Cher Paul Villach
Merci pour cette analyse sans concession . J’aimerais mentionner une question qui est moins anecdotique qu’il n’y paraît . A l’époque à laquelle je fréquentais le collège , il ne serait venu à l’idée d’aucun professeur de tutoyer les élèves , ni de les appeler par leur prénom . Nous étions appelés par notre nom de famille , précédé de " Monsieur " ou " Mademoiselle " .
Lorsqu’un professeur demandait à cette époque à un élève de se rendre au tableau , il disait " Monsieur ( ou Mademoiselle ) X venez au tableau je vous prie " , maintenant on entendrait quelque chose comme " Enzo ( ou Chloé ) , va au tableau " , sans formule de politesse .
Il en était de même pour les réprimandes : " Monsieur ( ou Mademoiselle ) X , vous bavardez au lieu de travailler , je vous donne un devoir supplémentaire à faire , à signer par vos parents ! " ( inutile de dire qu’on recevait une belle engueulade supplémentaire à la maison ! )
Cette disparition du vouvoiement des professeurs s’adressant aux élèves n’a t-elle pas constitué un terrain favorisant les insultes tutoyées des élèves vis-à-vis des professeurs ? Ce vouvoiement introduisait une distance respectueuse entre l’élève et son enseignant , qui , à mon avis , était favorable à l’existence reconnue de l’autorité de l’enseignant sur l’élève . Il serait une bonne chose de rétablir ce vouvoiement au collège . ( De même , dans les quartiers dits " sensibles " , je pense que ce qui doit énerver les " jeunes " , c’est d’être tutoyés sans respect par la police : même les délinquants pris en flagrant délit ont droit au vouvoiement . Il en est de même pour la médecine : je vouvoie systématiquement tout enfant venant consulter sans ses parents , quand bien même il n’aurait que huit ans . )