Mélanie Talcott : Il y a une nuance entre la misère n’est pas une poésie (le sens de votre deuxième remarque) et « il n’y a aucune poésie dans la misère » (votre première phrase). Effectivement, la misère en soi n’est pas une poésie, mais la poésie n’a pas de délimitation, elle se pose et croît où elle veut, y compris possiblement sur le terreau de la misère. Et le sens de mon intervention était que beaucoup de grands auteurs de poésie sont des êtres tourmentés, lesquels tourments sont le moteur de leurs œuvres qui ne se bornent pas à décrire le paradis des bisounours. La poésie se situe en fait où vous la voyez, dans le bonheur ou dans le malheur, dans la misère ou dans l’abondance. Moi, je suis allé en Inde, et je vous assure que le moindre miséreux est là-bas plus poète que le bobo moyen de nos tristes contrées.