Mervis Nocteau-Seysan

@Jean Keim. Dans l’article en lien à ce propos, j’en parle. Pour vous simplifier l’existence, faîtes Ctrl+F « plénipotentiaire » pour retrouver la séquence.

Je reviendrai simplement sur votre « état de nature » « puriste spirituel » : les personnes harmonieusement insérées dans « la nature » dont vous parlez, étaient précisément les animistes/polythéistes, que je défends.

Notre vision du religieux, aujourd’hui, est biaisée au prisme de la singularité monothéiste, absolutiste plénipotentiaire. Mais les Anciens Dieux ne sont pas absolutistes plénipotentiaires. Ils participent du monde, dont ils vivent la Destinée et la Nature : c’est, en substance, ce que dit cet article — que le Dieu exclusif, a une posture affolante (encore qu’une vision pré-absolutiste plénipotentiaire ait émergé, progressivement, en Hellas, dans les mouvances platonicienne et stoïcienne, toutes deux du genre proto-chrétien, et recyclées par le christianisme... et encore que le Brahman indien, ou le Tao chinois, puissent y être minutieusement comparés, sans amalgamer).

@SilentArrow. Reprenons.

> À la limite, leurs allégories en art classique sont pas mal.
Et dans les bandes dessinées. Par Toutatis, par Belenos.

C’est parce que les dieux de l’antiquité étaient déjà morts que le culte de Mitra puis le monothéisme a pris racine dans l’empire romain.

Ce qui vient après le monothéisme, ce n’est pas un retour au polythéisme, mais une entrée dans le zéro-théisme.

@Jean Keim. @Alain Malcolm est intervenu ? J’aime bien son côté polytheist friendly, sans parler de son intelligence philosophique. Apparemment, son commentaire a disparu (?). Je ne pourrai donc réagir qu’à votre réaction. Mais reprenons depuis hier...

J’ai la conviction qu’il y eut d’abord la spiritualité dans le sens où les êtres humains sains d’esprit étaient à leur place dans un mode de vie naturel et équilibré, parmi eux il y eut des cas singuliers dont la forte spiritualité rayonnait autour d’eux, quand l’utilisation de la pensée fut dévoyée, de plus en plus de gens se mettaient à les imiter (souvent après la mort de leur modèle), car désirant accéder à leur plénitude comme on peut désirer posséder un bel objet, ainsi sont probablement nées les religions avec tous leurs artifices.

Et puis maintenant :

La religion et ce qui s’en apparente, quel que soit le nombre de dieux et leurs attributs, sont semblables à un voyage organisé, le (un) but est au bout du voyage, évidemment il se trouvera toujours des individus qui sortiront des itinéraires balisés, attirés par la ligne d’horizon.

La religion et ses croyances ne sont pas forcément une mauvaise chose, à la condition d’en sortir avant d’être aliéné.

En fait, vous nous balancez les banalités qui vous passent par la tête, à la manière de Hobbes ou de Rousseau, spéculant tous les deux sur « l’état de nature ».

Hobbes voyait un état de guerre (de lutte de tous contre tous). Cet état, est aussi la trame de nos relations selon lui, quoi que régulées par l’Etat de Droit. Mais, qu’il le nomme Léviathan, n’est pas pour nous rassurer : Hobbes aussi, était animé par le Grand Dépit... Quant à Rousseau, son « état de nature » est celui du fameux « bon sauvage », individualiste romantique heureux, qui échange avec autrui ce qu’il a besoin, avant de retourner à sa tranquillité. Encore une fois, le Grand Dépit est présent : il nous vend un Jardin d’Eden sécularisé... La paléoanthropologie dément Hobbes : les communautés se régulaient, sur la base d’un droit oral et coutumier. Elle dément Rousseau aussi : les communautés sont, de base, nécessaires à la survie. On se demande d’ailleurs, quand « le bon sauvage » s’accouple-t-il : on dirait, avant tout — un Républicain actuel !

Quant à vous, @Jean Keim, vous inventez le type humains, qu’on pourrait nommer spirituels purs. Ce purisme laisse à désirer. A quoi vous ajoutez, cette sempiternelle banalité, qu’il faudrait délaisser le religieux, pour un danger plénipotentiaire. Cette menace est complotiste. Plus de détail ici.

Comme vous voyez, @Gollum a raison.

@Jean Keim. Et si la spiritualité s’incarnait dans les religions ? La spiritualité : ce grand nawak que les Modernes préfèrent aux religions, car n’engageant à rien, serait la « prima materia »... des religions par lesquelles elle cesse d’être nawak, et devient serviable pour l’élévation de soi (la spiritualité seule n’est qu’une baignade sans fond au milieu de l’océan). Ainsi, il y a interaction entre la spiritualité et les culturalités, où ces dernières sont primordiales pour humaniser le parcours - de même que la gastronomie humanise la faim, le tissage l’habillement, et l’érotisme le désir, la religion humanise la spiritualité, sans laquelle nous restons primitifs. D’ailleurs, les fantasmes (certes improuvés quoi que présumés sur la base de faits) de shamanisme préhistorique général vont dans ce sens, le sens d’une religiosité performant historiquement sa formation spirituelle avec l’évolution des groupes humains. Le monothéisme n’en est pas la pointe, puisque le polythéisme/animisme romain, chinois, indien ou shinto, a accouché de beaux fleurons.

@SilentArrow. Oui. Mais méfiez-vous : l’image de joyeux lurons procède du même biais rétrospectif que l’image de démons : du post|monothéisme. Les Dieux ne sont pas des loisirs. À la limite, leurs allégories en art classique sont pas mal.