L’affaire du mariage annulé : esquisse d’une analyse profonde du problème
L’affaire du désormais célèbre mariage annulé de Lille a suscité une avalanche de réactions très certainement sincères, mais malheureusement basées davantage sur l’émotion que sur la raison.
Il est donc nécessaire d’apaiser les esprits afin de pouvoir mener sereinement une réflexion sérieuse, profonde et globale de ce problème.
De prime abord, il est important, à mon avis, de laisser de côté la dimension juridique de cette affaire et de la poser plutôt en termes de croyances, de normes de conduite et de valeurs sociales. Car, dans la mesure où le mariage est d’abord un contrat et le contrat est la loi des contractants, ses termes peuvent porter sur n’importe quel objet à condition qu’il ne soit pas explicitement interdit par la loi, en l’occurrence dans ce cas précis la loi ne dit rien sur la virginité ou non d’une épouse ce qui rend totalement légal un contrat librement consenti à ce propos. En revanche, l’état actuel de l’évolution des mœurs dans la société française n’accepte pas qu’un homme puisse poser comme condition à son mariage avec une femme sa virginité. Par conséquent, on peut dire que ce cas de figure ne représente aucunement une atteinte à la loi, ou encore moins aux droits fondamentaux de la République, mais aux mœurs et aux normes de conduite majoritairement admises au sein de la société française.
Limitons-nous, alors, à étudier ce problème à travers cet angle d’analyse. De ce fait, la question principale qu’on doit poser est :
Comment une norme de conduite qui valorise la virginité de la femme avant le mariage continue d’exister dans une société où de pareilles visions ont disparu depuis longtemps ? La réponse à cette question nous permettra probablement de proposer des solutions permettant de faire évoluer les mentalités et éviter ce genre de problème dans le futur.
Ces pratiques liées à la virginité de la femme et notamment celle de la cérémonie du drap de la nuit de noces semblent exister parmi le groupe social issu des récentes immigrations, notamment celles des musulmans du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne. Prenons le cas des pays du Maghreb, une simple observation permet de constater que cette cérémonie qui suit la nuit de noces, qui continue paradoxalement d’exister dans certaines zones périphériques des grandes villes françaises, a quasiment disparu dans la majorité des grandes villes du Maghreb où la question de la virginité continue certes d’avoir de l’importance. Mais cette question se limite au couple et se règle souvent avant le mariage. Le problème ne pourrait donc être lié à une mentalité répandue dans les pays d’origine de cette population puisque ces mentalités dans ces mêmes pays d’origine ont connu une évolution, peut-être lente, mais assez réelle pour influencer les comportements des individus dans ces sociétés. Ce qui ne semble pas être le cas des banlieues françaises où l’on continue de reproduire un schéma de comportement qui était répandu dans les pays d’origine au milieu des années 60 et qui ne l’est plus aujourd’hui. La ghettoïsation des populations immigrées dans des zones géographiques précises a transformé ces zones en des environnements fermés et homogènes. Ce qui a rendu difficile l’évolution des mentalités en raison de l’absence d’interaction avec d’autres normes de conduite.
Le changement des mentalités viendrait, probablement, par l’ouverture de ce milieu fermé à d’autres influences ou peut-être par le fait de permettre aux habitants de ces zones une plus grande accessibilité à d’autres environnements sociaux. Car la raison pour laquelle une norme perdure au sein d’un groupe est le fait que tous les individus composant ce groupe
Les réactions violentes stigmatisant les musulmans aura comme résultat plus de repli communautaire et par conséquent un prolongement de la reproduction du même comportement. Il est certain que cette affaire constitue un problème de société qui nécessite une réflexion sereine, profonde et globale. Chose qui ne pourrait être possible qu’après l’accalmie de l’hystérie générale suscitée par cette tempête médiatique.
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