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Robert M Robert M 20 janvier 2009 11:28

 

Encore une fois, on constate que le triumvirat de la pensée unique, du consensus mou et du politiquement correct a pris le pouvoir.

Observons les commentaires : ceux qui emportent le plus de points sont ceux qui vont complaisamment dans le sens d’une critique stérile des forces de l’ordre. Et "flics" par ici, "poulets" par là, avec tous les sous-entendus voire les insultes directes qui vont avec. C’est facile, c’est universel, c’est tellement confortable.

Comme je vous comprends, les commentateurs : on est bien, tous ensemble, à rigoler des mêmes avis, à laisser la porte fermée à celui qui n’a pas le même avis, qui ne fait pas partie du groupe. C’est beaucoup plus facile que de laisser entrer l’opinion différente, de réellement dialoguer, avec de vrais arguments, et d’en tirer du positif. C’est l’effet de meute, c’est humain, c’est banal, mais c’est mortifère. Préférons le risque !

De mon côté, pour une première intervention sur Agoravox, je repars enrichi de pensées différentes (je parle ici de l’auteur, avec qui un dialogue a pu se nouer), je repars même avec un point de vue légèrement changé. Je garde mon opinion, mais elle s’est émaillée de facettes, enrichie de nuances, de l’expérience de quelqu’un d’autre, qui voit les choses différemment.

En revanche, je repars un peu écoeuré des commentaires insultants pour les forces de l’ordre (je m’attendais vraiment à autre chose ici), mais surtout écoeuré par le fait que tenter d’exprimer les choses en nuances, de réfléchir, de taquiner en lançant des petites piques, de dialoguer, en fait, n’amène que des points négatifs au bas de mes commentaires, tandis que les points positifs s’accumulent joyeusement au bas d’un jeu de mots douteux. Franchement, je m’attendais à autre chose... 

Je veux attirer votre attention, chers commentateurs, sur le fait que, même quand on se croit dans le juste (et je ne juge pas, je ne sais pas qui est réellement dans le juste), on peut être intolérant envers les autres. Condamner un comportement, et avoir le même. Pester contre les flics qui sont imbuvables, et être exactement comme eux. Prendre conscience de ça, c’est vraiment progresser, avancer, construire, aller vers l’individuation de la pensée. 

Personnellement, n’avoir que des avis semblables au mien ne m’intéresse pas. Même, ça m’énerve. C’est de la diversité que naît la richesse. J’ai longtemps évolué dans un milieu fermé, où l’auto-satisfaction est permanente ; on a l’illusion d’être dans le vrai, on en rajoute, on peut dire n’importe quoi, on aura toujours raison. Et ceux qui viennent dire autre chose, on les brûle, plus ou moins gentiment.

Puis j’ai découvert que la différence de vues, les échanges parfois durs, pouvaient mener vers une autre dimension, construire quelque chose de protéiforme, fait de toutes les pensées, tous les avis, tous les élans. Pas de condamnation, pas d’anathème. Des empoignades, des engueulades, oui. Mais aucun rejet. Quelque chose comme, par exemple, les discussions Ferry - Julliard, le matin sur LCI : de purs moments de culture, d’échange, de joutes verbales, de désaccords, mais tout ça dans un profond respect de l’autre. 

Bref.

À l’attention des commentateurs (comme l’était d’ailleurs presque tout ce com) : repliez mes coms si ça vous chante. Moi je vous dis qu’il y a mieux à faire. Et au sujet de vos jeux de mots et insultes à l’égard des forces de l’ordre, j’ai envie de vous dire : "C’est un peu court, jeunes hommes" !

À l’attention de l’auteur : j’ai l’occasion, dans mon métier, de recueillir souvent les états d’âmes de quelques gendarmes. Ce que vous reprochez à celui-ci, et qui est justifié, n’est rien à côté de ce que eux, encaissent quotidiennement de la part de gens comme nous, plus occupés à leur chercher des poux sur la tête qu’à lutter à leurs côtés, au moins en pensée, contre les vrais dangers. Ils passent leur temps à composer avec leur fierté, à ravaler leur rancoeur. Ils ne se permettraient jamais de porter plainte pour des vétilles. Ils sont, croyez-le ou non, pieds et poings liés devant l’adversité, et pas le contraire ; c’est ça qui rend les plus fragiles agressifs, et rien d’autre. Si vous allez en justice, ce qui ne sera qu’anecdotique pour vous, ce gendarme perdra peut-être sa place, parce que la justice à deux vitesses ne lui fera aucun cadeau, et sa hiérarchie encore moins. Vous dites qu’il y a un fossé entre les forces de l’ordre et nous, et je suis d’accord. Alors comblons-le au lieu de le creuser. Si ce fossé existe, c’est au moins autant de notre faute que de la leur : ils font leur boulot correctement, dans leur majorité, mais doivent au quotidien composer avec une foule de comportements que nous n’accepterions jamais s’ils venaient d’eux. Incroyable paradoxe d’une société où on s’en prend à ceux qui nous défendent mais ne peuvent se défendre eux-mêmes, au lieu de nous en prendre à ceux qui nous font réellement du mal. Et je ne parle pas du taux de suicide, qui est particulièrement élevé dans leur institution : ça n’intéresse personne. Tout ceci pour vous dire qu’à mon sens, il serait plus citoyen de demander un entretien avec le supérieur de ce gendarme, en sa présence (ce sera déjà un bien gros souci pour lui, croyez-moi), puis de passer l’éponge après lui avoir dit ce que vous avez sur le coeur. Cela entraînera plus d’effets positifs. smiley 


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