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Le cycle, alpha et oméga de la psychologie

Cet article est le quatrième d’une série (1, 2, 3) visant à présenter une approche synthétique de la psychologie dans la perspective d’éclairer la question de l’autisme. Le concept central de cette approche est l’habitude, considérée comme « l’argile dont nous sommes faits », c’est-à-dire, le modèle à partir duquel toute la psychologie peut être pensée, y compris dans ses aspects les plus énigmatiques, comme l’autisme. L’habitude, nous la connaissons bien, dans ses effets, par sa force aussi dont nous avons tous fait l’épreuve. Cependant, pour en apprécier pleinement la portée, il est nécessaire de comprendre qu’elle a deux visages. Le premier sert seulement à désigner ce que chacun peut (mais généralement évite de) constater au quotidien de l’obstinée ressemblance de ses minutes, de ses heures et de ses journées les unes avec les autres du fait de l’incessante répétition du cycle de ses activités elles-mêmes cycliques, c’est-à-dire, essentiellement répétitives. Sans en avoir conscience, nous sommes partie prenante d’une dynamique absolument universelle : celledes processus cycliques que l’on peut repérer dans la plupart des phénomènes étudiés par les sciences de la nature (physique, chimie, biologie, etc.) mais aussi par les sciences sociales, économiques, informatiques, etc. Les cycles y sont omniprésents, d’une parfaite et totale ubiquité. L’éternel retour n’est pas un mythe, il est la norme. Le second visage de l'habitude permet d’expliquer ce qui vient d’être observé. Elle est alors considérée comme un mécanisme en cela, précisément, qu’elle constituerait LA cause de l’infinie série des répétitions / reproductions qui forment la trame de nos vies. L’objectif de cet article est de tenter de contribuer à la compréhension de ce mécanisme en s’appuyant sur sa forme la plus abstraite qui, d’une simplicité biblique, correspond grosso modo à la notion scientifique de « cycle perception-action ».

 
Tout est cycle dans la nature : les formes, les mouvements, les battements, les rythmes qui se (re)produisent et, par conséquent, persistent ou se répandent à l’infini. Cela s’observe à toutes les échelles, dans tous les domaines.
 
Des orbites des planètes à celles des électrons, des ondes sonores lumineuses, électromagnétiques ou quantiques aux grands cycles écologiques, des ouragans et autres tornades aux tourbillons dans la baignoire ou sur le bord des cours d’eau, de la croissance des cristaux aux vagues qui viennent continuellement s’échouer sur le rivage, il n’y a que cela dans l’inanimé : de la reproduction et donc des cycles, où que nous portions le regard.
 
Idem pour le vivant : de la réplication des virus à la reproduction des baleines bleues, en passant par toutes les autres grandes fonctions vitales (respiration, alimentation, excrétion, déplacements, etc.), il n’est rien qui ne s’accomplisse sans répétition de formes, de mouvements, de battements ou de rythmes. Tout n’est qu’ondulations, circulations, vibrations, palpitations, spasmes, saccades, péristaltisme, etc.
 
Il semble donc que, de l’inanimé à l’animé, rien n’échappe à cette loi du cycle : tout n’est que reproduction, répétition ou réplication.
 
Probablement peut-on y voir l’explication du fait que la psychologie, comme les autres sciences humaines, ait principalement étudié des phénomènes qui, aussi divers et variés qu’ils nous apparaissent, sont tous de l’ordre de la reproduction comme par exemple :
a) les re-présentations (nos copies individuelles et sociales du « réel »),
b) la communication (où le récepteur reproduit le message de l’émetteur),
c) l’influence sociale qui, par suggestion, contagion, imitation, etc., suscite une reproduction mentale et/ou comportementale.
 
Le contraire eût été suprenant étant donné que les domaines d’étude de la psychologie, le mental et le comportemental, sont, au moins pour le règne animal, de simples manifestations de l’activité du vivant. S’il est des raisons de penser que ce dernier est entièrement architecturé sur des cycles, on voit mal comment la psychologie échapperait à cette dynamique.
 
Ce qui reste par contre une énigme, c’est le fait que cette omniprésence de la reproduction n’ait jamais été clairement reconnue. Tout se passant un peu comme s’il s’était agi de (se) convaincre que cette constante dynamique de reproduction est sans grande signification pour l’humain qui, incarnant l’être libre par excellence, se détacherait radicalement de ce fonds empreint de mécanicité animale et inconsciente dont il est pourtant issu.
 
Le fait est qu’il n’y a quasiment aucune réflexion à ce sujet, même parmi les chercheurs qui — à l’instar du grand psychologue suisse Jean Piaget ou du neurobiologiste chilien Francisco Varela — ont eu la bonne idée de tenir l’action et la perception unies au sein d’une organisation cyclique. La plupart se sont tenus à distance de cet aspect tellement contraire aux perspectives individualistes et/ou autonomistes qu’ils défendaient.
 
On peut ainsi constater, sans surprise, que les courants actuels les plus représentatifs de cette approche holistique — dont la cognition située, la cognition incarnée (embodied cognition), les approches (en systèmes) dynamiques mais aussi la robotique autonome sont encore désespérément aveugles au caractère complètement identique de l’organisation (à laquelle ils s’intéressent)et de la reproduction (dont ils se contrefichent a priori).
 
Cela, alors même que l’idée d’une complète superposition de l’une et de l’autre est déjà ancienne puisqu’un de ses principaux défenseur, le psychologue et biologiste étasunien James Mark Baldwin (1861-1934) l’a clairement exposée à la fin du XIXe siècle au travers de la notion de « réaction circulaire », modèle abstrait de l’habitude que nous présentons ci-dessous.
Baldwin définissait la réaction circulaire comme une « réaction qui tend à maintenir, répéter, reproduire sa propre stimulation » (Baldwin, 1906/1895, p. 333). Ce phénomène, Baldwin l’avait observé sur les bébés qui ont, initialement, une activité complètement désordonnée qu’ils tendent à organiser en répétant ou reproduisant les stimulations « intéressantes » découvertes par hasard.
 
Par exemple, nous avons tous vu de ces bébés qui frappent avec énergie tel ou tel objet sur une table ou sur le sol afin de produire un grand bruit qui les enchante. Les gazouillis et le babil sont aussi des activités qui visent la reproduction de sons intéressants que bébé va répéter inlassablement. Idem pour l’activité de succion que bébé manifestera à tout propos dans son activité d’exploration du monde.
 
Ces activités répétitives par nature sont autant de « réactions circulaires » qui manifestent, chacune dans un contexte particulier, un même processus de construction de compétences (un « savoir » percuter, vocaliser, sucer, etc.) en tout point identique à ce que nous savons de la formation d’une habitude, quelle qu’elle soit.
 
En effet, un apprentissage n’est terminé, une compétence n’est acquise qu’à la condition d’être suffisamment automatisée, c’est-à-dire, lorsque son exécution ne nécessite plus d’être réalisée en pleine conscience. Nous savons tous très bien qu’un tel résultat ne s’obtient que par un entraînement réalisé sous la forme d’une répétition soutenue. C’est très exactement ce que fait bébé pour les compétences qui le concerne, c’est-à-dire, celles qui sont à sa portée. Cet apprentissage par la répétition ad libitum, bébé le réalise avec passion, de tout son être, « corps et âme » !
 
Fervent darwinien, Baldwin avait reconnu dans cette incessante reproduction une mise en application du principe darwinien de reproduction différentielle que le darwinien Richard Dawkins appelle, non sans raison, la « loi du stable ». Ce principe a, en effet, pour lui une nécessité logique dont l’habitude pourrait bénéficier et qui s’exprime par une tautologie que le « cybernéticien » Gregory Bateson a génialement formulée. Celui-ci disait, en substance : « ce qui dure plus longtemps dure plus longtemps que ce qui dure moins longtemps » [1]. Comme nous pouvons aisément le constater, cette proposition est vraie, trivialement vraie sans doute, mais absolument vraie. En la circonstance, c’est un sacré avantage. Sa force logique aide à comprendre que dans une soupe primitive de réactions physico-chimiques s’enchaînant les unes avec les autres, les enchaînements qui bouclent sur eux-mêmes ont plus de chance de durer car... ils se reproduisent.
 
Etendue à la limite, cette perspective nous amène à considérer que si, comme l’affirmait Spinoza, « toute chose tend à persévérer dans son être », c’est parce que toute chose est une organisation qui tend à se reproduire, à défaut de quoi elle cesserait très vite d’exister.
 
La notion baldwinienne de « réaction circulaire », bien qu’initialement descriptive, nous fournit donc un mécanisme à partir nous pourrons tenter de comprendre non seulement l’habitude, mais toute organisation de quelque nature qu’elle soit, étant entendu qu’elle ne saurait être autre que cyclique.
 
Pour illustrer la puissance de cet outil conceptuel, prenons un comportement qui, pour banal qu’il soit, se révèlera d’une grande portée : je veux parler de l’activité de cri chez le bébé. Comme l’a montré un certain Simney en 1971, cette activité a une structure en réaction circulaire car, le cri produit par le bébé est justement le stimulus le plus efficace pour l’amener à crier davantage et donc, à « maintenir, répéter, reproduire sa propre stimulation » (cf. figure 1).
 
 
Ce schéma ne fait qu’inscrire la perception et l’action dans une causalité circulaire, il est donc d’une extrême simplicité. Mais ce serait une erreur que d’y voir le signe d’une quelconque pauvreté. Tout l’effort du projet de la psychologie synthétique consistera, en effet, à démontrer que les notions les plus essentielles de la psychologie se trouvent ici d’ores et déjà présentes, comme incarnées, d’une manière qui n’a rien de mystérieux et que nous allons découvrir progressivement.
 
Avant d’y venir, observons déjà que l’accomplissement de ce cycle perception-action est divisé en deux temps fondamentaux :
1) une phase de perception ou de reconnaissance du stimulus (le cri) en tant que semblable à celui produit « habituellement ». On peut, pour cette raison, l’appeler la phase d’assimilation.
2) une phase d’action consistant à (re)produire le stimulus en question. 
 
L’enchaînement de l’assimilation à l’action est complètement mécanique et/ou automatique car il s’appuie sur ce que l’on appelle un lien idéomoteur dont le principe remonte à la psychiatrie du XIXe et à ses travaux sur l’hypnose. Celle-ci a pu fait apparaître que l’image mentale créée chez le sujet par la suggestion suscite immédiatement, mécaniquement les actions qui lui correspondent.
 
Il est aisé pour tout un chacun d’en faire l’expérience : tout comme vous pouvez avoir un air de musique qui vous trotte dans la tête sans que votre volonté y puisse quoi que ce soit, essayez de vous représenter mentalement (dans votre esprit et donc silencieusement) le son de la lettre « L » avec le plus de précision possible. Allez-y, faites-le maintenant : pensez « L » !
 
Si vous avez joué le jeu, vous aurez constaté qu’en cherchant à évoquer mentalement le son de la lettre « L », votre langue a bougé — sa pointe est venue toucher le palais —, elle s’est mise « à l’insu de votre plein gré » en position de produire le son « L » car il y a en vous l’habitude d’associer la « représentation mentale » du son de « L » avec la production du son en question. Vous avez là un minuscule exemple de l’idéomotricité et du pouvoir moteur des représentations.
Généralisons : lorsqu’elle activée, sauf cas d’inhibition volontaire, l’image mentale inhérente à une activité donnée produit l’activité en question. L’image, la représentation tend donc à se réaliser, elle « crée » en somme la réalité qui lui correspond.
 
Comme le lecteur s'en doute, nous ouvrons là sur un immense sujet qui recouvre, entre autres, le thème de l’efficacité dans l’action par la mentalisation des buts, celui des prophéties auto-réalisatrices ou même celui des compulsions de répétition chères aux psychanalystes. Nous y reviendrons.
 
Pour l’instant, retenons simplement que ce qui caractérise le modèle en réaction circulaire et lui donne toute sa puissance explicative, c’est le fait que la (ré)action (re)produit ce qu’elle va (re)connaître comme son propre stimulus. Ainsi, c’est l’as-similation qui boucle la boucle et engendre la structure cyclique, donc la répétition. Comme il y a là quelque chose de complètement logique, de complètement mécanique, il n’est nul besoin d’invoquer une intention ou une volonté pour engendrer l’activité. Celle-ci apparaît ici aussi « mécanique » que le vivant lui-même.
 
 Bien entendu, cela questionne directement la vision de l’homme comme être doué de libre-arbitre, il est ainsi aisé de comprendre que nos systèmes de pensée actuels, issus du XXe siècle et donc passablement individualistes, y soient restés étrangers, même lorsqu’ils s’intéressent aux causalités circulaires.
 
Quoi qu’il en soit, si nous l’acceptons, le postulat de l’organisation comme cycle en continuel « effort » de reproduction permet de comprendre ce fait tellement étrange qui veut que nos habitudes, tout comme les cris des bébés, puissent se maintenir si longtemps sans raison apparente et parfois jusqu’à épuisement. Une fois admis que nos habitudes engendrent elles-mêmes leur propre stimulation, il n’y a plus rien de mystérieux à ce qu’elles soient tout naturellement portées à se reproduire indéfiniment. De sorte que plus nous pratiquons une activité plus nous sommes portés à la pratiquer.
 
Selon que la pratique est bonne ou mauvaise, on parlera de cercle vertueux ou vicieux mais, dans tous les cas, il s’agira bien de cercles, c’est-à-dire, de cycles fonctionnels que nous parcourons indéfiniment.
 
Dans le cadre d’une réflexion sur l’autisme, une telle dynamique fait immédiatement penser aux phénomènes de persévération où la personne répète à l’envi une activité dont rien ne semble pouvoir la faire sortir. Qu’il s’agisse d’un trivial balancement, d’un cri continu, d’un grattage compulsif parfois jusqu’au sang, ou tout simplement de se frapper la tête contre les murs, on retrouve régulièrement chez les personnes autistes ce type d’activités compulsives et répétitives.
 
Ce rapprochement est éclairant car le dénominateur commun de toutes ces activités répétitives, c’est qu’elles correspondent à un besoin d’apaisement, un besoin de sécurité. En quoi la mise en activité d’une réaction circulaire quelle qu’elle soit pourrait-elle être satisfaisante sous ce rapport ?
 
Une explication simplissime peut être avancée ici : nous savons tous que l’attente fondamentale des autistes est la stabilité du monde environnant, le fait d’avoir des objets toujours exactement à la même place, c’est-à-dire, des situations toujours reproduites à l’identique. Or, c’est précisément cela qu’engendre le fonctionnement des réactions circulaires : le maintien ou le retour du même, donc la stabilité !
 
Il apparaît ainsi que... :
1) le mécanisme de réaction circulaire peut expliquer un des comportements caractéristiques de l’autisme,
2) la stabilité produite par les comportements en réaction circulaire est rassurante,
3) les comportements répétitifs, en réaction circulaire, ont une motivation intrinsèque. Ils n’ont pas besoin d’une récompense qui leur serait extérieure car la simple répétition du même est en soi une satisfaction. Ils sont à eux-mêmes leurs propre but et leur propre satisfaction.
 
Là où, toujours sous le rapport de l’autisme, l’hypothèse d’une organisation psychologique basée sur les réactions circulaires devient particulièrement excitante, c’est par rapport à la dimension sociale dont on sait que, de manière très caractéristique, elle est peu ou pas investie par les personnes autistes.
 
Il y a là une piste très prometteuse car, nous le verrons, les réactions circulaires, les habitudes qui composent nos écosystèmes psychologiques nous disposent à être de véritables machines à imiter. On ne saurait donc faire plus grand constrate avec le tableau autistique.
 
Nous avons donc ici une belle opportunité de mieux comprendre le fonctionnement des personnes autistes en recherchant ce qui, dans le mécanisme de réaction circulaire peut dysfonctionner et donc expliquer le déficit mimétique qui est tellement caracéristique de l’autisme [2]. Ce sera l’objet du prochain article dans lequel sera formulée l’hypothèse explicative de l’autisme selon la psychologie synthétique.
 


[1] Sa formule exacte est la suivante : "what Darwin called 'Natural Selection' is the surfacing of the tautology or presupposition that what stays true longer does indeed stay true longer than what stays true not so long” (Mind & Nature, 1979:206 (220 in the 1980 Fontana edition)
[2] Voir aussi cet article en français de Sally Rogers

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24 réactions à cet article    


  • Taverne Taverne 26 octobre 2012 11:44

    Un peu compliqué. Mais l’idée au début de votre article sur le cycle et la perception du temps m’amène à une réflexion qui se vérifie dans la vie courante. On dit « les journées passent vite ! », les semaines défilent ! ", les mois, les années...En fait, quand on vit dans un cycle, la perception du temps fait qu’il paraît s’évanouir plus vite.

    Sauf un cas : l’attente. Si nous ne trompons pas notre attente par une activité (qui nous rattache à un cycle), on est atteint par l’ennui et le temps paraît très long.

    Autre cas : si dans un cycle, vous faites des choses inhabituelles. Exemple, dans une journée, vous êtes chez vous le matin, vous vous rendez en avion très loin de chez vous. Le soir vous aurez presque l’impression que le moment de votre départ était la veille. Vous n’avez jamais senti cela ?


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 26 octobre 2012 12:10

      Merci pour ces réflexions fort bienvenues car elles attirent l’attention sur un point important : la perception subjective du temps.

      Je pense qu’on peut, comme vous le faites, essayer de la comprendre sur la base de la dynamique cyclique de nos activités.

      Pour en venir de suite à votre exemple de l’avion, je suis tout à fait d’accord. Il semblerait que quand nous faisons beaucoup plus de choses que d’habitude, nous avons l’impression que le temps s’est écoulé en proportion de toutes ces choses et il nous paraît donc plus long.
      Ainsi des fois,(et c’est vrai, c’est souvent en voyage, quand nous nous sommes concocté un super circuit bien rempli), il nous semble qu’une semaine s’est écoulée alors que ça fait à peine 3 jours.

      C’est un peu comme quand vous courrez sur un tapis roulant. Vous vous habituez (sic) à ce que rien ne se passe (puisque vous faites du surplace) de sorte que lorsque vous descendez du tapis et marchez à nouveau, vous avez (pendant un bref instant) l’impression que les murs se déplacent à toute vitesse. En terme de cycle on pourrait dire qu’on a construit une petite habitude (de ne rien voir bouger alors qu’on court) et celle-ci est prise de court au moment où nous revenons dans le réel (quand on marche, les murs se déplacent dans notre champ de vision, mais dans le sens opposé).

      Oui, vous avez raison, tout ça est un peu compliqué comme ça à première vue. J’ai fait de mon mieux mais j’ai bien conscience de ne pas avoir complètement réussi.

      J’ai espoir que des réflexions comme les vôtres, en amenant des exemples concrets, devraient aider le lecteur à mieux comprendre ce dont il s’agit.

      Par la suite, je ferai apparaître plus clairement ce qui influe sur la perception du temps, et qui est simplement la distance (temporelle) entre le désir initial et sa réalisation.

      Comme l’a très bien dit Krishnamurti, c’est lorsque le désir est là et qu’il nous faut attendre sa réalisation que nous prenons conscience du temps.

      Lorsque tous nos désirs se trouvent présentement réalisé, nous ne voyons pas passer le temps, nous sommes hors du temps... généralement cela nous arrive en vacances, quand nous sommes dégagés de toutes les vicissitudes de la vie. Lorsque la plage, la mer, le soleil nous comblent, le temps n’est plus.

      Idem lorsqu’on est au lit avec un être qui, pareillement, comble nos attentes. Le temps s’enfuit mais nous ne le voyons pas.

      à suivre...


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 26 octobre 2012 12:12

      Je précise que la distance entre le désir et sa réalisation c’est précisément le temps qu’il faut pour « boucler la boucle ».

      Comme en physique, le cycle est la mesure du temps !


    • Taverne Taverne 26 octobre 2012 15:27

      Je crois que la perception du temps est aussi liée à la volonté. Quand celle-ci est tendue (poursuite d’une activité avec des objectifs), on perçoit bien le temps. Quand la volonté est réduite (état d’ivresse) voire quasi éteinte (sommeil), le rapport au temps se délite. Donc, la volonté semble jouer un rôle important aussi.


    • Taverne Taverne 26 octobre 2012 15:28

      On pourrait dire « la conscience ». Mais je pense que cela ne suffit pas : c’est la volonté. Le bras armé de la conscience, si on veut.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 26 octobre 2012 16:23

      Pourquoi l’effort volonté suscite-t-il une vive conscience du temps si ce n’est parce qu’une fin, un but, un objectif est visé qui n’est pas encore atteint ?

      Tant que nous n’avons pas bouclé la boucle entre, d’une part, l’anticipation portée par le désir et, d’autre part, le percept qui, s’il ressemble suffisamment à ce qui était anticipé, marquera notre satisfaction, tout l’énergie du désir nous porte vers cette fin et contribue à notre conscience du temps qui nous sépare de cette fin.

      Voici donc comment en terme de réaction circulaire ou d’habitude, je formulerais ce que avez , je crois, proposé et qui, sur le principe, me semble tout à fait correct.


    • easy easy 26 octobre 2012 17:09

      «  »« Exemple, dans une journée, vous êtes chez vous le matin, vous vous rendez en avion très loin de chez vous. Le soir vous aurez presque l’impression que le moment de votre départ était la veille »«  »

      Oui.

      Mais autre chose de plus lourd encore : on se demande si on est bien la même personne.

      Chaque fois qu’on est forcé de se retrouver hors cycle habituel (artificiellement entrenu et perçu) on ressent un hiatus d’ipséité (que nous ressentons déjà au réveil, au sortir de nos rêves puisqu’ils nous décyclent sévère)

      Je suis convaincu que notre cyclisme nous est économique sur divers plans, purement physique ça va de soi (on gare sa voiture au même endroit, on ne perd pas de temps à la rechercher), ensuite pour communiquer (on ne parle qu’à demi mots ou développements) mais aussi sur le plan moral et des responsabilités (Kerviel se défend en arguant d’habitudes)

      Marchant chaque jour sur nos pas d’hier, (ne variant de jour en jour que très progressivement) nous offrons aux autres une image de nous, une identité, constante, très économique de justifications, et du coup, nous voyant constant dans leurs yeux, nous nous percevons tel que nous étions hier.

      Nous pourrions probablement vivre en nous sentant être chaque jour une personne entièrement différente (car c’est vraiment le cas) mais ça nous épuiserait très vite.

      Il nous est plus économique de nous mentir en nous prétendant être la personne que nous étions une heure plus tôt.



    • taberleroi 27 octobre 2012 11:28

      De la perception subjective du temps.
      Il est vrai que suivant les circonstances matérielles et intellectuelles il nous arrive de nous faire des remarques comme celles déjà décrites mais, cela ne dure généralement pas plus de quelques fractions de secondes donc sans intérêt majeur dans la vie courante.
       
      Ce qui me paraît important est que nous tenons compte du temps selon le cas et par exemple :
      la température pour s’habiller, la durée pour la rentabilité, la réflexion avant l’action, la folie qui peut faire apparaître le génie.
      De ceci, il est possible de considérer que le temps est affable lorsqu’il vous permet de réaliser vos souhaits, redoutable parce qu’il peut contrarier, indomptable car imprévisible tout au moins avec précision et surtout non rattrapable.

      Pour le reste tout le monde sait que la montre et la mesure du temps qu’elle en fait n’est en aucune manière conforme à la réalité naturelle et qu’elle est la cause de la subjectivité du temps tendant à l’uniformiser de manière pas toujours de bon aloi.


    • vince733 26 octobre 2012 12:55

       @Luc-Laurent Salvador
      Merci pour cet article, bien documenté et très clair.
      En le lisant, je ne peux m’empêcher de faire le lien avec la répétition des scénarios de vie (par exemple selon Cottraux). Ceux-ci s’inscrivent dans une durée longue (quoique ...) et peuvent différer entre eux sur la forme mais les conséquences à des stimulii distincts (en apparence) sont toujours les mêmes.
      Je cours lire les trois premiers articles de la série ...


      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 26 octobre 2012 13:15

        Merci vince733,

        J’ai de la chance, après Taverne, voilà que vous venez à votre tour donner chair un article qui, je le reconnais, est tout de même assez abstrait.

        Vous avez tout à fait raison d’opérer ce rapprochement avec les scénarios de vie des thérapies cognitives.

        Ils sont le pendant cognitiviste des compulsions de répétitions des psychanalystes et dans un cas comme dans l’autre, tout le travail consiste à « casser la routine », cad, à sortir de l’ornière de l’habitude dans laquelle le patient ne cesse de ... circuler.

        Dans la même veine, on trouve la thérapie des schémas qui elle aussi est une manière d’appréhender l’habitude dans sa phase représentationnelle, afin de la modifier.

        Changer les représentations, c’est changer l’action, c’est donc changer la personne autant que la réalité qui l’environne puisque, réaction circulaire (ou prophétie autoréalisatrice) oblige, comme disait le Talmud :« Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont, mais telles que nous sommes ».

        Il y a un effet miroir entre nous et notre environnement qui est bien dit ici. C’est pourquoi nous sommes dans le mal être quand nous vivons dans un univers qui ne nous ressemble pas. Les réactions circulaires, les habitudes, les schèmes ne sont pas dans l’individu. Ils sont la réalité et l’indivdu et son milieu se situent chacun à un pôle.

        Mais je m’enflamme et j’ai peur d’aller trop vite. Je m’arrête donc là. Nous y reviendrons...


      • easy easy 26 octobre 2012 14:07

        Vous avez peut-être raison.


        Mais sans avoir encore digesté votre thèse, je vois d’emblée que vous retaillez trop la pyramide (Pour obtenir des chiffres ou rapports fabuleux, des egyptologues n’hésiteraient pas à limer le monument ici ou là)

        Ainsi du cycle.

        Les hommes adorent les choses régulières, prévisibles, reproductibles, ça les rassure.
        Ils adorent les cycles.

        Des cycles, il y en a vraiment. Mais d’une part ils ne sont jamais parfaits, d’autre part il n’y a pas que des cycles. Il n’y a jamais deux journées météo identiques.

        Les cycles les plus proches de la perfection sont les cycles entièrement fabriqués par l’homme, tel le cycle de la rotation d’un moteur de perceuse électrique, d’une montre.
        L’homme a même fait de la ponctualité un de ses totems.

        Chaque jour, nous prenons le métro à la même heure, descendons à la même station, marchons sur le même trottoir, prenons le même ascenseur. Cycle parfait ?
        Non, cycle approximatif.


        Oui l’habitude nous rassure et nous faisons tous les jours les mêmes choses pour nous rassurer. M’enfin ce ne sont jamais exactement les mêmes choses que nous vivons et nous devons tout de même improviser. Nous devons même être capables de réagir à un incendie, à un redressement fiscal, à un cancer, à un divorce, ce qui ne se produit pourtant pas souvent.


        Si votre thèse est (je n’en sais rien) trop fondée sur le cycle, sur la reproduction à l’identique, vous pourriez rater de considérer la très grande importance de nos capacités à improviser.

        Resterait alors à vérifier de combien un individu normal est capable de dévier de ses habitudes, de combien un autiste est capable de le faire.


        Or, l’improvisation absolue n’existe peut-être pas, ou alors elle existe mais aboutit à des conneries. 
        Un jour, découvrant très tard qu’un camion était quasiment arrêté sur ma file de droite d’une nationale, j’ai eu le réflexe de l’éviter en roulant sans mouvements brusques dans l’herbe. Bien que ça ait semblé être un réflexe surgi de nulle part, je soupçonne avoir eu recours à des idéations déjà installées. J’ai toujours su que pour éviter de rentrer dans le cul d’un camion, il y a la solution de glisser à côté. Je ne suis pas parti de zéro. Je serais parti de zéro, j’aurais sans doute seulement freiné en restant droit et je serais rentré dans ce camion.

        Quand un Américain est surpris par l’image du WTC, il crie « Oh my god ! »
        Il a beau être très surpris, il réagit immédiatement en piochant dans un schème très conventionnel auquel il a déjà eu recours bien des fois. Et le seul fait d’avoir produit cette expression l’a replacé dans un habitus et déjà rassuré.
        Un Papou qui voit la même scène ne dira sans doute rien, ne fera rien parce qu’il ne se sent pas le moins du monde concerné. Si un autiste ne se sent pas concerné, pourquoi réagirait-il ?

        D’autre part, dans les cas du genre WTC ou les spectateurs n’ont pas à se préoccuper de leur propre sécurité, où ils n’ont qu’à regarder et à qualifier, il est fréquent qu’en dehors du « Oh my God ! » ils se regardent mutuellement pour savoir comment l’autre qualifie pour qualifier à leur tour. Sur le coup, personne ne sait quoi dire de plus que trois mots. Même les journalistes ne disent que des trivialités alors que l’évènement est extraordinaire.
        Ce n’est qu’au fil des semaines qui suivent que chacun parvient à faire long en s’inspirant de ce qu’il a entendu ; que chacun parvient à dire quelque chose d’aussi extraordinaire que l’évènement lui-même.

        Quand a survenu Fukushima, les millions de gens qui n’ont pas su quoi en dire de spécifique ont d’abord convoqué le vieux Tchernobyl.



        Que ferait un autiste dans des circonstances analogues ?



        Autre chose.
         Il y a certes notre part d’habitus qui nous repose, (peu de frais, économie) mais nous ne sommes pas qu’économes. Nous adorons aussi cramer, dépenser, flamber, nous consumer plus que de mesure. Nous adorons gonfler, nous faire gros comme des boeufs.

        Il y a donc une part de reproduction à l’identique de ce que font déjà les autres mais il y a aussi une part de « plus » que chacun appporte. Ce qui aboutit à des Reopen.
        Une rumeur c’est un type qui se donne de l’importance en mythonnant quelque chose et comme ce qu’il dit est stupéfiant, les autres ne veulent pas restés dominés par ce boeuf, ils l’amplifient en y ajoutant leur grain sel.
        Il y a imitation mais avec « plus » à chaque tour. Et ce « plus » d’hystérisation est très important. L’oublier dans une théorie de l’homme, ne dire que l’imitation, c’est rater la vérité.

        Les gens ne feraient qu’imiter sans en rajouter le monde serait très différent.



        Autre chose.
        C’est une vraie question que je vous pose.
        Pour un individu normal, conduire un vélo en mettant la main gauche sur la poignée D et la main droite sur la poignée G, c’est ingérable.
        Savez-vous comment les différents ’malades mentaux’ se sortent de cette expérience ?


        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 26 octobre 2012 15:18

          Bonjour easy,

          J’ai une mauvaise mémoire des détails mais il me semble que la réponse que je vais vous faire sera très proche d’une réponse que je pense vous avoir déjà faite.

          Que je sois dans le vrai ou non peu importe car au royaume des réactions circulaires, il va de soi que « bis repetitas placent » smiley

          Pour commencer, nous sommes d’accord, idl est bien clair qu’il n’existe rien d’identique en ce bas monde.
          Tout est différent, même les répliques qui se voudraient parfaites ne le sont pas.
          Il y a donc de la variation à gogo.
          Mais qui dit variation dit reproduction prélable.
          L’un ne va pas sans l’autre.
          C’est précisément là, avec ce doublet que s’opère le miracle du vivant qui ne vise que la reproduction ne varietur et qui, au final, est la chose la plus créative au monde.

          Au niveau psychologique il en va de même.
          Aucun de nos gestes n’est jamais identique à un précédent.
          Il y a toujours un « bruit » de fond de variations qui généralement passe inaperçu, nos comportements présents se contentant de ressembler aux comportements passés pour produire les effets attendus qui... nous satisfont, nous rassurent et ainsi de suite.

          Les petites variations sont constamment compensées, accommodées et parfois, au prix d’un effort conscient qui traduit un changement d’habitude, un effort d’adaptation.
          Dans tous les cas, quoi qu’il en soit, nous faisons évoluer une habitude ancienne vers une habitude nouvelle, mieux adaptée à la situation.
          Comme lorsque bébé apprend à saisir une balle à deux mains plutôt qu’avec une seule. Quand la balle est grosse, c’est beaucoup plus efficace.

          Mais quoi qu’il en soit, les cycles sont partout.
          A aucun moment on en sort.
          Au sens où celui qui n’a pas tel schème, telle habitude, ne pourra certes pas appréhender telle réalité, mais il en appréhendera forcément une autre, toujours à partir d’autres cycles qui lui sont propres.

          Les esquimaux ont 15 mots pour désigner les différentes variétés de neige qu’ils perçoivent.
          Ils ont différencié leurs réactions circulaires, habitudes ou schèmes parce que ça leur sert.
          Nous qui n’avons que des actions ludiques ou non vitales avec la neige, nous nous contentons d’un seul mot : neige.

          Chacun ses habitudes mais tout le monde avec des habitudes, c’est ça la premièire loi de la psychologie.

          Ces habitudes sont comme des formes vivantes, elles visent à se reproduire avant toute chose, mais elles évoluent, elles s’adaptent en fonction des circonstances.
          A la condition toutefois que nous soyons prêt à les modifier.

          Certains s’accrochent à leurs habitudes comme une bouée de sauvetage et n’en changeraient pour rien au monde.
          Les vieux en particuliers, les anxieux aussi.
          Par exemple ceux qui ne peuvent imaginer que nos gouvernants soient autres que responsables et bienveillants smiley

          Nous regardons le monde avec les lunettes de nos habitudes.
          Selon que nous avons les idées noires ou roses, nous verrons le monde tel.
          Nos habitudes sont des systèmes d’attentes, elles fabriquent du stéréotypes.
          Comme des « lits de Procuste », elles coupent tout ce qui dépasse et ajoutent ce qui manque de sorte que le percept est toujours conforme à l’attente.

          Ainsi, nous créons le monde où nous vivons en interagissant avec lui via nos habitudes.
          Nous avons donc une énorme responsabilité quant à l’état du monde qui nous entoure,
          mais c’est une autre histoire...


        • easy easy 26 octobre 2012 16:41


          Le cyclisme utile à votre thèse vous conduit à répondre à mes remarques sur les imperfections des cycles par :
          «  »« C’est précisément là, avec ce doublet que s’opère le miracle du vivant qui ne vise que la reproduction ne varietur et qui, au final, est la chose la plus créative au monde »«  ».

          A la suite de mon commentaire, vous admettez tout de même les imperfections mais sans dire d’où elles viennent et pour les marginaliser comme accidents sans doute puisque le dessein fondamental de la Volonté serait, selon vous, de reproduire ne variatur.



          En termes minéralogiques, il n’y a aucune reproduction. Il existe des cycles -très approximatifs- tel celui des sédiments, qui, à force d’être enfoncés par des sédiments plus récents, se retrouvent à fondre très bas, sous hautes pressions et à redevenir roches cristallines (métamorphisme). Mais ce n’est cycle que pour les cyclistes tant c’est approximatif et irrégulier.

          De même un cycliste peut parler du cycle de l’eau, mer, nuage, pluie, rivière, mer. Mais faut vraiment être cycliste pour voir ça ou pour ériger ça en principal.

          Il n’y a tellement pas de cycle en météo qu’il faut une veille permanente d’ingénieurs pour nous prédire le temps qu’il fera demain. (Alors qu’on n’a pas besoin de spécialiste pour nous dire que demain, à midi, l’horloge marquera midi. Cet objet ayant été conçu et fabriqué par des cyclistes)



          En termes biologiques les cyclistes voient aisément le ne variatur, ADN & ARN compris, alors qu’en fait, si la Volonté l’avait voulu, la reproduction se ferait de manière mitotique (comme la plupart des bactéries), non de manière méiotique.

          (Il faut être cycliste pour concevoir la réincarnation.)



          La mitose des bactéries reproduit des individus vraiment identiques aux accidents près mais les méioses reproduisent forcément des individus différents. Ne reste de cycle que le principe : « Tous les lions copulent et il en résulte des lionceaux ».
          Cette assertion n’est vraie que pour les cyclistes. Les autres gens peuvent convenir qu’il y a cycle mais préfèrent voir qu’il y a des lionceaux toujours différents, donc non-cycle, non régularité, donc différences et originalités à tous les coups.
          Faut être obsédé par le ne variatur pour le voir partout alors qu’il n’est nulle part sinon au termes d’échafaudages cyclistes tel 1 + 1 = 2  ou  B A font BA


          Mais venons-en aux autistes. 

          Est-ce qu’un autiste, qui semble se balancer donc répéter, ne pas sortir du cyclisme, est réellement mis en boucle sur un cycle ?
          Je pense que c’est envisageable.
          Mais en défense et parce qu’il serait au fond, beaucoup plus non-cycliste que nous.

          Nous autres, nous ne sommes parvenus à convenir de la monnaie, du vocabulaire, de rhétorique uniquement parce que nous sommes de religion cycliste. Sans nos focalisations volontaires sur les « Ah tu vois, là c’est pareil qu’hier » nous serions incapables de nous entendre sur un vocabulaire. La langue, la communication n’est possible entre nous et entre baleines que s’il y a convention cycliste, concentration cycliste, tri cycliste (qui nous conduit à qualifier tous les cumulus, tous les lions, tous les canards, d’un même nom alors qu’ils ont des formes différentes)
          Nous ne voyons que ce que nous reconnaissons, cyclisme donc.
          Ce cyclisme que pratiquent toutes les bestioles communiquantes n’est qu’un choix religieux, économique, mais il est en très grande part artificiel.

          Tout en semblant être boqué dans un balancement cycliste, un autiste est peut-être moins cycliste que les normaux.
          Il a peut-être une nature à improviser constamment (gestes gauches, inconséquents alors) et si ça se trouve, face aux difficultés que lui posent cette vie à devoir toujours improviser en live (ce qui ne lui permet pas de parler, de communiquer avec les cyclistes), face à cette énorme dépense, il se reposerait en s’accrochant au moindre rudiment cycliste qu’il possèderait, le balancement.


          Nous sommes cyclistes afin de pouvoir communiquer et nous économiser. La stratégie heuristique que nous pratiqusons tous et qui nous est économique, est cycliste.

          On croit qu’un autiste est cycliste parce qu’il ne fait que des gestes cycliques alors qu’il est peut-être en train de se réfugier dans le seul secteur où il a des idéations cyclistes offrant le repos vis-à-vis de nous, les obsédés du cycle.
           
          Si ça se trouve, les autistes sont de super improvisateurs. Ils vivraient entourés de gens moins obsédés par le cyclisme, ils lâcheraient peut-être leur balancement et feraient des choses toutes inédites (que nous aurions un mal fou à qualifier)



          D’où ma question sur le vélo (à laquelle vous n’avez pas répondu)

          Nous les cyclistes, sommes incapable de conduire un vélo en inversant les positions de nos mains. 
          Si ça se trouve, les autistes y parviennent, auquel cas ils seraient effectivement plus improvisateurs ou ex nihilo que nous.


          (Nous nous voyons bien moins de responsabilités en considérant les choses de manière cycliste)


        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 26 octobre 2012 17:35

          Il me semble que je vous ai connu plus zen que cela.

          Vous me parlez d’imperfections. Vous insistez dessus. Vous me demandez de dire d’où elles viennent. Mais notez bien que ce n’est pas mon problème. Je ne parle pas d’imperfections, je parle de cycles. Pas de cercles parfaits. Vous avez ici un problème parce que vous êtes parti de l’idéalisation du cycle comme cercle. Et cette idéalisation n’amène rien de bon.

          Les cycles ne sont pas parfaits. Ils n’existent pas de reproduction à l’identique.
          Maintenant si vous considérez que les chiens qui font des chiens et les chats qui font des chats font dans la différence plus que dans la similitude, c’est que vous êtes de mauvaise foi. Les chiens, les chats, les lions etc. font, écoutez moi bien, dans la ... reproduction.

          Désolé pour vous si ça vous dérange, c’est comme ça. Moi ça ne me dérange pas.

          Maintenant, venons à l’inanimé. Là aussi la reproduction est partout et visiblement vous ne voulez pas ... le voir smiley.

          Les cristaux ne sont que répétition à l’infini de semblables structures qui viennent cristalliser les unes sur les autres et donc « se reproduisent » à lleur manière.

          Mais venons en surtout à la météo qui vous semble l’imprévisible et le non reproductible par excellence.
          Avez-vous conscience que, quoi qu’on en dise, il y a encore des ... saisons ? Cad, une répétition régulière des paramètres atmosphériques ?
          Connaissez-vous les systèmes dynamiques avec lesquels on modélise la météo ? Ce sont des systèmes déterministes avec des équations précises mais ils sont chaotiques, cad, qu’ils présentent une « sensibilité aux conditions initiales », de sorte que si nous ne connaissons pas exactement ces conditions initiales, la prédiction n’ira pas loin. Un battement d’aile de papillon changera la donne.
          Or, voyez-vous, le chaos qui semble un sommet dans l’instabilité et l’imprédictibilité est en fait une dynamique où les cycles sont denses. Il y en a partout, il n’y a que ça au sens où la dynamique chaotique n’est au final qu’une émergence de leurs interactions.
          De manière amusante, il s’avère que le premier attracteur étrange qui a permis de penser le chaos et d’observer ses régularités internes dans l’espace des phases a précisément été l’attracteur que Lorenz a produit en 1963 en tentant de modéliser... la météo.

          Donc là encore c’est loupé. Vous n’allez pas vous débarrasser des cycles comme ça.
          Et surtout pas en disant que nous consommons du cycle allègrement comme si de rien n’était.
          Non, j’y insiste, l’occidental moyen, normalement individué, se croit dans une trajectoire linéaire qui ne boucle que rarement et seulement à son corps défendant.

          Chacun se croit libre et croit avancer sous la seule direction d’un libre-arbitre qui n’a jamais pensé tourner en rond. C’est pour ça que l’habitude a mauvaise presse. Pour voir les cycles, pour être cycliste comme vous dites, il faut ouvrir les yeux et décider de se confronter aux faits.

          Si on ne le fait pas, on reste dans l’illusion du libre-arbitre qui va où bon lui semble, un peu comme un papillon, à sa guise apparemment, de droite et de gauche, mais jamais en rond ; c’est tellement ennuyeux ce qui se répète.

          D’ailleurs on le dit aux fâcheux qui se répètent : vous radotez. C’est péjoratif.

          Il y a un énorme travail de prise de conscience à faire sous ce rapport et c’est pour ça que le spécialiste de l’automatisme mental, J. Bargh parlait (pour choquer) d’une pensée automatique présente dans 99,4 % des cas.

          Pour en venir à l’autisme, je ne dirai qu’une chose : vous projetez beaucoup, beaucoup trop. Les autistes n’ont pas notre souci d’originalité. Ils font dans la répétiion du même sans aucun problème, car elle les sécurise et lorsqu’ils peuvent s’inscrire dans l’espace social, ils n’ont qu’un désir : nous ressembler.

          Voyez comme ils sont loins de nous, les pauvres, nous qui n’avons qu’un souci : nous individualiser, nous distinguer, être différents, être originaux !
          Pathologie du soi que, bien entendu, nous n’avons fait qu’imiter de nos voisins ou des modèles offerts par la société ou la pub.

          Alors easy, de quel côté vous rangez vous ? Du côté des individus moutons de panurge qui prétendent en choeur à l’originalité, à la différence, à la divergence ou du côté des autistes qui ont l’originalité vraie de vouloir être semblables, indiscernables, bref, comme les autres ?

          Moi je suis du côté des autistes, ce qui fait mon originalité à ce qu’on m’a dit... smiley


        • Gollum Gollum 26 octobre 2012 18:53

          Chacun se croit libre et croit avancer sous la seule direction d’un libre-arbitre qui n’a jamais pensé tourner en rond. C’est pour ça que l’habitude a mauvaise presse. Pour voir les cycles, pour être cycliste comme vous dites, il faut ouvrir les yeux et décider de se confronter aux faits.


          Oui je crois qu’on est victime là d’une théologie chrétienne qui n’a cessé de proclamer l’évidence du libre-arbitre, évidence pas si évidente que ça quand on creuse un peu les choses.

          Paradoxalement les tenants du libre-arbitre sont souvent moins libres que les autres, plus portés à l’action et donc plus tenus par les automatismes répétitifs. Ceux qui ne sont pas partisans du libre-arbitre ont souvent une conception cyclique des choses et voient mieux les dynamismes sous-jacents dans la psyché.

        • easy easy 26 octobre 2012 18:58


          «  »«  » Les chiens, les chats, les lions etc. font, écoutez moi bien, dans la ... reproduction. «  »« 

          Oui.
          C’est ce qui se dit.
          C’est bien ce que nous, les cyclistes, nous affirmons. Alors qu’un chien et une chienne n’ont pourtant jamais reproduit le même chien-chienne.
          Seules les bactéries sont exactement dans la reproduction qui est alors une duplication.

          J’en ai convenu, du cycle, on peut en voir partout. On peut même considérer que le 8 février 2013 sera identique à mille points de vue au 8 février 2000.

          Mais au lieu de dire la vérité à savoir que les chiens se quasi-reproduisent ou se reproduisent en vision de loin, grossière, ou qu’ils se reproduisent en principe puisqu’ils ne produisent que des chiens non des cachalots, nous disons carrément »Ils se reproduisent"

          Sur les chiots et les bébés, si chacun de nous dit qu’ils sont des reproductions, chacun de nous convient in petto que ce ne sont que des reproductions en première approximation, par considération simplificatrice.
          Or nous utilisons le même terme de reproduction pour parler de choses (de notre fabrication) qui sont reproduites de manière très identique. Ça fait que selon nos besoins rhétoriques, nous voyons de l’identique, du prévisible, du cycle, où nous le désirons.
          (Ce qui nous permet de condamner des gens de manière forfaitaire, par considération d’identiques : Tous ceux qui ont volé, Hop, on leur coupe la main !)

          Vous disposez donc de mille biais pour dire que tout est cycle. Tous les dictionnaires du monde vous soutiendront et vous aurez 7 milliards de personnes qui en conviendront avec vous.

          Mais c’est du cyclisme.
          C’est un regard qui accorde une importance énorme à la part de prévisible qu’il y a dans tous les à-peu-près-cycles et qui dénie alors l’importance des ’petites’ différences, de l’originalilé, voire carrément son existence.


          Je vous l’avais déjà dit, quand on se pose pour objectif de tracer une théorie sur l’homme ou un groupe d’hommes, on se retrouve forcément à limer la pyramide afin qu’elle rentre mieux dans le moule qu’on lui a concocté. 




          Je reconnais au cyclisme mille vertus et j’en ai déjà parlé. Mais ce n’est pas parce que cette simplification sur laquelle nous sommes tous d’accord nous est économique qu’elle offre pour autant le meilleur accès à la réalité.

          Puisque vous avez évoqué les atomes, je vous rappelle que depuis Schrödinger, on sait que le cyclisme ne convient pas à la mécanique quantique. La réalité est plus incertaine que certaine et surtout, elle dépend de notre regard. Regarder un autiste, parler d’un autiste, c’est avoir une influence sur lui et sur sa définition.


          Vous utiliseriez le cyclisme plein pot comme vous l’avez fait dans votre papier pour parler des gens normaux, je n’aurais pas été choqué car nous, les normaux, avons besoin du cyclisme, de la prévisibilité, pour nous économiser.

          Mais vous voulez nous exposer une théorie sur les autistes qui ne pratiquent pas notre langue, qui n’utilisent pas nos principes d’économie de langage, qui ont visiblement d’autres manières de s’économiser, de se protéger.
          Parler d’eux sans sortir de notre cyclisme c’est prendre -il me semble- le risque de les reconnaître, non de les connaître.

          Encore que, pour parler des autistes ou des Martiens aux cyclistes, il vaut sans doute mieux utiliser les schèmes cyclistes comme vous le faites.

          Exemple : Il existe un minerai qu’on appelle cacoxénite (mauvais invité en grec).
          Pourquoi ? Simplement parce que la présence de ce minéral dans les minerais de fer, dégrade la qualité des produits que nous en tirons.
          Les choses, les bestioles sont qualifiées par nous selon leur utilité pour nous. Nous ne les décrivons pas, nous les utilisons selon nos intérêts 

          (vous n’avez toujours pas répondu à ma question sur les capacités d’un autiste à conduire un vélo à bras croisés)


        • easy easy 26 octobre 2012 19:15

          «  »«  Les autistes n’ont pas notre souci d’originalité. »«  »

          Cette réflexion indique que vous vous méprenez sur mes pensées.

          Déjà, concernant nous, les normaux, la question de se montrer volontairement original est relative. Nous ne jouons d’originalité que de la manière la plus économque possible. Nous faisons chaque jour le même chemin pour nous rendre au boulot et ce n’est que le WE que nous nous permettons une tite originalité. Alos que nous pourrions nous faire remarquer en chaque seconde.

          Mais concernant les autistes, ce qui est possible (je n’en sais rien vraiment) c’est qu’ils n’aient que très peu de choix. Il se peut qu’ils n’aient pas autant que nous accès au cyclisme (et qu’ils se contentent, pour se reposer, de cycles très rudimentaires tels les balancements) 
          Hors donc leur position de repli-repos-défense, ils ne disposeraient que de l’improvisation (ils seraient incapables de piger ce que nous disons des cycles des saisons ou de la reproduction des chiens)
          Ce ne serait pas par goût ou prétention qu’ils seraient à faire des choses ex nihilo donc originales (et qu’ils ne pourraient même pas refaire deux fois) mais parce qu’ils ne pourraient faire autrement.

          Je ne leur vois qu’un souci : s’économiser, surtout en notre présence, dans notre monde (Je suppose que sur une île déserte, ils auraient moins ce souci).
          Et comme ils ne peuvent -comme nous- s’économiser que dans le cycle, ils foncent vers le cycle dès qu’ils sentent notre regard, notre pression sur eux. Hélas, leurs seules solutions cyclistes sont dans des choses très élémentaires, dont le balancement.


        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 27 octobre 2012 14:38

          @ Gollum

          Je serais davantage positif sur la tradition chrétienne au sens où amener la société au respect de l’individu et de sa liberté de choix, c’est quand même un beau cadeau.
          Le problème de la liberté ne vient pas de là. Il vient, (il me semble que nous sommes d’accord), de l’illusion dans laquelle se trouve l’individu quant à sa nature et sa réalité.
          Il la tient pour acquise et définitive sans voir l’effort de conscience, de volonté et, somme toute, les sacrifices qu’elle exige.

          C’est un combat de tous les instants puisqu’il s’agit en effet de rester attentif à tout ce qu’il y a en nous de mécanique (les habitudes) qui nous porte à agir hors de toute délibération consciente.
          Il est clair que ceux qui ne sont pas dans l’illusion d’un libre-arbitre tout acquis et qui connaissent leurs penchants automatiques sont plus libres puisqu’ils choisissent leurs voies plutôt que de s’y trouver engagés sans savoir pourquoi.

          Donc oui, sur le fond, je suis bien d’accord avec vous


        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 27 octobre 2012 15:17

          @ easy

          Désolé, mais vous me semblez au bord de la mauvaise foi,
          pour une raison qui m’échappe encore car je soupçonne qu’il y a du sens derrière votre argumentation au canon, mais je ne le vois pas.

          Si les chiens ne font pas des chiens ils font quoi ?
          Vous êtes de mauvaise foi ici parce qu’il n’y aucun abus, aucun biais, aucune erreur à dire que les chiens font des chiens.
          Si je suis un cycliste, vous êtes un perfectionniste.
          Et donc votre combat est vain, car la perfection n’est pas de ce monde.
          Contrairement aux cycles, qui sont partout.
          Entendez bien que reproduction ne dit pas réplication. Seule la réplication dit reproduction à l’identique.
          Et la réplication, c’est juste pour les virus, des trucs avec à peine quelques molécules.
          D’ailleurs, il y a des doutes sur le fait qu’ils soient « vivants ».
          Donc par pitié, laissez tomber cette visée de perfection ou d’ « identité » dans la reproduction

          Vous semblez aussi verser dans la mauvaise foi en m’attribuant un désintérêt pour les « imperfections » que pour ma part je vois comme « variations ».
          C’est complètement faux, puisqu’ainsi que je l’ai indiqué, le vivant qui se définit par la visée de reproduction réalise celle-ci sur un matériau enrichi par les « variants ». D’où la créativité du vivant.
          Il reproduit ... les variations avantageuses.
          Donc voyez bien je ne peux pas négliger les différences. Elles offrent le matériau qui permet l’évolution, l’adaptation mais ce matériau s’évanouirait au premier vent s’il n’était CONSERVE par la reproduction.

          Ceci vaut pour les habitudes comme pour le vivant. Les variations inhérentes à chaque réalisation nous offrent l’opportunité de les faire évoluer. C’est précisément ce que font les sportifs qui s’entraînent : ils sont en recherche constante du geste optimisé.

          Vous plaquez sur mon modèle votre logique honnie de la pureté et de la perfection, mais c’est en vain. Je ne suis pas concerné.


        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 27 octobre 2012 15:55

          @ easy,

          J’ai espoir que ce que je présenterai de l’autisme par la suite vous permette de comprendre que dans ce post vous faites de vaines conjectures.

          Parler d’improvisation me semble doublement manquer de sens.
          Les autistes cherchent activement le même.
          Pas d’improvisation chez eux, ça ne fait pas sens.

          Par ailleurs, l’improvisation est une activité qui n’est pas si « créative » qu’il y paraît car, comme on le voit par exemple en musique, elle construite sur une somme phénoménale de répétitions qui, ayant « quadrillé » l’espace des possibles, permettent une exécution en apparence très libre, très spontanée, alors qu’elle est en fait très travaillée... par la répétition.

          Enfin, une des caractéristiques des autistes, nous le verrons, c’est plutôt l’indifférence aux autres plutôt que l’hypersensibilité à leur présence ou à la « pression » de leur regard.


        • Soi même Soi même 27 octobre 2012 03:23

          bonsoir, j’ai lue avec passion votre exposé.

          Il est intéresant quand on découvre la subtilité de la langue à propos de bon-heur où le mal-heur casse en réalité l’habitude car il apporte l’imprévisible et nous faire voir le vrais sens de la vie qui est un don perpétuelle.

          Il est intéresant de voir comment une maladie mentale < l’Autiste> corriger moi si c’est une mauvaise définition construite la tour de Babel qu’est la psychologie.

          Vous mettes bien en lumière cette citadelle qu’est devenue la psychologie face à la forteresse qu’est l’autiste. Car c’est bien une forteresse qu’est l’autiste, elle résiste à une véritable compréhension que c’est en réalité cette maladie.

          Sans être thérapeute, cette maladie ne fait pensé à une peur et un égoïsme exacerber que porte à son corps défendant le malade.

          Et jusqu’à pressent les meilleurs remède ne sont pas en réalité les médicaments qui sont un palliatif, mais bien la rencontre des animaux qui les faits progresser et peut les amenés à une véritable stabilité social..

          J’ai eu l’occasion de coutoyer un cas bénin, et j’ai remarquer que j’arrivais avoir un résultat positif quand au fond, j’acceptais d’être à coté de lui et de faire les même tache que lui.

          Ce que j’en déduit de ses expériences qui ma été donner de vivre, et en étroite relation avec un état d’âme de l’acceptation de la différence, autrement dit la chaleur humaine compréhensive de ses personnes si énigmatiques.

           


          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 27 octobre 2012 17:15

            Bonjour Soi-même,

            Oui, vous avez raison, le contact avec les animaux est une occasion d’ouverture pour les autistes. Disons que beaucoup de témoignages en font état même si cela n’a, à ma connaissance pas été prouvé.

            C’est vrai aussi, il n’y a pas de médication proprement destinée aux autistes.

            Par contre, il y a toutes raisons de penser que ce handicap n’a pas pour cause première des peurs ou un quelconque égoïsme. Il ne s’agit pas de troubles de la personnalité.
            C’est beaucoup plus profond que cela.
            C’est pour cela que Oliver Sachs pouvait titrer un de ses livres en évoquant « des anthropologues sur Mars ». Les autistes nous découvrent un peu comme si nous étions des martiens pour eux.
            Il faut partir de cette idée pour être à la bonne distance si je puis dire, cad, pour prendre la mesure du problème.

            De manière intéressante, ce que vous avez découvert spontanément et dont vous témoignez ici est probablement la solution qui donne les meilleurs résultats. Il s’agit de l’imitation... des autistes. Faire la même chose qu’eux. J’expliquerai plus tard pourquoi il y a des raisons de penser qu’il devait en être ainsi a priori.


          • Malika 27 octobre 2012 17:48

            Bonsoir, j’ai lu attentivement votre article qui m’a éclairée sur ce que je vis actuellement et que je n’arrivais pas à m’expliquer.


            Je suis enseignante en grande section et le problème que je n’ai jamais pu résoudre malgré ma bonne volonté était celui de l’emploi du temps. 
            En maternelle, un des moyens pour aider les élèves à se repérer dans le temps est de leur proposer un emploi du temps stable tout au long de l’année.

            A la rentrée, j’ai eu la chance de discuter avec une conseillère pédagogique qui m’a aidé à mettre en place une journée type à répéter jusqu’à la fin de l’année. Les temps forts qui se répète d’une journée à l’autre sont : (matin) accueil, rituel, français, mathématiques, langage... et à 13h j’ai une séance de sport. et ateliers.

            Cela a changé ma vie et la vie de mes élèves. Je sais ce que j’ai à faire chaque jour et les élèves savent, maintenant, comment va se dérouler la journée. Les choses sont à leur place, il n’y a plus d’angoisse, nous nous sentons en sécurité...et alors le bien-être s’est installé dans la classe. 
            Le travail est fait (aucun élève ne refuse de travailler car ils savent qu’ils auront un moment de jeu pour se détendre), la bonne humeur règne et depuis la rentrée je n’ai aucunement crié pour obtenir le calme dans la classe. Le rythme est pris...les élèves sont motivés et même certains sont surpris que les journées se terminent « rapidement ».

            Je fais l’expérience de l’habitude, d’après ce que j’ai compris de votre article, et loin de penser que c’est une chose négative qui nous retient prisonnier d’un cercle, je me surprends aujourd’hui à lui reconnaître des aspects positifs. 
            Par ailleurs, en début d’année, j’ai accueilli dans ma classe un enfant « renfermé » sur lui-même, qui refusait le contact avec les autres élèves et je suis persuadée que c’est en grande partie, le déroulement « habituel » de la journée d’école qui lui a permis de se sentir en confiance dans la classe et de s’ouvrir aux autres. 

            Je suis ravie de la lecture de votre article qui m’a permis enfin de comprendre le bonheur que je vis actuellement dans ma classe. Merci.

            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 27 octobre 2012 17:56

              Merci Malika pour ce beau témoignage.

              Oui, l’habitude est excellente pour les élèves car elle leur donne du contrôle sur la situation et les dispose à s’y engager précisément parce qu’elle ne les surprend pas.

              Plus les enseignants s’appuient sur les habitudes des élèves qu’ils ont forgées et entretenues, plus la conduite de classe est aisée, moins ils ont à s’inscrire dans un rapport de force pour imposer leurs décisions libres et spontanées mais dès lors étrangères aux élèves.

              Vous avez trouvé un rythme d’activité qui vous va bien, vous le tenez, vous donnez donc de la régularité à vos élèves, du pouvoir d’anticipation, donc du controle, donc de la réassurance.

              C’est exactement cela dont les autistes ont le plus besoin, mais en fait nous sommes tous concerné et il est probable que votre élève « différent » a dû apprécier ce mode de fonctionnement.

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