@Kergen,
Votre analyse est positive... à moitié. Je développe ma pensée :
Oui, les néocons, les conservateurs, ont totalement réussi un premier objectif :
La Yougoslavie, l’Irak, la Libye, la Syrie ont subi une destruction partielle ou totale de leur industrie et de leurs infrastructures. Cela représente des capitaux énormes et au moins dix ans de reconstruction. On constatera qu’à part la Tunisie et l’Égypte (où le changement de représentant local de l’impérialisme s’imposait sous peine de déboucher sur un mouvement révolutionnaire de gauche), tous les pays-cibles sont des pays progressistes qui mettaient en échec la politique US dans leur région.
Oui, la gauche dans les pays développés va se faire renvoyer à l’opposition et elle sera irrémédiablement remplacée par la droite à la te^te des pays qu’elle contrôle (il n’y en a pas beaucoup au sein de l’UE).
Mais à qui la faute ?
On remarquera que les élites qui dirigeaient les pays dits « progressistes » étaient souvent corrompues, oligarchiques : ASSAD est le fils de son père, n’est-ce pas ? Kim Jong Il aussi... n’est-ce pas bizarre ? Et les fils de Khaddafi ?
Tournons-nous vers la gauche française ou d’autres pays européens : depuis longtemps, on a constaté qu’à gauche comme à droite, la politique n’est plus une conviction et un engagement, mais un « métier » qui peut s’exercer par les mêmes personnes, aussi bien à gauche qu’à droite ! On a vu des retournements de vestes, des ministres des finances compromis dans des affaires crapuleuses. La politique intérieure, menée par les responsables de gauche n’a pas été une politique de classe, orientée vers une hégémonie culturelle et politique sur les classes moyennes. La ségrégation économique, d’origine ethnique, culturelle, religieuse n’a pas été combattue avec suffisamment de vigueur. La politique extérieure est restée une politique néocoloniale : on soutient les régimes les plus pourris du Tiers-Monde escomptant acheter leurs produits à vil prix en échange des dictateurs et roitelets que nous protégeons.
Des Français meurent ou sont pris en otage, en France même, nous devons subir au quotidien des mesures de sécurité antiterroristes, fatigantes en raison des ennuis que nous allons chercher à l’étranger.
Le niveau de vie de la Suisse est très bon, supérieur au nôtre et pourtant, toutes proportions gardées, ce pays ne supporte pas des dépenses militaires aussi lourdes que nous. Notre armement nucléaire de dissuasion suffit largement à poser notre statut international. mettons l’argent dans une formation très supérieure en niveau et en nombre de nos enfants, dans la santé des Français : la richesses du futur est là et nulle part ailleurs. E tut cas pas dans les aventures et expéditions militaires.
Ma conclusion est que les difficultés que rencontrent des pouvoirs (français et étrangers) a priori progressistes viennent de ce qu’ils ne sont justement pas assez progressistes : ils laissent subsister le trouble et le doute ; on arrive en France au constat populaire, logique : blanc bonnet, bonnet blanc.
A l’étranger, on est parfois gêné de devoir soutenir ou prendre la défense de dirigeants qu’on aurait voulu voir plus radicaux dans leur engagement populaire.