« Le patronat » suivi d’une caractérisation péjorative, c’est une généralisation haineuse, aussi moralement inacceptable que « les juifs », « les arabes », « les vieux », « les riches », « les femmes » ou je ne sais quoi d’autre. Partant de là votre propos n’est pas crédible.
Le « libéralisme », vous ne savez toujours pas ce que c’est. Son intérêt, c’est de défendre la liberté des petits à faire concurrence aux gros. Ses « inventeurs » l’ont pensé dans une optique de justice, pour que le souverain ne soit plus le maitre des individus. Et il y a plein d’alternatives aux dérives éventuelles du système qui soient respectueuses des libertés individuelles, ne vous en déplaise.
Vous ne pouvez pas nier que l’Etat a prouvé et prouve tous les jours son incompétence. L’école des choix publics a très bien expliqué pourquoi. Donc critiquer les dérives du capitalismes c’est une chose, et c’est sain, mais croire bêtement que l’Etat est une solution alors que pour le coup on sait très bien que non, c’est un peu fort de café (pour pas dire bête).
On a du mal à voir où vous voulez en venir tant vous alignez les poncifs et les contresens. Il n’y a pas de « grande loi » du capitalisme, ni de l’économie, tout simplement parce que l’économie est une science sociale, et qu’elle analyse les comportements irrationnels d’individus qui agissent avec des informations limités. La « concurrence pure et parfaite » appartient au modèle néo-classique qui est largement abandonné aujourd’hui, et qu’il n’est de toute manière pas pertinent d’utiliser ici. Je me demande donc quel genre de motivations politiques vous amènent à attaquer un tel homme de paille du capitalisme, si déconnecté de la réalité que ça en devient comique.
Les travaux de Walras ont débouché sur des pensées économiques profondes, certes, mais rien n’est aussi catégorique en économie qu’en sciences physiques par exemple, contrairement à ce que vous voulez laisser penser.
Aujourd’hui, on distingue seulement des « principes » généraux observés dans une économie, je vous cite ceux énumérés par Mankiw pour exemple
Les individus font face à des « trade-off » (il n’y a pas de « free lunch »).
Le coût de quelque chose correspond à ce qu’il faut abandonner pour l’obtenir.
Des individus rationnels pensent à la marge.
Les individus répondent aux incitations, c’est-à-dire aux coûts et bénéfices de différentes actions.
Le libre échange de biens et services peut améliorer la situation de tous.
Les marchés sont généralement un bon mécanisme d’organisation de l’activité économique.
L’action de l’État peut être utile dans certaines circonstances.
Le pouvoir d’achat d’un pays dépend de sa capacité à produire des biens et services.
Les prix augmentent lorsque le gouvernement imprime trop de monnaie.
À court-terme, il existe un trade-off entre inflation et chômage.
Vous conviendrez qu’on est loin des « lois d’airain » que vous voudriez attribuer au capitalisme.
je ne pense pas que le socialisme et le libéralisme puissent être comparé de la sorte. Le socialisme revêt un réel caractère utopique dans le sens où il se réfère à une société modèle que l’on doit atteindre et dans laquelle le planificateur central prélève « de chacun selon ses capacités » et offre « à chacun selon ses besoins ». La socialisation des biens, l’abolition de la propriété privée, ne sont que des étapes préalables sur la voie du socialisme. C’est un but précis. Le libéralisme lui ne fixe pas de but : il s’agit juste de laisser les gens poursuivre leur propre définition du bonheur dans le respect des droits d’autrui. Autrement dit il n’y a pas de société « libérale » parfaite vers laquelle tendre : quelle que soit l’état d’une société, on peut la qualifier de libérale si ses membres sont libres et égaux en droit. Et c’est cette liberté qui un prérequis (et pas une conséquence !) à la justice et à la prospérité.
Concernant les penchants égoistes / malveillants de certaines personnes, même si je suis bien obligé de les constater, je ne pense pas une seule seconde que cela invalide la validité de la liberté comme principe fondateur d’une société souhaitable. Si on fait respecter les droits de chacun, l’égoiste n’a aucun moyen de nuire à autrui, et c’est même le contraire, celui qui veut amasser des richesses pour son propre intérêt est contraint et forcé de le faire en rendant service à autrui, c’est à dire en se mettant au service de ses clients. Et l’altruiste est tout autant libre de se mettre au service des autres si c’est ce qui le rend heureux. Bref, la liberté permet non seulement d’accorder les antagonistes (des peuples qui se détestent peuvent éviter la guerre en commerçant), mais elle peut forcer les individus vicieux à profiter à la société, sans contraindre leurs libertés, ce qui me semble impossible dans une société fermé de type socialiste.
Ainsi, le libéralisme ne promet aucun paradis sur Terre, aucune perfection (contrairement à l’image fausse que vous avez du libéralisme) et aucun libéral digne de ce nom ne prêche que les marchés sont une panacée, juste que c’est dans la plupart des cas le moins mauvais des systèmes pour créer de la valeur. Et ceci est indiscutable d’un point de vue empirique. Bien sur que le capitalisme peut avoir des effets pervers, et que les marchés peuvent déboucher sur des situations non-optimales : cela n’invalide en rien la moralité qui les sous-tend, ni même leur intérêt conséquentialiste : il est prouvé que la planification centrale ne peut pas, sous aucun prétexte, distribuer et gérer l’information aussi bien qu’un marché libre. Et il n’est plus à prouver que les méthodes socialistes appauvrissent objectivement toutes les sociétés qui les appliquent, sans même parler du vice déontologique qui les soutient.
Entendons nous bien : je n’ai rien contre « le collectif », bien au contraire, l’humain est un anomal social et il trouve son bonheur dans l’échange social (le marché est d’ailleurs, par définition, un organisme collectif). Cela dit il est faux de dire que l’Etat représente le collectif, que la majorité a forcément raison, ou même que l’intérêt général se construit en opposition avec les intérêts des individus. Donc si le marché ne vise pas la perfection, on peut quand même dire qu’il atteint des objectifs infiniment plus enviables que ce que le planisme ne pourra jamais atteindre.
Merci de votre réponse. Je commence à comprendre comment vous raisonnez. Je ne suis toujours pas d’accord pour plusieurs raisons, et je trouve que vous faites des erreurs factuelles. Vous dites :
« Le Capitalisme comme système est destructeur de l’environnement » >> Un « système » ne détruit rien, puisqu’il n’a pas de responsabilité, seuls les individus peuvent endosser une responsabilité. Certains individus agissant dans un cadre capitaliste détruise l’environnement, c’est exact, ça n’en rend pas le capitalisme responsable pour autant. En réalité, tous les systèmes anti-capitalistes l’ont détruit encore plus, en plus de ruiner tout le monde, preuve que la pollution vient des technologies employées et non pas du « système » (quoi que ça désigne). et sur ce point là, les entrepreneurs capitalistes sont en train de développer les technologies qui résoudront ce problème très bientôt : il n’y pas de raison de s’inquiéter outre mesure.
« la révolution verte agricole montre qu’il n’y a pas de vision à long terme » >> Cela me semble faux a priori. Ce que je vois, en Europe et aux USA notamment, c’est que l’agriculture n’est pas un marché, c’est un secteur entièrement régulé et livré au bon vouloir du politique et des subventions. Avec les résultats peu convaincant que l’on connait. Un exemple de libéralisation est celui de la Nouvelle Zélande, qui est un succès évident.
« Mais c’est vrai que c’est la logique du système actuel : créer un problème pour apporter une solution. » >> Encore une fois, le « système » n’a pas d’existence indépendante des individus qui le composent, il n’a donc pas de « logique » interne. Et vous ne pouvez pas nier que le monde est aujourd’hui bien plus prospère qu’auparavant.
Vous ne pouvez pas dire que les problèmes créés sur l’environnement sont relativement petits par rapport aux bénéfices qu’ils apportent.« >> Si, clairement. Et les problèmes en question, comme je l’ai déjà fait remarquer, sont en passe d’être résolus grâce à l’innovation.
On n’a aucune idée de l’impact futur des déréglements en cours. » >> Rien auquel on ne puisse s’adapter, voire réparer.
« Vous pensez que les majors se protègent des start ups du secteur par l’innovation ? » >> Je travaille dans le secteur, donc oui, je peux vous assurer que les grosses boites de l’énergie investissent massivement pour préparer l’après pétrole. Et que la concurrence est rude en provenance des startups des cleantechs. C’est un fait, pas une opinion. L’idée que total rachète les brevets des concurrent est un mythe digne de la théorie du complot : non seulement c’est ridicule de ne pas rentabiliser un brevet que l’on possède, mais c’est surtout illégal (demandez à n’importe quel avocat de la ppté intellectuelle !). Si on n’exploite pas soi-même un brevet, on doit le licencier à d’autres. Bref, si une techno rentable existe, elle est commercialisé, no matter what.
« la mondialisation libérale » >> On est très loin du libéralisme, surtout en Occident.
« l’austérité appliquée suite aux déviances du capitalisme » >> Oula, non. D’une l’austérité est une décision politique, un choix des technocrates de Bruxelles, et de deux le capitalisme n’a pas « dévié » (quoi que ça veuille dire), les subprimes sont une construction publique au cas où vous ne le saviez pas.
« C’est un argument bobo. » >> Les gens d’il y a 50 ans étaient bien plus pauvres qu’aujourd’hui et pouvaient très bien faire ce choix. C’est donc tout sauf un argument bobo.
Le Capitalisme ne résout pas la pénurie, le Capitalisme fonctionne sur la pénurie.« >> Contresens total. Le capitalisme permet justement de combler les pénuries, c’est là d’où vient le profit. D’ailleurs, on n’a jamais connu autant d’abondance dans l’histoire de l’humanité, grâce au capitalisme. La pénurie n’existe aujourd’hui que dans les pays / marchés non capitalistes.
Vous n’allez pas tendre vers une baisse des prix mais sur la formation d’une bulle d’investissement qui va éclater brutalement. » >> Cas particuliers bien éloignés du cas général.
« Votre exemple sur Free (...) » >> Vous décrivez précisément ce qu’il se passe en l’absence de concurrence. Avec Internet, c’est illusoire de penser que ça arrivera sur le secteur des télécoms. (Et de plus, personne n’a jamais dit qu’un marché était tout le temps parfait, bien au contraire, ce sont de ses imperfections que naissent les opportunités entrepreneuriales, mais dans tous les cas personne de sensé ne nie que c’est une bien moins mauvaise organisation qu’un monopole public autoritaire géré par des incompétents).
Pour Berlin,(...) là où ils ne sont pas.« >> Berlin subit la même pression qu’une capitale internationale, le marché immobilier n’y est simplement pas étatisé comme en France. C’est une évidence que de construire là où les prix montent augmente l’offre et tend donc à faire baisser les prix au bénéfice des clients.
Concernant le fait de boucher et reboucher des trous, c’est exactement ce que fait la spéculation financière avec les CDS. Sauf qu’au final, ce sont les citoyens qui doivent finir par reboucher les trous. » >> Oui, et ça n’a rien de libéral, ni de juste, ni d’acceptable.
« Et cette situation s’explique uniquement par les politiques de dérégulations du monde financier depuis la fin des années 70. » >> Non sequitur, les marchés financiers sont les plus régulés de la planète. Les « dérégulations » n’ont concerné qu’une poignée de très (trop) grosses banques, et pour les petites qui leur faisaient concurrence les régulations n’ont fait qu’augmenter. Le simple fait qu’une banque puisse être « too big too fail » est typique d’une anomalie qu’on a empêché d’être corrigée par le marché.
« le laisser-faire ne peut fonctionner. » >> il fonctionne pourtant très bien dans la majorité des cas. Et de plus, votre assertion suppose qu’un régulateur saurait mieux que les acteurs de marché ce qui est bon pour eux, ce qui a été prouvé scientifiquement impossible et donc faux dans les années 50.
La main invisible, quand elle apparait, c’est pour manipuler les marchés contre la concurrence loyale et transparente.« >> Poncif déconnecté de la réalité.
»La main invisible des libéraux n’existe pas.« >> C’est rigoureusement faux, puisque la main invisible, c’est ceci, et il n’y a rien de plus réel, concret, et observé par tous, tous les jours.
»Je le répète, la seule solution pour qu’un système libéral fonctionne, honnêtement, c’est qu’il soit strictement sous le contrôle de la collectivité.« >> Un marché est un contrôle collectif en soi, donc oui, c’est une évidence. Je rajouterai qu’il ne faut pas confondre l’Etat et la collectivité, surtout en sachant que l’Etat est partout et tout le temps le moins bien placé pour contrôler quoi que ce soit (résultats de l’école des choix publics et de la théorie des agences).
»Tous les systèles autorégulés ont montré qu’ils ne pouvaient fonctionner (Libor, cours des matières premières etc...).« >> Les marchés des coiffeurs, des chaises de jardin ou des slips en coton sont autorégulés et fonctionnent parfaitement. A l’inverse les marchés les plus régulés (agriculture, finance, immobilier) sont ceux qui font la une des journaux pour déconner plein tube. Je ne dis pas qu’un marché fonctionne toujours bien, ça serait faux, mais statistiquement plus un marché est libre et mieux il fonctionne, c’est une observation empirique incontestable.
» Si toute la valeur empruntée est détruite par le remboursement, quid de l’intérêt ?« >> L’intérêt est injecté par les dépenses courantes des banques. Non, ne vous inquiétez pas, les intérêts de »manquent« pas.
Le système de crédit par taux d’intérêt fait que la masse monétaire augmente. » >> Seulement si on a de la croissance.
« cela peut compenser le risque mais dans ce cas, je préfère que cela soit publique. » >> Ce n’est pas une histoire de préférence, c’est d’abord une question déontologique : est-ce légitime d’interdire à des acteurs privés d’exercer des activités bancaires (non) et ensuite conséquentialiste : est-ce qu’un système décentralisé fonctionne mieux qu’un système planifié centralement (incontestablement, oui).
« Mais justement, actuellement, c’est bien le collectif qui a pris totalement à sa charge les risques pris par le secteur financier. » >> Et ce n’est pas normal, je vous rejoins totalement.