Ô Peuple français qui se croit le plus intelligent du monde mais qui n'a rien compris aux origines de son histoire, écoute le récit que ma muse m'a inspiré !
Il était une fois, il y a bien longtemps de cela, un roi fameux qui portait le nom de Nabuchodonosor. C'est en son temps que la ville de Babylone connut une splendeur inégalée. On dit même qu'il s'y trouvait une tour gigantesque dont la cime se perdait dans les nuages, une tour tellement haute qu'il était assez facile de prophétiser qu'un jour, Dieu ferait descendre sur elle la foudre du ciel pour punir l'orgueil des hommes.
Or, plus ce grand et puissant roi étendait son territoire, plus il rencontrait de difficultés à l'administrer. Voyant sa grande peine, des esclaves hébreux de son entourage qui avaient le sens politique et des affaires - certains disent de la divination - eurent pitié de lui et l'aidèrent dès lors à administrer le domaine. Or, Daniel - c'était le nom de ces Hébreux - grandissait en beauté et en puissance jusqu'au jour où, ne voyant plus en Nabuchodonosor qu'un vilain Balthazar, ils prophétisèrent sa chute.
Alors, le roi Cyrus s'empara de Babylone et le peuple hébreu déporté rentra chez lui.
Le festin de Balthazar avec la vaisselle volé au temple de Jérusalem (le prophète Daniel est représenté en bas, à droite)
Le gros problème, c'est que pendant ces quarante ans d'exil - quarante est un nombre magique, en réalité un peu plus - une nouvelle élite d'habitants s'était installée dans la ville sainte et y avait remplacé la précédente élite déportée. En toute logique, les "revenus d'exil" ne pouvaient se rétablir que dans l'ancien royaume d'Israël, dans le nord de la Palestine, notamment en Galilée, tandis que la ville de Jérusalem, ainsi que la Judée, au sud, restaient aux mains des "installés". La situation était alors la suivante : au sud, ceux qui se disaient Juifs mais qui ne l'étaient que depuis peu de temps, au nord, ceux qui se disaient Juifs authentiques, descendants directs héritiers de David, et qui réclamaient leur héritage, c'est-à-dire... Jérusalem. Flavius Josèphe confirme le fait en évoquant les Juifs babyloniens de Batanée ainsi que l'agitation endémique qui régnait en Galilée et qui débordait parfois jusqu'à la ville sainte.
Or, ces Juifs revenus d'exil, ou plutôt leurs descendants - le livre de Daniel en est la preuve - vivaient toujours dans le souvenir de leurs glorieux ancêtres et de leurs riches écritures. Ils ne pouvaient que continuer à écrire leur histoire dans le même style et dans la prolongation de leurs espérances. Leurs écrits, où sont-ils ? Nous avons la réponse depuis peu. Ce sont les documents de la mer Morte retrouvés dans les grottes de Qumrân. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, les plus intéressants de ces documents n'ont pas été rédigés à Qumrân mais en Galilée, en effet...Tu m'as placé dans un lieu d'exil parmi de nombreux pêcheurs qui étendent leurs filets sur la surface des eaux (Rouleau des hymnes,V, 7 et 8). La mer Morte n'a ni poissons, ni pêcheurs. La mer de Galilée est riche de poissons, riche de pêcheurs.
Ces Juifs, qui se considéraient comme les vrais et directs héritiers du roi David, n'avaient nul besoin de se donner de nom, mais leurs contemporains, par quel nom les désignaient-ils ? Esséniens ? Cela me semble être la bonne réponse.
Flavius Josèphe nous les montre vivants en communautés de type monastique, mais les huit-cents Esséniens crucifiés de Bethsaïde sur ordre d'Alexandre Jamnée prouvent qu'ils habitaient de véritables agglomérations avec femmes et enfants (affirmer que les 800 crucifiés étaient pharisiens ne repose sur aucune preuve ; dans la logique de l'Histoire, ils ne pouvaient être qu'esséniens).
Flavius Josèphe nous dit par ailleurs qu'il n'existait aucun pays qui n'ait pas reçu quelques éléments de la nation juive et ma muse ajoute : « C'est une grave erreur de ne voir dans les Esséniens qu'une simple secte qui, en outre, n'aurait eu que peu d'influence. Ces Esséniens avaient une véritable organisation, une grande assemblée, un conseil de Dieu et un plan de mobilisation. La Galilée était sous leur influence, mais aussi la diaspora en partie ».
Avertissement : bien que non reconnu par la communauté scientifique, personne n'a démontré à ce jour que ce que j'ai écrit dans mes précédents articles et que je reprends ici était erroné.
Quel est l'événement important à signaler de notre côté de la Méditerranée ?
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En Gaule, au premier siècle avant notre ère, c'est la vision d'Ezechiel qu'une colonie juive a représentée dans la fresque du cul de four de l'église de Gourdon, proche de Mont-Saint-Vincent, là où je place Bibracte, la capitale éduenne. Ezechiel avait vu dans le ciel la forme de Yahvé mais à Gourdon - quelle audace ! - cette forme s'est précisée en un Dieu à la fois du ciel et de la terre, le Dieu que César y a vu ou entrevu, à la fois Jupiter et Dispater (DBG,VI,17,18). Photo E. Mourey.
Quel est l'événement important à signaler de l'autre côté de la Méditerranée ?
En Palestine, en l'an - 4, c'est le Protévangile de Jacques dans lequel il annonce la naissance d'un Jésus vengeur, ainsi que son épître dans lequel il explique sa thèse tout en annonçant un Yahvé qui vient auquel il donne le nom de Jésus, Christ ; je précise bien : Jésus, virgule, Christ. (L'épître de Jacques ne peut se comprendre que s'il est antérieur aux évangiles).
En l'an 70, enflammés par la révélation de l'Apocalypse de Jean, près d'un million de pélerins se retrouvent à Jérusalem dans l'espoir d'y voir arriver le Jésus annoncé, le Jésus qui vient (Je suis Celui qui était, qui est et qui vient. Ap 1,8). Véritable tragédie qui se terminera par la destruction de la ville assiégée par les Romains. (L'apocalypse de Jean ne peut se comprendre que s'il exprime un courant concurrent aux évangiles en prophétisant un Jésus du ciel qui doit venir mais qui n'est pas encore venu).
Revenons en Gaule !
Au milieu du III ème siècle, dans la cathédrale de Chalon-sur-Saône, le plus beau temple de l'univers selon le rhéteur éduen Eumène, un Christ du ciel apparaît en haut d'un chapiteau. Il apparaît également en haut d'un autre chapiteau, mais dans le choeur. Voici le Christ dont le peuple élu attend toujours la venue, le messie d'Israël ! Assis à la table-autel céleste, à la droite de Dieu (de l'autel), c'est au point du jour qu'il reçoit les rayons du soleil (qui traversent les vitraux, le matin). A ce moment précis, on le voit faire le signe essénien qu'il devait faire pour se faire reconnaître. Il étendra sa main gauche sur le pain de vie, et de sa main droite aux deux doigts dressés, il bénira toute la congrégation de la communauté qui, dans la nef (de la cathédrale), attend dans le recueillement le plus total (Rouleau de la Règle, II, 18 à 22). Derrière lui, le drapeau blanc des Esséniens authentifie la scène.
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A la fin du III ème siècle ou avant,
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en tout cas, avant l'intervention armée des tétrarques romains en Gaule de l'an 294, une colonie arverne de Gergovie élève à Sainte Foy de Combes un superbe monument à la gloire de ce Christ du ciel. Le tympan est un véritable chef d'oeuvre. Il s'agit de la scène du Jugement à venir. Les bons sont élevés et sanctifiés, les pêcheurs précipités dans le Tartare. Comme l'indique l'inscription du nimbe, le personnage central qui trône dans le ciel est à la fois juge et roi. Mais il y a un problème quant à l'inscription portée sur le bois de la croix. En commençant par la ligne du haut, on lit EN, puis SR, puis EXIU, puis DEO, puis RUM, ce qui donne ENS REX IUDEORUM. Dans l'inscription ENS, est-il possible d'y voir le mot tronqué de Nazaréen (NAZOR)EN(U)S et d'imaginer au-dessus un IESUS qui aurait disparu, ce qui aurait donné "Jésus, le Nazaréen, roi des Juifs" ? Cela me semble bien difficile. L'explication la plus simple est de voir dans ENS un participe peu usité du verbe être (esse), ce que confirme le glossaire médiéval de Gange. Plutôt que "Je suis le roi des Juifs", le sculpteur a préféré écrire "L'étant, roi des Juifs".
Rien à voir avec Jésus de Nazareth. Il s'agit du Jésus, Christ, de l'épître de Jacques, autrement dit du Yahvé qui vient.
Première question : l'évocation de la croix, des clous et de la lance fait-elle référence à l'évangile de Jean ? Je ne le pense pas. Il s'agit très logiquement d'un hommage rendu à tous les martyrs juifs crucifiés : la croix qu'il fallait dresser, les clous pour y fixer le martyr et la lance pour s'assurer de sa mort.
Deuxième question : faut-il encore parler, dans le cas de ce tympan, de judaïsme ? Je pense qu'on peut commencer à utiliser le terme de christianisme et de chrétiens mais de chrétiens croyant en un Jésus du ciel dont on attend toujours la venue sur terre.
Troisième question : quel est ce personnage couronné à l'image d'un roi de l'Ancien Testament ? Il s'agit, à mon avis, du roi Salomon, ou mieux, du roi David. C'est une image/symbole, un geste de reconnaissance à l'égard des Juifs installés en pays arverne qui ont, par leurs donations, financé la construction du monument et c'est aussi un appel pour qu'ils continuent à financer la jeune église. Les Juifs offrent un chapiteau symbolique avec sa colonne. Quant au personnage qui marche en tête en lui tenant la main, il s'ensuit qu'on peut, à juste titre, le qualifier d'évêque chrétien,
mais évêque chrétien croyant en un Jésus du ciel. Extraits photos de Wikipédia, voyez également
http://www.art-roman-conques.fr/inscriptions.html#  ;
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Au début du IV ème siècle, après l'intervention armée des tétrarques romains en Gaule de 294, Constance-Chlore s'installe en pays éduen en tant que César. Les Eduens lui élèvent une magnifique basilique/cathédrale à Autun, colonie de Mont-Saint-Vincent/Bibracte d'après le rhéteur Eumène. Évolution ou révolution oblige, nous passons du cadre juif/christ du ciel au cadre augustéen de la naissance à l'empire. Contrairement à ce que j'ai pu un moment supposer, il n'y a aucune évocation des évangiles dans les très riches chapiteaux intérieurs. Leur iconographie ne s'interprètent qu'à partir des textes qui annoncent la venue d'un sauveur, principalement du Protévangle de Jacques. Cet enfant sauveur qui apparaît dans les chapiteaux, ce n'est pas Jésus de Nazareth, c'est le jeune Constantin. A cette époque, il a un peu plus de 20 ans, qu'importe, les chapiteaux racontent sa naissance à l'empire comme si elle était l'accomplissement de la prophétie du protévangile de Jacques.
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Mais alors, quel est ce "non nommé" qui figure au centre du tympan d'Autun. Ce n'est plus le roi des Juifs puisque les tétrarques l'ont vaincu en s'emparant de Gergovie. Ce ne peut être que le Dieu auguste romain, mais aussi gaulois, sous la protection duquel les tétrarques se sont placés. A moins que cela soit tout simplement le visage spiritualisé de Constance Chlore.
En 324, Constantin quittera le pays éduen et s'installera à Constantinople. Un concile qu'il a réuni en 325 imposera le symbole de Nicée qui condamne les croyances en un Christ du ciel au profit du Christ de Nazareh, vrai Dieu, vrai homme.
Et malgré cette décision conciliaire, les Eduens élèveront encore dans leur croyance antérieure, vers 350 à Saulieu, une basilique à l'empereur Magnence, vers 360 à Vézelay, une autre basilique à l'empereur Julien. Et le pays arverne agira de même à Clermont en élevant vers l'an 440 la basilique Notre-Dame du Port de l'empereur Avitus, une basilique dédiée à la Marie du Protévangile de Jacques dont on attend qu'elle donnera la naissance à un Sauveur.
Et le druidisme dans tout ça ?
Remarquons tout d'abord l'extraordinaire génie artistique qui s'exprime dans ces monuments, tympans et chapiteaux sculptés. Ce génie artistique ne nous vient pas du judaïsme palestinien de l'époque romaine mais s'inscrit dans le prolongement du druidisme révélé par le merveilleux tympan de San Isidoro de León
http://www.agoravox.fr/ecrire/?exec=articles&id_article=107999.
Sublimation ? Une façon d'être et de penser qui traverse les âges et transcende l'Histoire ???
Il n'en reste pas moins que le titre de mon article peut prêter à malentendu, je le reconnais bien volontiers. Il aurait peut-être été plus exact de dire que la Gaule druidique avait été judaïsée, et encore. En effet, aucun texte ne le laisse vraiment entendre et pourtant il est bien évident que si la Gaule est devenue chrétienne - dans les évangiles - ce n'est pas par la seule action missionnaire des Apôtres mais par une évolution de la pensée judaïque essénienne amenée dans le pays par une diaspora qui s'était installée aux points clés du territoire. Comment concilier cela avec la religion des druides telle qu'elle est attestée par les textes ?
Deux écrits nous donnent la réponse.
Le premier se trouve dans le Contre Celsus d'Origène, P, I, c 16 : « Celsus, grammairien de la secte d'Epicure, ayant objecté aux chrétiens que les druides avaient laissé plusieurs choses par écrit touchant leur religion qui avait beaucoup de rapport et de conformité avec celle des juifs, Origène le réfutant en son premier livre, soutient qu'il n'y a point apparence et qu'il ne croit pas qu'il y ait eu aucun écrit de la façon des druides. » Pourquoi croire Origène plutôt que Celsus ? Le premier n'était pas neutre tandis que Celsus n'avait aucune raison d'inventer des écrits qui n'auraient pas existé.
Je crois donc à la bonne foi de Celsus et je fais l'hypothèse d'un druidisme originel tel que l'évoquent les textes les plus anciens mais qui aurait ensuite évolué sous l'influence du judaïsme. Ainsi s'expliquerait, et l'affirmation de Celse et ce que j'ai mis en exergue dans mon article.
Le deuxième écrit se trouve curieusement dans les Actes des Apôtres : « Rempli du Saint Esprit, et fixant les regards vers le ciel, Etienne vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit : voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l'homme debout à la droite de Dieu. » Sachant qu'Etienne n'était pas juif - son nom "Stephan" est d'ailleurs d'origine grecque - on devine que c'est - ou que cela sera - un nom/symbole pour désigner les hellénistes notamment d'héritage druidique qui se convertissent au Christ, qu'il soit du ciel ou de Nazareth. Ainsi pourrait s'expliquer que de nombreuses églises de notre territoire se soient placées sous le vocable d'Etienne. Ainsi pourrait s'expliquer un chapiteau de Notre-Dame du Port où un Stephanus offre un chapiteau à Marie ; je traduis : un chapiteau où les hellénistes de la cité arverne apportent leurs contributions pour l'édification de l'église mariale.
IN ONORE ANCAE MARIA STEFANUS ME FIERI JUSSIT
ou mieux IN HONORE SANCTAE MARIAE STEPHANUS ME FIERI JUSSIT
ce qui donne : MOI ETIENNE ORDONNE QUE CELA SOIT FAIT EN L'HONNEUR DE SAINTE MARIE