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Pierre R. Chantelois Pierre R. - Montréal 25 juillet 2007 18:24

Il est bien évident que les personnalités rattachées à l’événement ont occulté les questions de fond. Monsieur Sarkozy lui-même balaie la méthode pour se rattacher exclusivement aux résultats : la libération des soignants. Il cite, comme l’indiquait Le Monde, en appuie à ses choix le témoignage d’une des infirmières bulgares qu’il avait eue le matin au téléphone après sa libération. «  Elle m’a dit : je suis la femme la plus heureuse du monde. Elle ne m’a pas dit : quel est le statut de votre épouse, comment ça se passe avec Bernard Kouchner, est-ce que vous avez tenu informé François Fillon ?  »

Le Courrier international fait état des réactions de la presse à Sofia : « Tous les journaux consacrent leur une à l’événement, s’interrogent sur les coulisses de la libération et félicitent la France pour son rôle supposé ». Et la critique peut aller jusque dans la démesure. Le spécialiste du monde arabe, Vladimir Tchoukov, félicite les Français d’avoir fait un bon choix à la présidentielle : « Nous devons remercier les électeurs français qui ont voté pour ce président et non pour Ségolène Royal, qui disait ne pas connaître le problème des infirmières bulgares. Si les Français l’avaient élue, nos compatriotes seraient toujours en prison... » Pour le quotidien libéral Dnevnik, il existe un lien étroit entre la liberté des infirmières et les bases américaines, les missions en Irak, en Afghanistan et au Kosovo.

Pour Aujourd’hui le Maroc : « même si le succès de la libération de ces infirmières et du médecin palestinien et le dénouement heureux de cette crise est à mettre au crédit du couple Sarkozy, il n’est pas certain que le recours à une diplomatie personnelle parallèle qui court-circuite allégrement les circuits traditionnels puissent ne faire que des heureux. Nicolas Sarkozy qui se rend en Lybie pour cueillir les fruits de ses investissements, pourra toujours dire que tout est permis dans ce domaine au nom de l’efficacité et du résultat ».

Pour l’édition arabe Al-Quds Al-Arabi, citée par le Courrier international : « le gouvernement bulgare, qui n’est ni arabe ni musulman, s’est montré solidaire du médecin palestinien en lui accordant la nationalité bulgare et en insistant sur sa libération au même titre que les infirmières. Il a agi ainsi pour des raisons purement humanitaires alors qu’aucun pays arabe n’a fait preuve de solidarité à l’égard de cet homme, que l’Autorité palestinienne l’avait abandonné à son sort et que le président palestinien Mahmoud Abbas s’était rendu en visite en Libye à plusieurs reprises sans jamais aborder le sujet ».

Et Al-Quds Al-Arabi en vient à conclure que : « il faut reconnaître que l’appareil judiciaire arabe est une bonne blague et que personne ne le respecte. Cela nous vaut des ingérences étrangères permanentes pour abroger les jugements de nos tribunaux ».

Il faudra bien quelques jours pour décanter l’actualité de cet événement qui a marqué les esprits. Et surtout, qu’une analyse en profondeur s’imposera lorsqu’il s’agira d’un autre événement où la sécurité des personnes est en cause.

@ Romain Baudry

Vous posez une question de fond, une question importante à laquelle un jour les décideurs politiques devront répondre : « Il a fallu verser une rançon, soit. Tout le monde s’y attendait. Mais qu’elle inclue la normalisation des relations entre Kadhafi et l’Europe, c’est tout de même le monde à l’envers !  ».

Pierre R.


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