Cap sur le végétarisme
Prendre un virage à 180 degrés, changer du tout au tout ses habitudes n'est pas une manière qui convient à tout le monde. Passer d'un mode d'alimentation habituel depuis notre tendre enfance, celle de nos parents voire grands-parents, au végétarisme, n'est pas chose facile.
Avez-vous remarqué, dans les rayons frais des supermarchés : 99,5% animal ! Mis à part les carottes râpées et quelques desserts au soja, tout provient des animaux ! Comment faire alors pour y échapper, en se nourrissant quand même ?
Avant de donner quelques recettes et quelques trucs, je voudrais souligner que le mode de vie imposé dont peu peuvent s'extirper aisément, nous oblige à cette consommation ; du désir d'un repas vite préparé – steak/frites, à carrément un plat tout prêt à glisser dans le micro-onde ou même l'envie d'un bon plat le dimanche « comme faisait maman », on ne s'en sort pas. Dans ces grandes surfaces, les légumes sont chers et sans goût et l'on sait, en plus qu'ils sont issus d'une agriculture « traditionnelle » ( chercher l'erreur dans le vocabulaire) donc pourris de produits phytosanitaires ( idem).
Tous ceux qui ont été éduqués dans notre société, en France surtout où la cuisine est réputée, ont aimé la viande, même les enfants qui n'arrivaient pas à avaler leur steak, en faisaient une pâte en bouche qui ne pouvait jamais franchir l'étranglement de l'oesophage et qui, pour les plus chanceux d'entre eux, pouvait discrètement être tendue au chien ou au chat mais qui forçait les autres à des contorsions, des départs rapides vers le vide-ordure ou les toilettes, bien que ces solutions ne fussent que transitoires, le steak offrant une multitude de bouchées inimaginable, et bien, même ces enfants aimaient le poulet rôti, le jambon, à tout le moins.
Cette décision donc, de ne plus manger de viande viendra en premier à ces enfants qui ont subi la torture du steak ou du foie ! Mais seulement au bout de longues années de conscience accrue au fil du temps, au fur et à mesure où se sont dévoilées les réalités de ces usines à viande et tout ce qu'elles impliquent à tous les niveaux qu'elles touchent. Je n'y reviendrai pas. Coup de chapeau au passage pour tous ces cinéastes qui par leurs reportages et leurs combats ont réussi à instiller dans tous les foyers le sens de notre responsabilité en ce domaine. Mais pour eux aussi, il y a eu l'image de trop, l'article de trop qui a déclenché « la prise de conscience » et son inévitable décision d'arrêter : l'impossible compromission.
Pour moi, ce fut le film de Colline Serreau où l'on voit pendant quelques secondes, en caméra cachée ( ce secret, n'interpelle-t-il pas ?) un homme botté qui prend un cochon d'à peine quelques jours, lui arrache les dents d'un coup sec, et le passe sous ce qui ressemble à un massicot pour lui couper la queue ; cet homme tient dans ses bras ce bébé, avec le même geste apparent qu'une mère humaine. J'en pleure encore ; c'est insoutenable. Ces animaux sont tellement serrés et stressés qu'ils se mangent la queue ! Alors, pour leur éviter ce défouloir, plus de dent, plus de queue. Cela tombe sous le sens. Pour une autre, c'était les images de centaines de poussins poussés sur des tapis roulants, triés parfois par des mains habiles qui en prenait un et le jetait derrière dans une sorte de hachoir...
Ah, les cochons crient quand on les tue ! Les bébés crient quand on les torture ! Quand on crie pour rien, on n'y fait plus attention ! Ce ne sont que des couards !
Mais tout ceci relève d'une conscience personnelle, d'un chemin personnel et jusqu'ici nous n'avons pas trouvé - mise à part l'information essentielle – un moyen de forcer cette conscience chez ceux qui sont complètement privés d'empathie d'une manière générale, chez ceux que cela touche mais qui, par défense bien compréhensible, éludent la question et chez ceux, plus nombreux qu'on ne croit, qui disent ne manger que des animaux heureux !
L'attaque, l'agressivité – bien compréhensible aussi – de la part de ceux dont c'est le combat, la culpabilisation, ne peuvent rien. Si quelqu'un m'alpaguait sur un marché en me montrant des photos d'atrocités, en m'accusant, il provoquerait chez moi l'envie aussi primaire qu'irrésistible de le gifler.
Le problème est politique ; politique parce qu'économique et parce que nos politiques sont à la solde des tenants du système, il faut en changer !
Le programme EELV était beaucoup plus abouti que celui du FdeG dans ce domaine ; à nous d'améliorer le modèle ! Encore faut-il être écouté...
Politiquement, comment se bouger assez vite maintenant que la PAC va être renégociée ? Ici comme ailleurs, on patauge sous le poids de la difficulté.
Politiquement de toutes façons, quand on tire un fil, toute la bobine vient avec ! Il n'y a pas une multitude de petits problèmes à régler : il n'y en a qu'un seul ! Tentaculaire, dictatorial, sournois parfois, malin qui ne dit jamais son nom.
L'ultra libéralisme : le profit de quelques-uns ! Et on aura beau se le dire le redire le répéter à l'envie, cela ne change rien ; nous sommes contraints, pour les plus courageux d'entre nous, de s'attaquer à une face, ponctuelle et locale, d'un problème ! Cela donne un peu de fil à retordre aux puissants et cela doit les amuser en même temps, tant il est vrai qu'une victoire sans ennemis ne vaut rien ! Mais cela occupe beaucoup d'énergie, sans grands résultats il faut bien l'avouer.
Une chose pourtant que l'on pourrait proposer avec insistance : puisque nous vivons dans un monde libéral, et que chacun fait ce qu'il veut, nous, nous ne voulons plus aucune subvention pour l'élevage hors-sol, l'élevage en batterie, l'abattage en série ; ni non plus pour toute agriculture géante qui emploie désherbants, engrais chimiques, pesticides. Tout ce fric ( énormes sommes) sera pour les petites et moyennes exploitations, pour les pluri-actifs en conversion biologique ! Et, protectionnisme aux frontières : un animal même mort, même congelé n'aurait pas le droit de faire plus de cent kilomètres !!
Ah ! Quel bordel mes chers ; ce serait la fin de tout et de début de la faim ! Est-ce si sûr ? Il y aurait bien quelques chaînes qui tireraient la langue, quelques familles contraintes de ne manger de la viande que deux ou trois fois par semaine, des chansons américaines que nous serions peut-être contraints de fredonner, mais ça passerait très vite ; tout passe si vite aujourd'hui, regardez l'actualité, trois petits tours et puis s'en vont...quelques mois de frustration, de bazar ; il y aurait peut-être même des gens dans les rues mais on sait que la rue n'a plus le pouvoir, alors ? Tout s'encaisse si vite ; on peut bien, sans révolution nous faire gober un traité indigeste ; des accords syndicaux, minoritaires, assassins ; des augmentations de ce que l'on doit, des diminutions de ce que l'on nous doit. C'est le moment, tout le monde accepte tout sans moufter. Si on est malin, on fait ça sans publicité, en douce ; comme cela s'est fait dans les hôpitaux par exemple . Aujourd'hui, vous avez mal, vous ne pouvez plus marcher, quelqu'un vous amène chez le médecin ; celui vous dit « Il faut faire un examen, je vais vous faire une ordonnance pour un examen en urgence... ça fera 23 euros, au revoir, madame ». La cliente contrainte à la patience regarde le grand hall et se demande comment elle va le traverser ; tout à l'heure, un jeune est venu l'aider en la soutenant ; le médecin déjà a refermé la porte. La vieille femme s'avance à très petits pas douloureux, les dents serrées, les larmes aux yeux.Dans tous les hôpitaux alentours, l'urgence est au plus tôt dans trois semaines ! Et qu'est-ce qu'on dit ? Rien ; on attend ! Alors, on fera pareil : quand il n'y aura plus de subvention, la viande va augmenter, il n'y aura que les riches qui pourront s'acheter cette viande. Mais les riches ne mangent pas cette viande, enfin pas tout à fait la même, alors les Doux vont s'effondrer, et les éleveurs seront obligés d'apprendre un autre métier : celui d'éleveur !
Et, au pire, les gens touchés en plein cœur se mettront en révolution...
Ou bien, plus simplement, les restaurants seront obligés d'inventer d'autres mets pour garder leur carte, on inventera des cantines d'où on ne jetterait plus le salami par la fenêtre ; on videra quelques congélateurs, ôtera quelques camions des routes...
Il y a des ingénieurs, des scientifiques, des architectes qui sont possédés par un gourou. Il y a des rêveurs, des mystiques qui ne sont pas croyants. Il y a des femmes qui se font tabasser et qui se croient nécessaires à leur homme. Il y a des philosophes tabagiques et des imbéciles libres et sains. Que pouvons-nous ? Mais rien du tout, très peu de chose. Ma voisine que j'aime beaucoup, adore les animaux, elle a la larme à l'oeil à la moindre évocation d'un chat perdu ; elle a des perruches en cage, un hamster itou, une vieille chatte stérilisée, peureuse et paresseuse. Elle mange de la viande tous les jours, parce qu'il le faut ; pour que ses enfants poussent bien et qu'elle ait la force d'aller travailler. Nous avons des kilomètres de voile en réserve pour occulter ce qui nous gêne, des oeillères magnétiques guidées par nos peurs vers nos rêves, nous sommes doubles, nous sommes lâches et parfois veules.
Les choses se feront toutes seules .
Premier scénario : la maladie . Une épidémie ravageuse, sans prévision ni vaccin, et bien sûr, sans antibiotiques ! À force d'en manger à chaque virus, de peur de suites fâcheuses et aussi d'ingurgiter toutes celles dans les viandes, la première cause de mortalité en Allemagne et aux États-Unis, c'est déjà les maladies nosocomiales ; un petit coup de pouce des laboratoires pharmaceutiques qui préfèrent les profits de leurs antibio aux dépenses de recherche et hop, le problème du chômage, de l'exclusion et de la précarité réglé : tous morts. On a vu pire à la fin de l'année 1918 ! Le monde ne s'est pas arrêté de tourner pour autant.
Plus de bêtes dans les salles de torture, plus de clients.
Deuxième scénario : aux prochaines élections et puisque nous sommes devenus une République bananière, nous allons bourrer les urnes . Je sais bien que normalement c'est le pouvoir qui bourre mais nous, en France, nous possédons l'esprit de contradiction ! on va faire comme si les abstentionnistes votaient ; c'est pas forcément facile à organiser mais il nous reste un peu plus de quatre ans ; si on est malin on pourra y arriver. Mélenchon passe, ( 40% + ses 18%, du premier coup ! Du jamais vu !) avec, impératif, Éva Joly dont j'ai dit que le programme est assez pointu sur le sujet. Et si on a trop souffert pendant ces quatre ans, on sera devenu méchant, alors on mettra ceux qu'on déteste le plus du gouvernement PS et de l'ancien, à des postes sensibles : dans les élevages industriels et dans les abattoirs tous ces gens organiseront la conversion ; au début il faudra mettre la main à la pâte mais les bottes en caoutchouc blanc, tablier, petit fichu, gants, seront fournis gratuitement par le nouveau gouvernement. Ils feront le travail bénévolement bien sûr, ça sera comme un remboursement d'emprunt : leurs émoluments de ministres, secrétaires et autre. On fera un référendum pour savoir quoi faire du Président. Ainsi il aura toutes les chances d'être gracié.
Donc, cinq ans de plus et on sera sorti de la barbarie.
Troisième scénario : rien. Il ne se passe rien. Tout roule comme avant, oh ! Pas pour longtemps mais ça repousse à presque dix ans, alors d'ici là, c'est peut-être tout le reste qui aura périclité.
Donc nous sommes rendus à un monde où on ne peut rien ?! Cela me paraît clair et pourtant, nous vivons, nous faisons des choix de vie : passifs ou ignorants, nous contribuons à la perpétuation de notre soumission, volontaire ou non, à un monde barbare et hypocrite ; nous en sommes collabos. Actifs et conscients, nous ajustons le tir dans notre quotidien. Ne serait-ce que pour se regarder dans la glace le matin ; ne serait-ce que par nos actes personnels, imaginer qu'ils sont multipliés par quelques mille, quelques millions , ce qui les rend efficients.
Quelques idées, simples et qui ne révolutionneront pas le monde pour les deux dernières catégories citées plus haut : « chez ceux que cela touche mais qui, par défense bien compréhensible, éludent la question et chez ceux, plus nombreux qu'on ne croit, qui disent ne manger que des animaux heureux ! »
Il n'est pas hors de portée de réduire sa consommation de viande ; nous ne sommes plus dans le cas de figure de revanche sur un passé de disettes.
On peut commencer par remplacer la viande hachée par des protéines de soja ; elles se présentent sous forme de boulettes informes(!) de deux grosseurs : les fines sont idéales pour les boulettes, les hachis, les farces ; les plus grosses pour les sauces bolognaises, les chili,etc. Il suffit de les faire tremper quelques minutes dans de l'eau tiède puis les passer à la poêle pour leur donner du croustillant ; à cuisiner ensuite comme la viande ; si vous n'oubliez pas les herbes aromatiques ni les épices ( origan + petite cuillère de cacao amer pour le chili), faîtes l'essai ; vos invités n'y verront que du feu ! Et vous aurez votre content de protéines, entre les haricots et le soja, que l'on n'oubliera pas, n'est-ce-pas, d'accompagner de riz !
Un calcul, à la louche, de ce geste multiplié par 30 millions ( je table sur la moitié des habitants de France dans ces deux catégories susdites) épargne environ 1500 bovins par an.
Rien ? Oui, peut-être, mais si vous pensez « rien », c'est que vous ne faîtes pas partie des catégories concernées !
Une journée par semaine sans viande du tout ; il y a beaucoup de gens qui pratiquent cela sans même y penser, donc l'impact est peut-être moins important mais on peut tabler sur 3000 tonnes ( pour 15 millions de personnes) de viande consommée en moins par an ; plus difficile à faire le rapport de vies épargnées ( ou au moins de vies de torture non engendrées) parce que du porc au bœuf en passant par le mouton, la volaille ou le lapin, on n'a pas affaire à des bêtes de même poids !
Un autre repas par semaine où les protéines seront tirées des légumineuses harmonieusement mariées aux céréales, en retirant les plats de viandes hachées remplacées par le soja, on peut imaginer encore 1500 tonnes « économisées ! ».
Voyons, si on ne parle que de vaches ( les bœufs n'existent quasiment plus, trop long et trop cher à faire pousser, ils sont consommés jeunes, en veau) cela fait : 1500+ 9000= 10500 !
Je table sur 500 kilos de viande par vache, ce qui est maximum ! Donc plus de 10 000 vaches !
Je suppose que ces calculs existent quelque part ; la journée sans viande a été proposée pour toutes les collectivités et acceptées par certaines. Les matheux et les malins du net sauront me corriger car mes calculs à moi sont trop empreints de « sentimentalisme », faits en plus par quelqu'un qui se fâche régulièrement avec les chiffres .
Prenons-les pour, non pas pour un symbole ni une vérité mais pour ce qu'ils sont : une idée !
Et pour ceux qui ici même sont convaincus que nous n'avons jamais atteint une telle sécurité alimentaire, je voudrais dire qu'effectivement on ne souffre plus guère de fièvre aphteuse ou autre brucellose, mais que certaines de ces maladies ne sont pas éradiquées, qu'elles sont juste contenues par les bienfaits d'une multitude de médicaments que nous ingurgitons tous et qui provoquent chez beaucoup d'entre nous des maladies longues et mortelles. L'homme doit bien mourir, cela ne fait aucun doute, mais peut-être pourrions-nous y passer une fois notre vie accomplie !
Ce mode d'élevage n'est profitable qu'aux laboratoires pharmaceutiques et aux trusts agro alimentaires. Peu de monde au fond ! Pas de quoi se sentir solidaire !!
Un petit aparté pour finir : j'ai lu un lien sur l'article de Gruni qui nous informait du fait que les restos du cœur et quelques cantines refusaient d'accepter gratuitement la viande des taureaux de combat : ces viandes disent-ils sont toxiques du stress des bêtes ; je ne vais pas réanimer la polémique, mais juste souligner que je crois savoir qu'ils acceptent les rillettes du Mans et toute autre viande issue de ces élevages. Je crois savoir que ces animaux-là ne sont pas épargnés par le stress de la mort et je sais surtout, qu'ils sont drogués et torturés tout le long de leur très courte vie !
Merci à ceux qui ont su me lire avec le sourire, malgré la gravité du problème.
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