L’église et la corrida : silence et complicité !
En 1567, Pie V promulgue la bulle De Salute Gregi Dominici qui condamne sans appel les jeux taurins (La corrida, E. Hardouin-Fugier). Il est question d’abolir, à perpétuité, ces spectacles sanglants et honteux.
Extrait de « De salute Gregis dominici », bulle de Pie V du 1er novembre 1567
Et pourtant, en Espagne comme en France, religion et tauromachie sont indissociables. Un élevage très réputé, près de Salamanque, a été créé par le curé de Valverde. La plupart des arènes possèdent une chapelle attenante où les toreros peuvent se recueillir. Ils sont bénis, comme à Nîmes, par un aumônier des arènes ! L’église espagnole donne à ses frais des corridas auxquelles assistent tous les dignitaires et responsables locaux. En 2002, pour la feria de Béziers, le grand couturier Christian Lacroix ** s’est permis de mélanger sur une affiche la corrida et la vierge Marie. On attend encore les protestations du monde ecclésiastique...
** Christian Lacroix, lui, se revoit tout gamin près des arènes, à l’âge
où on ne lui permettait pas encore d’assister au spectacle. Enfin, pas
celui du public massé dans les gradins. « Je traînais autour du
monument avec ma grand-mère et on venait voir les dépouilles des
taureaux hissées avec des chaînes. On les émasculait, il y avait du sang
partout et tous les gamins qui rôdaient là ne riaient pas du tout. Moi,
ce sang me fascinait et après, avec les autres, on jouait aux toreros
mais aussi aux Romains. »
Dans Qui est là ? son album intime publié au Mercure de France, il va plus loin : « J’étais
pris dans un rituel trop viscéral pour qu’il me fît peur. Passage
initiatique : on me jugeait prêt à assister au combat, aux paillettes, à
la muleta au feutre rouge inégalable, à la cape shocking et or, aux
fesses serrées dans tous les satins de la terre, sauf le jaune
porte-malheur. »
« Dans mes moments de spleen à Paris, dit-il, me revenait aux tripes la chaleur des corridas et des fêtes d’Arles. »
http://www.liberation.fr/culture/0101636971-lacroix-voleur-de-lumieres
Dans le « Midi Libre » du 2 juin 2003, les propos du père Dominicain Pierre-Etienne Veiller sont rapportés : «
la corrida est un combat de l’homme face à la bête et à sa bestialité.
Il doit tuer le péché et l’animalité qui est en lui pour en faire
ressurgir l’humanité ». On est bien loin de Pie V !
« À Nîmes justement, Monsieur « l’abbé » Teissier l’un des deux aumôniers des arènes de Nîmes doit certainement être l’un de ces « prêtres » mondains qui souhaitent plaire. Plaire à une coterie qu’il croit à la mode, cool, in…
Il a, sans barguigner, accepté de faire lui-même une lecture publique d’un texte « Jésus-Christ matador » [ voir article sur Agoravox ICI ] (lequel assimile la crucifixion de Jésus-Christ aux passes d’un tueur d’arène) à la demande de l’association les « Avocats du diable » !
Grand aficionado depuis 1947, année de sa première corrida, le père Teissier évolue depuis plus de vingt ans dans le mundillo, le demi-monde tauromachique. Tauromachie qu’il pratique à ses heures perdues arguant que « L’église n’a pas de position officielle sur la tauromachie […] La mort de Jésus et la corrida nous renvoient tout simplement à la mort. Et la mort, c’est ce qui nous permet de nous interroger sur le sens de la vie. ». »
http://wordpress.catholicapedia.net/?tag=de-salute-gregis