« Les Américains avaient de la reserve et pouvaient compter sur leur industrie pour se refaire une santé. »
Se refaire une santé, même pour l’industrie Américaine, a pris deux ans. Aucun dirigeant n’est assez stupide pour croire qu’en pleine guerre, on peut laisser deux ans à l’adversaire pour faire ce qu’il veut dans le Pacifique pendant ce temps. Hors dans touts les esprits de l’amirauté, c’est ce que la destruction de la flotte à Pearl Harbor laissait entrevoir.
"Les avis étaient partagés, à l’amirauté,
et une majorité considéraient les cuirassés comme l’arme majeure de leur
flotte.«
Une majorité assez écrasante avant Pearl harbor.
»Mais les porte-avions venaient juste après.«
Pas du tout. La majeure partie des amiraux de Washington avait vécu à l’époque du cuirassé tout puissant. Mais même parmi ceux en commandement, il y en avait peu qui considérait le porte-avions comme un capital ship. Cela ne vous a pas mis la puce à l’oreille, que pour remplacer Halsley, tombé malade avant Midway, il ne se soit pas trouvé un seul amiral dont la spécialité était les porte-avions et qu’on ai pu trouver pour le remplacer qu’un »cruiser admiral« , Spruance ( qui fut un heureux choix ) ?
Non, dans aucun document américains pré-Pearl Harbor les porte-avions ne sont même désigné comme »capital ship« . A la limite, les sous-marins et les croiseurs étaient quasiment mieux en vue
»Pearl Harbor et la
défaite de l’Abda allaient changer cela, et montrer non seulement
l’importance primordiale des porte-avions, mais de la supériorité
aérienne."
Mouais, la supériorité aérienne en mer découle quand même directement du nombre et de la qualité des avions et hommes embarqués sur les port-avions. Quand à l’ABDA, sa défaite fut surtout à mettre sur le compte de la compétence des commandants japonais, du manque d’entrainement en combat de nuit des anglo-américains, et des diaboliques torpilles japonaise à hydrogène.
"Du reste, l’état-major Nippon, malgré Pearl Harbor, semble s’être
montré le plus conservateur. Les Américains, et surtout Nimitz se sont
bien plus vite adaptés.«
L’idée d’une rigidité de l’état major japonais, surtout de la marine, doit quand même être nuancé. Leur performances tactiques, leur développement technologique, leur planning ou leur processus de décision en état major montre au contraire une capacité d’adaptation importante, mais qui s’en en effet heurté aux grands dogmes stratégiques de l’état major impérial, grandement renforcé par les premiers succès. Les Américains, eux purent partir de presque rien, toute les doctrines d’avant guerre n’ayant plus d’utilité après Pearl, et ne pas subir trop de refus de la part de Washington ou la plupart des oppositions ont du s’effacer devant la gravité de la situation et la nécessité de devoir y répondre.
»As
part of the operation, Yamamoto hoped to draw out remnants of the U.S.
Pacific Fleet so that it could be engaged in the “decisive battle” that
still remained the focus of Japanese naval strategy.«
Ce passage montre bien que Yamamoto savait que Midway pouvait attirer les derniers porte-avions US du Pacifique. L’apparition des appareils embarqués américains n’a pas été une surprise totale pour les Japonais, ils en connaissaient la possibilité, des appareils de reconnaissance ayant même été envoyé si jamais la flotte US se montrait.
»While the First Air Fleet (designated the “Mobile Force” in this operation)
was steaming in what would prove to be its highly vulnerable box formation
toward Midway, the three carriers (Yorktown, Enterprise, and Hornet) available
to the commander in chief of the Pacific Ocean Area at the end of May 1942,
Admiral Chester W. Nimitz, sortied from Pearl Harbor. They steamed in two
task forces, the tactical units that had come to dominate U.S. naval operations
since 7 December 1941. Unlike its adversary across the Pacific, the U.S.
Navy’s love affair with the battleship now rested in the mud of Pearl Harbor,
where a number of its cherished “battlewagons” were being laboriously salvaged.
Though Nimitz still had a strong force of battleships (Task Force 1 comprised
Pennsylvania, Maryland, Colorado, Idaho, Tennessee, New Mexico, and Mississippi),
he chose not to deploy them ; they would only slow the carriers down and
would require screening ships that were needed more elsewhere.
"Bien sur qu’ils étaient intégrés. je ne conteste pas que les
Cuirassés étaient encore constitué comme l’arme principale en 1941, mais
les tactiques prenaient de plus en plus en compte,non seulement les
porte-avions mais l’aviation. "
Pas totalement. Avant la seconde guerre mondiale, seuls les Anglais et encore plus les Japonais comprirent les possibilités de l’aviation dans l’attaque anti-navire ( comprirent, et non testèrent. De nombreuse flottes testèrent avec succès l’attaque par porte-avions et n’en tinrent pas compte ) . Et encore, les Anglais ne la considérèrent que comme efficace contre une flotte au port, au contraire des Japonais. Cela explique pourquoi qu’alors qu’ils réussirent parfaitement la frappe contre la flotte italienne à Tarente, ils furent abasourdis quand le cuirassé Prince of Wales et le croiseur de bataille Repulse furent coulés par les avions Japonais basés à terre. L’amirauté britannique s’attendait à des dommages qu’ils répareraient au pire à Singapour mais estimait que la bonne maniabilité de ses navires leur permettrait d’éviter la plupart des coups.
"Concernant les Phiippines, il y a toujours des plans sur un peu tout,
concoctés par les amirautés. Mais c’est justement pour éviter une
bataille dans les Philippines que Yamamoto a attaqué Pearl Harbor."
Oui, car le Plan Orange, dont les Japonais connaissait les grandes lignes avait changé. L’escadre cuirassé américaine ne devait plus venir sauver en force les Philippines. En fait, les Philippines devaient être renforcés, de façon à pouvoir être prêtes à tenir seules à partir d’avril 41. ( Autre point intéressant d’ailleurs, pourquoi sacrifier sa flotte pour démarrer une guerre si cette flotte constitue le seul moyen de riposte, et que votre base stratégique qui doit servir de verrou n’est même pas encore prête. ). Une fois les Japonais affaiblis et évalué, la grande bataille de cuirassés pouvait s’engager. Et les Japonais savait que une des choses qu’ils ne pouvaient laisser aux Américains une fois la guerre lancée, c’était du temps. La première frappe devait être dévastatrice. Donc si les Américains ne venaient pas, autant aller les chercher.
"Dans la mesure ou les flottes cuirassées sont importantes des deux
cotés, il faut en tenir compte. Néanmoins, les amiraux avaient
parfaitement conscience qu’ils étaient de plus en plus vulnérables sans
couverture aérienne, vue largement confirmée par le début de la guerre."
Les Japonais avaient conscience de la vulnérabilité des flottes à l’aviation. Mais les Anglo-américains beaucoup moins. Les américains n’avaient développés leur porte-avions que comme appui à leur flotte de cuirassés, et la DCA sur les navires américains avant Pearl Harbor était faible, les Anglais pensaient que l’’agilité et la résistance de leur navire en mer leur éviteraient de trop gros dommages, et ils perdirent ainsi le Prince of Wales et le Repulse en les envoyant droit dans une zone contrôlée par l’aviation nippone.
« Cela fut aussi confirmé en Europe, où les affrontements classiques furent peu nombreux. »
Les grosses unités de la flotte italienne furent majoritairement mis hors de combat à Tarente, et ne sortirent plus après, les petites unités furent elles engagées en combat classique. Quand à la Kriegsmarine, toutes ses unités furent coulés par des navires de surface, sauf le Tirpitz qui encaissa vague sur vague de bombardement avant d’y passer. Le Bismarck au contraire fut vu par les Britanniques comme la confirmation que des avions pouvaient ralentir un cuirassé, voire l’endommager, mais que seule des unités de surfaces pouvait le couler.
« La perte des cuirassés ne faisait que repousser la bataille
»décisive" prévue par les deux amirautés pour s’attribuer la suprématie
dans le Pacifique. «
En fait non, les documents japonais sont assez clairs la-dessus. Les deux flottes suivaient la doctrine Mahanienne de »bataille décisive« , mais les Japonais firent l’erreur d’y croire jusqu’à ce qu’ils soit trop tard. Dans l’esprit des Japonais, la bataille décisive, ce fut Pearl Harbor, qui vit la destruction de la ligne de bataille américaine. La fin de l’ABDA et la chute de Singapour achevant l’autre »bataille décisive« , cette fois-ci contre les Anglais et les Hollandais.
La Mer de Corail montra au Japon que les Etats-Unis comptaient toujours se battre, cette fois-ci en utilisant ses porte-avions. C’est pour cela que Yamamoto esperait que la Navy vienne se battre à Midway. Ca aurait été la seconde bataille décisive, après quoi les Américains auraient perdus leur deux lignes successive de bataille, celle d’avant guerre, les cuirassés, et celle qu’ils avaient formés après autour de leurs porte-avions.
»La perte de Pearl Harbor ne faisaient qu’obliger les
Américains à rester sur la défensive pendant quelque temps. Les
Américains pouvaient se le permettre, vu l’immensité des distances dans
le Pacifique.«
Au contraire, il était impossible aux Américains de laisser les Japonais faire ce qu’ils voulaient dans le Pacifique. D’où le debarquement rapide et risqué à Guadalcanal, d’où l’engagement des porte-avions dans la Mer de Corail. Il était impossible de laisser Tokyo occuper tranquillement tout le Sud-Est Asiatique et ses ressources.
Le cauchemar des dirigeant américains aurait été de laisser les Japonais le Pacifique. On a retrouvé les plans du quartier général nippon pour une opération de raid à grande échelle contre la cote Ouest des États-Unis. Les villes américaines, les chantier navals de San diego, San Francisco et même les dizaines d’usines aéronautiques de Vultee ( San Diego ), Lockeed ( Burbank ),Douglas et North American Aviation ( Los Angeles ) et Boeing ( Seattle ), toutes se trouvaient à portée de canons des cuirassés rapides de la flotte japonaise, sans compter l’aviation. Début 42, la côte Ouest, gigantesque, était sous défendue. Les conséquence auraient été catastrophiques.
»Si roosevelt
avait considéré les cuirassés comme si importants, il ne les aurait pas
placés à Pearl Harbor contre l’ais de son état-major."
Une bonne partie de son état-major avait approuvé le choix ou s’était rangé aux avis de Roosevelt. De mémoire le Chef de la flotte du Pacifique avait si vivement protesté qu’il avait été démis en 1940 ( les prophètes écoutés, ce n’est vraiment pas nombreux au Pentagone ), mais le geste avait des raison tant diplomatiques que militaires et même politique. Il s’agissait de montrer un signe de fermeté envers les Japonais ( ce que les sondages, qui montrait que l’isolationnisme avait de moins en moins la côte envers la Japon, lui permettait ), de raccourcir le temps mis par la flotte a aller se mettre en position dans le Pacifique, et éviter entre autres que la bataille contre les Japonais soit trop enfoncé dans les eaux sous domination américaine, et politiquement de montrer face aux critiques républicaine et alors que les présidentielles approchaient, que l’on allait pas abandonner les boys aux Philippines en cas de guerre, et que la Navy accourrait à l’aide ( ce qui aurait été désastreux et en vérité n’était pas du tout le plan, mais bon un politicien en campagne... ). Et ce alors même que qu’il esperait encore de pouvoir négocier avec les Japonais.