Dans cette affaire, le
NIWA (j’ai systématiquement utilisé, dans la suite de ce texte, l’abréviation "NIWA") avait été accusé d’avoir artificiellement créé - ou au mieux très largement amplifié - un
réchauffement qui n’apparaissait absolument pas sur les données brutes telles qu’enregistrées par les instruments.
Depuis cette date, le
NIWA a présenté, sur son site web,
un mémoire en défense.dont l’argument essentiel est que les ajustements sont "appropriés" et justifiés par le déplacement des stations, tout en n’exhibant qu’un seul cas de déplacement (le site de Wellington, remonté de 125 mètres de Thordon à Kelburn).
Le principal reproche qui a été fait, et qui persiste quoi qu’en dise le NIWA, est l’absence totale de documentation des modifications effectuées "à la main" sur la totalité des enregistrements.
On ne sait pas encore si cette affaire prendra un jour un tour judiciaire, cela prendra de toutes les façons du temps. Par contre, elle commence à avoir des conséquences politiques.
( December 8, 2008 - Photo by Marty Melville/Getty Images AsiaPac)
Les protagonistes de l’échange sont, dans l’ordre d’entrée en scène :
- John Boscawen, Parlementaire.
- Wayne Mapp (Ministre de la Recherche, de la Science et de la Technologie), désigné dans ce qui suit par "Le Ministre", cible des questions, et Ministre de tutelle du NIWA.
- Rodney Hide, Parlementaire, ministre d’un gouvernement local.
- Le "Président" du Parlement (le "Speaker"), l’Honorable Dr Lockwood Smith, troisième personnage de l’état, que je désignerai ci-dessous par "Le Président de l’assemblée".
The Speaker, Hon Dr Lockwood Smith
Voici donc ma traduction (je ne suis pas traducteur professionnel, j’implore donc votre indulgence en cas d’erreur ...)
John Boscawen :
Le NIWA maintient-il un inventaire à jour de tous les changements opérés, sur les températures brutes, pour obtenir les données officielles "Températures Moyennes de la Nouvelle Zélande de 1853 à 2008", publié sur le site web de NIWA. Sinon, pourquoi ?
Le Ministre :
Le "Températures Moyennes de la Nouvelle Zélande de 1853 à 2008" auquel se réfère le parlementaire fait effectivement des ajustements aux données brutes issues des sept stations. La raison pour laquelle cela est nécessaire est que dans certains cas l’emplacement des stations a changé. Par exemple, le site de Wellington a été déplacé de Thordon à Kelburn, qui diffèrent en altitude de 125 mètres. Cela nécessite un ajustement. Toutes les informations qui expliquent la méthodologie utilisée pour l’ajustement des données est sur le site web de NIWA. La méthodologie utilisée a été développée dans la thèse du Docteur Salinger, qui est également disponible au public.
John Boscawen :
Etant donné que nous avons examiné l’information à laquelle le Ministre a fait référence, et que nous n’avons trouvé aucun inventaire des ajustements, pourrait-il préciser où, dans cette masse d’informations, cela est-il contenu. S’il ne le peut pas, peut-il s’engager à fournir au Parlement le simple inventaire des ajustements ?
Le Ministre :
Le Parlementaire a raison, il y a un grande complexité d’informations sur le site web de NIWA. La méthodologie pour les modifications et publiée dans le journal à comités de lecture "International Journal of Climatology" , auquel se sont référés beaucoup d’interlocuteurs dans cette affaire. L’article particulier est de Rhoades & Salinger, et est intitulé "Ajustement des mesures de températures et de pluviométrie pour les changements de sites". Le gros volume d’information indique qu’il s’agit d’un domaine plutôt complexe.
Rodney Hide :
Je souhaite soulever un point d’ordre, Monsieur le Président . Avec tout mon respect, le Ministre n’a pas répondu à la question. La question est très simple. Il n’est pas question de Méthodologie, il est question d’un simple inventaire des ajustements. En réponse à la question initiale, il a dit que l’inventaire était présent sur le site web de NIWA, au sein de cette masse d’information. Nous l’y avons cherché, il n’y a pas d’inventaire des modifications. Alors, on a demandé au Ministre s’il pouvait nous dire où se trouve l’inventaire, pas la méthodologie, et il n’a pas pu. Pourrait-il produire à la chambre l’inventaire des ajustements ? - pas la méthodologie - l’inventaire.
Le Président de l’assemblée :
J’ai entendu l’honorable parlementaire, et je suis favorable à son point d’ordre, puisque la question était notifiée. La question demande spécifiquement si NIWA maintient un inventaire à jour des ajustements et de toute modification opérée sur les données brutes. Il n’est pas demandé pourquoi des changements sont faits sur les données brutes, ni comment ces changements sont faits. Cette information devrait être disponible, et je crois que le Parlement mérite une réponse. Je demande au Ministre de donner une réponse au Parlement.
Le Ministre :
Comme je l’ai indiqué dans ma réponse, l’information est contenue dans un ensemble large d’informations, plutôt que sur une liste d’une page, ce que semble réclamer le parlementaire. En fait, le parlementaire a déjà été avisé de ce fait. Comme je l’ai indiqué, il s’agit d’un problème complexe. En tant que Ministre, j’ai informé NIWA de bien vouloir fournir autant d’information que possible sur la façon dont les ajustements ont été opérés, de telle façon qu’ils puissent être analysés indépendamment.
Rodney Hide :
Je soulève un point d’ordre Monsieur le Président. Avec mon plus grand respect. J’ai deux points. Le premier est que la thèse de Doctorat dont il est question n’est pas accessible au public. Nous avons eu beaucoup de difficultés à l’obtenir, parce qu’elle est couverte par un copyright et n’est pas disponible au public. Le deuxième est que, comme l’a fait remarquer le Président, nous ne parlons pas d’une masse de données, la question est l’existence d’un inventaire des ajustements. Le Ministre a dit qu’elle était quelque part dans les données sur le site web de NIWA. Nous l’y avons cherché, parce que nous savons cela depuis Noël dernier. Nous ne l’y avons pas trouvé, est-il là ou pas ?
Le Président de l’assemblée :
Cela ne devrait pas être sujet à débat, mais, encore une fois, je suis favorable au point d’ordre du parlementaire. La question était notifiée. NIWA avait au moins quelques heures pour informer le Ministre sur une question très simple : Existe-t-il un inventaire des modifications, ou non ? La question n’est pas sur le pourquoi et le comment des ajustements, elle demande simplement si les changements sont enregistrés. Ou bien ceci est disponible ou bien cela ne l’est pas. Je pense que le parlement mérite mieux, parce que cette question est intéressante pour le parlement. Je suis également bien disposé envers le Ministre ; si l’information ne lui a pas été fournie, peut-être pourrait-il le déclarer à la Chambre. Mais je crois que sur une question aussi simple, qui était notifiée, aucune agence gouvernementale ne devrait être autorisée à ne pas fournir de réponse - à moins que cela ne soit pas dans l’intérêt du public. Il se pourrait que cela ne soit pas dans l’intérêt du public, et je pourrais l’accepter. J’invite le Ministre à nous dire que l’information existe, ou qu’il ne sait pas, ou quelque réponse que ce soit [interruption]. Nous attendons la réponse.
Le Ministre :
Comme indiqué dans ma réponse précédente, l’information ne figure pas sur un document unique de la façon dont c’est indiqué ici. Au contraire, c’est un ensemble de matériaux qui sont tous disponibles sur le site web de NIWA. Effectivement, cela n’est pas dans un inventaire sous la forme d’un document d’une page, mais plutôt sous la forme d’une méthodologie, et j’ai donné les sources d’information de cette méthodologie. Monsieur le Président, je crois avoir répondu à la question exactement dans les termes que vous, en tant que Président, avez réclamé.
Rodney Hide :
Je soulève un point d’ordre Monsieur le Président. Je le dis avec précaution parce que je crois que le Ministre traite nos règles à la légère. Vous avez précisé que la question était notifiée, et qu’il s’agissait de savoir s’il existe un registre des ajustements. Le Ministre a dit qu’il y avait beaucoup de données, que ce n’est pas en un seul endroit, ce qui je suppose est une façon de répondre par la négative, mais il se joue de vous, parce que vous avez dit que la question était notifiée : Existe-t-il, oui ou non, un registre des modifications.
Le Président de l’assemblée :
Je crois avoir été clair. La question était notifiée, et la réponse demandée est très simple. Il n’est pas question de méthodologie, il est seulement demandé si les données ont été conservées. La question n’est pas de savoir si c’est sur une seule feuille ou n’importe quoi, il s’agit de savoir si l’information est disponible. J’ai tenté d’appuyer le point de vue du Parlementaire aussi loin que cela est raisonnable aujourd’hui. Nous aurons d’autres occasions de questionner le Ministre sur cette question, si c’est une question qui préoccupe les Parlementaires compétents, mais je pense que la Chambre doit poursuivre pour aujourd’hui.
John Boscawen :
Le Ministre est-il au courant des révélations qui mettent en cause le prestigieux CRU, qui a été accusé (ndt "has been found") de contrevenir délibérément aux lois sur l’information, d’ajustements arbitraires de données brutes, de cacher les raisons de ces ajustements, et de s’arranger pour perdre les données originelles non ajustées, de telle façon qu’elles ne puissent être vérifiées de façon indépendante ? Est-il préoccupé que la même chose puisse arriver aux données de NIWA, en particulier parce que le Dr Jim Salinger y a travaillé précédemment ?
Le Ministre :
Oui, je suis au courant de la grande controverse sur ces questions. Puis-je aussi être clair qu’aucun changement n’a été effectué sur nos données de températures originelles. Naturellement, des ajustements ont été faits du fait des variations, mais les données originelles sont disponibles sur la base de données de NIWA, et les Parlementaires peuvent faire réaliser leur propre analyse indépendante, pour vérifier, confirmer, ou bien-sûr réfuter les informations du NIWA.
Rodney Hide :
Je soulève un point d’ordre, Monsieur le Président. Avec le plus grand respect, étant donné la difficulté que nous avons eu sur cette question, je voudrais demander la permission à la chambre de poser au Ministre une question supplémentaire.
Le Président de l’assemblée :
Laissons à l’Honorable Rodney Hide une question supplémentaire ;.. Pas d’objection ?... Il n’y a pas d’objection !
Rodney Hide :
Le Ministre est-il au courant du fait que les données brutes du graphique en question ne montrent aucun réchauffement pour la période en cause - c’est-à-dire de 1863 à nos jours - et que la totalité du réchauffement indiqué par le graphique, qui a été utilisé pour mettre en valeur un réchauffement de 0,92° par siècle dont le NIWA a parlé, est entièrement la conséquence des ajustements faits par les scientifiques, et que ce sont ces ajustements qui doivent être expliquées ?
Le Ministre :
Oui, je suis tout à fait au courant du problème qui a été soulevé par le Parlementaire. C’est précisément pour cela que des ajustements sont faits quand les installations sont déplacées. Par exemple, il y a une différence très significative entre être presque au niveau de la mer et être déplacé à 125 mètres au dessus du niveau de la mer. C’est précisément pour cela que la méthodologie que j’ai cité a du être appliquée pour atteindre le résultat ajusté. Un processus scientifique rigoureux a été mis en œuvre pour atteindre ce résultat.
____________ FIN DE L’ECHANGE _______________
Mon commentaire sur cet extraordinaire échange :
Que peut-on retenir de cet échange, qui a du être très éprouvant pour Monsieur le Ministre, obligé de garder son calme en défendant l’indéfendable ?
Le ministre ne pouvait pas évoquer l’affirmation du NIWA, lequel se paye même le luxe - pour les gogos - d’avoir,
dans sa page de défense déjà citée, une invite "Download the seven station
AND adjustement schedule", où on trouve bien des choses, mais pas
d’enregistrement des modifications
, car il sait, bien sûr, qu’elle est fausse
.
Il faut donc admirer l’extraordinaire partie de poker-menteur, entre les parlementaires et le président. Les parlementaires savent qu’il n’y a rien, et cherchent à le faire acter par le ministre. Le Ministre sait aussi qu’il n’y a rien, et sait aussi que les autres le savent, mais il doit noyer le poisson, avec une marge étroite, composée d’un seul argument ... vous savez ... c’est compliqué !... qu’il répéterait à l’infini si le Président n’y mettait un terme provisoirement. Il dit, explicitement "On se retrouvera sur ce sujet"
Pour nous, qui ne sommes pas partie prenantes - du moins directement - dans les règlements de compte qui résulteront de cet épisode, le principal est la confirmation implicite donnée, au plus haut niveau de l’état Néo-zélandais, à une question dont nous savions déjà la réponse :
On a perdu toute trace des raisons qui ont conduit les employés de NIWA à augmenter ici, diminuer là, peut-être au gré de leur humeur, mais plus probablement dans une intention bien précise !...
Et il faut mettre cela en contexte du fait que, ces donnés brutes, elles, étaient censées rester planquées ad-vitam-aeternam dans des coffres forts interdits au public, tellement le NIWA était certain de n’avoir jamais de compte à rendre à quiconque.
Note : j’ai également publié cet article sur "Le post"