Faut-il parler de l’immobilier en général, ou de l’immobilier français en particulier. En effet, la France entretient un rapport passionnel et patrimonial avec la pierre : malgré les hausses vertigineuses, les familles se côtisent pour loger leurs grands enfants là où, chez les Anglo-Saxons, les jeunes acquéreurs s’attendent à financer par leurs propres moyens. Ce ’bouclier’ permet à la bulle d’enfler davantage, car les prix actuels sont désormais décorrélés non seulement par rapport au locatif, mais aussi par rapport aux salaires.
De plus, les Français ont intégré les lois du marché, mais à sens unique : c’est normal que ça monte, mais si ça baisse on ne joue plus le jeu.
Au stade actuel, à moins d’attendre le krach - ou la forte baisse, pour les optimistes - il est frappant de voir qu’aucune solution efficace n’a été avancée pour stabiliser le marché à un niveau acceptable pour tous.
Mention spéciale pour l’équipe Délanoë à Paris, qui s’est contentée essentiellement d’envolées incantatoires selon laquelle Paris ne devait pas ’devenir comme Londres’ - or rien n’y fait, toujours plus cher, toujours plus de monoactivité. Remarquez, les diatribes contre les 4x4 n’ont rien changé non plus - il y en a jamais eu autant dans les rues, garées sur les trottoirs, dans les passages, etc.
La raison ? Le tabou absolu qui frappe toute idée d’intervention étatique. Si le logement est un bien de première nécessité, et si la ville doit être une communauté faite de gens qui travaillent au plus près de leurs domiciles, alors une saine régulation s’impose. Et cela vaut pour le commercial aussi.
Je verrrais volontiers un retour à l’agrément préalable en cas de changement de commerce, pour lutter contre la monoactivité. Retour à un strict encadrement des loyers, à la taxation des plus-values, même des résidences principales. Différenciation statutaire entre propriétaires individuels et gros institutionnels : la mairie a échoué lamentablement à contrecarrer les ’ventes à la découpe’ notamment. Il aurait fallu signifier que comme de telles transactions, portant sur des milliers de logements, avaient un impact sur l’ensemble de la collectivité, une taxe dissuasive serait appliquée pour en amortir les effets.
Pour ne pas passer pour un étatiste enragé, j’ajouterai que si on souhaite - crise de l’énergie et écologie obligent - limiter les déplacements domicile travail, alors il est indispensable de redensifier les centre-villes.
Sait-on, par exemple, que dans le centre de Paris de nombreuses rues, places, passages, ont été silmplement rayés de la carte pour ’aérer’ les monuments entre 1850 et le présent ? On pourrait procéder à des reconstructions de rues, de préférence en s’inspirant du bâti d’origine, pour redonner aux quartiers centraux une ’vraie’ population.