Le prétendu racisme originaire des jeunes désoeuvrés et délaissés des guettos ne pourrait être, si elle était avérée, qu’une riposte, en effet maladroite, irrationnelle et catastrophique, à la situation qui leur est faite et qui ne leur accorde de droits qu’autant qu’ils sont exclus de la possibilité de les faire valoir concrètement, à l’école et au travail ; exclusion dont nous savons scientifiquement qu’elle est bien réeelle. Cette contradiction entre droit formels et droits (capabilité, A.Sen) réels est seule originaire, car elle est suffisante pour nourrir la haine amoureuse vis-à-vis d’une société qui les discrimine sans le dire ou en prétendant le contraire.
La revendication de l’islam identitaire, très peu présente dans ces évênements pour tous ceux, sociologues, journalistes ou RG pour une fois unanimes qui ont enquêté sur le terrain, n’est rien d’autre qu’une des figures (négatives) de cette tentative désespérée de sortir de la dévalorisation ou négativité dont ils se sentent victimes.
Dans ces conditions, dénoncer unilatéralement et fantasmatiquement, comme le fait A.F, le caractère racial ou ethnique de ces émeutes (en forme de défit flamboyant et ludique) c’est inverser la relation de conditionnement et de pouvoir dominant/dominé au profit d’une vision purement répressive de la remise en ordre qui évite de poser la question des conditions socio-économiques du désordre et qui, bien plus, la révoque avec un mépris digne de l’insulte aristocratique ; cela même Monsieur Sarkosy le sait qui ne manque pas d’assortir ses propos, au sens propre incendiaires, de la promesse vague et dont l’expression est contestable de discrimination positive.
Le rôle d’un philosophe est de dépassionner la réflexion pour aller au delà des apparences afin de mieux agir (agir d’une manière plus mesurée et plus convenable pour pacifier la situation), non d’attiser les ressentiments passsionnels aveuglants. La position extrémiste d’A.F est aux antipodes d’une attitude philosophique réfléchie et responsable.