Au-delà de ces affaires de censure célèbres et mortelles pour certaines (l’ignoble fin des traducteurs de Rushdie par exemple), je n’arrive pas à me défaire de l’idée que la télé-réalité, avec ses votes et ses droit de vie ou de mort sur les concurrents aux idées rases et parfaitement débiles, autant que le comportement des gens qui les jugent, a à voir avec la vague d’oppression qui nous touche actuellement.
L’histoire de la censure est vieille comme le monde, combien d’autodafés, de victimes en chair et en os, à commencer par les religions qui brûlent et châtient, comme d’habitude (paradoxe du dogme de l’amour absolu, hypocrisie historique sans fond, merci, donc, les religions) ; nouvelle religion de l’Audimat, la télé-réalité implique les mêmes préceptes que les jeux du cirque, et surtout n’allez pas dénoncer ceci comme étant une mentalité de merde, vous entendriez protester dans la minute ceux qui croient que c’est la résurgence d’un média démocratique et altruiste, puisque comptant avec le bon peuple qui s’essouffle à coups de SMS et d’appels surtaxés.
Ce que je veux dire, c’est que la censure de l’intelligence et de l’humanisme en est une à part entière, et que les histoires de fatwa sont d’un point de vue philosophique aussi graves que celles de ces jeux absurdes et cruels qui peuvent faire basculer des vies (le ridicule ne tue pas, mais peut rendre profondément dépressif etc.) et surtout basculer vers l’innommable, droit de cité pour untel et pas pour l’autre basé sur des critères seulement subjectifs et aléatoires (la mode, la rumeur, le sang, le sperme).
Quant au souffle religieux qui nous contamine aujourd’hui, inutile de dire qu’il tente de faire face à celui d’un autre Dieu tout aussi puissant, le dieu Fric, pognon, flouze, etc., celui qui tue dans une guerre « invisible » et qui oppresse ceux qui n’ont plus qu’un recours, tenter de croire au retour de leur fameux « amour absolu » complètement contradictoire par ailleurs.
Bref, un « sacré » bordel que tout ceci, qui n’encourage pas à allumer la télé pour se rendre compte par soi-même des dégâts mais fera longtemps saluer la mémoire de ces résistants à l’absurde, auteurs, penseurs, cinéastes, traducteurs, etc. à l’encontre des moutons à poil court que l’on veut nous imposer aujourd’hui comme modèle d’humanité en marche. (on : les média, bien sûr, en premier plan. mais si personne ne regardait, ne s’éduquait à cette machination anti-intellectuelle, qu’en resterait-il ?)
Alexe