L’URSS
a disparu mais la Russie est toujours là, et on peut observer une
continuité dans la politique étrangère qui était déjà celle des
tsars à la tête d’un empire disparate aux frontières mouvantes
mais déterminé à constituer un état continental euro-asiatique
reposant sur la culture russe diffusée sur tout les territoire. Sur
le plan intérieur, la bureaucratie stalinienne était l’héritière
de l’administration tsariste dont elle avait recruté les cadres
qualifiés difficiles à trouver ailleurs, et l’économie du pays
fonctionnait à la fois sur une planification centralisée pour la
production industrielle et sur un marché noir pour le reste. Le
passage à l’économie de marché a simplement donné aux mafias qui
contrôlaient ce marché parallèle de se développer sur le mode
occidental.
Les
« chutes » sont souvent des trompe-l’œil et servent aux
idéologues à justifier la thèse qu’ils défendent, en découpant
l’histoire en tranches de saucisson. Mais pour les populations
concernées, le substrat est plus fort que les péripéties
géopolitiques présentées dans le « dessous de cartes ». Il
suffit de vivre à la campagne pour constater que les rapports
sociaux conservent beaucoup de rituels hérités du système féodal,
L’empire
romain n’a pas non plus disparu en 476, et sa « chute » n’a
pas été brutale. Elle n’est d’ailleurs pas terminée. L’église
catholique a pris le relais en se structurant par diocèses (les
mêmes), en centralisant une administration plus puissante que celle
des seigneurs féodaux (croisades) et en imposant une idéologie
commune qui est toujours vivante.
Alors,
parler de « chute » de l’occident est un raccourci audacieux.
Tout au plus y aura-t-il passage de relais d’un groupe dominant à un
autre (ce qui est déjà pas mal), mais il ne faut pas croire que les
BRICS évoquées dans cet article sans les nommer sont une
alternative positive à l’hégémonie du dollar.