemment, et des messagers dont Nous ne t’avons
point raconté l’histoire - et Allah a parlé à Moïse de vive voix -
165. en tant que messagers, annonciateurs et
avertisseurs, afin qu’après la venue des messagers il n’y eût pour les
gens point d’argument devant Allah. Allah est Puissant et Sage.
A
noter d’abord que « Dieu Seul Souverain » implique, dans la mesure où
l’homme est un être construit par le langage que la Souveraineté Divine
passe par l’expression de Sa Parole donc de la Révélation.
Ce qui
implique également que tous les êtres humains ont reçu, par
l’intermédiaire de prophètes, cette révélation. Dans ce contexte la
Shahada, consiste en l’adhésion à cette révélation particulière qu’est
la révélation coranique. l’enseignement étant que toujours les hommes dévoyent la révélation et que celle-ci corrige les égarements précédant.
Si l’Islam a prétention à l’universel,
c’est parce qu’il s’adresse à tous, indépendamment de la race, de l’éthnie , de la couleur de peau ou du sexe et non pas parce qu’il
révèlerait une vérité communément admise par tous les humains.
Ainsi, si l’islam est universaliste, il n’est pas exclusiviste et ce malgré : « Et quiconque désire une religion autre que l’Islam, ne sera point agréé, et il sera, dans l’au-delà, parmi les perdants. »
[ Sourate 3 - Verset 85 ]
Sans
entrer dans le détail ici, d’autres versets infirment ce sens littéral
et il est assez facile de montrer que l’Islam dont il est question ici,
n’est pas l’islam - religion constituée - comme on l’entand aujourd’hui.
Toujours est-il, et c’est
un enseignement constant, que les autres religions révélées sont
considérés d’un point de vue Islamique comme des religions légitimes,
même si parfois trompeuses. Les religions révélées étant initialement
les religions du livre, elles ont été étendues rapidement à l’hindouisme
et au bouddhisme quand les musulmans ont été en contact avec des
populations ayant ses religions.
Le point important ici est de
voir que c’est de cette logique là que nait le statut de Dhimmi, c’est à
dire de minorité religieuse protégée. Pourquoi faut-il protéger les
minorités religieuses : parce que l’instinct grégaire fait que l’homme a
tendance a rejeter l’autre différent en l’accusant de ses propres
malheurs. Il faut donc comprendre ce problème et le circonvenir. Soit
par l’idéologie, soit par la pratique.
Quoiqu’il en soit, le
statut de Dhimmi à ceci d’intéressant pour le thème qui nous occupe,
c’est qu’il est une façon de créer une forme de « souveraineté gigogne ».
Il y a allégeance, c’est à dire le fait que le protégé accepte de vivre
dans une société qui ne réponds pas à ces codes, il y a en échange la
protection, et surtout il y a, pour le protégé, la possibilité de vivre
selon sa propre loi et d’exercer sa propre justice. Je pense que si l’on
voulait définir ce qu’est la souveraineté, il faudrait utiliser cette
définition : qu’il s’agit de la possibilité d’exercer sa propre justice,
de faire sa propre loi.
Je voudrais ici ajouter une petite
anecdote et présenter une forme de justice qui pour un occidental est le
pire de la justice, puisque cette forme de justice ouvrirait la voie de
l’arbitraire des petits juges autoproclamées. J’ai vu au Maroc un
paysan illettré rendre la justice. Oh, il ne tranchait pas de grandes
affaires, il s’agissait de litiges entre paysans, des histoires de
propriété d’agneau ou autre. Mais l’exemple illustre parfaitement la
façon dont fonctionne la justice islamique aux mains des musulmans
eux-mêmes.
Ce paysan était juge, parce qu’ayant atteint un age
vénérable et la réputation d’un homme intègre, il avait été choisi pour
régler les litiges entre villageois. Il n’avait pas de diplôme, il
n’avait pas fait les étude de fiqh. Mais il jugeait.
Évidement, même s’il n’avait pas fait les études, le jugement doit se baser sur les preuves et non sur le désir. Aussi il écoutait les avis de chacun, l’affaire pouvait prendre la journée entière, au souk, autour d’un verre de thé à la menthe.
Et moi je crois cela important. cette possibilité, pour l’homme, de s’approprier la justice, justement parce que la source de la morale se trouve dans la relation personnelle à Dieu. Redescendre au niveau de l’humain, de la personne, seule réalité humaine.