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Commentaire de carnac

sur Contrat nouvelle embauche, un contrat dévoyé de son objectif


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carnac (---.---.7.104) 29 avril 2006 22:55

J’apprécie vraiment la constructivité de votre témoignage .

Si j’avais eu à vous conseiller je pense que je vous aurais cependant conseillé de signer un CDI pourquoi ?

- Tout d’abord votre informaticien est sans doute de niveau cadre : il a 3 mois de période d’essai renouvelable ce qui fait six mois d’essai en tout pour le tester. Je suis certaine que vous êtes capable de dire si une personne vous convient en moins de 6 mois et vous ne prenez pendant ces 6 mois aucun risque pour votre entreprise.

- Ensuite le CDI a toujours prermis de licencier pour cause économique et notamment dans le cadre d’une perte de marché .

- Si vous licenciez dans les deux ans il y a très peu d’indemnités à verser car les indemnités sont proportionnelles à l’ancienneté ...

De plus comme le précédent témoin , vous mettez en cause dans le cas d’un licenciement économique la crainte d’être plus « plombé » encore par lesdites indemnités .

- Le problème c’est donc les indemnités et pas le CDI .

Toute les prochaines négociations devraient tourner autour du financement des inter-contrats . Il est très intéressant de voir la suite donnée aux contrats de transition professionnelle .... S’ils fonctionnent il sera possible de rester au CDI classique mais avec une modification à la baisse du régime indemnitaire du licenciement.

- Par ailleurs la séparation « amiable » est possible en CDI : c’est une « transaction » : c’est même très fréquemment utilisé .

- Enfin vous craignez le départ d’un salarié formé , je vous comprends mais vous n’avez qu’un seul cas où le salarié vous doit des indemnités s’il part avant le terme de son contrat c’est le CDD : quand on tient à la présence sans faille d’un collaborateur , il n’y a pas mieux . Pour votre spécialité informatique cela s’appelle un « contrat de mission ».

CONCLUSION : Dans le cas du CNE on fait supporter au seul salarié l’imprévisibilité de la pérennisation de l’emploi puisqu’étant licenciable d’un jour à l’autre il se trouve privé de tout moyen de trouver un logement proche de son travail par exemple (les bailleurs exigeant un « vrai CDI » ), et privé de droit à l’emprunt - ne serait que pour acheter une voiture d’occasion pour aller travailler

Notre gouvernement n’étant pas pressé de faire entendre raison aux bailleurs d’une part et aux banquiers d’autre part sur ces deux points - sans méconnaitre les difficultés des entreprises - il sera absolument nécessaire de trouver une autre solution car le CNE n’est pas vivable pour les salariés dont la vie quotidienne est rendue particulièrement aléatoire pendant deux ans.

Je sais parfaitement de quoi je vous parle , j’ai un fils de 28 ans qui vient d’être embauché en CNE à 60 kms de la maison : il ne parvient pas à trouver un logement proche de son travail car il est considéré comme « en emploi précaire » . Résultat :
- c ’est trois heures de trajet qu’il fait journellement pour pouvoir travailler ce qui n’est guère bon pour le rendement au travail ,
- kilométrages non déductibles des impôts puisqu’on dépasse 45kms , il ne peut déclarer les frais rélls : célibataire c’est donc le maxi d’imposition qu’il devra payer , donc perte de pouvoir d’achat de son salaire (heureusement que je peux l’héberger gratuitement)
- si sa vieille polo meurt ... il n’aura aucun moyen de la changer
- il ne pourra pas emprunter vu la précarité de ses ressources ....

à part démissionner et reprendre un travail en CDD plus proche , c’est la seule solution qui lui restera .

- C’est une réalité dont il faut AUSSI tenir compte .

- Cette réalité, quotidienne là ne défraie pas plus la chronique que ne le font les employeurs honnêtes qui péreniseront le CNE mais cette situation - très mal vécue , je peux vous le dire - fait d’office BEAUCOUP DE MAL à la relation employeur- salarié car comment se consacrer sereinement à son activité professionnelle quand on ne sait pas si sa voiture démarera le lendemain et comment se sentir « reconnu » dans l’entreprise quand on vous met à « l’essai » pendant deux ans ... Le tout à un âge où très naturellement on voudrait s’installer ...

Bien des jeunes ont des parents qui n’ont pas les ressources nécessaires pour se porter garant d’une location ayant eux-mêmes des charges importantes : il suffit de voir que 50% de la population ne paie pas d’impôts sur le revenu . Il y a eu dans les dernières années un affaissement considérable des salaires de la classe moyenne et , de ce fait , nos jeunes sont moins aidés que nous ne l’avons été par nos propres parents.

- J’espère que ce plaidoyer vous incitera à apporter une attention « paternelle » à la situation quotidienne de votre jeune CNISTE pendant deux ans .


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