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mithys 25 août 2009 13:18

C’est avec raison que l’auteur écrit : « Les contraintes culturelles et notamment religieuses, conduisent à la soumission des peuples ». Je dirais même : les contraintes économiques et politiques sont des épiphénomènes parce qu’elles ont pour origine les contraintes culturelles.

Les expériences de MILGRAM, par exemple, ou « les dérives totalitaires de type fascistes », la manipulation mentale, l’endoctrinement, etc … témoignent que « la soumission trouve son origine dans le principe d’autorité profondément inscrit dans notre subconscient (…) depuis des millénaires ».

 

Et pour cause : selon Richard DAWKINS, la soumission est génétique : déjà du temps des premiers hominidés, le petit de l’homme n’aurait jamais pu survivre si l’évolution n’avait pas pourvu son cerveau tout à fait immature de gènes le rendant totalement soumis à ses parents (et donc plus tard, notamment, à un dieu … ! ).

 

Le cas particulier de la soumission religieuse est à cet égard significatif : comme je l’ai déjà écrit par ailleurs, la liberté de croire ou de ne pas croire est généralement compromise, à des degrés divers. D’abord par l’imprégnation de l’éducation religieuse familiale précoce, forcément affective, puisque fondée sur l’exemple et la confiance envers les parents. Ensuite par l’influence d’un milieu éducatif croyant, excluant toute alternative humaniste non aliénante. L’éducation coranique, exemple extrême, en témoigne hélas à 99,99 %, la soumission y étant totale. Comme l’écrit Anne ARCHET (mais sans faire allusion aux musulmanes soumises à l’autorité masculine), « Nous acceptons la domination par inconscience d’être dominés. Mieux : par conviction que nous sommes libres » …

 

Les neurosciences tendent à expliquer cette « auto sujétion » : 

Dès 1966, le psychologue-chanoine Antoine VERGOTE, alors professeur à l’Université catholique de Louvain, a constaté (son successeur actuel Vassilis SAROGLOU le confirme)  qu’en l’absence d’éducation religieuse, la foi n’apparaît pas spontanément, et aussi que la religiosité à l’âge adulte en dépend ( et donc l’aptitude à imaginer un « Père » protecteur, substitutif et anthropomorphique, fût-il "authentique, épuré, Présence Opérante du Tout-Autre" ...).

 

Des neurophysiologistes ont d’ailleurs constaté que si les hippocampes (centres de la mémoire explicite) sont encore immatures à l’âge de 2 ou 3 ans, les amygdales (du cerveau émotionnel), elles, sont déjà capables de stocker des souvenirs inconscients, tels que, notamment, les comportements religieux, puis les inquiétudes métaphysiques des parents, sans doute reproduits via les neurones-miroirs du cortex pariétal inférieur.

 

L’IRM fonctionnelle tend à établir que le cerveau rationnel, en particulier le cortex préfrontal et donc aussi bien l’esprit critique que le libre arbitre ultérieurs s’en trouvent « anesthésiés », à des degrés divers, indépendamment de l’intelligence et de l’intellect, du moins dès qu’il est question de religion. Ce qui expliquerait l’imperméabilité des croyants à toute argumentation rationnelle ou scientifique, et donc la difficulté, voire l’impossibilité de remettre leur foi en question, sans doute pour ne pas se déstabiliser (cf le pasteur évangélique Philippe HUBINON,  vu à la RTBF : « S’il n’y a pas eu « Création », tout le reste s’écroule … ! ».

 

La soumission religieuse apparaît ainsi comme un « mécanisme de défense » contre les incertitudes, a fortiori en l’absence d’une information minimale, objective, et non prosélyte sur les autres options religieuses ET sur les options laïques, telles que l’humanisme et la spiritualité laïques.

 

Il est logique dès lors que certains athées, comme Richard DAWKINS, ou agnostiques comme Henri LABORIT, au risque de paraître intolérants, perçoivent l’éducation religieuse, bien qu’a priori sincère et de bonne foi, comme une malhonnêteté intellectuelle et morale.

Ce dernier a écrit : «   Je suis effrayé par les automatismes qu’il est possible de créer à son insu dans le système nerveux d’un enfant. Il lui faudra, dans sa vie d’adulte, une chance exceptionnelle pour s’en détacher, s’il y parvient jamais.(...) Vous n’êtes pas libre du milieu où vous êtes né, ni de tous les automatismes qu’on a introduits dans votre cerveau, et, finalement, c’est une illusion, la liberté  !".

 

Entendons-nous bien : loin de vouloir simplifier ou réduire la complexité du psychisme humain, et en particulier le phénomène religieux, à des facteurs psycho-neuro-physio-génético-éducatifs, n’est-il pas légitime de compléter son approche traditionnelle (philosophique, métaphysique, théologique, anthropologique, …) par une approche neuroscientifique ? Bien qu’encore très partielle, elle vise en effet à mieux comprendre l’origine et la fréquente persistance de la foi et donc à permettre à chacun de choisir, en connaissance de cause, aussi librement et tardivement que possible, ses convictions philosophiques OU religieuses ?

 

Certes les neurosciences ne démontrent pas l’inexistence de « Dieu » (aucune inexistence n’est  démontrable), mais elles tendent à démontrer son existence imaginaire et donc illusoire.

Le droit de croire n’en restera pas moins légitime et respectable, a fortiori si cette option a été choisie plutôt qu’imposée.

 

Michel THYS à Waterloo  http://michel.thys.over-blog.org

 

 


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