Il me semble qu’il y a deux problèmes différents.
L’un sur l’art, l’Art (?), l’autre sur la question éthique.
Concernant l’art, la tendance reflétée par cette performance est celle issue de « néo-duchampisme » (issue de Marcel Duchamp), qui a déplacé la notion d’oeuvre d’art par la mise en musée d’objets quotidiens, (dont un célèbre urinoir). L’art rejoint la vie.
Aujourd’hui c’est la vie elle-même qui est censée devenir art.Mais on ne peut plus parler l’Oeuvre d’art en tant que tel, puisqu’il n’y a pas d’objet créé, ni de possible mise en pers^pective temporelle l’acte est immédiat et non transmissible (à la différence des ready made de Duchamp). Il s’agit plutôt d’un acte d’art, qui est là poussé à son paroxisme, mais suit malgré tout une tendance actuelle. Pour moi, cela est plus du domaine du théâtre, de l’art vivant, que de celui des arts plastiques, des œuvres d’art en tant que telles. C’est un problème de statut social, en définitive (l’art vivant étant moins « côté », surtout aux US.)
Question éthique, faire de son enfant un objet public, c’est lui enlever la possibilité d’être soi. Cela rappelle le film « the truman show ». C’est nier l’intimité d’un être qui a à devenir un humain. Plus profondément, « l’artiste » préfère la notoriété à l’amour, l’avoir, voire le paraître, à l’être. Et surtout, elle ne se pose pas la question de son futur enfant. Elle fait un enfant pour elle, non pour lui. On pourraît même dire que c’est de l’esclavage, puisqu’elle le fait vivre pour son travail, à elle, elle le fait naître pour travailler. C’est donc tout-à-fait condamnable.