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Labrique Baudouin Labrique Baudouin 28 octobre 2011 09:26

L’auteur commente : « La démarche utilisée (dramatisation, diabolisation, pénalisation, sanctuarisation de la médecine « officielle », etc.) par les pouvoirs publics a bien des risques de rester stérile. Comme l’est globalement la politique antisecte du gouvernement qui a eu pour résultat, en quelques années, de faire passer d’une quinzaine à près de mille le nombre de groupes qualifiés de « sectes » ! »
 

Il y a surtout cet amalgame : approche non conventionnelle = suspicion de secte
 

L’auteur commente : « La méthode Hamer, malgré les ambiguïtés et les rigidités du discours du Dr Hamer et de ses affiliés, met l’accent sur un point capital : le rôle de l’esprit dans la survenue de la maladie et dans sa disparition. Cet aspect-là, fortement négligé, voire méprisé, par la médecine conventionnelle, est cependant crucial dans tous les processus de guérison. Et s’il y a eu des victimes de cette méthode, il y a eu aussi tous ceux qui en ont recueilli des bienfaits. Ces derniers ne seront certainement pas prêts à renoncer à ces bénéfices. »
 

Si Hamer a effectivement remis l’accent sur l’influence de l’esprit sur le corps, il se rend coupable d’un double déni et de taille (se faisant fallacieusement passe pour un authentique découvreur) :
 
La démarche de Hamer est en grande partie malhonnête intellectuellement et indigne du scientifique qu’il se prétend : comme pour celle de son suiveur Sabbah (Biologie Totale) la diffusion de ces approches ont presque réussi à faire croire qu’elles prenaient en compte l’aspect psychosomatique des maladies et pour la première fois !
 
Hamer et Sabbah sont tous les deux dans le déni de ce qui est psychosomatique et dont ils se sont gardés d’ailleurs d’utiliser le terme, masquant ainsi toute l’histoire de la médecine psychosomatique et avançant leurs approches comme étant innovantes (ce qu’elles ne sont pas !) ; c’est parfaitement malhonnête sur le plan intellectuel !
 
« C’est la médecine tout entière qui doit s’ouvrir à la psychologie et devenir psychosomatique. Ou pour mieux dire, avec WEISS et ENGLISH [°] : « Toute maladie relève à la fois de l’esprit et du corps et toute thérapeutique est, de ce fait, de la médecine psychosomatique. Lorsqu’on en sera dûment persuadé, le terme psychosomatique pourra disparaître, les données qu’il traduit étant désormais impliquées dans le terme médecine ». Mais pour cela il faut que tous les médecins et psychiatres soient authentiquement formés à la psychologie et aient renoncé au préjugé organiciste. ». (Marc-Alain Descamps (1992). Corps et psyché, p16).
° Ouvrage de référence : Médecine Psychosomatique. L’Application de La Psychopathologie aux Problèmes Cliniques de Médecine Générale.
 
Tout un pan de la médecine conventionnelle prend en effet et de plus en plus donc en charge l’aspect psychosomatique des maladies et d’ailleurs, la psychothérapie s’en occupe aussi conformément mais plus adéquatement encore (vu que les médecins ne sont pas formés à la relation d’aide psychologique) ; voir notamment cette déjà ancienne définition donnée dans un manuel de référence : « La psychothérapie est l’ensemble des moyens par lesquels nous agissons sur l’esprit malade ou le corps malade, par l’intervention de l’esprit. » (Dr Antoine Porot, co-auteur d’un ouvrage de référence, le ‘’Manuel alphabétique de psychiatrie’’ - 1952). 
 
La psychothérapie ne se limite donc pas aux troubles mentaux. Dans le cas de troubles somatiques, donc physiques, la psychothérapie peut intervenir efficacement : même si les relations entre l’immunité et le psychisme sont scientifiquement avérées, elle n’a aucune prétention scientifique a priori. Je confirme au travers de mon expérience psychothérapeutique sur le terrain des maladies, que cette démarche est « payante » sans se dénaturer par l’usage du « décodage biologique » en prenant des positions contre l’éthique et la déontologie (comme ce à quoi conduit dans la pratique le « décodage biologique) : la mise en situation du patient en le mettant en conditions d’exprimer le sens qu’il donnerait à ses maux (sans aucune induction de la part du soignant) est couronnée de succès, car éthiquement et déontologiquement, c’est au seul patient qu’il appartient de donner un sens et quel qu’il soit à ses maux.
 

L’Association française pour l’information scientifique (AFIS) livre la conclusion suivante suite à l’enquête qu’elle a faite :

« On pourrait assimiler la thérapeutique de cette médecine alternative à la psychothérapie. La médecine soigne le corps et la psychothérapie le psychisme mais dans le cas qui nous intéresse, le corps est dépossédé de son essence, de toute consistance, il n’est plus qu’un objet, un miroir de nos angoisses dans les mains du thérapeute. Il s’agit là d’une dérive pernicieuse de la médecine ‘’ psychosomatique’’. »
(La « biologie totale » sous la loupe, SPS n° 277, mai 2007, article écrit par le Dr Alessandra Moonens : http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article746).
 
C’est plus grave éthiquement en ce qui le concerne, car Hamer et les Hamériens démentent recourir à ce qui est psychologique, et en ont été critiqués ; pourtant, ils procèdent sans conteste à une anamnèse qui est pourtant la description de l’histoire de ce qu’a vécu le patient sous l’angle psychologique !
Croyant évacuer ainsi la nécessaire prise en charge psychothérapeutique de la personne – et les contingences éthiques et déontologiques associées –, ils se cantonnent à parler erratiquement de biologie ou de biologique, et comme je l’ai déjà écrit en d’autres termes dans le post précédent, laissant ainsi croire le grand public alors abusé, que comme il s’agit de biologie, cela bénéficie du même crédit que la biologie reconnue scientifiquement.
 
Dans un ordre d’idée plus en phase avec la réalité, il eût été préférable qu’ils parlent de psychobiologie ou de psychobiologique (1), qui est en phase avec l’objet de la psychosomatique (2), branche universellement reconnue de la médecine conventionnelle.
 
L’origine psychique des maladies avait déjà été relevée notamment par Sigmund Freud et a été entérinée grâce aux avancées de la médecine psychosomatique. Dès lors, la médecine de Hamer. se révèle manifestement être étroitement apparentée à la psychosomatique mais sans que Hamer en fasse nommément référence.
C’est donc là principalement l’objet de l’imposture.
 

Il y a certes d’autres contre-vérités concernant tout ce qui touche au « décodage biologique ».
 
(1) Ou neurosciences cognitives est l’une des branches scientifiquement reconnues de la psychologie et qui étudie les incidences du psychisme sur la biologie
(2) Qui est née dans la seconde moitié du XIXe s. Sa paternité est attribuée au psychiatre allemand Johann Heinroth
 
J’ai consacré deux chapitres parmi les plus importants à propos de la « médecine » de Hamer et de la « Biologie Totale » de Sabbah dans mon livre récemment sorti : « Quand les thérapeutes dérapent » (www.derapeutes.eu) et qui vise à aider les personnes à se prémunir des pièges notamment de ces approches.


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