Merci pour cette très généreuse entrée en matière et pour l’intérêt porté à mes réflexions. La question du gaullisme, de l’ère gaullienne et de De Gaulle lui-même me passionne parce qu’elle est à mes yeux explicative en grande part du système politique français.
Comme il est très tard, je ne répondrais pas d’une traite sur tous les sujets que tu abordes dans ton commentaire.
Je ferai seulement trois remarques :
- Macron, comme la plupart des énarques et autres oligarques, n’a pas de conviction politique. Il aura attendu de se retrouver nommé ministre par Hollande pour esquisser non pas une analyse cohérente mais des formules destinées à faire parler de lui. On ne lui connaît pas le moindre texte, article ou exposé de conférence, et son livre Révolution est une collection d’inepties qui auraient pu être produites par n’importe quel cabinet de conseil en marketing politique. De Gaulle est apparu durant la campagne et pas seulement du fait de Macron, je le raconte dans mon article « Macron ....tous gaullistes. » Cela étant, il y a effectivement des points de comparaison, qui tournent en gros autour de la gouvernance autocrate et d’une posture quasi théâtrale qui réduit l’action réformatrice à du discours mis en scène.
- Les composantes du gaullisme originel, celui qui va de la libération à la reprise du pouvoir en 58, ne sont pas le fruit de la pensée de De Gaulle. Je l’explique dans cet article, la doctrine dite gaulliste vient en fait des Croix de Feu-PSF et leur chef, le Col de La Rocque. Je te recommande de lire (on peut le télécharger sur internet) Service Public, publié en 1934, où l’essentiel de ce qui fut développé plus tard par De Gaulle s’y trouve exposé.
- Ce qu’on appelle le gaullisme libéral est en fait ce que Soustelle dénommait le néogaullisme, qui est tout simplement ce que De Gaulle a instauré très rapidement, une fois installé à l’Elysée. L’ére gaullienne, les dix ans de pouvoir quasi absolu de De Gaulle, n’a rien appliqué de qui formait la doctrine gaulliste.De la même manière que De Gaulle, quand il en a eu la possibilité à la tête d’une division blindée en mai 1940, n’a pas appliqué ses convictions en matière tactique, le rôle des chars dans une bataille (ce qui lui a valu d’être balayé par les panzers de Guderian), une fois Président, il a engagé la France dans une voie toute contraire à celle qu’il avait prêchée durant les années du combat gaulliste.
Voici pour ce soir, cher jeune homme, en te recommandant également le fort instructif livre de Mitterrand Le Coup d’Etat Permanent.