@ l’auteur
Tu veux devenir journaliste ? Tu as raison d’assumer ta "naïveté" : car tu as tort de rêver.
Un conseil, si le monde de l’info t’excite, va plutôt bosser dans une agence relations presse : là tu feras l’info. Le journaleux n’est plus que l’attaché de presse des communicants - j’en sais lourdement quelque chose, pour avoir exercé moi-même dans les deux camps.
En outre, ta conception un peu amidonnée du journalisme professionnel est effectivement celle d’un lycéen plein de bonnes intentions. Apprends que RIEN - pas même les capitalistes - n’aura finalement nui à la profession que sa "professionalisation" justement, en particulier via les prétendues "écoles de journalisme", véritables machines à standardiser les esprits, les méthodes et les ambitions. Le journaliste professionnel est au journaliste traditionnel ce que "l’expert" est au savant : un escroc - ou un idiot utile - produisant le discours voulu par celui qui le paye. Le journalisme "professionnel" (et "déontologique" : les petits esprits aiment les grands mots) est un mythe au regard de l’histoire de la fonction, née avec le parlementarisme et la Révolution Industrielle, c’est-à-dire avec le suffrage universel et l’essor du prolétariat urbain.
Le journaleux était l’autodidacte aimable et touche-à-tout de la ville tentaculaire, souvent un marginal un peu littéraire : il n’est plus que le porte-voix stéréotypé des maîtres de l’Empire, le bonimenteur des esclaves de notre babel affolée ! Point barre : quiconque a fréquenté les "médias" - ce succédané technocratique de la défunte Presse - te le confirmera.
Alain Duhamel, Jean-Marc sylvestre, et tutti quanti : l’oeil de Moscou dans une tête de mort !
Voilà tout. Ne prends pas mal cette véhémente mise au point, mais que veux-tu, l’aîné qui a fait la connerie se sent comme un devoir de l’éviter au cadet bien intentionné...
Les Médias sont morts : donnons sans pitié le coup de pied de l’âne à ces moutons !