D’abord la situation est à front renversé. Habituellement, Hortefeux hurle contre le laxisme de la justice. Là, il lui reproche de ne pas être assez laxiste.
L’attitude des syndicats de police est inacceptable, et effectivement purement corporatiste, mais elle n’est pas sans précédent. Elle consiste d’ailleurs elle-même en une infraction pénale. Aucune mesure répressive, qu’elle soit judiciaire ou disciplainaire n’a cependant jamais été prise à ma connaissance en pareil cas envers les manifestants fautifs. Les manifestations elles-mêmes n’auraient pas dû être autorisées.
Commenter une décision de justice n’est pas obligatoirement scandaleux. Il peut arriver que les juges déraillent. Ce n’est cependant en aucune façon le cas ici. Ces policiers ont commis une infraction particulièrement grave. En réalité, il serait plus justifié de qualifier la décision de laxiste. Car loin d’être sévères, les sanctions prononcées apparaissent légères, vue la gravité des faits reprochés. Un an ferme au maximum, c’est peu ; je doute que la situation aurait été la même si des particuliers avaient essayé de piéger un policier. Un policier devrait être traité plus sévèrement qu’un citoyen ordinaire, rien de permet de dire que cela a été le cas, au contraire. Leur qualité les a sans doute protégés. De quoi se plaignent-ils, et leurs collègues et ministres avec ?
De plus, si beaucoup des manifestants semblaient s’en offusquer, c’est la moindre des choses que tout policier pris à mentir, même dans des circonstances moins graves, soit expulsé de la police immédiatement. On ne peut pas admettre que dans une supposée démocratie, un menteur patenté soit autorisé à continuer à exercer une fonction si importante, qui repose notamment sur la fiabilité à accorder à leur parole. Il apparaît au contraire inquiétant que deux des condamnés n’aient pas vu leur peine inscrite au casier judiciaire, ce qui leur permet de continuer à exercer. Leur hiérarchie pourrait certes prendre d’elle-même la décision de les exclure, mais il est peu probable qu’elle le fasse.
Il ne faut de toute façon guère se faire d’illusions : les mensonges policiers ne sont pas si rares. Dans ce cas-là, ils ont été pris, mais combien d’autres fois sont-ils passés à travers.
Les affirmations de Hortefeux, du préfet et des responsables syndicaux sont donc déplacées et grotesques, en plus d’être hypocrites. Leur démission s’impose. Cela suppose bien sûr que l’on soit dans un état de droit, ce qui n’est pas le cas en France. Quand à la décision du procureur d’interjeter appel, elle ne peut s’expliquer que par le fait qu’il estime que les peines sont trop importantes en raison du fait que les condamnés sont des policiers.