Bonjour Robert. Je ne vais pas me plaindre de ton article qui fait l’éloge de la laïcité, ni de tous ceux que tu as cité, sans parler de ceux que nous oublions tous quand nous faisons des citations tant nous re suçons et re mâchons les concepts les idées, et moi aussi je fais de même. Cela montre au moins que nous avons une aptitude à la réflexion et prenons du plaisir à l’analyse et au débat d’idées.
Tout ce que j’écris, des hommes l’avaient compris bien avant moi, et avant nos scientifiques avec moins de moyens à leur disposition ; les orientaux avec le Yin et le Yang (taiji), hindouisme, etc., les occidentaux au travers des mythologies, de la Bible, le Coran et tant d’autres.
Encore fallait-il que leurs successeurs aient les moyens de décoder et traduire les messages, plutôt que d’en faire une codification religieuse immuable où dans certains de ces ouvrages, le savoir y est présenté comme la connaissance spontanée transmise aux prophètes. Cette codification stricte leur a fait perdre le bénéfice de toutes réformes en muselant l’agir social (capacité d’une société de s’interroger et de se réformer). Elle instaure l’immobilisme là, où nous savons qu’il n’y a que mouvement, l’équilibre là, où il n’y a que déséquilibre.
C’est encore aujourd’hui le cas, sous la forme naïve, quand les religions rapportent le « message universel » ou la compréhension de la vie qu’elles ont toutes perçue. Néanmoins je dois reconnaître que leur stabilité offre une assise qui a pu absorber toutes les erreurs commises dans l’élaboration des sciences, et qu’il peut en être de même aujourd’hui, tout en étant accessible au moins instruit.
Mais la stabilité n’est qu’une étape cyclique vers une nouvelle entropie, tel le fait social, ou ce que nous appelons l’impuissance collective sont aussi des stabilisateurs nécessaires, car il est essentiel de comprendre que notre psychique ne résisterait pas à une perpétuelle remise en cause sans un apprentissage, mais c’est seulement quand ces stabilisateurs se figent se pétrifient qu’ils deviennent une entrave. Nous avons vis à vis des théories monétaires le même comportement qui reflète celui humain de si auto justifier. De fait, ceux qui nous les expliquent quelles qu’en soient les variantes nous les présentent comme étant incontournables, parce que calquées sur le comportement dit « naturel ».
C’est l’histoire de la poule et de son œuf, L’un ne peut que donner l’autre et réciproquement. Toute personne qui vous expliquerait que son œuf peut donner un canard, passerait pour fou.
Et bien robert c’est ce que tu viens de faire après tant d’autres et j’en suis fort aise, car j’en fais beaucoup. On ne nait pas laïque on le devient. Nous naissons avec une conscience que la connaissance de notre monde sensible par l’apprentissage modulera et modèlera.
Si la laïcité ne veut pas être un idéal et donc une idéologie, au moins doit-elle accepter d’être une philosophie existentialiste dont il faut apprendre les principes dont tant d’auteurs ont développé les valeurs.
Mais pour qu’elle s’impose dans les esprits il faut faire comme le faisait certain Grecs suivre le maitre pour s’instruire de son enseignement. La démocratie n’est pas en soi garante de la Laïcité, pas plus que ne l’est l’énoncé des droits de l’homme ou le droit. Vu ce que tu as écrit je ne vais pas te faire l’injure de croire que tu ne connais pas toutes les lois iniques qui ont pu être légiférées par des démocraties. Sébastien Say disait qu’il fallait laisser le pouvoir aux plus instruits pour que les affaires soient bien conduites. On ne peut pas dire que c’est ce qui nous manque aujourd’hui.
Pourtant quid des problèmes. Peut-on être croyant et Laïque ? J’ai rencontré des pasteurs qui le soutenaient, mais bien sur ils étaient dans l’esprit des textes et non dans la lettre. Pourtant la différence fondamentale demeure dans l’approche de l’incertitude audelà de la vie (la mort), dans celle de l’incertitude de l’existence avant cette finalité. Les idéologies offrent l’espérance de lendemains idylliques, et dans la générosité de leurs idéaux peuvent déboucher sur des dogmes comme celui que nous vivons aujourd’hui dans la pensée unique, ou celui que tu as signalé. Les religions offrent l’idéal dans l’au-delà, sous la contrainte d’un certain nombre de rituels fondateurs, et face à cette perspective, aucun croyant de délaissera sa religion pour une philosophie ou un idéal. Ainsi la Laïcité porte en elle le germe de sa destruction. Cela comme toutes les organisations sociétale, car si l’une d’entre-elle constituait une vérité absolu, elle se reconduirait héréditairement. Alors oui la Laïcité est un beau concept, bancal aujourd’hui, qui a obligatoirement sa concrétisation, puisque nous l’avons pensé, et que nous ne pouvons rien penser qui ne soit pas en mesure d’exister ; mais pas toujours comme nous l’avons explicité. Excuse moi de ne pas te développer se « canard », ce serait trop long. J’en termine par un autre.
Tout ceci commande d’être convaincu qu’il y a un absolu où tout ce que nous concevons s’écroule, Il est donc nécessaire de comprendre que quelqu’un qui dispose d’une certitude absolue peut se suicider car il est déjà mort. En fait c’est un mort vivant qui ne pourra plus rien apporter au monde, hormis sa destruction, car pour vivre il ne peut développer que la mort qu’il porte.
Cordialement. Et bravo pour ton article.
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