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Commentaire de frederic5

sur Ce que rapporte un salarié modeste à l'Etat


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frederic5 (---.---.154.191) 27 avril 2006 20:20

Ça me gave un peu (sans vouloir être incivil...), ces débats très français sur tout le pognon pris par « l’Etat », alala ma brave dame, avec tous les rmistes qui s’engraissent sur le dos de la collectivité, et tous ces fonctionnaires qui coûtent cher, etc.

Je voudrais juste rappeler quelques évidences :

1. tout d’abord, l’argent prélevé sous la rubrique « charges patronales » n’est pas pris par l’Etat, mais en grosse majorité par les caisses de solidarité : assurance-maladie, retraites, etc. Bon d’accord, il y a la CSG, mais majoritairement, cet argent ressort immédiatement des caisses pour être reversé aux remboursements de médicaments, actes médicaux, hospitalisations, d’une part, aux retraités d’autre part, et aux chômeurs pour une troisième part.

2. C’est par abus de langage (ou dissimulation) qu’on appelle ces charges « patronales » : il serait plus juste de les appeler « charges prélevées sur le salaire de M. ou Mme X, versées directement par l’employeur pour anesthésier le salarié ». Pour reprendre l’exemple que vous donnez, si on disait : voilà, votre salaire mensuel est de 1774 €, mais on ne vous donne que 972 € net, le reste c’est pour les charges, il aurait certes l’impression de se faire avoir, mais ça serait la même chose d’un point de vue comptabel. C’est par une illusion d’optique que le patron a l’impression que c’est « son » argent qui part. Au Pays-Bas, le salarié paye « lui-même » la majeure partie des cotisations sociales, je ne me rappelle plus les chiffres précis, mais c’est de l’ordre de 40% du salaire pour le salarié, et 15-20% pour le patron (si un lecteur néerlandais veut corriger avec les chiffres précis, je suis OK). On est au même poids « fiscal », mais la répartition est différente. On aurait mauvaise grâce à dire que c’est différent, non ?

3. On trouve tous que c’est cher parce que les rentrées sont insuffisantes par rapport aux dépenses. Or, c’est insuffisant parce que :
- il y a de plus en plus de retraités (merci la médecine, au passage)
- il y a toujours autant de chômeurs depuis 20 ans
- il y a de moins en moins de jeunes
- on fait commencer leur carrière aux gens de plus en plus tard et on leur fait finir de plus en plus tôt (je suis quinqua avec plein de diplômes, et je viens de passer par une période de chômage, je certifie qu’après 45 ans, on vous regarde comme une bête curieuse, en tout cas sorti du système, il n’est pas vraiment question de vous y faire revenir).

Et là, ça achoppe. En effet, un « patron » embauche quand il a suffisamment de prévisions de commandes, ou de commandes fermes, et sur un laps de temps suffisant pour se dire : tiens, je vais créer un poste supplémentaire. On n’embauche pas pour faire plaisir à « l’Etat », mais pour assurer un travail qui sera payé de façon certaine par un client. Ce n’est pas parce qu’on crée un nouveau type de contrat qu’on crée de l’emploi, il faut être au moins ministre pour croire de telles âneries.

Je suis d’accord qu’en France, le haut de la pyramide hiérarchique de l’Etat (ceux qu’on voit à la télé, ou ceux qui sont juste derrière) est un peu chargé (pour les résultats obtenus).

Plutôt que de coûteux plans de développement communicationnels (comme le doux délire de mixité sociale ou l’endettement des pauvres pour pas cher avec la maison pas chère à 100 000 euros de M. Borloo), il serait plus judicieux à mon avis de créer une agence d’aide au développement des commandes d’entreprises françaises à l’étranger (et pas que le TGV ou les centrales nucléaires, hein, des vraies entrepises de biens de consommation, comme des casseroles ou des chaussures [1]), c’est-à-dire d’aider les emplois de maintenant, et de subventionner réellement la recherche ; comme les Etats-Unis et la Chine (les emplois de demain).

Ouf, ben voilà, j’ai été un peu long, mais j’ai dit ce qui me démange depuis des années. Merci de m’avoir lu !

[1] Faites un test : retournez vos casseroles et vos chaussures, et cherchez la mention « made in... ». Vous serez surpris du résultat, ce n’est pas toujours le tiers monde qui nous fournit.


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