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ibraluz (---.---.64.110) 26 juillet 2006 16:05

PROVIDENCES

Peu de commentateurs ont avancé, lors de l’assassinat de Rafiq Al Hariri, l’hypothèse d’une manipulation américano-sioniste. Celle d’une erreur stratégique syrienne contentait tant d’appétits frustrés qu’on se rallia prestement à celle-ci, avec tout l’empressement de moutons de Panurge. On mit autant de fougue à déplorer « l’incapacité » américaine à « prévenir » la guerre civile en Irak, enfin opérationnelle, à parier sur l’inespéré - ou le désespérant : c’est selon - conflit fratricide en Palestine ; à la suite des élections que l’on sait, si « généreusement » financées, par la « communauté » internationale ; avant de s’indigner, enfin, des résultats de ces dernières, et de programmer l’étranglement économique des palestiniens. Allons donc ! La nouvelle guerre du Liban ne serait qu’une opportunité tactique, offerte aux sionistes par tous ces événements « miraculeusement » enchaînés ?

Le monde semble aujourd’hui divisé entre ceux qui feignent de le croire - la « communauté » internationale, donc - et ceux qui s’y refusent - l’axe du Mal ? ; les uns et les autres, à plus ou moins haute voix. Cela donne aux premiers le loisir d’orchestrer de très savantes variations politiques sur le thème - un vrai régal de diplomates - susceptibles de berner leur opinion publique, un peu estomaquée, tout de même, par ce retour en force de la « Divine Providence ». On aura ainsi savouré la sortie grand-guignolesque du premier pitre français, artiste en son genre, tout comme celle du parti conservateur anglais, qui en profite pour placer ses billes, en vue de relativement proches échéances électorales. Pendant ce temps, on détruit, systématiquement, la Palestine et le Liban, afin, nous dit-on sans vergogne, de « préparer » les « négociations ». Y prierait-on l’ONU, soudain « providentielle », elle aussi, d’assurer la séparation entre les palestiniens chiites - c’est à dire : le Hezbollah, dont les médias ont, déjà, oublié l’origine géographique - et les palestiniens sunnites, de plus en plus ralliés à la vision unificatrice des Frères Musulmans ?

L’ennui, pour les stratèges impérialistes, c’est qu’ils se sentent trop seuls. C’est leur point faible. Ils échafaudent leurs plans guerriers, sans imaginer, une seule seconde, que ceux-ci puissent nourrir, à terme, une stratégie adverse. Tant obnubilés par leurs menées subversives, visant à diviser toute opposition cohérente à leurs entreprises, ils négligent la convergence indétectable, mais inéluctable, des intelligences populaires, suscitée par la seule lisibilité, croissante, de leurs plans. Or, ce qui compte vraiment dans l’échafaud, c’est le couperet, et la tête dans le panier. De Robespierre à Saddam Hussein, tous les dictateurs - ceux qui dictent, donc, et n’écoutent pas - en ont fait, font et feront, plus ou moins tardivement, mais quasi sans exception, la cruelle expérience. Et, en cette occurrence, si l’on peut admettre que ni Bush, ni Blair, ni même Olmert, ne sont, à proprement parler, des dictateurs - tout au plus, des marionnettes, variablement grotesques, aux mains d’intérêts incontestablement dictatoriaux, quant à eux - c’est bien la politique des Etats-Unis, de l’Angleterre et de la Sionie qui, s’affichant en despotisme planétaire, est en danger de mort subite, avec des conséquences, variablement désastreuses, pour leur population respective ; à moins que ce ne soit celle-ci, qui, providentiellement, ne se charge de la besogne...

La chute des Saoud coïnciderait-elle avec un séisme politique en Amérique du Sud, un renversement d’alliances en Extrême-Orient, une révolution transnationale en Europe centrale ? On chercherait alors, vainement, la tête pensante de tels concours. C’est que les peuples, en vérité, ne forment qu’une seule réalité vivante. Pourtant, bercés par l’illusion d’un confort matériel, de plus en plus rudement, et chèrement, acquis - au prix de quelles misères humaines ? - les peuples occidentaux semblent, dans leur majorité, l’avoir oublié. Enragés par le spectacle d’une injustice institutionnellement mondialisée, outrageusement fardée d’artifices pseudo-démocratiques, les autres peuples du monde, paraissent atteints, également, d’irrépressible amnésie. Tous seraient prêts à en découdre. Choc inéluctable des « civilisations » ? On méditera ici le vieux dicton français : « Chassez le naturel, il revient au galop ». Et l’on prendra, à contrario des despotes, le temps d’écouter, attentivement, cette étrange rumeur qui monte de la terre, moins « habitée » qu’éreintée par tant de providences...


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