Bien, vous admettez que la représentation n’est pas l’alpha et l’oméga de la démocratie.
Cependant, vous persistez dans l’abstraction. Pour parer à ses défauts, vous proposez des contrôles, mais sans préciser ni lesquels ni leur étendue, et le concept théorique de séparation des pouvoirs - qui a bien du mal à fonctionner dans les faits.
Je vous répète à nouveau mes griefs : en quoi est-ce pertinent de réserver à des gens ni qualifiés, ni concernés le pouvoirs de décision sur tous les sujets ?
N’est-ce pas, en fait, une véritable tyrannie ?
Il faut revenir à la source de ce qu’est un parlement. Un parlement sert à parlementer en vue d’arriver à une décision qui satisfasse les divers parties affectées par l’effet futur de cette décision. Toute décision étant destinée à avoir une conséquence sur le monde réel, il est donc nécessaire que ceux qui y participent soient qualifiés dans le domaine de réalité visé, et de plus concernés par la modification envisagée.
Pour qu’il y ait « parlementation », il faut donc nécessairement que le changement envisagé touche plusieurs personnes. Si une seule personne est concernée, et que son action ne touche pas à un bien commun, alors elle peut agir librement sans avoir à parlementer avec quiconque.
Par exemple :
1°/ Si j’ai envie d’uriner, je n’ai pas besoin de parlementer avec mes voisins : cette décision n’appartient qu’à moi et à moi seul. Il est clair qu’il ne saurait être de la compétence d’un parlement parisien de « légiférer » sur les horaires d’urinage des citoyens. Par conséquent :
Pour tout ce qui ne concerne que moi, tout ce qui m’appartient en propre, aucun parlement n’est compétent.
2°/ Si je vis dans une collectivité et que je veux mettre des fleurs dans le couloir, qui est une zone que je partage avec mon voisinage, je me dois d’aller parlementer avec mes voisins. Là encore, aucun parlement parisien ne peut préjuger de l’avis de mes voisins quant à leur accord sur le fait de fleurir le pallier. Par conséquent :
Pour tout ce qui concerne plusieurs personnes, qui est un inter-Être, le seul parlement compétent est celui qui se compose de toutes les personnes directement concernées, ou, à défaut, de leurs représentants.
Autrement dit,
- Pour tout bien particulier, un parlement est inutile et nocif : c’est une atteinte à la liberté.
- Pour chaque bien commun, correspond un parlement composé de ceux partageant l’usage de ce bien commun. Un parlement composé de personnes non concernées est inutile et nocif : c’est une atteinte à la liberté.
C’est-à-dire qu’il suffit d’un parlement par Bien commun, et celui-ci doit réunir tous ceux (ou les représentant de ceux) qui en ont l’usage.
Cependant, pour reprendre votre exemple de la langue, Bien commun global, certains Biens communs ne sont pas du ressort d’une décision démocratique. L’on pourrait aussi prendre l’exemple d’une vérité scientifique, qui n’est pas « décidable » par démocratie.
C’est la raison pour laquelle je vous soumettais l’idée de mieux cerner les Biens communs, ce qui permettra de cibler quels sont les besoins en parlementation, afin de circonscrire les domaines de compétence des divers parlements à mettre en place, puis d’envisager quels seront leurs participants légitimes, et enfin d’imaginer les modes de désignation qui seront fonction de la quantité de gens concernés.
Je vous demandais donc de partir du concret et du particulier pour établir un organisation générale démocratique, non de partir de l’abstrait et de l’universel pour établir une organisation particulièrement non démocratique (jacobine).
Pour l’Europe, je vous interrogeais sur déterminer les Bien communs qui dépassent les frontières nationales, d’en déduire les parlements nécessaires, puis d’en déduire ceux qui sont légitimes pour y participer.
Vous me répondez : il faut un seul parlement (tout est bien commun), et tout le monde a le droit d’y participer (comprendre, dans les faits, les politiciens professionnels des entreprises partisanes)
Permettre à n’importe qui de décider de tout et n’importe quoi n’importe quand n’a rien de démocratique... Cela est beaucoup trop totalitaire à mon goût pour être acceptable.