Pour ce qui concerne le japonais, j’apporte ma maigre contribution : l’usage du prénom est réservé aux intimes (entre époux, les prénoms ne sont pas utilisés fréquemment ; entre frères et soeurs : les plus jeunes sont appelés par leur prénom mais les plus âgés par leur rang de grand frère ou grande soeur), aux (très) bons amis. Autrement, c’est uniquement le nom dont il est fait usage. Nom ajouté de « kun » ou « chan » quand ce sont les copains d’école ; ajoutés de « san » au travail ou dans l’agora de tous les jours ; ajoutés de « shi » ou ’sama« pour formuler une grande déférence.
Il existe des pronoms en japonais mais leur usage est très singulier. Tout d’abord, il y a plusieurs pronoms par catégorie (chacun exprimant un statut de modestie, de déférence ou de respect différent selon qui parle et selon à qui on parle) : plusieurs pour la première personne, plusieurs pour la deuxième, etc... Ensuite, tant que le contexte ne nécessite pas de préciser le pronom, il n’est pas utilisé. Le verbe à lui seul permet de situer, sur le plan de la politesse, le rapport entre deux ou plusieurs.
Je précise ces quelques petites choses pour montrer que si, dans le japonais, les expressions de politesse semblent de prime abord plus complexes et multiples, elles sont aussi, finalement, plus efficaces que les »tu« et »vous« réducteurs mais surtout propres à ne pas exprimer avec justesse la position des uns par rapport aux autres.
Personnellement, je pense que le tutoiement devrait être limité à la famille, aux amis et quelques collègues proches. Mais l’usage veut que ce tutoiement soit rapidement usé pour singer une sorte de proximité des esprits qui n’existe pourtant pas. Et il ouvre, malheureusement, des possibilités de positionnement vers la domination que le vouvoiement évite plus efficacement ou expose plus clairement dès les prémisses.
Je finis en disant que je ne vois pas le sens de parler de ce qui serait »vous« et »tu« dans la langue anglaise, aucun n’ayant d’équivalent direct. Un tout petit peu à la manière du japonais, le contexte et la manière de formuler les phrases indique, me semble-t-il, la proximité ou la distance prises lors de l’usage du »you".
(Je dis tout cela modestement et mes maigres connaissances en langues me font peut-être dire des bêtises. Si c’est le cas : qu’une âme charitable clarifie, rectifie ou modifie.)