En ce rappel actuel de l'assassinat de Kennedy, les histoires de complot vont bon train. La bonne nouvelle, c'est que des médias jusqu'ici plutôt frileux, ceux que l'on appelle "mainstream", commencent à briser le silence et présenter des théories différentes de l'officielle, qui n'a retenu qu'un seul tireur pour l'attentat contre le président américain (sur TF1, on parle même aujourd'hui de "mystères qui demeurent, c'est vous dire !). Plusieurs magazines récemment achetés le disent sans détours désormais : Lee Harvey Oswald n'a pu tuer à lui seul JFK. Le film de Zapruder le montrant depuis des lustres, avec un éclatement de la boîte crânienne venue d'une balle tirée de face, et une Jackie Kennedy courant sur le coffre de ia limousine pour en ramasser un morceau (*). Il y a avait eu plusieurs tirs, effectivement entendus ce jour-là sur place. En ce jour où l'on tente à nouveau de noyer le poisson en parlant de son insatiable appétit sexuel (révélé par Seymour Hersh), il convient de se remémorer plutôt un discours fort, qui a très bien pu précipiter sa chute, à en relire l'étonnant contenu.
John Kennedy a bien été la victime d'un complot, dont un étonnant document retrouvé par des historiens curieux pourrait servir de raison nécessaire pour attenter à sa vie. Dans ce confondant extrait, en effet, Kennedy, dont on connaissait les difficultés avec le lobby militaire US s'en prenait à ce qu'avait effectivement dénoncé son prédécesseur (Eisenhower) dans un autre discours devenu célèbre. À savoir à ce fameux lobby industriel, vendeurs d'armes conventionnelles. Mais dans ce sidérant discours de Kennedy, écrit avec l'aide de Theodore Sorenson, c'était autre chose encore qui était remis en cause. Un discours fait au "John M. Reeves Athletic Center" de Washington, D.C, dans une université "parrainée par l'Eglise méthodiste , fondée par l'évêque John Fletcher Hurst" avait tenu à rappeler le président US.
JFK avait en effet en ce 18 juin 1963 demandé devant un parterre d'universitaires l'arrêt de la production des armes nucléaires, en souhaitant tout d'abord leur réduction progressive, gràce à des espoirs de négociation avec la Russie de Kroutchev. Un propos fort étonnant, qui pour sûr à signé son arrêt de mort, tant les revenus de la production massive de ces armes dantesques étaient faramineux pour les industriels de l'armement, qui avaient intoxiqué les aléricains avec une grande peur d'une hypothétique attaque soviétique (**). Un marché captif particulièrement réussi, tous les américains étant persuadés dans les années 50 de l'imminence d'une attaque soviétique !
Le propos ce jour-là du président tranchait, après plus de quinze années de guerre froide. "J'ai donc choisi ce moment et le lieu pour discuter d'un sujet sur lequel l'ignorance abonde trop souvent et la vérité trop rarement perçue - et c'est pourtant le sujet le plus important sur terre : la paix.
Quel genre de paix veux-je dire, et quel genre de paix cherchons-nous ? Pas une Pax Americana forcée sur le monde par les armes de guerre américaines . Pas la paix du tombeau ou celle de la sécurité de l'esclave. Je parle de paix véritable - le genre de paix qui rend la vie digne d'être vécue sur terre - le genre qui permet aux hommes et aux nations de grandir et à espérer et à construire une vie meilleure pour leurs enfants - et pas seulement la paix pour les seuls Américains, mais la paix pour tous les hommes et toutes les femmes - pas seulement la paix dans notre époque, mais la paix dans pour toujours (à travers les temps)". Après cette exergue large, et fédératrice (qui pouvait alors remettre en cause cette offre remarquable, sinon les va-t-en guerre à la Curtis Le May (ici à gauche, sur qui porte des soupçons de participation au complot de Dallas !), le président américain en venait à des propositions plus concrètes. Elles étaient fort surprenantes :"Je parle de la paix en raison de la nouvelle égérie de la guerre. La guerre totale n'a aucun sens dans une époque où les grandes puissances peuvent maintenir de grandes et presqu'invulnérables forces nucléaires et à refuser de se rendre sans auparavant avoir recours à leur force. Cela n'a aucun sens à une époque où une seule arme nucléaire contient près de dix fois la force explosive délivré par toutes les forces aériennes alliées pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela n'a aucun sens, à une époque où les poisons mortels produits par un échange nucléaire seraient transportés par le vent et l'eau et du sol et des semences aux quatre coins de la planète et transmises aux générations encore à naître".
On ne pouvait être plus clair sur ce qu'on avait déjà appelé l'équilibre de la terreur, et son corrolaire dispendieux ; la course aux armements, qui avait pris des dimensions ahurissantes dans les années 50, mobilisant jour et nuit des soldats ou des aviateurs américains, 24 h sur 24. Pour Kennedy, c'était simple : les délires de son général Curtis Le May étaient bien une gabegie, grevant les budgets des citoyens américains qui auraient pu mieux vivre encore si le pays ne dépensait pas des milliards dans cette course échevelée à possèder l'arme supérieure à la dernière née de l'adversaire. Kennedy en savait quelque chose de cette incroyable gabegie et des errances que cela pouvait provoquer, à vouloir maintenir en l'air des bombes... armées, ou presqu'armées comme le souhaitait ce psychotique de Le May : l'incident dit de Goldsboro, survenu le 23 janvier 1961 avait eu lieu en effet trois jours à peine après son discours d'intronisation !!! Une des bombes nucléaires larguées par un appareil en perdition avait été retrouvée pendue à un arbre, l'autre... est toujours enfouie dans le sol, aujourd'hui encore. En particulier son noyau de plutonium, toujours situé à 50 mètres de profondeur.... aujourd'hui, les têtes d'uranium de l'arsenal américain restant occupent la bagatelle de 43 m2 (d'uranium enrichi)... Le résultat d'une gigantesque course aux amements qui s'était soldée par la victoire... de l'URSS ! En 1961, le 30 octobre les russes avaient de magnière étonnante (on pourrait dire frappante !) rattrapé leur retard en matière de bombe nucléaire.
Ils avaient en effet fait oublier l'explosion américaine de Bikini de 1954, la plus forte de l'histoire, avec l'expérience "Castle Bravo" qui avait failli mal se terminer (prévue pour libérer 5 mégatonnes elle en avait fait 15, à la grande surprise des techniciens !), avec leur "Tsar Bomba", qui demeure la plus grande bombe atomique de tous les temps. La bombe qui avait explosé au-dessus de l'île de la Nouvelle-Zemble avait en effet franchi les 50 mégatonnes, libérant en une seule nanoseconde, une énergie colossale, qui équivalait à 10 fois la quantité totale d'explosifs utilisée durant toute la Seconde Guerre mondiale : exactement l'exemple donné par JFK dans son discours ! Son onde de choc avait fait trois fois le tour du monde... et avait provoqué au moins une prise de conscience généralisée : on était allé... trop loin, et cela, les russes comme les américains semblaient en avoir pris conscience (les deux se tournant juste après sur des bombes plus petites... à produire en quantité) !
Pour Kennedy, le constat était là, en tout cas. Les bombes nucléaires ne font pas le bonheur des populations, pourrait-on dire pour le résumer. "
Aujourd'hui, la dépense de milliards de dollars chaque année pour les armes acquises dans le but de faire en sorte que nous n'aurons jamais besoin d'elles est essentielle pour le maintien de la paix. Mais sûrement l'acquisition de ces stocks inactifs - qui ne peuvent que détruire et ne jamais créer - ce n'est pas le seul , et encore moins le plus efficace des moyens d'assurer la paix. Je parle de la paix, par conséquent, comme fin rationnelle nécessaire à des hommes rationnels. Je me rends compte que la poursuite de la paix n'est pas aussi dramatique que la poursuite de la guerre - mais souvent, hélas, les paroles de ces poursuivants tombent dans l'oreille d' un sourd. Mais pourtant, nous n'avons pas de tâche plus urgente". Une remise en cause claire et nette des arsenaux pleins à ras bord de l'équilibre de la terreur !
Vient ensuite le volet sur le rôle des soviétiques.
Car Kennedy avait alors bien compris que ce que les médias avaient présenté de l'affaire cubaine, à savoir que c'était une grande victoire pour lui, marquait en fait le signe d'une défaite véritable, Kennedy ayant dû signer ce que Kroutchev avait proposé et rien d'autre. Cuba restait un ilôt comuniste narguant à quelques encablûres en Floride les nostagiques du Maccarthysme, et rien d'autre non plus : sur ce point, c'était bien un échec pour les faucons dont certains avaient même proposé de larguer une bombe nucléaire sur l'île de Fidel Castro ! Du nucléaire, on en avait à revendre et à balancer en effet, et des deux côtés. Dès le années 50, les requêtes des militaires US avaient tourné à la folie pure : entre 1951 et 957 : l'armée de terre US (Army) avait réclamé pour sa seule
consommation, pas moins de 151 000 têtes nucléaires !!!
Comme on peut le voir sur le schéma ci-contre, le premier "pic" de nombre de têtes nucléaires stockées aux states est bien en 1963 ; le troisième étant juste avant l'èfre Reagan en 1974. En 1967, au second pic on en était à un record de plus de 32 193 têtes nucléaires différentes pour les seuls USA... aujourd'hui encore, l'arsenal nucléaire US, son développement et son entretien, coûte toujours entre 620 et 661 milliards de dollars,
indique Ploughshares Fund. La gabegie n'est toujours pas tarie !
"Certains disent qu'il est inutile de parler de paix ou dans le monde du droit ou le désarmement mondial - et qu'il sera inutile jusqu'à ce que les dirigeants de l'Union soviétique puissent adopter une attitude plus éclairée. J'espère qu'ils le feront. Je crois que nous pouvons les aider à le faire. Mais je crois aussi que nous devons réexaminer nos propres attitudes - en tant qu'individus et en tant que nation - car notre attitude est aussi essentielle que la leur. Et tous les diplômés de cette école, ou chaque citoyen réfléchi qui désespère de la guerre et souhaite apporter la paix, devrait commencer par regarder à l'intérieur - en examinant sa propre attitude à l'égard des possibilités de paix, vers l'Union soviétique, vers le cours de la guerre froide et vers la liberté et la paix chez nous". Et Kennedy de faire dans l'introspection et de parler du fatalisme jusqu'ici accepté du caractère inéluctable d'un futur conflit nucléaire :
"en premier, examinons notre attitude envers la paix elle-même. Trop d'entre nous pensent que c'est impossible. Trop beaucoup pensent que c'est irréalisable. Mais c'est une croyance défaitiste dangereuse. Elle conduit à la conclusion que la guerre est inévitable - que l'humanité est condamnée - que nous sommes empêtrés dans des forces que nous ne pouvons pas contrôler . Nous ne devons pas accepter ce point de vue. Nos problèmes sont fabriqués par l'homme - par conséquent , ils peuvent être résolus par l'homme. Et l'homme peut être aussi grand qu'il le souhaite (...)
La raison et l'esprit de l'homme ont souvent résolu des choses apparemment insolubles - et nous croyons qu'ils peuvent le faire à nouveau." Un discours allant encore une fois à l'inverse de la propagande effrénée pour la construction d'abris anti-atomiques personnels dans lequels les américains s'étaient beaucoup investis personnellement. Au point que c'est Kennedy en personne qui avait dû charger un "Mr Abris", en la personne
de Steuart Pittman, en 1961... pour réguler un peu tout ce gruyère apparu dans les jardins US ! L'homme avait fini par rendre son tablier, jugeant l'organisation de ce creusement de terriers impossible à diriger ou à contrôler. A noter que les canadiens aussi, étaient aussi tombés dans la paranoïa, comme le démontre
ce saisissant reportage... d'une dame ayant creusé
son abri à l'insu de son mari !!!
La seconde partie du discours étant un plaidoyer pour s'entendre de peuple à peuple, même si la propagande soviétique marchait à fond pour faire des USA un monstre colonisateur par essence mêm
e (le propre du capitalisme, il est vrai, étant de conquérir de nouveaux marchés). "
Et en second lieu : "laissez-nous revoir notre attitude à l'égard de l'Union soviétique. Il est décourageant de penser que leurs dirigeants peuvent réellement croire ce que leurs propagandistes écrivent. Il est décourageant de lire un texte de l'autorité soviétique récente sur la stratégie militaire et de trouver, page après page, des réclamations incroyables - totalement sans fondement- telle que l'allégation selon laquelle " les cercles impérialistes américains se préparent à déclencher différents types de guerre". . .
ou "qu'il y a une menace très réelle d'une guerre préventive déclenchée par les impérialistes américains contre l'Union soviétique". . . et je cite - " que des impérialistes américains sont pour asservir économiquement et politiquement les pays capitalistes européens et autres. . . [ et ] pour atteindre la domination du monde . . au moyen d' une guerre d'agression " . En vérité, comme il a été écrit il y a longtemps : "les méchants fuient sans qu'on l'homme (honnête) ne les poursuive. " Pourtant, il est triste de lire ces déclarations soviétiques - à réaliser l'ampleur du fossé entre nous. Mais c'est aussi un avertissement - un avertissement au peuple américain de ne pas tomber dans le même piège que les soviétiques, et de ne pas voir seulement une vision déformée et désespérée de l'autre côté, de ne pas voir le conflit comme inévitable, la discussion comme impossible, et la communication comme rien de plus qu'un échange de menaces".
Le discours de Kennedy s'éloignait résolument ce jour-là des idées maccarthystes ou de celles des fanatiques anticommunistes qui hantaient toujours le Pentagone.
"Aucun gouvernement ni système social n'est tellement mauvais au point que ses habitants doivent être considérés comme manquant de vertu. En tant qu'Américains, nous trouvons le communisme profondément répugnant, en étant une négation de la liberté individuelle et de la dignité.
Mais nous pouvons encore saluer le peuple russe pour ses nombreuses réalisations - dans la science et dans l'espace, de la croissance économique et industrielle, de la culture, et de ses actes de courage". Il faut dire qu'en 1963, les américains ne peuvent que saluer l'avance prise par l'astronautique russe : ils sont alors à la remorque depuis 1957, toutes les "premières spatiales" ayant été le fait des soviétiques ! Louer les russes à ce moment-là, c'était aussi se mettre à dos les différentes armées, la Navy comme l'Air Force ayant vainement tenté de lancer un satellite avant
qu'un ancien nazi ne
soit appelé à la rescousse... Von Braun, e
t ses amis bruns dont Kurt Debus... En réalité, Kennedy avait surtout fort à faire à ce moment-là de l'histoire avec une partie droitière de son état-major qui poussait à en découdre avec les russes, au risque de transformer la Terren entière en no man's land.
C'était en effet carrément l'inverse de ce que tentait de faire depuis des années Curtis le May, ce véritable psychopathe devenu général, au sein du Pentagone :
"LeMay croyait que la guerre nucléaire avec l'Union soviétique était inévitable. Selon le Washington Post (le 19 juillet 1961), il avait dit aux invités à un dîner à Georgetown qu'une guerre nucléaire éclaterait un peu plus tard cette année-là, et que les grandes villes comme Washington, New York, Philadelphie, Los Angeles, Chicago et Detroit seraient détruites. Le 20 Juillet 1961, lors d'une réunion du Conseil national de sécurité , le général Lyman Lemnitzer avait présenté à John F. Kennedy un plan officiel pour une attaque nucléaire surprise contre l'Union soviétique. Kennedy avait été dégoûté et était sorti de la réunion et en disant plus tard au secrétaire d'État Dean Rusk " et on nous appelle l'espèce humaine !" .... Selon Curtis LeMay, une guerre nucléaire avec l'Union Soviétique étant inévitable, il fallait donc frapper les russes en premier. "
LeMay a fait valoir que les Etats-Unis devraient lancer 5 000 missiles sur l'Union soviétique. Il était convaincu que cela détruirait leurs 350 missiles nucléaires et donc empêcherait une attaque contre les États -Unis. John F. Kennedy et Robert McNamara ont rejeté cette stratégie comme étant... immorale". Une telle insistance à utiliser à tout prix l'arme nucléaire a dû se retrouver fort dépitée, à entendre le discours de Kennedy en ce mois de juin 1963...
Avec un général Lemnitzer, qui se cachait aussi derrière l'
opération Northwoods, et qui n'est pas sans rappeler David Petraeus, par son allure (en plus grand !), l'homme étant auss
i cité par certains auteurs comme susceptible d'avoir participé (lui aussi) au complot pour assassiner Kennedy... Tous au Pentagone, souhaitaient en effet entrer en conflit ouvert avec Cuba :
"Lemnitzer était un dangereux - peut-être même incontrôlable - extrémiste de droite dans une position extraordinairement sensible pendant une période critique, mais l'opération Northwoods avait galement eu le soutien de tous les membres du comité des chefs d'état-major et même les hauts fonctionnaire du Pentagone Paul Nitze avait plaidé en faveur de provoquer une fausse guerre avec Cuba. Le fait que les plus hauts membres de tous les services et le Pentagone pouvaient être ainsi hors de contact avec la réalité et le sens de la démocratie resta caché pendant quatre décennies ". Mais aujourd'hui, donc, on le sait. Et on comprend progressivement ce qui a bien pu se passer à Dallas, en ce 22 novembre 1963.
Un des contrats d'armement les plus juteux de l'époque (pour les constructeurs) concernait ce qui allait devenir un gouffre financier pour l'Etat US : le programme F-111 à géométrie variable. Au départ, l'
US Army et l'
US Marine Corps étaient partants pour le projet en cherchant un avion d'appui rapproché, puis l'AirForce déclara la même chose. Les deux premiers abandonnant en route, seule restait en piste l'US Air Force, car la Navy avait souhaité entre temps développer un autre appareil,
appellé "Missileer". Les militaires détestaient le jeune ingénieur issu de l'automobile, Robert McNamara, choisi par Kennedy comme secrétaire à la Défense. Il venait juste auparavant d'être nommé à la tête de Ford, et soucieux de réduire les dépenses militaires (déjà) il avait résolu de fondre les deux programmes d'avion militaires en gestation en un seul : le futur chasseur-bombardier TFX serait commun à la Navy et à l'Air Force, en avait-il décidé ainsi, après deux années d'atermoiements. Il avait choisi cette solution pour se rapprocher du plan Goldberg d'assénissement des dépenses d'Etat. Comme les deux firmes venaient de s'écharper sur le lancement du premier satellite US, ce la promettait en effet. Les militaires du Source Selection Comitee préféraient de loin
le projet de Boeing (qui versait davantage de bakchichs !), mais McNamara imposa contre leur avis la solution de General Dynamics (associé à Grumman) ; retenue officiellement le 24 septembre 1962. Hughes venant jouer les trouble-fête, avec sa coûteuse solution de radar et de missiles. Boeing espérait un contrat épais de plus de plusieurs milliards de dollars et sa déception menait directement à la fronde politique ! Car au Congrès la bataille avait été menée par les lobbies pour garder deux appareils distincts, ou soutenir Boeing.
Au final, mal conçue la version navale ne verra jamais le jour et le F-111 n'aura que peu d'intérêt stratégique durant la guerre du Viet-Nam, à part son emport de charges supérieur à tous les autres appareils. Il sera handicapé par toute une série de déboires qu début de sa carrière, en prime. L'avion sera l'objet d'une des premières grosses dérives financières de créations d'appareils, comme ce peut être le cas depuis pour tous les nouveaux projets aux USA comme ailleurs. Chaque avion prévu au départ à 3,97 milions de dollars pièce (en 1963) était en effet revenu à ... 15, 67 millions (dès 1965, comme visible ici
dans le rapport du GAO). Le programme au total était avait coûté 8,571 milliards de dollars ! Combien les firmes d'armement avaient engrangé de subsides dans l'aventure, on ne le sait. L'avion sera vendu en Australie et en Angleterre, où son imposition face au très prometteur (
et superbe) TSR-2 indigène sera une autre catastrophe politique et économique. Trop d'argent avait été en jeu (ici la fin
des appareils retirés du service en Australie...) !!!
Kennedy ne verra pas l'avion faire son premier vol le
21 décembre 1964, sous l'ère Johnson. Il se dira que General Dynamics, avait aussi tissé des liens étroits avec l
'ancien sénateur du Texas. On savait que tout le staff de General Dynamics avait hanté la Maison Blanche au temps des Kennedy (***). Un vent de fronde avait soufflé auparavant à Washington comme à Dallas : dans les clubs et salles de réunion des riches fabriquants d'armes ou chez les avionneurs , les décideurs de vente de munitions... (ou plus prosaïquement chez Hughes, qui adorait venir mettre son grain de sel en politique,
lui aussi dans le coup selon son assistant John Meier.. mais dans celui de RFK !)... et chez leurs banquiers et leurs avocats, des voix commençaient à s'élever qui parlaient toutes de ce
"sacré Kennedy"... jugé comme "emmerdeur". Idem dans les couloirs du Pentagone, à la CIA (lassée de servir à masquer la vie sexuelle débridée du président) où la rancœur naissait contre "l'équipe Kennedy", son frère installé à la justice ayant décidé de s'attaquer à d'autres pots de vin... pour l'auteur Oliver Barr McClellan, ce sont davantage les barons du pétrole texan qui seraient à l'origine de l'assassinat (Kennedy ayant modifié les réductions de taxes sur l'extraction du pétrole -
oil depletion allowance - gardée à 27.5 % juste avant de décéder : elle sera baissée à 15% sous Nixon). Bref, des gens capables de s'en prendre au nouveau partisan de la paix dans le monde, il y en avait. A la pelle.
Le plaidoyer pour la paix de Kennedy continuant en hommage aux soldats russes, en rappelant les hauts faits de guerre des soviétiques contre les hordes hitlériennes :
"parmi les nombreux traits que les peuples de nos deux pays ont en commun, aucun n'est plus fort que notre aversion mutuelle pour la guerre. Fait presque unique parmi les grandes puissances mondiales, nous n'avons jamais été en guerre les uns contre les autres . Aucune nation dans l'histoire des guerres jamais souffert plus que l'Union Soviétique dans la Seconde Guerre mondiale. Au moins 20 millions de personnes ont perdu la vie. Des dizaines de millions de foyers et leurs familles ont été incendiés ou saccagés. Un tiers du territoire de la nation, y compris les deux tiers de sa base industrielle, a été transformé en friche - une perte équivalente à la destruction dans ce pays de tout ce qui est à l'est de Chicago.
Aujourd'hui, si la guerre totale devait jamais sortir de nouveau - peu importe comment - nos deux pays en seraient la cible principale. C'est un fait ironique, mais précisons que les deux plus grandes puissances sont aussi toutes les deux les plus grands dangers de la dévastation possible. Tout ce que nous avons construit, tout ce pourquoi nous avons travaillé, serait détruit dans les 24 premières heures. Et même dans cette guerre froide, ceux qui portent le fardeau et les dangers pour de nombreux pays - y compris les alliés les plus proches de chacune des nations - nos deux pays, portent le plus lourd fardeau. Car nous consacrons tous les deux des sommes énormes d' argent considérables pour des armes, ce qui pourrait être mieux consacré à lutter contre l'ignorance, la pauvreté et la maladie. Nous sommes tous deux pris dans un cercle vicieux et dangereux avec suspicion sur une suspicion sur la montée en puissance de l'autre, à engendrer de nouvelles armes et des armes contraires." Ce qui conduisait, dans l'oreille des industriels liés à l'armement, à mettre la clé sous la porte, en clair !! Ou de passer de la fabrication de chars d'assauts à celle des poèles à frire, du jour au lendemain ! Notre président touché par la grâce du pacifisme après la crise de Cuba où il avait vu ses généraux déments à l'œuvre concluant :
"en bref, les Etats-Unis et ses alliés, et l'Union soviétique et ses alliés, ont un intérêt commun au fond d'une paix juste et véritable, et dans l'arrêt de la course aux armements. Les accords à cette fin sont dans l'intérêt de l'Union soviétique ainsi que la nôtre - les nations les plus hostiles pouvant être citées pour accepter et conserver leurs obligations conventionnelles, et seulement les obligations conventionnelles, celles qui sont dans leur propre intérêt...
Cela nécessitera un nouvel effort pour atteindre la régulation du monde - un nouveau cadre pour les discussions mondiales. Il faudra une meilleure compréhension entre les soviétiques et nous-mêmes. Et pour une meilleure compréhension. il faudra davantage de contacts et de communication. Un pas dans cette direction est l'arrangement proposé pour une ligne directe entre Moscou et Washington, afin d'éviter de chaque côté les retards dangereux, les malentendus et les erreurs de lecture d'autres actions, de ce qui pourrait se produire à un moment de crise". Cela s'appellera on le sait le fameux
"téléphone rouge" (mis en service qu 30 août 1963).
Un Kennedy persuadé qu'il fallait réduire la course aux armements, en commençant par un arrêt des essais nucléaires atmosphériques (
la gigantesque Tsar Bomba, symbole de la folle course aux armements, ayant vraiment laissé des
traces !)..
"Nous avons également parlé à Genève sur nos mesures de la première étape des contrôles visant à limiter l'intensité de la course aux armements et à réduire le risque de guerre accidentelle. Notre intérêt au delà de Genève est le désarmement général et complet - conçu pour se dérouler par étapes, permettant des développements politiques parallèles pour construire les nouvelles institutions de la paix qui prendrait la place des armes. La poursuite du désarmement a été un effort de ce gouvernement depuis les années 1920. Le seul domaine majeur de ces négociations où la fin était en vue, mais où un nouveau départ est absolument nécessaire, c'est dans un traité destiné à interdire les essais nucléaires . La conclusion d'un tel traité - si proche et pourtant si lointaine - allait empêcher la course aux armements montant en spirale dans une de ses régions les plus dangereuses. Il placerait les puissances nucléaires en mesure de traiter plus efficacement avec l'un des plus grands dangers que l'homme a fait face en 1963, celui de la prolifération des armes nucléaires. Cela augmenterait notre sécurité - cela réduirait les perspectives de guerre . Certes, cet objectif est suffisamment important pour exiger notre poursuite constante, sans céder à la tentation d'abandonner tout l'effort ni à celle de renoncer à notre insistance sur les garanties vitales".
Le 7 octobre 1963, Kennedy obtiendra une petite victoire sur le sujet avec la signature du traité portant sur les explosions aériennes, appelé Partial Test Ban Treaty(PTBT), Limited Test Ban Treaty (LTBT), ou même Nuclear Test Ban Treaty (NTBT) ou plutôt par Washington comme étant le "
Comprehensive Test Ban Treaty". Un traité signé par les Etats-Unis, l'URSS et l'Angleterre, De Gaulle faisant comme à son habitude cavalier seul en France. Un De Gaulle dont les expériences nucléaires dans le Pacifique seront observées par un
U-2 fort spécial décollant d'un porte-avions... à partir de tests effectués dès le mois d'août 1963... Kennedy n'a alors plus qu'un peu plus d'un mois à vivre.
Kennedy aurait donc pu être assassiné par ceux qu'il venait de mettre au chômage : à savoir les industriels de l'armement, ligués à une pléthore de généraux n'ayant pas accepté le pacifisme affiché du responsable en chef du Pentagone. Un complot, donc, et non un acte isolé comme on a tenté de l'expliquer. Ce qui devient difficile en ce moment d'expliquer. Car c'est aussi un fait pendable que depuis la récupération des théories complotistes sur le 11 septembre par une meute d'antisémites, tout discours qui se voudrait raisonné sur les attentats ce jour-là est spolié. Ce n'est pas un hasard, par exemple, si les sondages démontrent que 61% seulement désormais des américains croient en un complot contre Kennedy alors que ce taux était monté à 80% dans les années 70 et 80. Entre temps, l'effet pervers du conspirationnisme sur le 11 septembre, avec ces méli-mélos illuminatis en particulier a fait son effet. Aujourd'hui, toute remise en cause de l'attentat contre Kenney se voit affublée de thèses les plus ridicules les unes que les autres, l'Internet étant passé par là (l'une des dernières en date
reposant sur un fait réel ****). Ou alors, comme au Nouvel Obs, décidément bien souvent à côté de la plaque avec Joffrin, on ressort sans honte la thèse officielle d'un
Oswald super-tireur d'élite...
Or l'analyse simple des trajectoires de balles, ou celle des capacités véritables de Lee Harvey Oswald à tirer ou la faiblesse fondamentale de son équipement de tir, ne peuvent que conclure qu'à la présence de plusieurs tireurs et non d'un seul isolé qui aurait été hyperdoué pour réussir ses trois "shots" en aussi peu de temps. Et sans aucun complot judéo-maçonnique derrière, pourrait-on ajouter (pour ne pas avoir à s'encombrer de Dieudonnistes !) ! L'attentat contre Kennedy se voit affublé d'un effet de vase communicant pervers avec celui du 11 septembre. Un effet qui marche dans les deux sens, et qui bloque actuellement tout propos, l'existence d'un complot d'origine étatique (et industriel) en 1963 ouvrant, c'est évident aussi, un véritable boulevard à la théorie conspirationniste pour les attentats de 2001, qui auraient souhaité provoquer un choc similaire dans l'opinion !!! Ou similaire à celui de Pearl Harbor, selon un célèbre document qui pourrait y mener effectivement. Mais là, je ne vous apprends rien, je suppose.
Comme je ne vous apprends pas davantage je suppose avec l'une des décisions importantes du mandat de Barack Obama consistant à essayer de faire encore baisser le nombre de têtes nucléaires dans le monde. Le 19 juin dernier ; il en avait remis
une couche sur le sujet, selon Le Monde :
"dans un discours de trois quarts d'heure, prononcé à Berlin, l'ex-ville symbole de la division Est-Ouest, le président américain a appelé à une nouvelle réduction de l'arsenal des deux pays, au-delà du plafond de 1 550 têtes nucléaires, prévu par le traité de réduction des armes stratégiques Start, signé en avril 2010."Nous pouvons assurer la sécurité de l'Amérique et de nos alliés et maintenir de forts moyens de dissuasion tout en réduisant nos armes nucléaires stratégiques d'un tiers", a déclaré M. Obama dans un discours prononcé devant la porte de Brandebourg, une semaine avant le cinquantième anniversaire du discours de John F. Kennedy, le président qui plaidait pour "abolir" les armes nucléaires "avant qu'elles ne nous abolissent" avait-il alors dit. A ma connaissance, depuis, aucune sortie prochaine en décapotable à Dallas n'est programmée à la Maison Blanche.
(*) vous êtes comme moi, je suppose, et avait fini par vous résoudre à cette seule explication plausible, alors qu'elle avait été au départ présentée comme étant une "fuite" de l'épouse du président qui aurait été refoulée par l'agent du FBI monté sur le marche pied de la limousine. Une voiture qui sera intégralement nettoyée, effaçant toutes les traces du crime. Une décision signée de son successeur, l'ex colistier du président qui a toujours eu avec lui des relations éxécrables. A droite, le schéma explicatif de la commission Warren, qui est en contradiction flagrante avec le film de Zapruder.
(**) j'ai déjà évoqué ici ces incroyables dérives, allant des villes souterraines aux abris individuels construits par des américains transformés en lemmings.
(***) Extrait d'un texte précédent : "en fait les jeux avaient été faits dès le début, à examiner le surprenant organigramme de l'époque de General Dynamics. A ce stade, c'était même ahurissant : General Dynamics avait plusieurs facteurs en sa faveur. Le président de la compagnie était Frank Pace, l'ancien Secrétaire de l'Army (d'avril 1950 à Janvier, 1953). Le Secrétaire adjoint à la Défense en 1962 était Roswell Gilpatric, qui, avant, avant d'hériter du poste, était l'avocat principal de General Dynamics. Le Secrétaire de la Marine était John Connally, un politicien du Texas, l'État où General Dynamics avait sa principale usine. Quand il avait quitté son emploi en 1962, il avait été remplacé par un autre Texan, Fred Korth. Selon l'auteur Seth Kantor, Korth, l'ancien président de la Banque nationale de Continental FortWorth, au Texas, avait obtenu le poste de secrétaire de la Marine après de fortes pressions exercées par Lyndon B.Johnson. Quelques semaines après sa prise de poste, Korth avait annulé la décision prise par des officiers de la Marine de haut niveau qui recommandaient que le contrat du X-22 soit accordé à Douglas Aircraft Corporation. Au lieu de cela ils avaient insisté pour le contrat soit accordé à l'offre plus onéreuse de la Société Bell. Une filiale de Bell Aerospace Corporation of ForthWorth, au Texas. Pendant de nombreuses années Korth avait été administrateur chez Bell. Le président de la société, Lawrence Bell, était un autre membre du groupe Suite8F (...) Korth était l'ancien président de la Banque Continentale, qui avait prêté des sommes considérables d'argent à General Dynamics pendant les années 1950 et 1960." La Suite8F était un groupe d'extrême droite texans". A noter que l'engin devait être équipé de missiles Phoenix et d'un radar AN/AWG-9, ceux prévus au départ pour le projet Missileer, un Douglas F6D-1, en fait un F3D Skynight survitaminé. Missiles et radars étant fournis par Hughes Aircraft ! Une société alors en plein essor ! Et un industriel d'origine texane de plus !
(****) le cerveau a été effectivement enlevé lors de la deuxiéme autopsie (il y en aurait eu trois selon d'autres) car les lésions qu'il gardait montraient trop la trajectoire de la balle tueuse (ou de deux balles ) certainement une balle explosive qui a arraché l'arrière du crâne pour la seconde. Si l'on pouvait masquer facilement les os broyés, ce qu'à tenté de faire un médecin appelé à la hâte pour embaumer le corps, le cerveau révélait trop la trajectoire réelle de la balle.. avant. Un fragment d'os (celui que cherchait Jackie sur le coffre de la limousine) a été retrouvé par terre qui accréditerait la thèse du tir de face. L'explication donnée cette fois, celle d'une "maiadie" ne tient pas debout. "Selon Cyril Wecht, seul expert légiste non gouvernemental à avoir eu accès aux archives nationales de Washington en 1972, l'examen du cerveau, est "fondamental pour étudier les trajectoires balistiques et les hémorragies." Or "aujourd'hui, personne ne sait où il se trouve", raconte-t-il au "JDD".
le texte d'origine est ici :
http://ratical.org/ratville/JFK/HWNAU/JFK061063.html
sur Northwoods
http://www.reopen911.info/uploads/document/fichier/northwoods-quand-l-us-army-voulait-pratiquer-le-terrorisme-aveugle.pdf
sur les bombes atomiques et la Tsar Bomba
http://www.youtube.com/watch?v=sQ8qWpWK0Lk
magazines de référence utilisés (et trouvables en kiosque en ce moment) :
JFK numéro collection de la Marche de l'Histoire Hors Série n°1
Paris Match l'Histoire "C'était l'Amérique de Kennedy".
plus :
Aero Journal (août septembre 2012) "Les cavaliers de l'apocalypse"
livre de référence
"Blood, Money & Power : How LBJ Killed JFK" d'Oliver Barr McClellan.
Précédents articles sur le sujet :
http://www.agoravox.fr/culture-loisirs/people/article/les-corses-et-kennedy-24597
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/assassinat-de-john-kennedy-la-109288
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-victor-jara-a-guantanamo-la-75531