Période historique en géopolitique : fin de partie pour l’occident !
« Il y a des décennies où rien ne se passe et des semaines où des décennies se produisent. »
Citation de Lénine.
Après la dissolution endogène et sans violences de l’URSS en 1991, l’empire américain et ses larbins d’Europe de l’ouest furent persuadés pendant un temps de « La fin de l’histoire » qui était d’ailleurs le titre du célèbre ouvrage de Fukuyama paru en 1992. A cette date, l’occident croyait à la fin du contexte bipolaire avec la victoire en apparence totale de son modèle dit démocratique et libéral. Nul ne doutait alors dans la « communauté internationale » que ce contexte idéologique unipolaire allait dominer la planète pour les mille années suivantes !
Durant la décennie 1990, la situation géopolitique pouvait laisser à penser que cette thèse avait possiblement un fond de crédibilité. On assista en effet au début d’un dépeçage de la Russie, principal constituant de l’ex bloc soviétique gouvernée par l’alcoolique notoire Boris Eltsine. Pour imposer leur politique, les américains n’ayant plus de contre-pouvoirs n’hésitèrent pas à déclencher plusieurs conflits armés selon leur credo « on détruit tout puis on s’en va », citons la première guerre du golfe puis celle de Yougoslavie.
On constate aujourd’hui que cette supposée victoire totale de l’ouest aura fait long feu car nous assistons en direct à des événements historiques majeurs en train de modifier en profondeur les équilibres mondiaux.
La source de ces événements est liée à la politique mise en œuvre par les deux puissances mondiales séculaires que sont la Chine et la Russie. Depuis plusieurs dizaines d’années, ces dernières ont en effet lancé avec succès de spectaculaires politiques de redressement.
Évoquons d’abord le président chinois Deng Xiaoping qui a lancé la libéralisation de son économie dans les années 1980 en conservant cependant le contrôle de l’état. Cette réforme fut d’une efficacité redoutable en induisant durant plusieurs décennies une croissance continue de l’économie chinoise parfois à deux chiffres. Cette réussite fut bien aidée il est vrai par l’occident qui délocalisa en masse ses industries dans ce pays en raison de l’idéologie de la mondialisation. Le résultat est visible aujourd’hui avec une Chine qui rivalise économiquement avec les États-Unis. Concernant le PIB elle est même numéro 1 mondial à parité de pouvoir d’achat (PPA).
L’année 1999 vit ensuite l’avènement de Vladimir Poutine en Russie adoubé probablement dans un dernier sursaut de lucidité par Eltsine lorsque ce dernier le nomma premier ministre par intérim. Personne ne s’attendait à ce qu’en moins de dix années, ce dernier opérerait un redressement économique remarquable de son pays. Ce redressement fut cependant temporairement freiné à partir de 2014, conséquence de la politique scélérate des premiers trains de sanctions lancés par les États-Unis et leurs vassaux.
Adossé à son redressement économique, la Russie a également déroulé un programme très efficient pour la modernisation de sa capacité militaire conventionnelle selon le vieil adage « Si vis pacem, para bellum« . Elle démontra alors une capacité d’innovation technologique exceptionnelle. Citons en particulier les annonces d’armes hypersoniques que ce pays est aujourd’hui seul à maitriser dont les vecteurs sont probablement basées d’après Jean-Pierre Petit sur des technologies MHD.
Ce retour de la capacité militaire russe fut démontré sans appel aux yeux de tous en 2015 par son intervention en Syrie à la demande du président Assad. En effet, avec un engagement de moyens limité, la Russie et ses alliés régionaux réussirent à vaincre l’état islamique de Syrie, proxy de l’occident armé et entrainé par ce dernier. La bataille d’Alep fut à ce titre une victoire emblématique permise par l’armée russe [2]. La plus grande partie du territoire syrien envahi par les égorgeurs islamistes fut récupérée à l’exception d’une zone pétrolifère toujours occupée illégalement par l’armée américaine. Cette dernière continue à piller sans vergogne un pétrole qui ne lui appartient pas.
Le succès de cette intervention en Syrie démontra sans ambiguïté aux yeux de toute la planète que la Russie est à nouveau capable de protéger un pays menacé militairement par le bloc BAO emmené par les États-Unis.
C’est l’intervention militaire russe du début 2022 en Ukraine qui provoqua le basculement décisif d’un mouvement historique vers la multipolarité.
La séquence chronologique qui déclencha la fameuse « opération spéciale » de février 2022 a été détaillée dans cet article [3]. En synthèse, malgré les assurances américaines faites à Gorbatchev en 1991, l’alliance militaire occidentale OTAN s’est fortement étendue vers l’est de l’Europe induisant un quasi encerclement de la Russie menaçant son existence même.
Poursuivant sur leur lancée, les américains organisèrent en 2014 un coup d’état en Ukraine afin de mettre en place un gouvernement à sa botte pour faire également entrer à terme ce pays dans l’alliance. L’objectif était double, à savoir menacer la Russie directement via ses 1600 km de frontières communes et prendre le contrôle de la Crimée interdisant ainsi l’accès aux mers chaudes à la marine Russe.
Cette situation évidemment inacceptable pour la Russie a conduit cette dernière à une habile manœuvre politique lui ayant permise de rattacher la Crimée à sa fédération sans tirer un seul coup de feu [1]. L’occident fou de rage a alors lancé son premier train de sanctions économiques avec un relatif succès initial. Ce succès ne s’est cependant pas confirmé suite à une capacité d’adaptation remarquable des russes qui ont retourné les sanctions à leur avantage en ré-internalisant les domaines sanctionnés. Cerise sur le gâteau pour ces derniers, un effet boomerang des sanctions aidé par des contre-sanctions a finit par pénaliser fortement les économies des « sanctionneurs » (vidéo 2 mn ici).
S’en est ensuivi une période de 8 années environ où l’occident a trompé son « ennemi » déclaré en particulier avec les fameux accords de Minsk sur le conflit en Ukraine. Ces accords de cesser le feu ne furent jamais respectés par l’ouest avec des bombardements permanents des populations russophones du Donbass. Le plus stupéfiant furent les déclarations officielles de Merkel et Hollande nous indiquant à postériori que ces accords n’avaient pour but que de gagner du temps afin d’armer l’Ukraine pour qu’elle puisse vaincre militairement la Russie. Une telle déclaration venue d’un président ancien apparatchik médiocre du PS François Hollande n’est guère étonnante. Ça l’est un peu plus de la part d’Angela Merkel qui semblait au vu de son action politique un peu moins stupide que son alter ego d’outre Rhin.
Cette séquence a donc amené à l’intervention armée en Ukraine décidée en février 2022 par Vladimir Poutine. Depuis lors, l’armée ukrainienne fournit la chair à canons et l’occident collectif les canons !
Des tombereaux d’armes lourdes à hauteur de dizaines de milliards de dollars sont donc envoyés en Ukraine par ce que l’on appelle chez nous la « communauté internationale » qui ne représente même pas 15% de la population mondiale.
Le conflit en Ukraine qui dure maintenant depuis 18 mois montre une Russie capable de résister à elle seule à toute la puissance de l’OTAN. Les armes livrées sont quasiment immédiatement détruites par la puissance de feu de l’armée russe dont l’industrie produit à elle seule plus de munitions et d’équipements que tous les pays occidentaux réunis.
Ce conflit a aussi permis de démontrer aux yeux du monde l’inefficacité quasi totale sur un véritable champ de bataille de haute intensité de la camelote militaire high tech occidentale (les fameuses « wunderwaffen« ) et de son incapacité industrielle à produire des armes en quantité (voir ici).
En parallèle, pour la seconde fois les occidentaux ont tenté de détruire l’économie russe avec de multiples trains de sanctions dites maximales. Ces dernières ont toutes échouées grâce à la capacité d’adaptation de la Russie [4] déjà démontrée lors de l’affaire de la Crimée et surtout au refus du reste du monde de s’aligner sur ces dernières.
Les nations les plus pénalisés par cette vaine tentative de destruction économique sont une fois de plus localisées en Europe de l’ouest. En particulier l’Allemagne a perdu l’approvisionnement en gaz russe bon marché pour alimenter son industrie. Les causes en sont certes d’abord liées aux sanctions mais aussi à la destruction des pipelines Nord Stream 1et 2 par les anglo-saxons.
Sur la question de l’énergie, la France subit une réglementation absurde imposée par l’Allemagne appelée ARENH où le prix de l’électricité est adossé à celui du gaz. Nous sommes embarqués dans ce Titanic de l’énergie induisant une explosion des faillites d’entreprises liée à cette multiplication parfois par dix des tarifs. Les sanctions sont donc loin d’avoir « écroulé l’économie russe » comme le prédisait notre brillant ministre de l’économie [5]. C’est en fait l’économie européenne qui s’écroule avec la Russie qui est passée devant l’Allemagne en terme de PIB ramené au pouvoir d’achat (PPA).
Après la démonstration de son impuissance militaire, ce constat démontre également la fin de la domination occidentale concernant sa capacité de nuisance sur le plan économique. Les sanctions ont eu pour effet de renforcer en relatif l’économie russe qui a gagné des places selon le classement du FMI !
Le basculement géopolitique de 2022 avait en fait été préparé bien avant par la Chine et la Russie avec la création de plusieurs instances internationales construites en dehors de l’influence occidentale.
Citons d’abord la peu médiatisée Organisation de Coopération de Shanghai ou OCS puis l’alliance des BRICS créée en 2009 qui regroupa dès son origine environ 40% de la population de la planète avec l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud.
L’OCS est une instance localisée principalement en Asie ayant pour objectif de contrecarrer l’influence américaine dans cette zone.
Concernant les BRICS [6], il s’agit d’une association politico-économique de puissances émergentes à fortes croissances. Le premier objectif de cette organisation fut de monter progressivement un système international parallèle à celui du bloc occidental de Bretton Woods qui domine la planète depuis la fin de la guerre. Cependant à la différence du système en place, cette association respecte la souveraineté et les différences socio-culturelles de chacun de ses membres.
Pour des raisons politiques car tous les membres fondateurs ont des intérêts propres, cette organisation progresse pas à pas. On notera en particulier la création en 2014 de la banque des BRICS dont la raison d’être est de proposer une alternative aux services des institutions toxiques telles que le FMI ou la Banque Mondiale.
A l’occasion du sommet d’aout 2023, on constate l’incroyable succès de cette organisation avec 67 pays invités à ce dernier dont un très grand nombre souhaite adhérer aux BRICS. Ce sommet a finalement débouché sur l’accueil d’une première tranche de 6 nouveaux membres et non des moindres (Iran, Argentine, Égypte, Éthiopie, Arabie saoudite, Émirats arabes unis) qui vont rejoindre l’organisation au 1er janvier 2024. Le groupe ainsi étendu contrôlera alors plus de 50% des ressources en hydrocarbures de la planète et son PIB dépassera celui du G7 (Voir Idriss Aberkane ici). Cette extension ne sera évidemment pas la dernière et l’une des prochaines étapes décisive sera la création d’une monnaie commune aux BRICS afin de se détacher de l’hégémonie du dollar. On constate en parallèle une perte d’influence du G20 comme en témoigne l’absence des dirigeants Chinois et Russes à son édition de septembre à New Delhi.
Côté Français, après le lancement de l’opération spéciale en Ukraine le pouvoir a lancé une politique de dénigrement associée à un honteux racisme d’état vis à vis de la Russie [3] relayé par la propagande des médias dominants. La France est ensuite devenue cobelligérante du conflit en participant aux multiples trains de sanctions et aux livraisons d’armes lourdes à destination du régime corrompu de Kiev. C’est dans ce contexte que notre brillant président a osé se déclarer « disponible » pour assister au dernier sommet des BRICS. Il a évidemment reçu une fin de non recevoir sans ambiguïté de la Russie confirmée par le camouflet du pays organisateur qui s’est bien gardé de l’inviter.
La France, une fois de plus s’est faite humilier sur le plan international. Macron est traité avec un mépris sans précédent par la presse étrangère mais pas un mot de la part des médias français de « grands chemins » aux ordres (analyse par Asselineau ici). Cette situation d’une gravité extrême pour notre nation est bien évidemment liée à l’impéritie manifeste du pouvoir actuel. Le premier responsable est évidemment le président de la République très loin de posséder la dimension de la fonction. Il n’est en effet capable que d’imiter la politique des autres quand il ne se couche pas devant les dominants américains ou allemands.
Rappelons que le relais du pouvoir américain s’effectue à travers la commission européenne dont les membres non élus font la pluie et le beau temps chez les 27. Ces derniers outrepassent allègrement leurs prérogatives officielles avec à leur tête la sinistre Ursula von der Leyen, agent américain corrompu jusqu’à la moelle (voir ici et ici).
Le système de l’Union Européenne adopté par la France lors du coup d’état de 2008 a drastiquement réduit la marge de manœuvre de l’exécutif. Sur ce qui reste de cette dernière on observe l’incapacité cognitive du président de la République qui ne sait que recopier les erreurs commises chez ses alter egos guère plus doués que lui. Ils confinent alors on confine aussi, ils injectent un produit expérimental en masse et on les imite, ils livrent des armes à l’Ukraine, nous aussi, ils lancent des sanctions massives vers la Russie et on fait de même.
Conclusion
En synthèse, après la chute du bloc soviétique le contexte géopolitique mondial fut durant une courte période quasiment unipolaire. Cette situation fut remise en cause par la progression économique fulgurante de la Chine ainsi que par le redressement spectaculaire de la Russie en particulier sur le plan militaire. Ces deux puissances furent ensuite amenées à se rapprocher étroitement à la suite de leur rejet par l’occident lorsque la Russie a refusé catégoriquement de se soumettre aux tentatives d’endiguement. Cette dernière a par ailleurs de tous temps respecté ses engagements internationaux, contrairement à la tradition anglo-saxonne qui a fait tache d’huile sur tout l’occident. Le dernier exemple en date étant la confiscation dans le cadre des sanctions des avoirs russes en totale violation du droit international. Cette erreur majeure aura eu pour conséquence sur le reste du monde de détruire le peu de confiance qui aurait pu subsister concernant la fiabilité des occidentaux. Ajoutons à cela la démonstration russe de leur capacité retrouvée à protéger militairement un pays menacé.
Sur la dernière décennie, grâce aux talents des diplomaties Russes et Chinoises, de nouvelles alliances non dominatrices ont été créées en dehors du monde occidental avec les BRICS et l’OCS. Ces alliances se développent et attirent comme un tropisme la très grande partie de la planète ayant le potentiel de croissance le plus élevé avec l’Afrique, le Moyen Orient, l’Amérique du Sud et l’Asie non occidentalisée. Ce mouvement tectonique semble inexorable même si les américains mettent tout leur poids pour le freiner ou le stopper.
Tous ces éléments n’ont pas échappé aux observateurs avisés des pays du sud qui peuvent maintenant choisir un camp alternatif sérieux, fiable et attractif.
La France de nos élites mondialistes et européistes a choisi le camp des perdants et si nous ne réagissons pas rapidement pour évacuer les traitres au pouvoir depuis des décennies, nous allons être entrainés dans la chute déjà bien entamée de cet occident en décrépitude. Régis De Castelnau a bien résumé le contexte en écrivant : « Pendant ce temps le monde tourne sans nous ».
L’axe directeur d’une politique destinée à défendre les intérêts de la France est évidemment celle prônée par le général De Gaulle, à savoir se libérer de nos chaines et reprendre notre souveraineté et notre indépendance. Pour ce faire, il faut évidemment sortir de l’UE, de l’OTAN, de l’Euro et de la double domination américaine et allemande. Il faut ensuite ranimer l’alliance franco-russe dans le but de contenir l’Allemagne par une alliance de revers qui a fait ses preuves dans l’histoire. Enfin pourquoi ne pas envisager ultérieurement une candidature dans les BRICS afin de prendre le train du futur et quitter des alliances boiteuses et dépassées qui finiront dans les poubelles de l’histoire.
Une France souveraine et redevenue indépendante sera alors à nouveau écoutée et respectée dans le monde, soit l’exact inverse de la situation actuelle.
Liens
[1] Synthèse sur l’Ukraine, une contre-propagande médiatique
[2] La bataille d’Alep, dos au mur les américains jouent au Dr Folamour
[3] L’intervention russe en Ukraine révèle le vrai visage haineux et raciste des élites occidentales
[4] Comment l’économie russe a déjoué les mesures de « guerre économique » de l’Occident – Jacques SAPIR
[5] Ashford E., “Not-so-Smart Sanctions : The Failure of Western Restrictions Against Russia”, in Foreign Affairs, vol. 95, n°1, January-February 2016, pp. 114-120.
[6] L’utopie des BRICS : Plan Marshall bis ou co-développement à visage humain ?
Article source :
https://zevengeur.wordpress.com/2023/09/14/periode-historique-en-geopolitique-fin-de-partie-pour-loccident/
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