Cette pub, qu’il s’agisse de son dessein ou non, présente tout de même l’avantage de jeter un pavé dans la mare et de lancer le débat autour du diktat sociétal (mode, magazines, médias...) qui impose un ensemble de règles normatives aux corps des jeunes filles, des femmes et depuis peu des jeunes hommes. Isabelle Buot-Bouttier
Bonjour,
Je vous invite à jeter un oeil sur mon article « Quand le marketing se fait social » qui aborde votre sujet sous l’angle du marketing. Ce serait par ailleurs un plaisir que vous particpiez aux commentaires, le débat actuel de l’article concerne également la question de la souffrance au travail : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=31062
Au plaisir. Isabelle Buot-Bouttier
Merci à ceux qui me souhaitent la bienvenue sur Agoravox Lerma : je rejoins on ne peut plus votre triste constat des critères actuels d’embauche sur l’hexhagone ! Pour les postes stratégiques et à responsabilités, tout profil en dehors d’un bac+5 issu de la sacro sainte Ecole de commerce est prié de s’abstenir ! Le tri est tout simplement effectué par des moteurs de recherche. Or la conséquence est on ne peut plus élitiste, les tarifs de ces fameuses écoles de commerce étant très élevés, les postes à responsabilités sont dévolus aux gosses de cadres sup ! Qui a dit que la lutte des classes était derrière nous ? Sans parler des caractéristiques du profil type : un Homme, Blanc, entre 30 et 40 ans. Quand le monde professionnel prendra conscience qu’il passe à côté de tant d’atouts (le savoir-faire, le savoir-être, la transmission inter-générationnelle, le dynamisme et la créativité des jeunes, l’expérience et la maturité des plus anciens...)il sera peut-être en meilleur santé et la société, dans sa globalité, ne s’en portera pas plus mal... Vous parlez également de ces « jeunes » que l’on embauche à moindre coût avec des aides d’Etat mais que dire également de tous ces emplois déguisés sous forme de stage ? Que dire des exigences des employeurs à l’égard d’un stagiaire censé « apprendre » au sein de l’entreprise ? L’objectif des PME tout comme des grands groupes n’est-il pas ici d’obtenir une main d’oeuvre opérationnelle à moindre coût ?
Marie-Pierre : merci pour votre info concernant l’émission « rue des entrepreneurs », j’ai eu l’occasion de l’écouter, Maurice Thévenet faisait partie des invités. Il est encore possible d’écouter l’émission en cliquant sur le lien de votre commentaire.
Jean-Louis : Vous parlez d’une hyper exigence de reconnaissance de certains salariés, pourriez-vous préciser votre propos ? Il me semble qu’une demande de reconnaissance d’un salarié est toujours légitime et si celle-ci est hypertrophiée, n’est-ce pas une conséquence d’une autre hypertrophie, à avoir celle de sa non reconnaissance, voire de sa négation ? Le débat est ouvert... Vous dites également que ceux qui souffrent le plus de cette situation que nous décrivons sont les cadres et je ne vous rejoins pas sur ce propos. Un film documentaire intitulé « j’ai (très mal) au travail » de Jean-Michel Carré sort ces jours-ci : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3476,36-972580,0.html Il montre à quel point les ouvriers souffrent de cette montée d’exigences en termes de cadences et de ce délitement du lien social propre à notre époque. On sépare, on divise, on isole les individus pour mieux régner. Certes le secteur industriel est bien moins representé aujourd’hui que celui des services mais il est fort regretable que la situation des ouvriers n’intéresse pas la presse économique qui a une facheuse tendance à résumer la souffrance au travail à celle des cadres
M. Folliot : je ne sais si vos salariés sont si heureux au travail que vous le dites, ils seraient peut-être les mieux à même de pouvoir en parler, ce qui est certain en revanche, c’est que votre commentaire reprend à lui seul tous les outils du marketing. C’est une vrai publicité que vous venez de nous faire là.
Isabelle Buot-Bouttier
Bonjour Alajuela,
Vous parlez me semble-t’il du sexe, là où Macé parle du genre. Il est entendu que le sexe féminin et masculin recouvrent des différences notoires, il est entendu que la physiologie est différente, il est encore plus entendu que c’est le sexe féminin qui enfante. Ni beauvoir, ni Macé ne remettent ces évidences en cause. Ce dont ils parlent en revanche, c’est du genre et de ses attributs soit disant « naturels ».
Ainsi, la personne de sexe féminin dans le féminisme « pro-femme », est nécessairement du genre féminin, tout comme la personne de sexe masculin est nécessairement du genre masculin. Des genres qui se voient ensuite dotés d’attributs dits « naturels » : la force, le courage, la volonté, la perservérance... pour l’homme (de sexe et de genre masculin), la douceur, la compréhension, le don de soi... pour la femme (de sexe et de genre féminin). La discrimination vient donc de cette continuité qui est faite entre le sexe (dont les différences sont indiscutables) et le genre dont les attributs ne sont que des constructions sociales. Il n’est pas plus dans la nature des femmes d’être douces et aimantes qu’il n’est dans la nature des hommes d’être courageux et volontaires. Aussi, dénaturaliser le genre c’est revenir sur ces attributs du féminin et du masculin. Enfin s’il est vrai que ce sont les femmes qui portent et donnent naissance aux enfants et que des dispositions doivent être prises de manière à ce que cette période puisse se dérouler dans les meilleures conditions, cela ne justifie en rien qu’il en soit ensuite nécessairement du rôle de la femme de s’arrêter de travailler pour élever l’enfant. L’éducation de l’enfant doit bien être co-partagée (lorsque bien sur les deux parents sont présents)et il urgent de sortir des soit disant évidences et « naturalités » dans le déroulement du partage des rôles entre le père et la mère et plus largement entre l’homme et la femme. La femme ne sera alors plus perçue par les employeurs comme « l’être naturellement » vouée à aller chercher son petit à 14h à la crèche parce qu’il a de la fièvre ou qui ne pourra pas rester le soir en cas de besoin parce qu’il y a les courses à faire, le bain à donner, les devoirs à vérifier et le repas à préparer. Une situation qui n’a rien d’une caricature puisque nombre d’études récentes montrent que nous en sommes encore là ! et que pour sortir de ce schéma les femmes sont peut-être encore plus à convaincre que les hommes (pour les raisons expliquées par Eric Macé). Cordialement. Isabelle Buot-Bouttier
Bonjour,
Je tiens d’abord à remercier Agoravox qui a accepté de publier cet article et de le mettre à la Une. Il se trouve en effet que je l’ai proposé à l’ensemble de la presse écrite et que je n’ai quasiment pas obtenu de réponse. Or il s’agit d’un texte travaillé avec un personne psychologue du travail et relu par des universitaires. Il est donc appréciable de trouver aujourd’hui un lieu d’expression tel qu’Agoravox qui permet au citoyen de s’exprimer, ce qui était jusqu’alors réservé à une élite.
Je remercie également les commentateurs d’Agoravox qui m’ont remerciée pour la diffusion de ce texte.
Après ces considérations, et pour revenir à notre sujet, je confirme le commentaire de certains rédacteurs qui précisent que le sujet principal de l’article n’est pas plus la politique que les élections présidentielles. Le thème est bien celui, à travers l’échec de Mme Royal, des relations hommes/femmes dans la société de manière générale et au sein du milieu professionnel plus précisément. Le texte tente de mettre en avant la question des attributs à la fois féminins et masculins que la société présente comme étant naturels alors qu’il ne sont qu’une construction sociale, une sorte de façonnement qui se met en place dés la naissance à travers l’éducation et les relations sociales.
Cet article n’est donc pas partisan du parti socialiste, ni de Mme Royal et il est évident que si la candidate n’a pas été élue, le sujet traité par le texte n’est pas et ne peut pas être la seule raison de son échec. En relisant l’introduction vous verrez qu’il est stipulé : « l’une des raisons ».
En revanche, il est certain que nous sommes tous façonnés par la construction sociale des rapports hommes/femmes et que nous avons tous des attendus envers le féminin et le masculin. Dans la mesure où il s’agissait de la première fois en France qu’une femme se retrouvait au deuxième tour des élections présidentielles, pouvions-nous faire l’économie de cette thématique ? Pouvions ne pas nous demander qu’elle était la part d’attendus envers le féminin (à travers Mme Royal) et le masculin (à travers M. Sarkozy) qui a motivé notre choix pour élire la personne qui allait diriger le pays ?
Je souhaite compléter et conclure mon propos en me permettant de citer un extrait du livre de M. Eric Macé (livre co-écrit avec Nacira Guénif-Souilamas ) : « Les féministes et le garçon arabe ». M. Macé est chercheur au Cadis, laboratoire de sociologie de l’Ecole des hautes études en sciences sociales, maître de conférences en sociologie à l’Université Paris-III et cofondateur de la revue Cosmopolitiques :
« S’agissant de la question du rapport entre les hommes et les femmes dans nos sociétés, il me semble que le paradoxe est le suivant. D’un côté (...) nous vivons dans une société qui s’organise et s’énonce comme égalitariste. Cela signifie à la fois que l’égalité entre les sexes est garantie en droit (...) et que ce principe égalitaire est tenu pour acquis par les femmes (...). D’un autre côté, les données sociologiques les plus récentes montrent qu’il existe toujours une reproduction systématique et universelle d’une discrimination sexiste de fait. Cela se traduit d’une part par un moindre accès des femmes aux métiers et aux carrières prestigieuses et proches du pouvoir (économique et politique)(...) et cela se traduit d’autre part par une profonde asymétrie dans la division du travail au sein de la sphère domestique, qu’elle soit conjugale ou familiale. (...) C’est parce que les femmes se voient »spontanément« chargées des tâches reproductives dans les sphères domestiques et professionnelles qu’elles demeurent moins disponibles pour les tâches dites productives, ce qui a pour triple conséquence, d’une part la généralisation de la »double journée" (cumul du travail domestique avec le travail salarié...), d’autre part, le retrait quasi forcé de la vie active pour les plus démunies en revenu et en diplôme dès lors qu’elles ont des enfants (...) et enfin la justification de leur moindre disponibilité aux mondes compétitifs du travail et de la politique.
Le paradoxe peut donc ainsi s’énoncer : comment se fait-il que, dans des sociétés directement héritières du féminisme ayant en droit, mis à bas les piliers du patriarcat (...) une telle discrimination sexiste de fait puisse ainsi perdurer ? Ce qui conduit à l’observation d’un autre paradoxe : comment se fait-il que, dans une situation discriminatoire aussi manifeste, le féminisme soit si discrédité et si peu efficace ? Je voudrais montrer dans ce qui suit que ces deux questions sont liées : (...) si le féminisme civique et égalitariste a gagné contre le patriarcat différentialiste et hiérarchisé (qui faisait des femmes le nécessaire complément naturellement inférieur des hommes), le féminisme politique a perdu contre l’antiféminisme culturel et social (qui rend dorénavant les femmes responsables de l’asymétrie de leurs trajectoires sociales)."
Au sujet du féminisme politique, l’auteur précise que « c’est Simone de Beauvoir qui ouvre ce second front du féminisme, le plus difficile, lorsqu’elle affirme en 1949 dans »Le deuxième sexe« : »on ne naît pas femme, on le devient« . Ce faisant, elle fait une rupture fondamentale avec la rhétorique du patriarcat en introduisant la distinction entre »sexe« , la physiologie, et genre, la définition sociale du féminin et du masculin. (...) Cela signifie que »l’être femme« et le »féminin« ne sont pas des faits de nature, mais des construits historiques, sociologiques et symboliques, à la fois naturalisés et institutionnalisés, c’est à dire vécus subjectivement comme une »culture" de la féminité, comme d’ailleurs, et symétriquement, de la masculinité. (...) Ce faisant, l’antiféminisme déploie alors un autre type d’argument (...) en défendant le « féminin » contre le « féminisme » : si les femmes se laissent convaincre par le féminisme, alors elles perdront ce qui fait leur charme (...) - leur féminité. Autrement dit, le féminisme conduit droit à la laideur et à la vulgarité des femmes (...)".
Le féminisme étant également porté par des lesbiennes pour certaines radicales (comme Monique Wittig), « Cette posture révolutionnaire radicale va être à l’origine de la scission du féminisme et d’un regain de l’antiféminisme. (...)Dans ces conditions, être féministe, c’est se condamner à la marginalité, la solitude, la laideur, l’agressivité ».
Une situation qui « lance les femmes dans le piège de la »conciliation« . » En effet, « En réponse, et comme alternative à la fois au lesbianisme politique et aux charges antiféministes, un néoféminisme va se développer en s’appuyant sur deux dimensions. d’un côté, en défendant et en élargissant les acquis du féminisme civique et égalitaire (...) d’un autre côté, en introduisant pour la première fois, la question d’une spécificité du »féminin« . (...) Autrement dit, il s’agit de rétablir le lien entre sexe et genre que Beauvoir et Wittig avaient cherché à rompre. (...) C’est ce néoféminisme »pro-femme« , sans adversaire politique désigné, qui va conduire à une défense et illustration du (...) »bonheur« , du »pouvoir« , des »qualités« féminines permettant non seulement aux femmes de se confronter avec succès aux hommes dans la sphère publique et intellectuelle, amis aussi de rétablir une symétrie dans les relations de séduction et la sexualité, de se réapproprier les dimensions maternelles et maternantes de la féminité au sein de la sphère privée. » Une situation « que résument parfaitement les rubriques des magazines féminins contemporains. » (...)
C’est pourquoi les femmes et les jeunes filles d’aujourd’hui ne peuvent plus se penser féministes : elles ont toutes intériorisé leur égalité en droit et seraient prêtes à s’insurger si elle était menacée mais elles ne peuvent pas se reconnaître dans un féminisme politique à la fois marginalisé et caricaturé dans son agressivité, car elles pensent qu’elles sont dorénavant capables et libres de choisir leur mode et leur style de vie sans plus dépendre matériellement des hommes et sans avoir besoin de « chiennes de garde » pour leur dire ce qui est acceptable ou pas. (...)
C’est pourtant là l’erreur. Car même si l’égalité existe en droit, c’est l’ensemble de l’organisation sociale du travail et de la sphère domestique qui demeure fondé sur une asymétrie entre les rôles sociaux masculins et féminins (...). Et la cause principale de ceci, outre le sexisme et l’antiféminisme, c’est bien le néoféminisme « pro-femme » et sa traduction dans les magazines féminins qui ont conduit les femmes à vouloir concilier l’inconciliable : à la fois la participation au monde public tel qu’il a été défini pour et par les hommes et la réappropriation d’une sphère privée, maternelle et domestique telle qu’elle devrait être en régime d’égalité entre une nouvelle masculinité et une féminité authentique. (...) De sorte que devant (et elles seules) « concilier » leur vie professionnelle et leur vie familiale, elles se mettent en position de faiblesse, du fait de leur moindre disponibilité à l’entreprise, vis-à-vis des employeurs, qui intègrent nécessairement cette dimension sexuée dans la gestion des carrières. (...)
On peut voir là les effets pervers du féminisme égalitaire et « pro-femme » : puisqu’en droit le féminisme a gagné, les femmes comme les hommes sont persuadés que la question ne se pose plus en termes politiques, et que c’est à chacun de développer les stratégies qu’il souhaite, indépendamment de son sexe. Or, cela est loin d’être joué puisque les décisions d’orientation scolaire et professionnelle reproduisent encore massivement le grand partage entre un masculin technique et compétitif (mieux payé, plus prestigieux) et un féminin relationnel et éducatif (moins bien payé, moins prestigieux). (...)
Dés lors, « par amour », ou par « désir d’enfant », des décisions sont prises, des choix sont effectués, des routines sont mises en place, qui le plus souvent reproduisent par inertie la division traditionnelle et hiérarchisée entre le masculin et le féminin. (...)
Du point de vue des hommes, le fait égalitaire et l’autonomie personnelle des femmes étant acquis, les femmes ne peuvent s’en prendre qu’à elles-mêmes si leur condition leur déplaît : ce sont elles qui s’approprient la question de la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, en en faisant un domaine d’expertise et de jonglage mental et organisationnel réservé. Les hommes veulent bien y contribuer tant que leur propre autonomie financière et professionnelle n’en pâtit pas (...)
La question politique qui se pose est alors la suivante : sur quelles bases théoriques, symboliques et politiques permettre qu’une politique antisexiste ne soit pas disqualifiée à la fois par l’antiféminisme et par le féminisme « pro-femme » ? (...)
La discrimination sexiste n’a ni nécessité économique, ni intangibilité historique, ni justification morale et juridique. On peut donc alors faire l’hypothèse que si elle perdure, c’est en raison de la reproduction d’une asymétrie des rôles sociaux sexués (...) une discrimination et une subordination qui ne tient plus que par la croyance, héritée du patriarcat, en une différence fondamentale entre les hommes et les femmes en raison de leur différence de sexe. C’est donc cela qu’il convient d’abord de déconstruire (...) la dénaturalisation du genre et de la sexualité est le préalable à leur repolitisation.
Et face à « l’argument commun à l’antiféminisme et au féminisme »pro-femme« selon lequel c’est le sexe qui détermine le genre ou plutôt que les différences sociales, culturelles et psychologiques entre les hommes et les femmes sont causés par leur différence de sexe », l’auteur répond alors : « Autant rouvrir la discussion sur l’existence ou pas des »races" afin d’expliquer le différentiel historique et contemporain entre les humains. Par ailleurs, ce serait méconnaître tout l’apport des travaux anthropologiques et historiques qui montrent la diversité et donc la relativité des identités de genre. (...)
Ainsi, comme le souligne Chrisitine Delphy, la patriarcat est l’institution simultanée et indissociable entre les sexes et des identités de genre qui vont avec. De ce point de vue, l’énoncé de la différence n’est jamais descriptive, elle est normative, la différence est toujours asymétrique, (...) La « différence » est en réalité un stigmate invoqué pour « décrire » les femmes, les non-blancs, les homosexuels, jamais les hommes blancs hétérosexuels.
L’auteur cite plus loin Marie-Hélène Bourcier qui parle quant à elle de « performance de genre ». Eric Macé explique que cela signifie que « l’orsqu’une personne de sexe féminin ou de sexe masculin se comporte »spontanément« comme une »femme« ou comme un »homme« , elle réalise une »performance de genre« , c’est à dire à la fois une représentation théâtrale des attributs attendus du »féminin« et du »masculin« , et la reproduction instituée d’une différence de sexe et de genre. » Et « comme le souligne Ervin Goffman, le sexe de chaque individu l’assigne à une socialisation et à un classement différencié dans les interactions et dans les organisations ».
"Dés lors, au sein d’une société où le patriarcat n’a plus pour lui ni le droit, ni les institutions, ni les aspirations, comment lutter contre la domination masculine ?
Il me semble« , nous dit l’auteur, »que la « reconflictualisation de la question passe par deux voies : d’un côté la lutte contre les assignations de genre et leurs dérivés sociaux, de l’autre la lutte contre les discriminations de sexe et de genre », des discriminations qui ne manquent pas dans certains commentaires liés à cet article et qui sont, comme le précisent d’autres commentaires, une belle illustration de la problématique sexiste dans notre société.
Mais l’auteur ajoute également que la dynamique de dénaturalisation des genres féminins et masculins ne suffit pas, « il est également nécessaire de transformer le droit, les institutions, les organisations et la sphère domestique en ce sens. En effet, l’égalité professionnelle, y compris dans les carrières politiques, entre hommes et femmes n’est possible qu’à deux conditions : que l’organisation du travail, en particulier des cadres, intègre la nécessaire disponibilité domestique et éducative des hommes comme des femmes et que le partage des tâches domestiques et éducatives soit effectivement égalitaire au sein de la famille (l’auteur cite la Suède comme exemple). Cela suppose deux choses. D’une part, que les personnes de sexe féminin adoptent très tôt le même type de stratégie scolaire et professionnelle que les personnes de sexe masculin : se penser d’abord comme un être social devant assurer son autonomie personnelle, indépendamment des configurations conjugales et familiales (...). D’autre part, que les personnes de sexe masculin acceptent (et revendiquent), tout comme les personnes de sexe féminin, les contraintes (domestiques et professionnelles) liées au fait de devoir concilier vie professionnelle et vie familiale. »
« Mais sans doute le droit ne se forme-t’il pas de lui-même, et il est nécessaire que se déploient des »mouvements culturels« dans les domaines de l’art, de la culture de masse, des pratiques associatives locales, à partir d’initiatives personnelles ou de la formation de »groupes concernés« afin que la légitimité du point de vue ne soit plus nécessairement du côté des définitions »naturalisantes« ou »essentialistes« des genres. »
« Dans ces conditions, des actions symboliques spectaculaires visant à libérer du fardeau des assignations de genre ceux (hommes ou femmes, hétérosexuels ou homosexuels) qui en souffrent ou qui en font souffrir les autres, couplées à des revendications antisexistes structurelles, peuvent être constitutives d’un mouvement posféministe prolongeant et réconciliant à la fois le féminisme égalitaire et le »déconstructivisme queer". Nacira Guénif-Souilamas, Eric Macé, « Les féministes et le garçon arabe », Editions de l’Aube, 2006.
Le livre est composé en deux parties, chacunes rédigées par un auteur.
Isabelle Buot-Bouttier
Bonjour,
« Nous vivons dans un monde ou prime l’analyse. La pensée cartésienne conduit à découper la complexité en éléments isolés les uns des autres. »
Et c’est bien ce qui nous amène souvent à nous enfermer dans un système de pensée dualiste. La tournure actuelle de la campagne présidentielle n’est-elle pas une belle illustration de la nécessité de s’inscire dans une logique de tiers inclus, concept cher au courant constructiviste ? Si cet ouvrage parvient réellement à appliquer la praxis systémique à une forme polymorphe regroupant à la fois l’antrhopologie, les sciences dans leur globalité et une certaine « politique de l’humanité », il s’agit alors d’une véritable prouesse ! Merci donc pour cette présentation qui mérite un intérêt tout particulier. A voir toutefois, ensuite, si le pari est réussi ! Isabelle Buot-Bouttier
bonjour Jaï, je vous rejoins tout à fait sur l’ensemble de votre analyse et vous remercie pour ce partage cinéphile. Au plaisir. I.B.B.
Bonjour Christelle, Comme je le dis dans l’article, le coaching est issu du milieu sportif. Il s’est ensuite développé en France à partir des années 90 et qu’il s’agisse d’intervenir auprès du particulier ou de l’entreprise,le coaching sportif et le coaching « tout court » sont à présent deux mondes différents.
Le coaching sportif s’inscrit bien dans du conseil. Il s’agit même d’une forme d’enseignement. il faut être professionnel du sport pour être coach sportif, connaître le corps, sa morphologie, ses limites..... Le coach sportif est avant tout un entraineur qui dirige.
En ce qui concerne le coach traditionnel, la formation (je parle ici des formations sérieuses et reconnues) est généraliste. Tout comme le psychologue clinicien ou l’éducateur, le coach est un donc bien un généraliste de la relation d’accompagnement. Toutefois, et cela est également souvent le cas pour les thérapeutes, le coach a une ou plusieurs obédiences, c’est à dire qu’en plus de sa formation de coach, il s’est formé à un ou plusieurs courants tels que la psychanlyse, la systémie, la P.N.L., l’analyse transactionnelle, la gestalt.... la liste est longue (et tous les courants n’ont pas la même rigueur de pensée, mais cela est encore un autre débat !). Son approche sera donc orientée tout comme si vous alliez voir un psychanalyste qui serait plutôt d’obédience Freudienne ou Lacanienne.
Ensuite, certains coachs font le choix, pour des raisons qui leur appartiennent, de choisir un public plutôt qu’un autre. Lorsque j’ai terminé ma formation à l’Université, l’un de mes collègues s’installait à son compte et souhaitait s’adresser aux quinquagénaires. Il était lui-même quinqua, il s’inscrivait dans une reconversion profesionnelle et sentait une certaine affinité avec ce public. Il en est de même pour le coaching scolaire, le fait de vouloir accompagner des enfants est un choix, une préférence, parfois due à une ancienne expérience d’enseignant par exemple. Mais la motivation peut être aussi purement commerciale, tout est possible ! Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse d’un quinqua, d’un enfant ou d’un cadre en entreprise, le processus restera toujours le même. Et pour répondre à votre dernière question, point de conseils, point de guidance, le coach n’a pas la réponse. L’art du coach est celui du questionnement, c’est à dire des questions et des retours qu’il adresse au coaché en fonction de ce que celui-ci dit. L’idée est bien de l’amener à trouver lui-même la réponse à ses propres questions. j’ai conscience que cette explication peut-être destabilisante car ce processus est éloigné de notre mode d’éducation occidental et donc de la pensée binaire qui l’accompagne. Nous n’avons pas reçu ce type d’enseignement philophique qui s’apparente au monde oriental.
Je vous conseille, si je peux me permettre, de jeter un oeil sur l’article de Joël De Rosnay intitulé « l’urgence de la métamorphose ». Il ne traite pas du coaching mais de cette conception plus systémique que celle dans laquelle nous avons appris à penser. Bien à vous. Cordialement. Isabelle Buot-Bouttier
Bonjour Zen, je ne parle pas d’analyse dans le commentaire que je dépose ici mais d’argumentation de mon propos que je résume ici en quelques lignes. Quant au style de mon article, vous avez tout à fait raison, je le dis clairement dans mon commentaire en fin d’article. Il s’agit bien d’une sorte de pamphlet. Au plaisir. I.B.B.
Bonjour John, Le fait que le coaching réponde à une certaine échelle des besoins ne justifie pas à mon sens les tarifs qui sont pratiqués ! Nou sommes là dans une forme de monopole de marché qui est à remettre en cause au même titre que le prix des formations continues en France, à titre d’exemple ! Notons, à ce titre que toutes les formations autour du développement personnel pratiquent des tarifs exhorbitants ! Et la qualité est loin d’être toujours au RDV ! Ainsi, pour se former à la relation d’aide de manière riche et complémentaire en France, il faut être aisé ! N’y-at’il pas là un paradoxe ? Cordialement. Isabelle Buot-Bouttier
Merci à vous également Marie-pierre pour cette nuance que vous avez l’art de venir déposer autour de mes articles. j’apprécie votre franchise et votre débat constructif car sans langue de bois mais dans un total respect. Au plaisir. Isabelle Buot-Bouttier
bonjour, L’article a le mérite d’être clair, historique et précis. Toutefois, et au-delà d’un choix de parti politique, la récente attitude de « révolte » de M. Bové face à sa condamnation et son allusion au statut de « prisonnier politique » étaient si déplacés que je me permets d’être extêmement dubitative sur votre conclusion : « La candidature Bové peut démontrer que ce que nous avons réussi ensemble lors des mobilisations altermondialistes et lors du référundum contre l’Europe libérale, nous pouvons aujourd’hui le faire vivre dans le champ politique ».
José Bové, tout comme leader, qu’il soit syndical, social ou politique, se doit de s’inscrire dans un état de droit et de le respecter, particulièrement lorsqu’il se présente aux élections présidentielles. La cause est légitime mais la manière de mener le combat et le statut de victime que se confère le personnage lorsque son délit est sanctionné n’est pas digne d’un leader d’un état de droit.
Je développe cette argumentation dans mon dernier article, n’hésitez pas à venir le consulter et à confronter ainsi nos points de vue, ils risquent fort de diverger, mais n’est-ce pas là la richesse du débat ? Au plaisir. Isabelle Buot-Bouttier
Bonjour, j’ai également récemment écrit un article sur M. José Bové. Le ton et le messsage sont bien différents des vôtres. En ce sens, ils s’inscrivent l’un et l’autre dans une forme de complémentarité, si je puis me permettre. Votre article présente l’avantage de retracer le parcours du mouvement ainsi que du personnage, aussi je me suis permise de vous citer dans mon commentaire de fin d’article. Le passage que vous citez comme suit :« l’analyse de départ est qu’une loi peut être parfaitement injuste et une société violente, sans pour autant qu’il y ait agression visible. Lorsque l’on est confronté à une telle situation, il faut désobéir à la loi, sans atteinte physique, mais par tous les autres moyens possibles », n’a pas manqué de me faire réagir tant elle me semble empreinte de subjectivité. C’est ce que j’explique dans mon commentaire. N’hésitez donc pas à venir partager nos deux approches. Au plaisir. Isabelle Buot-Bouttier
Merci Demian, je ne manquerai pas à l’avenir d’être vigileante face à ce genre de grossière erreur ! Isabelle Buot-Bouttier
Bonjour, j’ai récemment écrit un article sur le même thème. Certes, je ne l’ai pas abordé sous le même angle que vous. Mon article est plus une sorte de satyre. Votre article présente quant à lui l’intérêt de sa lecture juridique. Quoi qu’il en soit, certains de nos points de vue se rejoignent, notamment sur le statut de « prisonnier politque » dont M. Bobé prétend pouvoir bientôt « bénéficier ». Aussi, je me suis permise de vous citer dans mon comentaire de fin d’article. N’hésitez pas à venir confronter nos deux approches. Au plaisir. Isabelle Buot-Bouttier
Bonjour,
En Novembre 2005, lors de la période délicate des émeutes de banlieux, j’exerçais comme éducatrice de rue sur un quartier de Paris. Nous étions alors une équipe de 6 éducateurs et entendions certains jeunes de notre quartier évoquer le déplacement de certains en Banlieux pour participer aux échauffourées. Nous n’avions, toutefois pour notre part pas de contact direct avec des jeunes qui revendiquaient une telle participation. Toutefois, le sujet était « brûlant » et les jeunes ne manquaient pas de nous l’amener régulièrement sur un plateau comme plat de résistance. Ce qu’ils souhaitaient connaître ? Notre positionnement en tant qu’adulte éducatif référent. Allions-nous condamner, relativiser, voire adhérer à ce qui pour eux représentait « un mouvement de colère lié à une souffrance qu’une nation avait jusqu’ici refusé de reconnaître et d’entendre. ». Or ce positionnement des éducateurs n’était pas des plus simples puisque justement, ils divergeaient au sein de l’équipe. Et le débat central était bien celui de la légitimité de la cause ! Un soir, je suis allée faire un tour de quartier avec une collègue (ce que les éducateurs de prévention spécialisé nomme le travail de rue). Nous sommes allées à la rencontre de certains jeunes et nous sommes posés auprès de certains d’entre eux. Celui avec lequel je discutais, un jeune adulte, m’expliquait qu’il sortait de prison pour braquage et qu’il était parvenu à conserver l’argent du larcin qui allait lui permettre de monter un commerce. J’engage alors un discours éducatif avec lui tandis que son copain, en train de se rouler un joint, entame le sujet des émeutes avec ma collègue. La question de notre présence ou non auprès des jeunes pendant qu’ils préparent et surtout fument leur joint, n’étant pas l’objet de notre sujet, je préciserai juste ici qu’il s’agissait d’un autre point de désaccord de l’équipe face à l’attitude à adopter dans cette situation. Et quid de la réponse quand deux éducateurs qui n’ont pas le même angle de vue partent ensemble en rue ? Bref. Consciente que le jeune homme avec lequel j’échangeais était bien englué dans une délinquance de taille, et lasse, comme cela peut arriver à un éducateur, de demander, pour caricaturer si « voler c’est vraiment bien ? », je n’ai pas manqué de tendre l’oreille pour entendre le discours qui s’annonçait avec ma collègue sur la cause des émeutes. Je connaissais par ailleurs le point de vue de celle-ci sur le haschich, son positionnement était de rester avec un jeune qui fume pour saisir l’occasion d’aborder le thème avec lui, et ce, sous prétexte qu’il nous devenait parfois difficile d’échanger avec certains tant ils passaient leur temps à fumer. Je n’adhérais pas à cette vision. Ceci n’était pas mon positionnement éducatif, elle le savait, et nos échanges ne manquaient pas parfois d’être très tendus. Mon positionnement était de pouvoir aborder le sujet avec le jeune éventuellement lorsqu’il roulait son joint mais de le quitter lorsqu’il l’allumait. Mais ne nous égarons pas...
Le jeune adulte allume donc sa « cigarette qui fait rigoler » et je me sens comme prise dans un piège parce que mon souhait n’était pas de rester mais il était tard, le travail de rue se fait toujours à deux et je doutais fort de la tournure de la conversation qui allait avoir lieu sur le thème des émeutes connaissant également les idées de la collègue sur le sujet. Quant la question fatidique arrive : « Qu’est-ce tu penses de ces voitures qui brûlent partout, franchement, il n’y avait rien d’autre à faire, non ? Comme ça maintenant on va peut-être nous écouter ! Qu’en penses-tu, répète le jeune à ma collègue ? (C’est fou ce que ces gamins maîtrisent l’art de savoir à qui adresser leurs questionnements). »Ce qui me dérange« , répond ma collègue, »c’est lorsque des agriculteurs déversent et gâchent des tonnes de pommes de terre devant des locaux ministériels". Le jeune, tire une bouffée de sa roulée et ne répond rien. Il venait d’entendre ce qu’il souhaitait. Un éducateur (homme ou femme, peu importe), venait de lui dire que la cause était juste. Cela lui suffisait pour en retirer l’idée que la question des moyens devenait secondaire.
Des débats sur ce que j’appelle cette forme de confusion sociétale, nous avons tant eu lorsque j’exerçais comme éducatrice. Et j’avais si souvent le sentiment que nous étions à l’opposé d’une pensée éducative constructive.
Pourquoi cette illustration ? Elle me permet une sorte d’introduction à la réponse que je souhaite apporter à l’ensemble des participations liées à cet article. Un article que je reconnais sans détour provocateur, voire satyrique. Il s’agit d’un style d’écriture auquel j’ai parfois plaisir à avoir recours et je l’assume. Le titre, en lui-même, n’est-il pas une simple provocation ? En revanche, l’exercice a heureusement un dessein. La provocation en elle-même n’a de sens que si elle souhaite adresser un message. Dans la foulée, je reconnais donc sans souci que la comparaison entre l’action de M. Bové est celle des émeutes de Banlieux est hâtive, que comme le dis, Zen, « des distinctions s’opposaient entre des formes de violence » (mais je nuancerai également aussi ce propos).
Quant au débat sur l’utilité ou non de l’altermondialisation et donc sur l’action de José Bové et d’autres qui le soutiennent, comme le dit très justement Marie-Pierre, nous sommes ici dans un hors sujet puisque l’article dit clairement dés ses premières lignes qu’il ne s’agit pas d’un propos sur l’intérêt ou non du courant altermondialiste. Et je précise encore quelques lignes plus loin dans mon article que ce n’est pas la cause qui est jugée ici mais la manière de la porter. « Il faudrait refuser à ce qu’il y ait un débat en France sur le sujet », nous dit un commentaire ? Cela n’est écrit nulle part dans l’article et telle n’est pas ma pensée. GRL nous dit, entre autres que « Bové est utile », ce à quoi je réponds oui dans sa lutte, dans sa dénonciation, voire probablement dans ses convictions, mais pas dans la manière d’agir ! Ainsi, lorsque GRL nous dit « l’altermondiaslisme fait peur », il est, au regard de l’article, hors de propos (même s’il peut avoir raison de manière générale). Et lorsque le propos du même auteur continue sur une désolation que certains « n’admettent pas que l’on se plaigne qu’il y ait des détracteurs et des militants ». Le hors propos est d’autant prégnant que ce même auteur semble se perdre dans un paradoxe assez amusant en m’accusant d’auteur subversif. Un oeil rapide sur la définition du petit Larousse nous permet, pour être précis, de lire la définition du terme : « qui est de nature à troubler ou à renverser l’ordre social ou politique ». Ainsi, M. Bové et moi-même nous retrouvons ici qualifié du même adjectif ! . Et je prends ici la chose comme un compliment, nous pas pour l’association avec M. Bové, mais pour le qualificatif.
Enfin pour terminer sur la question de la forme de l’article, le « Bobo-Alter » ou « Alter-Bobo » est une caricature que je reconnais volontiers mais qui vient illustrer, non pas de manière absolue le militant altermondialiste mais bien une forme de pensée confusionnelle chez certains de nos concitoyens. Ce sont eux que je nomme ici les « Alters-Bobos », je parle de ceux qui s’inscrivent dans ce courant dans lequel, que cela plaise ou non, il est, « pour certains », à la mode de s’engager, ou disons plutôt de le dire (il y a effectivement parfois des nuances entres les paroles et les actes !). Je parle de ceux qui confonde la cause et la manière de lutter pour cette cause, je parle de ceux qui sans le savoir, et sans doute un peu perdus, ne parlent finalement que d’une révolution sans véritable dessein de construction. Car je ne peux adhérer au discours qui déclare que l’Etat ne prône que le rapport de force. La question qu’il y ait un fond de vérité dans cette idée n’a même aucun intérêt. Balancer de la sorte tout un possible de débats et d’actions citoyennes, en un revers de main de ce type, correspond à inciter à brûler les villes.
Car quel est le fond du sujet ? Reprenons mon exemple du début, pour ma collègue la cause est légitime aussi ne parvient-elle pas à rappeler la limite de la règle, de la loi du cadre. Pour certains d’entre vous, cette cause n’a pas la même légitimité et celle de M. Bové est plus "sérieuse, plus politique » ! On dira en tant cas qu’elle concerne plus de personnes... Ce qu’il y a de pire, encore, et que je dénonce avec force, c’est qu’il s’agit parfois des mêmes personnes qui pourraient défendre corps et âme la cause des émeutiers de Banlieux (imaginez que j’écrive un jour un article sur ce sujet, ne vous voyez-vous pas déjà poindre un certain type de réponses ?), pour dire ensuite que celle de M. Bové, ce n’est tout de même pas la même chose ! Nous sommes ici dans ce que j’appelle cette forme d’esprit confusionnel que je mets en scène en utilisant le personnage « Alter Bobo ».
« Des distinctions s’opposaient entre des forces de violence qui n’ont rien à voir entre elles », dites-vous, Zen. Je ne cautionne en rien la violence des émeutiers de Banlieux, je ne l’excuse pas non plus, particulièrement lorsqu’elle porte atteinte à des personnes. Et la situation, à ce sujet ne manque pas de gravité car certains gamins ne font plus la distinction entre le matériel et la personne humaine et ont franchi la barrière de ce minimum de repères. Très inquiétant ! Mais au-delà de ce qui n’est tout à fait notre propos ici, vous poursuiviez votre phrase « cette demande de distinction entre les formes de violence » en ajoutant « et en dehors du problème des OGM et des dégâts d’une certaine forme de mondialisation ». Nous sommes donc là au coeur du sujet, mon cher Zen : la gravité du délit dépendrait-elle de la légitimité de sa cause et par voie de conséquence, de celui qui la commet ? Et qui sera juge pour se positionner quant à cette légitimité ? Une vraie question, non ? Et de nature véritablement éthique me semble t’il !
Je me suis penchée sur d’autres articles rédigés par d’autres rédacteurs d’Agoravox. Deux d’entre eux ont retenu particulièrement mon attention. Celui de « Le Hérisson » intitulé « José Bové, non-violence et résistance » est intéressant car il retrace la genèse du mouvement altermondialiste et celui de José Bové. Il nous dit ainsi, troisième paragraphe : « Les agriculteurs contestataires s’inspirent des méthodes non violentes : Martin Luther King, Gandhi ou Lanza Del Vasto... L’objectif est assez simple : l’analyse de départ est qu’une loi peut être parfaitement injuste et une société, violente, sans pour autant qu’il y ait agression visible. Lorsque l’on est confronté à une telle situation, il faut désobéir à la loi, sans atteinte physique, mais par tous les autres moyens possibles ». Une conception, qui si elle s’avère bien représentative du mouvement, ne manque pas, dans un état de droit, de faire appel à une incommensurable subjectivité !
Eric Nicolier, autre rédacteur d’Agoravox, dans son article « Prisonnier Bové Joseph, levez-vous ! ». Nous dit « En clair, la Cour de cassation rappelle (...), qu’une prise de position politique ne peut pas venir justifier une infraction. Et d’enfoncer le clou : » en tant que citoyens d’un Etat démocratique, (les prévenus) disposaient de voies de droit, leur permettant éventuellement de discuter, devant les juridictions compétentes, de la légalité des autorisations d’essais en plein champ qu’ils considéraient comme irrégulières au regard des normes européennes". L’auteur fait également référence à cette question de « jugement pour délit d’opinion » et il nous précise, en tant que journaliste indépendant spécialisé en droit que "le délit d’opinion n’existe pas en France. (...). On ne trouvera pas non plus une seule personne dans les prisons françaises, condamnée en raison de ses idées. » Il n’y a donc pas de condamnation de l’idée mais de la manière de l’appliquer si elle est délictuelle. La référence de José Bové au statut de prisonnier politique est donc dans ce contexte une manipulation qui questionne tout simplement l’éthique qu’il applique à son combat. Un combat aussi noble ne mérite t’il pas le respect de certaines valeurs humanistes comme nous le dit Eric Nicolier en conclusion ! « Au-delà de la mise au point juridique de cette affaire, il n’est pas interdit de penser que s’approprier le titre de »prisonnier politique« est aussi quelque peu injurieux à l’égard des vrais prisonniers politiques : ceux qui remplissent les geôles de nombreux pays du monde pour avoir seulement exprimé une opinion. Mais c’est un détail qui ne semble pas avoir affecté le condamné de droit commun Joseph Bové », ni la majorité des personnes qui ont déposé ici un commentaire et qui ne manquent pourtant pas de parler de valeurs, d’éthique et d’humanisme ! Pourquoi ce silence sur cette question ? Aloi n’a pas manqué d’avoir le courage d’aborder la question et je l’en remercie très sincèrement.
Je terminerai enfin en reprenant quelques idées exprimées dans des commentaires qui expriment on ne peut plus ma pensée :
« Quand on prend la responsabilité d’être un leader, on au aussi des devoirs. On est leader par l’exemple, le regard positif sur les gens et les évènements, ce qui permet d’être en force de proposition sur les problèmes abordés. La révolte semble légitime si elle a une base politique... L’état de droit ne serait-il qu’une notion très relative ? » (Vincent 44). Ce rôle de leader, qu’il soit social, syndical ou politique est selon moi, celui d’un citoyen, soit d’un acteur soucieux d’aujourd’hui et de demain. En ce sens, ses actes et ses paroles s’adressent aussi bien à ses semblables adultes qu’aux gamins, petits citoyens de ce demain. Il me semble bien que cette notion de citoyen, acteur positif, est une des valeurs d’Agora Vox. Le journaliste citoyen, acteur du 5è pouvoir est, me semble t’il un être conscient du rôle qu’il joue dans sa démarche citoyenne...
Un autre point intéressant soulevé par Lévèque : « La délinquance est désormais souvent perçue comme un signe de mal être et de problèmes sociaux dans laquelle l’agresseur est perçu comme une victime de la société ». Et il est bien là, le lien, certes ténu, mais réel entre les émeutiers des Banlieux et la réaction de M. Bové. La victimisation devient une attitude échappatoire qui semble prendre une certaine ampleur dans la société française d’aujourd’hui.
Enfin, P:xxx.x 79.29.135 nous dit le 14 février à 20h47 : « José Bové a t’il le droit de défendre les idées qu’il défend ? Oui, sans aucun doute. Peut-être même a t’il raison sur certains points. Mais il ne peut le faire au mépris de la loi et briguer un mandat présidentiel, son manque de respect de la loi apparaît impardonnable ».
Et son attitude de révolte face à une décision de justice, associée à sa comparaison au statut de prisonnier politique d’autant plus..., ajouterais-je pour terminer mon propos.
Merci pour vos commentaires et pour les références et liens apportés par certains d’entre vous. Au plaisir. Cordialement. Isabelle Buot-Bouttier
Talleyrand, Oui, j’ai bien reçu votre mail mais bien plus tard... I.B.B.
Talleyrand, Merci pour cette réponse qui ne manque pas d’intérêt en terme de génétique. Une science bien loin de mes connaissances.. Mais pour avoir en revanche travaillé avec des enfants, ados et adultes atteints de maladie mentale, je puis vous assurer que le dysfonctionnement psychique était bien réel et qu’il s’accompagnait bien souvent de souffrances. La névrose est différente, en ce sens qu’elle peut être « soignée » par le biais d’une thérapie adaptée à la personne. Elle ne manque pas toutefois d’entraîner également de réelles souffrances qui amènent parfois certains au suicide. Pour terminer, ce qui est génétique ou ne l’est ne relève pas de mes compétences et nombres de spécialistes sont eux-mêmes bien en difficulté pour répondre à ces questions. Ce dont j’ai par contre la certitude, c’est qu’une éducation peut rendre fou et ce parfois, de manière irrémédiable. Quant au thème principal de votre article, à savoir les abus de diagnostics et une certaine toute puissance, voire maltraitance, du milieu psychiatrique, je confirme, pour la France, ce danger face auquel il faut rester très vigileant et faire en sorte d’être le plus entouré. Cordialement. Isabelle Buot-Bouttier
La Mouche du Coche, « (fétichistes, sorciers, guérisseurs, pythie, etc.). », dites-vous, j’espère que vous avez bien lu l’article et les quelques commentaires que j’ai pu laisser. Nous sommes bien loin ici du coaching et c’est que je dénonce. Quant au psy, je réserve également toute un paragraphe de l’article à dissocier l’apport du psy à celui du coach. Vous faites enfin, référence au curé, la religion est encore tout autre chose, et nous sommes, une fois de plus bien loin du coaching. I.B.B.
Talleyrand, j’ai en effet pris connaissance de votre mail, comme vous le dites, bien plus tard. Je n’avais connaissance avant cela que du commentaire que vous aviez ajouté à celui que j’avais adressé à Demian sur votre article. Ce qui n’a pas manqué de me donner le sentiment que le fond du commentaire que j’avais laissé au sujet de votre article ne vous intéressait pas vraiment et que vous préfériez surenchérir sur quelques lignes de forte déception que j’adressais à Demian quant au sérieux dont il pouvait être capable pour s’adresser à certains auteurs contrairement à ce qu’il m’avait réservé jusqu’alors sur l’ensemble de mes articles (une sorte de joute de séduction, alternée de procés d’intentions au sujet de mes articles). Cordialement. I.B.B.
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