Dans cette dernière partie de la section "le 11 septembre à l’épreuve des faits" je traite de l’effondrement de la tour 7 du World Trade Center. Samedi prochain le temps sera venu de s’attaquer aux "fers de lance de la pandémie", en commençant par Richard Gage et Sibel Edmonds
Quand un truther se met en tête de recruter des adeptes pour sa secte, il est fatal qu’il commence par évoquer le cas de la tour 7. La tour 7 !... Prononcer ces trois syllabes allume toujours dans son regard la lueur caractéristique des individus atteints par la pandémie.
La tour 7... c’est elle... la partie émergée de l’iceberg, le pistolet fumant du 11 septembre, la formule magique qui ouvre à Ali Baba la caverne des quarante voleurs, le chemin caché que Gollum indique à Frodon et Sam pour entrer en Mordor !
Le profane est d’abord tout ébaudi par cet argument surgi de nulle part. Encore aujourd’hui, très peu de gens savent en effet que le 11 septembre, une tour de 186 mètres de haut, la 7ème du complexe du World Trade Center s’est effondrée 7 heures après ses deux grandes soeurs le même jour.
Nous avons à peine le temps de réfléchir que le mot “Tour 7” a été prononcé par le truther plusieurs fois dans une avalanche fiévreuse de phrases courtes et peu construites. “Elle est à 110 mètres de la tour 1 !... celle qu’est juste à côté de la 2... dans sa grande couronne... au-delà des 3, 4, 5, 6 ! “. Je ne citerai pas l’ensemble des arguments, le plus souvent chiffrés et désordonnés, qu’ont pu inventer les conspirationnistes à ce sujet. Se cacher derrière des chiffres lorsque l’on ne maîtrise pas les concepts est une “technique” largement usitée, mêmes par certains des nos dirigeants. Mais, à la décharge des exaltés du complot , il est vrai que le scénario exact de l’histoire de la tour 7 ne fut validé qu’en 2008, soit 7 ans après les événements.
Pourquoi un tel délai ? Jusqu’en 2008 le scénario exact de l’histoire de la tour 7 était mal connu. Son effondrement tardif, le fait qu’elle n’ait été touchée par aucun avion, a très tôt persuadé les enquêteurs qu’il s’agissait là d’un point mineur, et en fait négligeable, de l’enquête. Des dizaines d’autres questions semblaient plus urgentes : par exemple, comment le vol 77 avait il pu déjouer la surveillance du pentagone ? comment les tours jumelles s’étaient effondrées ? Comment Ben Laden avait il pu piloter une opération aussi complexe depuis des grottes en Afghanistan ?
De l’enquête de la FEMA au rapport du NIST
La FEMA, organisme gouvernemental dédié à assurer l’arrivée des secours en situation d’urgence sur le territoire des Etats Unis, avait publié en 2002 un rapport sur l’”énigme de la tour 7”. Ses conclusions étaient modestes : «
Les caractéristiques des feux du WTC 7 et comment ils ont fait effondrer le bâtiment demeurent inconnus actuellement. Bien que tout le carburant diesel sur les lieux contenait en principe une énorme énergie potentielle, la meilleure hypothèse [effondrement causé par les dommages du feux et des débris] a seulement une faible probabilité de se produire. Davantage de recherches, d’enquêtes, et d’analyses, sont nécessaires pour résoudre cette question.(FEMA, 2002, chapitre 5.) ».
Fin 2002, l’enquête passa des mains de la FEMA à celles du NIST, un organisme scientifique plus pointu, qui bénéficia de moyens décuplés. Sa mission était d’apporter une explication à l’effondrement des trois tours. Guidés par la méthode qui porte leur nom, les scientifiques s’attaquèrent d’abord au gros morceau : les tours jumelles (via
le rapport de 2005), se réservant l’énigme de la tour 7 pour plus tard (via
le rapport de 2008). Idée excellente et pleine de sagesse, comme le reconnaissent les scientifiques du NIST, qui estiment que l’expérience acquise dans l’enquête des tours jumelles, notamment à travers la maîtrise des
simulations informatiques, leur fut extrêmement précieuse lorsqu’il fallut passer à la tour 7.
Expérience d’autant plus indispensable que les reconstitutions s’appuyaient
nécessairement sur des images des tours. Or “il y avait beaucoup moins de photos et de vidéos des incendies de la tour 7, que pour les tours jumelles.”(p 32). A cette carence d’éléments propres à alimenter leur simulation, le cas auquel étaient confrontés les enquêteurs du NIST, était, comme l’admet le chef de l’équipe d’investigation, Shyam Sunder,
lors d’une conférence de presse, un exemple rare dans l’histoire de l’architecture, d’un immeuble à structure d’acier s’effondrant des suites d’un incendie. L’effondrement brutal en moins de 7 secondes de la totalité de la structure était d’autant plus difficile à accepter que
l’immeuble était de facture récente (1987).
Les enquêteurs étaient donc confrontés à un “défi certain”(p 84).
Ambitions et conclusions du rapport du NIST
Contrairement à certains truthers arrogants qui pensent pouvoir tout expliquer en deux coups de cuillère à pot, les auteurs du rapport du NIST se montrent d’une grande prudence dans leurs conclusions
“Le compte rendu qui va suivre est le fruit d’une reconstitution exhaustive et réalisée avec les moyens les plus modernes, des événements qui ont affecté la tour 7, et mené éventuellement à l’effondrement de l’immeuble ; de nombreux faits et données ont été isolés, puis combinés et validés par une simulation informatique pour aboutir au présent compte-rendu que l’on doit croire comme très approchant de ce qui s’est réellement passé ; cependant, le lecteur doit avoir bien présent à l’esprit que l’immeuble et les enregistrements qu’il contenait ont été complètement détruits, et que les restes du WTC 7 ont été évacués et détruits avant que l’enquête du NIST ne commence. En conséquence,il y a de nombreux faits qui demeurent inconnus, et il existe forcément dans le présent rapport des incertitudes.” (page XIII)
Le lecteur curieux de lire ce rapport dans son intégralité aura l’agréable surprise de constater que cette modestie des scientifiques du NIST a profité à l’esprit général du rapport, leur a ouvert un large champ pour de belles métaphores et remarques humanistes comme celle-ci : “Pour beaucoup de ceux qui perdirent ce jour funeste un proche, les attentats du 11 septembre demeurent une leçon gravée à jamais du caractère imprévisible de la vie et de la mort.”(p 15) Je suis certain que ce genre de phrases philosophiques a constitué pour les familles des victimes un baume bienvenu.
Aussi remarquable soit elle, l’oeuvre du NIST a été sévèrement attaquée lors de sa parution en août 2008. Il faut dire que les truthers, tels des taureaux piaffant dans leurs stalles avant de pénétrer dans l’arène, l’attendaient de pied ferme. Si le livre avait paru dans une FNAC ou dans un Virgin Megastore, à l’occasion d’une parution promotionnelle, je suis sûr que ces derniers auraient dressé des tentes Quechua sur une file d’un kilomètre trois jours avant l’événement. Dès le point final posé par les scientifiques à cette lamentable histoire, les truthers ont pris leur plus belle plume pour ouvrir un nouveau chapitre. Il est temps de réduire leurs prétentions à néant.
Tel qu’on peut le compiler dans le rapport du NIST, le scénario de l’effondrement de la tour 7 est le suivant :
A 8h 45, le vol AA11 d’American Airlines percute la Tour Nord du World Trade Center au niveau du 85ème étage. L’ensemble des 4000 personnes présentes dans l’immeuble, entament aussitôt l’évacuation, qui est pratiquement effective à 9h45 (p 56). Quand la Tour Nord, la plus proche du bâtiment, s’effondre à 10 h 28, des débris endommagent la façade sud-ouest du bâtiment, et provoquent des départs d’incendie à différents étages (p 16). Les feux s’éteignent rapidement dans toute la partie située au-dessus du 20ème étage, grâce à la mise en route des sprinklers (diffuseurs automatiques anti-incendie), alimentés par des réservoirs situés aux étages 46 et 47 (p 4). En dessous de cette ligne, en revanche, le feu est libre de progresser, puisque c’est le réseau de canalisations de la ville qui alimente les sprinklers de cette partie de l’immeuble. L’effondrement des tours l’a gravement endommagé (p XXXVII) et les sprinklers ne sont plus alimentés. Attisés par le vent qui s’engouffre à travers les vitres brisées, les feux peuvent progresser, et entament leur lente migration vers l’angle nord est de l’édifice (p 18). Alimenté par le matériel de bureau, le feu se propage d’espace de travail en espace de travail (p 19). Il se déplace à l’intérieur de chaque étage, sans sauter de l’un à l’autre, chaque étage étant séparé des autres par une barrière étanche (p 32). A 11h30, l’immeuble est entièrement évacué, et à 14h30, les autorités abandonnent tout espoir d’éteindre les feux. Vers 16 heures, atteignant le terme de leur voyage, ceux-ci sont aperçus du côté Nord Est. Vers 17h00, les autorités, prévoyant l’imminence de l’effondrement décident d’évacuer la station électrique Con Edison sur laquelle est partiellement construite la tour. Les étages qui ont été les plus touchés sont les étages 7 à 9, et 11 à 13. Pendant 7 heures l’incendie les a ravagés presqu’entièrement, entraînant la montée en température des planchers sur toute leur surface. La température de l’incendie n’excède pas les 300 degrés pendant sa progression, mais une fois l’angle nord-est atteint, il monte localement jusqu’à 600 degrés. A cette température, l’acier perd beaucoup de sa résistance et est sujet au phénomène de
dilatation thermique. Il commence à se déformer. A 17h30, au niveau de la jointure entre le pylône 79 et l’étage 13, les boulons cèdent, entraînant le flambement (
buckling) du pylône
[1], et un effondrement interne local jusqu’à l’étage 5. Les pylônes adjacents, le 80, le 81, et le 82, cèdent à leur tour, et le report des charges sur les pylônes de la ceinture extérieure entraîne le repliement des façades vers l’intérieur, et l’effondrement de la tour entière, qui tel un château de cartes, s’effondre sur lui-même pratiquement à la vitesse de la chute libre (p 21 à 23).
Je ne peux m’empêcher de faire la comparaison entre l’incendie qui est à l’origine de l’effondrement de la tour 7, selon les conclusions finales de l’enquête, et ce à quoi sont en train de “travailler” les truthers depuis plus de sept ans : de la même façon que c’est après avoir été progressivement chauffé à blanc par sept heures d’incendie que la tour a passé le seuil critique qui a entraîné son effondrement, les truthers se sont imaginé après toutes ces années que leur patient travail de sape allait finir par faire s’effondrer après plus de sept années d’un seul tenant l’imposant édifice de la version officielle. Devant l’imminence du péril, je suis heureux de pouvoir présenter cet éclairage, à temps, je l’espère, avant que le vent mauvais de la pandémie conspirationniste n’ait attisé trop violemment l’incendie dont la version officielle est le théâtre depuis que s’y acharnent les pyromanes conspis.
Un rapport contesté ? Petit parcours des principales objections
Il m’est impossible de faire un sort à la totalité des objections que le rapport du NIST de 2008 a soulevées. Je me suis volontairement limité aux points sur lesquels la polémique a été, et est encore, la plus vive. Je renvoie le lecteur curieux d’explorer cette question au dossier qu’a consacré à cette question le site d’informations en ligne rue89, et surtout au site de debunking de Jérôme Quirant : Bastison.net.
Je traiterai pèle-mêle les soupçons de manipulations (critiques portant sur la légitimité du rapport), et les soupçons d’omissions (critiques portant sur les lacunes du rapport). Je m’appuierai au besoin sur les déclarations de l’ingénieur en chef du NIST, Peter Gross, son porte parole, Neumann, et le directeur de l’équipe d’enquêteurs, Shyam Sunders. Je me servirai également d’argumentaires piochés sur Bastison.net et Conspiracy.watch. Je n’ai guère de compétence en ingénierie et en architecture : il eut été stupide et prétentieux de ma part de ne pas m’appuyer sur des opinions compétentes et éclairées.
Chaque paragraphe de la liste suivante est introduit en italiques par une question ou une remarque type de truther sur un point important, que suit une réfutation appuyée sur des faits, des arguments, et des citations de pointures dans leur domaine de compétence.
Sur les vidéos on ne distingue aucune trace d’un incendie sur les façades nord et est. Pour entraîner un effondrement aussi complet et instantané, il aurait fallu un incendie supérieur en intensité et en durée à tout ce qu’on a déjà pu observer sur des incendies de gratte-ciel qui pourtant sont restés debout.
Les enquêteurs prennent bien le soin de préciser que les vitres de la façade ouest empêchait de voir la progression de l’incendie : “Il est probable que l’essentiel de l’incendie se soit déroulé loin de tout regard, derrière les vitres (p 60).” L’essentiel de la fournaise sévissait à l’intérieur de l’immeuble. Ce qui se comprend quand on a à l’esprit que le WTC 7 faisait en surface la taille d’un terrain de football. Et puis, quelle que soit l’intensité de l’incendie, la disjonction des boulons sous l’effet de la dilatation thermique des poutres, à l’étage 13 au niveau du pylône 79, étaient inévitables. La singularité du cas de la tour 7 a résidé dans le fait que, contrairement aux autres édifices du complexe, dans lesquels l’incendie était homogène, le feu s’est extraordinairement concentré en un point précis, ce fameux pylône 79,
Le NIST n’analyse que la première phase de l’effondrement et n’explique en aucune façon comment la totalité de l’édifice a pu s’effondrer d’un tenant quasi à la vitesse de la chute libre sur sa propre empreinte sans affecter aucun immeuble adjacent.
les scientifiques du NIST auraient dans leur enquête fait un oubli à peine croyable : alors que l’objet de leur rapport était d’expliquer le scénario de l’effondrement de la tour 7, ils n’en auraient expliqué que la phase initiale. Il faut voir le raffinement de certaines remarques ! Le profane en démolitions contrôlées doit hausser les sourcils en entendant cette objection. Quelle petite bête sont ils donc allés encore chercher ? Il est vrai qu’une fois que le pylône 79 cède, entraînant aussitôt les 80, 81, et 82 avec lui, il semble que la totalité de la structure de l’immeuble s’effondre comme un fragile château de cartes ou de taclas. Après le premier repliement des façades vers l’intérieur, l’ensemble du bâtiment tombe sur sa propre empreinte, en suivant le chemin de plus grande résistance, à la vitesse de la chute libre. Une métaphore permettra de me faire comprendre excellemment. Chacun sait que les cathédrales gothiques, au XIIIème siècle, ont été construites sans utiliser la moindre goutte de ciment. Ce sont des mécanos géants dans lesquels tous les éléments sont si indissociablement emboîtés, qu’ôter une seule “clé de voûte” entraîne l’effondrement immédiat de la totalité de l’édifice. C’est un peu ce qui s’est passé pour la tour 7, si l’on doit croire les scientifiques du NIST. Le travail des boulons liant les pylônes aux planchers, a transformé ceux-ci en chevilles savonneuses, si bien que lorsque le pylône 79 flambe (buckle), à 17h20, l’équilibre de l’ensemble de l’immeuble sur ses bases ne tient plus à grand chose...
La découverte de cette nouvelle faiblesse structurelle des gratte-ciel, je ne le cache pas, est un des points extrêmement inquiétants du rapport du NIST : désormais les terroristes savent qu’il suffit de quelques bombes judicieusement placées sur le bon pylône pour faire s’effondrer à la vitesse de la chute libre les immeubles les plus solides du monde !
Lorsqu’on demanda à Peter Gross, l’ingénieur en chef du NIST, pourquoi l’équipe d’enquêteurs n’avait pas pris en compte la deuxième partie de l’effondrement, il expliqua qu’“on les avait chargés d’expliquer le pourquoi de l’effondrement et qu’il pensait qu’ils l’avaient fait en montrant scientifiquement, comment l’effondrement avait commencé ; une fois l’effondrement amorcé, les conclusions étaient évidentes, ils n’avaient donc pas fait de calcul pour mesurer cela.
(source)”
Recourir à la méthode de la simulation informatique pour expliquer l’effondrement de la tour 7 est une méthode bien peu orthodoxe. Ce qui définit un tel modèle, c’est la spéculation, et l’incertitude. La réalité par essence lui échappe.
Certains faits doivent être constamment rappelés : il n’y avait pratiquement plus d’éléments de la scène du crime sur lesquels travailler. Le NIST rappelle bien ce problème, auquel avait été confronté la FEMA en 2002 : “le lecteur doit avoir bien présent à l’esprit que l’immeuble et les enregistrements qu’il contenait ont été complètement détruits et que les restes du WTC 7 ont été évacués avant que l’enquête du NIST ne commence. En conséquence, il y a de nombreux faits qui demeurent des inconnues, et il existe forcément dans le présent rapport des incertitudes.”(p 15) Le puzzle était déjà complexe à reconstituer : avec seulement cinq pièces sur un jeu de mille espérer reconstituer la totalité de l’ensemble était une tâche impossible. C’est ainsi que la méthode de la simulation informatique s’est imposée. Les rédacteurs, du reste, n’ont jamais éludé la difficulté de la tâche : “établir une reconstitution pertinente des différentes étapes de l’effondrement de la tour 7 représentait un défi certain.”(p 84) Le phénomène à modéliser était si unique et complexe que pas moins de huit semaines étaient nécessaires pour produire une séquence de simulation se seulement 25 secondes (p 38). Heureusement, “s’il y avait beaucoup moins de photos et de vidéos des incendies de la tour 7, que pour les twin towers, (...) les images étaient suffisantes pour modéliser les simulations d’incendie dans la tour 7.”(p 32).
Je songe, tout en frémissant de l’usage abusif que nos enfants en font de nos jours que c’est un hasard heureux que les attentats du 11 septembre soient survenus à une époque où beaucoup de gens étaient déjà équipés de caméras et d’appareils photos. Sans ces éléments visuels, la reconstitution du NIST, comme le suggèrent ses auteurs, aurait été tout simplement impossible.
Quand bien même le modèle informatique serait une méthode pertinente, son schéma de l’effondrement ne s’accorde pas du tout avec ce que les rares mais nettes images révèlent.
Difficile de s’aventurer sur ce point. L’effondrement intervient à la base, c’est voilé par les petits gratte-ciel adjacents, comme suggéré à la page 27 du rapport. Le repliement des façades doit intervenir en tout dernier lieu, en dessous de cette “ligne d’horizon”. La première phase du repliement des façades, lorsque les boulons des étages 7 et 13 cèdent au niveau du pylône 79, a lieu en dessous de cette ligne d’horizon, raison pour laquelle on a l’impression que l’immeuble s’effondre par la base. De même, il est très probable, si l’immeuble paraît dans sa partie supérieure s’effondrer de façon symétrique, qu’il commence à se replier sur lui-même à partir du point où la tour 7 devient invisible.
Les truthers pour cette objection auraient mieux fait de se taire... Dans le coup de projecteur qu’il font sur cette “zone d’ombre”, ils ne prennent tout simplement pas en compte que toute une partie de l’immeuble est invisible. Ils confondent le sommet des petits gratte ciel adjacent avec la base de la tour 7 ! Que des gens puissent se faire avoir par une illusion d’optique aussi grossière est à peine croyable ; en même temps ces errances du jugement se comprennent chez des gens habitués à dire qu’il fait nuit quand il fait jour, et qui jouent avec les lois de la physique comme des enfants avec de la pâte à modeler
Pourquoi le NIST ne mentionne-t-il pas la présence dans les ruines de plaques de métal en fusion, attestée par des témoins et repérées jusqu’à un mois et demi après par les caméras thermiques des satellites de la NASA ?
Cette information a en effet été relayée l
e 29 Novembre 2001 et
le 2 fêvrier 2002 par le NY Times, et à la même époque par le centre d’expertise géologique des Etats Unis (
USGS). Toutefois, Peter Gross, l’ingénieur en chef de l’équipe d’enquêteurs NIST,
déclare en 2007 n’avoir jamais entendu le moindre témoin oculaire sur ce point, ni entendu parler des photographies thermiques de la NASA. On doit donc conclure à un malentendu où à un canular qui a fait long feu, si l’on suit sur ce point l’interprétation de Jérôme Quirant : l’auteur du site de debunking Bastison.net n’y va pas par quatre chemins et ironise “ Des témoins ont parlé de ’rivières de lave’, mais ce ne sont que des témoignages dont on ne sait s’ils sont plus crédibles que ceux faisant état
d’une sardine bouchant le port de Marseille. Et quand bien même des flaques de métal fondu étaient présentes, de quel métal s’agissait-il ? Une chose est sûre : du métal fondu, il y en a eu des quantités dans les décombres, et même de l’acier fondu... mais il provenait tout simplement des nombreuses découpes au chalumeau oxy-acétylène utilisé pour déblayer les décombres...”
Comment se fait il que les déclarations en septembre 2002 de Larry Silversteïn, propriétaire de la tour 7 et des tours jumelles, suggérant que ce dernier avait demandé au chef des pompiers de “faire tomber” l’immeuble n’aient pas éveillé les soupçons vers la thèse d’une démolition contrôlée de la tour 7 ?
Larry Silversteïn a dit exactement ceci : “Je me souviens que j’ai reçu un appel téléphonique du chef du corps des pompiers qui m’a dit qu’ils n’étaient pas sûrs de pouvoir circonscrire l’incendie. J’ai répondu : “nous avons eu déjà beaucoup de pertes humaines : le mieux à faire serait peut-être de la “faire tomber”
(pull it). Ils ont pris la décision de la “faire tomber” et nous l’avons regardée s’effondrer.” Ce dernier se justifia par la suite en disant qu’il parlait de retirer un groupe de pompiers qui était encore dans l’immeuble et non de “faire tomber” l’immeuble. Nous aurons l’occasion de reparler des pompiers lors du chapitre 5 de cette étude. Leur comportement avant et après les événements a été des plus douteux. Ils ont pris des risques inconsidérés. Ils se sont vus en Johns Waynes au Far West, phalènes avides de la lumière des feux de la rampe sous laquelle ils se trouvaient soudain exposés. Je suis certain que des groupes de pompiers, malgré les ordres d’évacuation totale donnés dès 11 heures 30, sont parvenus à repénétrer dans l’immeuble, et continuaient de traîner dans le couloirs de la tour 7 avec le fol dessein de “créer l’exploit”. Larry Silversteïn, dont les propos ont été déformés, n’a donc rien trahi du tout. Au contraire, il devrait être remercié pour avoir sauvé des vies en cette journée tragique. Le porte-parole de l’agent immobilierDara MacQuillan a confirmé cette version de l’histoire en
fêvrier 2009 au site rue89, qui s’en est opportunément saisie, pour la brandir en paravent efficace contre la pandémie conspirationniste.
Il est particulièrement lamentable que des truthers se plaisent à faire remarquer que ce matin funeste du 11 septembre, Larry Silversteïn aurait dû se trouver au 88ème étage de la tour nord au moment de l’impact
s’il n’avait pas eu rendez-vous chez son dermatologue, de même que ses deux enfants, s’ils ne s’étaient pas retrouvés en retard à un rendez-vous. Sans ce “miracle”, le groupe de pompiers qui se trouvait encore dans l’immeuble aurait été anéanti, et ç’aurait fait une liste de noms supplémentaire à graver sur le marbre du mémorial de Ground Zero.
En remarque annexe, pour cette “zone d’ombre”, je rappellerai que le NIST est un institut scientifique, et non une brigade de gendarmerie. Comme le précisent les auteurs à la page XXVIII du rapport : “Aucune partie d’un rapport résultant des investigations du NIST concernant les défaillances d’un bâtiment (...) ne peut servir de base à des poursuites judiciaires ou une action en dommages et intérêts, s’appuyant sur l’un ou les autres des sujets abordés dans un tel rapport”
Il existe de nombreux témoignages de personnes ayant entendu des explosions, juste avant, et pendant l’effondrement. C’est un scandale que seuls aient été pris en compte ceux qui n’en faisaient pas état.
Chacun sait : quand un événement catastrophique survient, il n’est pas rare que de multiples témoignages, conséquence du trouble jeté dans les esprits, fassent état de phénomènes imaginaires, et éventuellement inventés. L’impression est si brutale et profonde que beaucoup de gens rapportent des témoignages invraisemblables. Et combien de mythomanes dans le tumulte se dirigent vers ce guichet inespéré ! Vu sous cet angle c’est bien plutôt l’absence de témoignages d’explosions qui eut été quelque chose de suspect ! L’extrême diversité des témoignages est tout à fait naturelle dans des événements aussi impressionnants, et c’est tout à l’honneur des enquêteurs qui devaient en faire la synthèse d’avoir eu, in fine, la lucidité de trier le bon grain de l’ivraie, pour aboutir à la version la plus vraisemblable de l’histoire de l’effondrement de la tour 7. Cette remarque vaut d’ailleurs pour les “explosions” entendues par d’autres témoins dans les tours jumelles.
Les arguments invoqués par le NIST pour ruiner l’hypothèse de la démolition contrôlée sont invraisemblables, et c’est incroyable que cet institut n’ait même pas pris la peine d’analyser la composition chimique de la poussière !
Les rédacteurs posent l’hypothèse de la démolition contrôlée à la page 25 du rapport. Ils avancent deux arguments pour la réfuter. Un : il était inconcevable que les terroristes aient pu s’introduire dans le bâtiment pour y placer des explosifs sans être repérés à un moment ou à un autre par des membres du personnel ou des services de police et de sécurité. L’argument a d’autant plus de poids que la tour 7 faisait figure de sanctuaire inviolable : s’y trouvaient, entre autre, le bureau de gestion du maire de New York en temps de crise (voir
NY TIMES 12/20/2001), et une importante
antenne de la CIA aux Etats Unis. Deux : le bruit engendré par l’explosion aurait été si énorme qu’il aurait été entendu à au moins kilomètre à la ronde.
Je veux bien que sur mille témoignages, on ait pu en recueillir quelques uns qui témoignaient du phénomène, mais je le redis : ces témoignages ne valent pas grand chose. Quant au reproche de n’avoir pas cherché à analyser la composition chimique de la poussière et des débris de ruine, je laisse
le mot de la fin à son porte parole, Monsieur Neumann
: “Le Nist n’a pas recherché des indices d’explosifs parce qu’il n’y avait aucun indice de cela... Si vous cherchez quelque chose qui n’est pas là, vous gaspillez votre temps, et l’argent du contribuable.” l’hypothèse est tellement folle que Neumann peut se contenter de rappeler à la journaliste qui l’interroge, le B-A BA de toute enquête sur une ruine suspecte.
Que signifient ces images de la BBC où l’on voit le journaliste annoncer l’effondrement de la tour 7 avant son effondrement effectif, la présence du bâtiment toujours debout en arrière plan justifiant la suspicion ?
Pour être plus, CNN avait également annoncé cet effondrement quarante minutes auparavant. Les deux chaînes avaient repris une brève lâchée par l’agenceReuterssur son site
(source). Lorsqu’elle la retira, le mal était fait. L’information avait été relayée et cet incident nourrit neuf ans après des soupçons de connivence entre les médias et certains officiels qui auraient participé au complot (!). L’explication de la BBC est de pur bon sens. Le chaos était indescriptiblement monstrueux ; personne ne savait plus où donner de la tête ; qui peut ignorer du reste la passion naturelle du journaliste pour le scoop ?
On savait par ailleurs que depuis 14h30 les pompiers avaient abandonné tout espoir de pouvoir sauver la tour 7 de l’incendie qui la ravageait. La “révélation” de Larry Silversteïn vient opportunément, ironie du sort, éclairer cette “zone d’ombre”, puisque dans son interview de 2002, il précise bien que pressentant l’effondrement de la tour il avait pris la décision de “retirer” les derniers groupes de pompiers errant dans l’immeuble sur les traces de l’incendie comme des enfants à la recherche des oeufs de Pâques. Il peut sembler étrange que le chef des pompiers ait anticipé ce que le NIST nomme un phénomène inédit dans l’histoire des gratte-ciel, au point de pouvoir anticiper un effondrement imminent d’un bâtiment aussi considérable, mais le fait est là : ils le savaient... rare signe de lucidité de leur part en cette funeste journée.
Le lecteur se rend bien compte, par quelque bout qu’on la prenne, combien la théorie du complot est absurde, surtout quand on s’arrête au fait particulier de la tour 7. Les cerveaux des truthers sont des machines à douter. Leur imagination est sans borne. Ce sont des croyants au sens le plus bas du terme... C’est la foi naïve et ardente du charbonnier amoureux égaré dans la caverne de Platon avec ses envoûtants jeux d’ombre et de lumière.
J’espère au moins que ce rapport a connu la diffusion qu’il mérite dans les écoles d’architectes et d’ingénieurs du monde entier.
[1]Voir la page 19 du rapport pour une explication complète de ce phénomène.