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Accueil du site > Tribune Libre > Théorie de la mimesis générale II

Théorie de la mimesis générale II

La tendance mimétique observée chez l’humain, son panurgisme généralisé peut s'expliquer en concevant l'individu comme un écosystème d’habitudes. Nous l’avons vu dans la première partie, la structure en cycle perception-action fait de l’habitude une machine à reproduire le comportement qui lui correspond, même d’un individu à l’autre. L’habitude n’est plus alors imitation de soi mais imitation tout court. Le caractère général de cette tendance à l’imitation tiendrait au fait que... : (1) toutes les habitudes sont concernées et donc (2) tout individu, en tant que constitué d’habitudes, l’est aussi. Mais on peut se représenter la mimesis comme beaucoup plus générale que cela encore étant donné qu’elle est repérable dans tous les domaines, bien au-delà du psychologique, au point qu’elle semble comme la gravitation : universelle ! En effet, la biologie, la chimie, la physique, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, connaissent une abondance de phénomènes dits d’accrochage de cycles (oscillateurs) c’est-à-dire, très exactement le mécanisme qui engendre l’imitation lorsque deux cycles comportementaux viennent à interagir. Ce constat ouvre sur la perspective d’un être humain en constante dynamique de résonance avec un univers où les cycles de toute nature abondent. On voit ainsi se dessiner une continuité, voire même une unité entre l’un et l’autre. La question reste de savoir où situer ici les autistes...

 

Introduction

Selon les mathématiciens Strogatz & Stewart (1993) [1], ce serait en février 1665 que le physicien hollandais Huygens, étant malade et devant garder la chambre, aurait constaté que deux de ses horloges à balancier, battant côte à côte, avaient une parfaite synchronisation. S’il les perturbait, elles se resynchronisaient en une demi-heure. S’il les éloignait, la synchronisation cessait. Huygens supposa que cette synchronisation provenait de l’échange de vibrations, de l’air, ou du support commun et fut ainsi à l’origine des recherches sur les oscillateurs couplés.

Ce phénomène de synchronisation entre oscillateurs, même s’il est souvent observé dans le domaine physique est loin d’y être cantonné :

« Le monde naturel est plein d’oscillateurs couplés et les plus remarquables sont ceux des êtres vivants : les cellules excitables du cœur, les cellules du pancréas qui sécrètent l’insuline, les neurones du cerveau et de la moelle épinière qui commandent des comportements rythmés tels que la respiration, la course ou la mastication. Parfois même, les oscillateurs sont couplés alors qu’ils ne sont pas dans le même organisme : les criquets stridulent à l’unisson et les groupes de lucioles ont une luminescence synchrone. » (Strogatz & Stewart 1995:114 ; c’est moi qui souligne.)

La synchronisation intra-organisme correspond à tout ce que nous connaissons en tant que coordination entre les différents éléments ou processus qui constituent un individu donné. Elle est, par définition, limitée au sujet concerné.

Par contre, la synchronisation inter-organismes peut atteindre une ampleur à peine concevable, comme par exemple chez les lucioles de Thaïlande (Pteroptyx malaccae) :

« Imaginez un arbre haut de 10 à 12 mètres, au feuillage dense formé de petites feuilles ovales, portant chacune une luciole, toutes les lucioles émettant leurs lumière au rythme de trois éclairs toutes les deux secondes, dans un synchronisme parfait, l’obscurité étant totale entre les éclairs...Imaginez, en bordure de rivière, une ligne ininterrompue d’arbres (de la mangrove), de 200 mètres de long, chaque arbre étant couvert de lucioles qui émettent leur lumière d’une manière synchrone d’un bout à l’autre de cette ligne. Si vous possédez une imagination suffisante, vous pourrez peut-être vous représenter ce spectacle stupéfiant. » (Hugh Smith cité in Buck & Buck 1978:10) [2]

A l’instar des chœurs formés par les animaux (cigales, batraciens), ces « illuminations » sont des synchronisations liées à la reproduction. Celles-ci sont donc particulièrement remarquables puisqu’il s’agit d’attirer le partenaire afin d’amener la rencontre et permettre cette synchronisation par excellence que constitue l’accouplement (cf. 1ère partie).

Il en existe toutefois des plus discrètes. Ainsi, il est bien connu que les femmes vivant en communautés (couvent, prison) ou simplement dans une proximité systématique (travail) tendent à synchroniser leurs cycles menstruels. La même chose peut s’observer chez l’animal.

Au final, il apparaît que les synchronisations animales ou humaines peuvent concerner tous les comportements, même les plus courants. Ainsi, les bancs de poissons, les vols de passereaux, les troupeaux d’herbivores manifestent de splendides synchronisations des comportements locomoteurs.

Sous ce rapport, comme le montrent manifestations, défilés et autres attroupements de rue, les foules humaines ne sont pas en reste. [3] D’autre part, les comportements alimentaires, de fuite, de construction, etc. sont l’occasion de contagion comportementales parfois inattendues.

Par exemple, les insectes constructeurs comme les termites sont dans l’imitation non seulement pour l’activité consistant (a) à fabriquer des boules de terre avec de la salive et (b) à les déposer là où leurs congénères ont déposé les leurs, mais, étrangement, elles peuvent aussi s’imiter pour l’arrêt complet de l’activité, et ce parfois pour de longues heures. De même, une poule rassasiée se remettra à manger en présence de poules affamées alors qu’une poule affamée mangera beaucoup moins lorsqu’elle se trouve mise en présence de poules déjà rassasiées.

Tous ces phénomènes d’entraînement — les horloges qui se calent l’une sur l’autre, les cellules excitables (cœur, cerveau) qui se coordonnent, les lucioles qui flashent de concert, les cigales et les batraciens qui forment des chœurs, les groupes animaux et humains qui s’adonnent au même moment et au même lieu à la même activité — sont chacun bien différents les uns des autres. Nous pourrions être tentés de les distinguer pour ne les traiter que dans leurs domaines respectifs, sans chercher à les rapprocher.

Mais l’unité du phénomène serait alors perdue et c’est pourtant cela le plus important. Car la science bien comprise ne consiste pas à réaliser des collections de cas singuliers comme on herborise, elle consiste à dégager des invariants, ce qui fera loi. Comme disait l’autre, « il n’est de science que du général ». Or, ici, ce qui est absolument général, l’invariant majeur, c’est la présence d’oscillateurs ou de cycles présentant toujours la même dynamique : celle de l’accrochage (ou du couplage), c’est-à-dire, celle d’une convergence systématique vers la même fréquence, la même phase et parfois aussi, la même intensité.

C’est cela que précisément Steven Strogatz a étudié en long et en large dans ses travaux, présentés dans le livre « Sync  ». Il les évoque aussi, mais trop rapidement, dans une petite conférence TED extrêmement intéressante, ne serait-ce que par les questions qu’elle pose.

Avec Strogatz nous comprenons que les cycles tendent autant qu’ils le peuvent à s’accrocher. Or, des cycles, il n’y a que ça autour de nous... :

 Des orbites des planètes à celles des électrons, des ondes sonores lumineuses, électromagnétiques ou quantiques aux grands cycles écologiques, des ouragans et autres tornades aux tourbillons dans la baignoire ou sur le bord des cours d’eau, de la croissance des cristaux aux vagues qui viennent continuellement s’échouer sur le rivage, il n’y a que cela dans l’inanimé [mais aussi dans le vivant] : de la reproduction et donc des cycles, où que nous portions le regard. (cf. 4)

L’accrochage de cycle est donc forcément un processus omniprésent. Cela vaut en particulier pour l’humain qui, en tant qu’écosystème de cycles perception-action, se trouve constamment pris dans des dynamiques (internes) de coordination et (externes) d’imitation. Nous avons donc toutes raisons d’essayer de mieux comprendre la logique sous-jacente, celle, précisément, de l’accrochage.

Le mécanisme de la résonance

Pour ce faire, revenons à l’exemple des réactions circulaires de cri de bébé qui s’imitent réciproquement. On peut les considérer comme deux oscillateurs qui se couplent ou s’accrochent exactement comme le feraient des criquets, des cigales ou des lucioles. Sa mécanique est extrêmement simple : le cri d’un bébé, lorsqu’il est perçu et donc reconnu ou assimilé par un autre bébé, active chez ce dernier la même réaction circulaire de cri en vertu du lien idéomoteur qui relie la perception à l’action. Tout part donc de cette phase d’assimilation au cours de laquelle le bébé imitateur reconnaît l’autre (ou son produit, le cri) comme semblable à lui-même (ou à ce qu’il a l’habitude de produire). La meilleure preuve de cela c’est qu’un bébé sera davantage porté à imiter le cri entendu lorsque ce dernier est... un enregistrement de sa propre voix ! (cf. Simner 1971). L’assimilation est alors optimale et, par conséquent, l’imitation devient maximale.

Aussi étrange que cela puisse paraître, la même observation peut être faite pour les accrochages dans le monde physique : nous allons voir qu’ils s’accomplissent via un processus d’assimilation, de correspondance entre formes qui n’a, en définitive rien de mystérieux lorsque considéré au niveau physique puisque le mécanisme clé / serrure en constitue alors un exemple bien connu. L’ajustement, c’est-à-dire, la similitude entre la forme de la clé et la forme en creux de la serrure constitue en effet un véritable « pattern matching ». Nous avons juste à imaginer que des mises en correspondance ou des assimilations de même nature s’opèrent lorsque des oscillateurs se couplent.

C’est particulièrement évident lorsqu’on considère, par exemple, deux montres mécaniques placées à proximité l’une de l’autre comme les horloges de Huygens. Il est parfaitement établi qu’elles s’accrocheront d’autant plus facilement qu’elles seront... du même modèle, c’est-à-dire, semblables. Cela peut se comprendre en partant du fait que le son produit par une montre varie d’un modèle à l’autre. Les vibrations (le son) émises par une montre sont en effet intimement liées à sa structure car elles correspondent à la dynamique du mouvement comme aux résonances que cette dernière suscite. Si, en se propageant ces vibrations correspondant à la structure atteignent une montre présentant la même structure, elles présenteront un format idéal pour entre en interaction avec elle. Cette seconde montre étant elle-même émettrice de vibrations semblables, elle activera pareillement la première montre, et toutes deux se retrouveront rapidement couplées, battant alors une mesure temporelle commune de manière bien plus stable que si elles étaient restées indépendantes.

Ceux qui ont tâté d’une guitare ou de tout instrument à cordes connaissent bien ce phénomène de résonance entre des cordes jouant la même note : l’une vient stimuler l’autre et même si celle-ci était complètement immobile, elle se mettra à vibrer. Cela vaut non seulement pour la note mais pour toutes ses harmoniques et c’est pour cela que ces instruments ont généralement des caisses de résonance car ce sont elles qui font la couleur du son et le timbre de l’instrument.

La résonance (autre nom de l’accrochage d’oscillateurs) opèrerait donc un processus proprement physique de reconnaissance : les oscillateurs qui s’accrochent se reconnaissent en quelque sorte comme semblables, ils s’assimilent réciproquement. Il s’agirait donc d’une assimilation au sens propre, c’est-à-dire, une reconnaissance de forme ou plus exactement une reconnaissance de même forme, ce que l’anglais « pattern matching » dit très bien.

L'assimilation

Découvrir qu’un processus cognitif, l’assimilation, se trouve réalisé au niveau physique est déjà en soi une surprise de taille. Mais on ne peut en prendre pleinement la mesure qu’à la condition de savoir que faire correspondre deux formes, percevoir leur similitude, leur « mêmeté », constitue non un aspect mineur mais la base et même l’essence de tout processus cognitif.

C’est pour cette raison que les tests psychométriques qui cherchent à évaluer l’intelligence pure (le facteur g) le font par la mise en correspondance de formes. La tâche consiste invariablement à percevoir les similitudes exactement comme le fait un bébé qui emboîte des formes sur leurs plots correspondants.

Pour cela il faut, bien sûr, gérer les différences, mais toujours dans l’objectif de dégager ce qui est semblable. A ma connaissance, aucun test psychométrique ne s’appuie sur la recherche des différences. Le jeu des 7 erreurs qu’on trouve dans les magazines est juste un jeu d’attention destiné à faire passer le temps, il ne nécessite aucune intelligence particulière autre que celle consistant à rechercher « le même » et à sursauter quand tout à coup, il fait défaut. La différence n’est que ce qui trouble la recherche du même.

Il apparaît ainsi que « le saint des saints » des processus mentaux, cette cognition essentielle qu’est l’assimilation, s’enracinerait dans une dynamique physique d’une absolue banalité, la résonance.

Je comprends qu’une telle perspective puisse laisser perplexe. Car si nous avons tous une connaissance élémentaire de la résonance, qui connaît l’assimilation ? Qui, jusqu’à présent, vous a parlé d’assimilation ? Mis à part les enseignants ayant connu l’Ecole Normale ou les premières années des IUFM, qui connaît à présent Piaget, ce psychologue suisse — fameux durant un demi-siècle, des années 30 aux années 80 — après que la révolution paradigmatique cognitiviste se soit empressée de l’oublier, un peu comme des souris enterre le chat pour mieux danser ?

Au demeurant ce reniement est assez compréhensible car, dans le champ cognitif, l’assimilation est omniprésente et dès lors, impossible pour un chercheur d’apparaître original s’il doit constamment y faire référence. C’est ainsi que la science avance : elle tue le père, l’enterre et, dès lors, même en revenant sur les lieux du crime, elle semble faire œuvre originale.

Mais laissons les morts enterrer les morts et essayons simplement de toucher du doigt la généralité de l’assimilation qui se déduit de la généralité des cycles et donc de celle de leur processus d’interaction par accrochage ou couplage.

Ceci ne présente guère de difficulté pour la bonne raison que nous effectuons une assimilation à chaque fois que nous percevons quelque chose et que cela est aisé à comprendre : par exemple, le bébé qui dit « ouah ouah » quand il voit un chien (ou, au début, tout animal à quatre pattes) reconnaît la forme en vue comme semblable à la forme qu’il a en mémoire et qu’il a appris à désigner comme « ouah ouah ». Cette perception peut être pertinente, imprécise ou carrément fausse, peu importe, l’important est de voir qu’elle est basée sur une assimilation, c’est-à-dire, la mise en correspondance d’une forme en mémoire et d’une forme perçue.

Nous adultes faisons de même pour chacune de nos perceptions, quelles qu’elles soient ; et comme à l’état de veille nous sommes dans un constant flux sensoriel, nous sommes constamment en train d’assimiler. CQFD.

Le symbolique comme "ressemblement"

Nous assimilons d’autant plus que cet acte même consistant à reconnaître un objet dans le monde s’accomplit dans un contexte social, à proximité de semblables qui nous donne le modèle de l’acte en question et que nous imitons, après avoir les avoir assimilés.

Ainsi, le bébé qui voit un quadrupède et le désigne comme « ouah ouah » assimile...

(a) l’animal perçu aux diverses représentations dont il dispose en mémoire,

(b) mais il s’assimile aussi lui-même aux personnes qu’il a vues et entendues utiliser le symbole « ouah ouah » pour désigner la même chose.

En clair, notre connaissance du monde est basée sur une reconnaissance du monde, c’est-à-dire, une assimilation des formes qui le peuple. Mais cette assimilation n’intervient pas dans un splendide isolement, elle s’accomplit dans le contexte d’une appartenance à la communauté des hommes, nos semblables, que nous assimilons constamment, que nous imitons constamment, en particulier, dans cette activité consistant à catégoriser (assimiler) les objets du monde en les nommant, c’est-à-dire, en les associant à un symbole.

Ce dernier — par l’accord qu’il entretient au sein de la communauté lorsqu’il est utilisé à l’occasion d’une désignation de (et donc d’une attention conjointe sur) l’entité qui lui correspond — contribuera à souder ladite communauté en lui rappelant à chaque occasion son uniformité, son unanimité, son unité pour porter le même regard sur le monde (l’assimiler pareillement, en le catégorisant, donc le nommant pareillement). Autrement dit, le symbole construit le rassemblement de ceux qui se ressemblent.

C’est d’autant plus vrai que la notion de symbole — l’alpha et l’oméga de nos processus de langage et de pensée verbale [4] — renvoie historiquement à l’assimilation rudimentaire mais très efficace qui se réalise entre les deux parties d’une même pierre que l’on aura préalablement brisée. Par ce procédé, deux personnes étrangères pouvaient se reconnaître (comme semblables, du même bord, etc.) simplement en vérifiant que les deux faces de la pierre brisée s’ajustaient parfaitement. La pierre en question était le symbole de leur unité.

Ce ressemblement (sic) que permet le symbole nous ramène vers ce qui — étant encore une fois basé sur l’assimilation — se trouve au cœur du phénomène humain, à savoir, la dynamique des groupes, la dynamique des rassemblements, avec ses deux versants : l’inclusion et l’exclusion.

En être ou ne pas en être, telle est la question !

Dynamique des groupes

Elle a longtemps constitué un enjeu vital pour les hommes car on peut imaginer que la survie de l’individu dépendait complètement de son appartenance au groupe, le bannissement ayant longtemps signifié isolement, déchéance et mort.

Nos conditions de vie ont considérablement changé mais le sentiment d’appartenance continue d’être extrêmement important pour la plupart d’entre nous et contribue grandement à notre identité, à notre sécurité psychologique et donc, à ce qui fait le bonheur de vivre.

D’où notre hantise du rejet, de la mise au ban, de la stigmatisation.

Nous pouvons craindre cela d’autant plus que nous savons confusément que, consciemment ou non, nous ne cessons d’assimiler les êtres à nos catégories et, ce faisant, nous nous demandons toujours si telle personne fait partie de notre groupe d’appartenance, si elle « en est » ou « n’en est pas », c’est-à-dire, est-elle des nôtres ou nous est-elle étrangère ?

Sans même y penser tellement la chose est automatisée en nous, nous calculons et recalculons à tout instant le degré de proximité, donc de similitude que nous partageons avec la personne rencontrée. Nous sommes ainsi parfois amenés à penser dans des cas extrêmes que nous avons affaire à un « fou » ou à un « martien » ou je ne sais quoi, mais en tout cas, pas un être humain « normal ».

Songeons qu’il n’y a pas si longtemps, dans les écoles anglaises, on distinguait entre les nobles et ceux qui sont « sans noblesse », ce qui en latin se dit sine nobilitate et s’écrit en abrégé « s. nob. ». Les « sans noblesse » sont devenus des snobs parce qu’ils désiraient la noblesse. Cela, justement, parce qu’on la leur refusait. Ainsi qu’il est bien connu, ils se comportaient comme s’ils étaient nobles, ils s’assimilaient à la classe supérieure et en adoptaient les manières : ils l’imitaient.

Cette dynamique qui pousse les humains à se situer dans des groupes, à former des as-semblées de semblables de sorte que ceux qui ne respectent pas la langue, les coutumes, les valeurs sont exclus, est d’une absolue généralité. Elle constitue un chapitre essentiel de la psychologie sociale.

Mais elle n’est pas, loin s’en faut, le propre de l’homme. L’esprit de corps vient de l’esprit de meute. L’animal est lui aussi concerné par cette dynamique assimilatrice du « qui se ressemble s’assemble ».

Système spécifique de reconnaissance du semblable

Il l’est, bien sûr, pour les espèces sociales dont les membres doivent être capables de reconnaître, d’entrer en relation et, éventuellement de s’attacher à tel ou tel autre membre.

Mais même pour les espèces non sociales, il sera généralement vrai que les parents et leur nouveau-né doivent pouvoir se reconnaître réciproquement, entrer en relation et s’attacher les uns aux autres.

Enfin, qu’une espèce soit sociale ou non, peu importe, le moment vient toujours de la reproduction qui oblige à rechercher puis reconnaître un(e) partenaire sexuel, c’est-à-dire, un semblable, de sorte que là encore l’assimilation constitue la phase cardinale de ce cycle majuscule qu’est le cycle de la vie !

Ainsi, dans l’environnement social que forme l’espèce, l’assimilation apparaît indiscutablement vitale tant nous nous développons et vivons en lien et en dépendance avec les autres, ne serait-ce que pour la reproduction. Nous comprenons en fait que toute interaction sociale nécessite une assimilation préalable. C’est pourquoi j’ai proposé de considérer l’assimilation comme le fait social élémentaire , notion autour de laquelle Tarde et Durkheim connurent une dispute fameuse.

Parvenu à ce point il est intéressant d’observer qu’un paléontologue sud-africain a proposé, en quelque sorte, une définition paléontologique de l’espèce basée sur un mécanisme assimilateur qu’il a baptisé « Système Spécifique de Reconnaissance du Semblable » (Specific Mate Recognition System). S’opposant à la définition biologique basée sur l’idée d’une barrière génétique s’installant entre les espèces à force d’isolement des pools génétiques, il propose de considérer que le principal processus de formation des espèces s’accomplit au travers de l’effort des membres de l’espèce pour reconnaître [5] le meilleur semblable possible et en faire son partenaire sexuel.

Autrement dit, les espèces biologiques seraient elles aussi des « ressemblements », c’est-à-dire, des rassemblements d’individus se reconnaissant comme semblables pour s’accoupler et procréer des toujours plus semblables et, partant, plus éloignés des ... autres, les différents.

Cette hypothèse est d’autant plus séduisante que Darwin avait fortement insisté sur l’importance de la sélection sexuelle qui peut seule expliquer l’ampleur que peuvent prendre les caractères sexuels secondaires dans certaines espèces (cf. les ramures des cervidés, la queue du Paon, etc. qui sont des caractères désavantageux pour la survie de l’individu mais tellement avantageux pour sa reproduction !).

Quoi qu’il en soit, il suffit que nous accordions à cette hypothèse une simple plausibilité pour comprendre la signification qu’elle peut revêtir concernant la question de l’autisme.

Et l'autisme dans tout ça ?

En effet, ne débouche-t-on pas immédiatement sur celle-ci dès qu’on se demande ce qui se passerait pour un animal ou un humain qui serait incapable de reconnaître ses congénères comme des semblables, qui serait donc incapable de se les assimiler ?

Il y a là une évidence : il suffit de postuler une incapacité ou seulement une déficience sous le rapport de l’assimilation pour ouvrir une perspective qui, nous le verrons, embrasse tout le tableau de l’autisme sans exception.

Pour le moment, contentons-nous d’observer que celui qui ne peut s’assimiler l’autre ne peut le prendre pour modèle, il ne peut donc l’imiter. Le déficit mimétique constitue, de fait, une des premières (et plus anciennement observées) caractéristiques de l’autisme. Nous examinerons les autres, qui ne sont pas forcément des déficiences, dans la série d’articles à venir, au fur et à mesure que nous passerons en revue les capacités mentales basées sur l’assimilation.

 

Au terme de ce parcours, il me semble que le lecteur commence à comprendre pourquoi j’ai pu trouver tellement révélateur le rêve rapporté par Donna Williams dans son beau livre « Si on me touche, je n’existe plus » :

« Je me rappelle mon premier rêve — ou du moins, c’est le premier dont je me rappelle. Je me déplaçais dans du blanc, sans aucun objet, juste du blanc. Des points lumineux de couleur duveteuse m’entouraient de toute part. Je passais à travers eux et ils passaient à travers moi. C’était le genre de choses qui me faisaient rire. Ce rêve est venu avant tous les autres où il y avait de la merde, des gens ou des monstres et certainement bien avant que je remarque la différence entre les trois. » (p. 3) (tr. auct.) C'est moi qui souligne

Comme elle le dit si bien, elle ne faisait pas la différence entre la merde, les gens et les monstres. Ceci veut dire qu’elle ne s’assimilait pas aux gens car elle les aurait alors distingués de la merde et des monstres.

A qui, à quoi s’assimilait-elle alors ? J’ai eu l’intuition que c’était à ces points lumineux de couleur duveteuse. Ils devaient être sa famille.

Ce qui m’y a fait penser c’est que sur la photo ci-dessus que Donna Williams a mis sur son site, ils semblent la suivre un peu comme les oies de Konrad Lorenz suivaient ce dernier après qu’il se soit fait passer pour leur mère au travers du fameux mécanisme de l’empreinte.

Quelle n’a pas été ma surprise lorsqu’après avoir confirmé cette hypothèse « familiale », elle a précisé que les points de couleurs ne la suivaient pas et que c’est elle qui les suivait et qui, donc, se laissait « entraîner » — ce qui vérifie encore l’enchaînement assimilation à imitation.

Je n’ai pas osé le demander mais je pense que ces points de couleurs sont restés sa famille ; disons, une famille à laquelle elle est restée attachée. Car, bien sûr, les affects sont liés à l’assimilation. Mais il n’est pas encore temps d’y venir.

 



[1] Publié par la revue Pour la Science en 1994 (n°196, p. 40-46) sous le titre « Oscillateurs couplés et synchronisation biologique », cet article a été ensuite « réchauffé » en 2004 et se trouve à présent disponible ici sous le titre « Synchronisation, rythmes et allures »

[2] Un minuscule exemple de lucioles flashant de manière synchrone est visible ici

[3] L’incident lors de l’inauguration du pont du Millenium de Londres donne un exemple saisissant de coordination locomotrice et illustre le pouvoir des humains lorsqu’ils avancent à l’unisson : ils sont capables de faire bouger les choses J !!! Strogatz aborde ce sujet dans la petite conférence TED déjà mentionnée.

[4] Etant donné que la cognition est encore principalement (et malheureusement) conçue comme traitement symbolique.

[5] D’où le nom de cette théorie connue à présent comme « recognition concept of species »

 


Moyenne des avis sur cet article :  4.38/5   (13 votes)




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103 réactions à cet article    


  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 10:21

    Précision : l’image de l’entête est de l’artiste Alexander Lauterwasser et je l’ai trouvée sur le site Sacred Geometry.


    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 10:35

      Précision 2 : j’ai oublié le lien vers la première partie de l’article. Elle se trouve ici.


      • Loup Rebel Loup Rebel 1er mars 2013 11:49

        Bonjour Luc Laurent,

        Je vais relire entre « les lignes » l’article, mais ma première réaction serait que « tout est dit ».

        Les références proposées complètent à souhait votre thèse, avec Piaget, Lorenz, le rêve rapporté par Donna Williams, la dispute entre Tarde et Durkheim à propos du fait social élémentaire que constitue l’assimilation, et plein d’autres.

        Je reviendrais si me vient à commenter sur un point ou un autre.

        À bientôt


        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 14:17

          Merci pour ce « tout est dit » que je comprends comme traduisant une cohérence d’ensemble.

          Car pour le reste, comme je l’annonce, il me reste une infinité de sujets à traiter et même dans cet article j’ai sabré une multitude de thèmes qui venaient comme par enchantement.

          Il n’y rien là de trop surprenant dès lors que j’entends enraciner toute la psychologie dans cette organisation en cycle perception-action smiley


        • joelim joelim 1er mars 2013 13:15

          Il serait judicieux de considérer le problème de l’organisation des sociétés selon une lecture de « résonance harmonique ». 


          L’égoïsme, la vénalité sont inharmoniques car luttant contre l’établissement d’un son harmonieux, caractérisant des buts communs librement consentis dans lesquels les buts individuels s’insèrent. 

          Et non le contraire comme dans l’oligarchie occidentale actuelle.

          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 14:23

            Je suis a priori tout à fait disposé à ces lectures métaphoriques car je pense qu’elles ne sont pas seulement métaphoriques.

            La dynamique de résonance, c’est à tous les étages et l’économie et la finance n’y font pas exception.

            Maintenant l’harmonie venant des buts communs librement consentis, j’y crois, puisque c’est la démocratie, la vraie, celle des Grecs, pas la nôtre qui n’est qu’une aristocratie élective (cf. Etienne Chouard sur Youtube).

            Le problème est que comme la fanfare sur le Titanic, la puissance des néons de la finance internationale est capable de nous faire clignoter à leur rythme, comme des lucioles asservies et nous pouvons penser être en harmonie avec le monde alors qu’il est en train de couler.

            Bref, la synchronisation, ou l’imitation, c’est pour le meilleur ou pour le pire, suivant le modèle qu’on prend smiley


          • herbe herbe 1er mars 2013 22:28

            Auteur, « du croire qu’on est...alors que nous coulons... » m’a fait repenser à cette pub :


            Effrayant en effet si on extrapole à une autre échelle...et surtout comment accomplir la prouesse de retrouver la vue...de sortir de cette espèce d’hypnose...
            Peut-être une intervention extérieure de type miracle comme la fameuse histoire du chemin de Damas...

          • herbe herbe 1er mars 2013 22:37

            Au fait il est intéressant de noter que syntoniser s’utilise en électronique et en psychologie !


          • Shawford42 1er mars 2013 13:18

            Bonjour Luc Laurent,


            j’avoue avoir manqué les nombreuses épisodes préparatoires à cet article et je suis donc remonté dans le temps pour essayer de me faire un point de vue plus général.

            Comme le dit juste avant judicieusement Loup Rebel, tout est dit ici, je rajouterai à mon aune surtout que cet article présent est une magnifique synthèse de ce qui l’a précédé et surtout sa clarté didactique formidable s’explique et se lit d’autant mieux qu’elle est le fruit d’un processus antérieur de consolidation de grande ampleur.

            Cette théorie m’amène par delà à des réflexions diverses mais je crois quelque part complémentaires.

            Ceci donne à penser qu’en partant de ce champs d’étude psychologique et à proprement parlé donc « anthropo-centré », on est vraiment frappé par combien ces conclusions se veulent éclairantes pour de nombreux autres domaines d’étude tout autant que dans la façon même d’aborder ces autres thèmes.
            En effet cette résonance, cette assimilation et cette dynamique amenant vers une théorie synthètique de la psychologique semble tout droit trouver ses pendants dans le domaine de la physique, des mathématiques, de la psychologie.

            A tout le moins cette description du phénomène de l’assimilation et de la résonance, dès lors même qu’elle englobe aussi bien les organismes vivants que les corps dits inertes, devrait interroger des chercheurs de toutes les disciplines sus décrites à prendre appui sur les raisonnements présents.

            Et alors même que tout ceci doit renvoyer à des notions et savoirs tout ce qu’il y a de plus élémentaire et académique dans votre propre champs d’étude, la psychologique, on en vient à se dire que des spécialistes d’autres domaines, mêmes se voulant interdisciplinaires comme Bernard Dugué si on prend un d’entre eux qui publie dans cette agora, auraient vraiment tout intérêt à prendre connaissance de ces recherches pour voir leurs propres travaux sous un nouveau jour.

            Ceci de part le fait qu’il y a je suis sûr moyen de faire un rapprochement des plus profitables entre leur terrain d’étude (en particulier lorsqu’il s’agit de trouver une théorie unificatrice) et la façon même de mener leur travaux en fonction de leur psyché tout autant que de l’écosystème dans lequel elle progresse.

            Il y a d’autres éléments frappants et éclairants applicables à la marche même d’une assemblée « de cerveaux » évoluant sur un même espace de discussion telle que peut être cette agora, j’essaierai d’y revenir dans un autre commentaire.

            • Shawford42 1er mars 2013 13:40

              Oups trouver ses pendants dans le domaine de la physique, des mathématiques, de la biologie et non plus seulement de la psychologie


            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 14:37

              Merci pour ce commentaire « synthétique » qui me réjouit car il exprime bien cette représentation globale et interdisciplinaire que je m’efforce de faire passer.

              J’ai le sentiment d’avoir été très bien compris et ça fait toujours plaisir.

              Je crois comme vous que tout chercheur disposé à l’interdisciplinarité pourrait trouver ici matière à réflexion mais, car il y a un mais, encore faut-il qu’il n’ait pas lui-même « des savonnettes à vendre » pour reprendre une expression entendue dans une école d’été du CNRS il y a déjà quelques bonnes années.

              Car comme dit l’expression, il n’est pire sourd qui ne veut entendre.

              C’est pourquoi j’aime à écrire ici sur Agoravox car je pense que « l’honnête homme », tout citoyen lambda qu’il est, est un bien meilleur interlocuteur au final que le scientifique qui (1) n’a pas le temps de lire (2) ne lis donc que ce qui est à la mode, les courants de référence (3) fera tout pour mal lire si cela lui permet de sauver son fond de commerce et son estime de soi.

              Ainsi va le monde, il faut être sans illusion.

              Maintenant concernant Bernard Dugué, je pense qu’il fait du Dugué comme je fais du Salvador (on m’a dit ça un jour) et probablement ne nous rencontrerons nous que le jour où j’aborderai les hypothèses de la physique quantique concernant la conscience.

              La chose m’intéresse, donc je compte bien y venir.


            • Shawford42 1er mars 2013 15:59

              C’est tout aussi plaisant de prendre le temps d’écrire un commentaire chez vous, car on sait que l’interaction avec l’auteur sera au rendez vous (suivez ou ne suivez pas mon regard sur qui n’aurait pas cette attitude d’auteur commentateur vertueux dans l’agora smiley )


              Je voulais ainsi suivre une autre piste de réflexion, que je souhaitais mener à la seule lecture de l’article, mais qui se voit renforcée à la suite de votre commentaire ici présent.

              Vous parlez en effet des vertus d’Agoravox qui est un laboratoire effectivement vraiment adéquat en vue de cette quête « adaptative » et « discursive ».

              Vous dîtes notamment qu’on rencontre ici des citoyens lambda, et pas des scientifiques.

              Je dirai pour ma part que dans Agoravox, des scientifiques il y en a (que je sache vous êtes ici en plein dans le prolongement de vos travaux académiques), des citoyens qui se veulent lamda il y en a aussi.

               En fait il y a de tout ici, ce qui en fait la particularité c’est le décloisonnement permanent, et in fine le fait que chacun puisse y être remis à sa place de citoyen lambda quelque soient ses distinctions et vertus supposées ou bien étalées au grand jour. Un Dupont Aignan sera ainsi soumis exactement au même traitement que tout autre auteur commentateur lambda.

              C’est je crois une des vertus cardinales de cet espace dont les nombreux détracteurs n’arriveront jamais à épuiser les mérites.

              Par delà je souhaiterai mettre en exergue quelques points comme autant de réflexions ébauchées ou qui ont trouvé prolongement sous d’autres fils, ou dans le cas d’Alinea ont carrément suscité l’écriture d’article en réponse.

              Je partirai de ce dernier cas, et si j’ai bien compris sa démarche à partir de votre article précédent, Alinea découvrant cette logique de mimétisme en quelque sorte « déterministe » a écrit sur sa façon de considérer son apprentissage de la vie pour mener à bien l’idée, en vue d’aboutir à un forme d’intelligence collective, de trouver une sorte d’inter-imitation, ou malléabilité interpersonnelle.

              Or pour y parvenir, il faut déjà arriver à se bien projeter dans l’arène en intégrant la problématique du JE , de cet égo dont on est toujours affublé et qui détermine avant tout notre positionnement aux autres.
              Un article d’hier, « Je a la vie dure » a permis je crois des commentaires très intéressants sur la difficulté de la démarche dès lors même que tous les échanges vont êtres inféodés à l’expression de ce JE dominateur vis à vis de soi tout autant que vis à vis des autres. 

              En fait et pour raccrocher les wagons avec l’article présent, alors même que tout participe d’une mise en résonance des différents contributeurs qui se succèdent ou cohabitent sur le même espace de discussion au fil du temps, on a plutôt l’impression au contraire d’une forme d’autisme.
              Je m’explique, alors même qu’au fil du temps se dégagent des contradictions ressassées entre intervenants, que l’espace en lui même ne semble dégager aucune ligne directrice ni action découchant sur quoi que ce soit de concret en dehors de ce qui se dit sur la seule agora, il y a par contre bel et bien une forme d’addiction à la participation à ces débats. 

              Elle provient je crois d’une forme d’assimilation dans la façon même d’appréhender les débats, et qui consiste dans la génération de formes de synchronismes. 

              Ainsi sur tel sujet vont apparaître des intervenants habituels, qui vont immanquablement ressortir les mêmes arguments et s’écharper ou se conforter dans leurs points de vue, ça c’est classique.

              Mais tout aussi immanquablement ces accrochages/alliances vont se répercuter sous d’autres fils, avec les mêmes ou avec de nouveaux s’y agglomérant, ou même surtout avec d’autres intervenants qui vont rebondir sur d’autres sujets pour mettre en lumière au final des problématiques plus transversales.
              Ou encore hors de tout sujet pratique, vont remettre sur la table des problématiques relevant uniquement des querelles égotiques (avec le plus souvent à l’appui des accusations d’utilisation de pseudos multiples).

              In fine le phénomène vraiment singulier qui s’en dégage est que vous allez retrouver des intervenants aux profils a priori complètement dissemblables, ne partageant aucun centre d’intérêt commun et non présupposés appartenir à la même frange idéologique ou socio culturelle, qui vont s’entendre en ce qui concerne les mérites à attribuer ou non à tel type d’intervenant avec lesquels ils seront de façon transversale en conflit direct ou complète symbiose/osmose.

              L’intérêt de ce phénomène peut trouver un prolongement extrêmement utile.


              Si on prend en effet un article du jour, d’Hervé hum intitulé Une idée réolutionnaire, celui ci écrit sur la nécessité de plus en plus souvent développée, de création d’une assemblée constituante pour essayer de redonner un nouveau souffle à notre système politique.

              Or je lui ai objecté que quand bien même ce serait solution pour sortir de l’impasse, il ne suffit d’énumérer les vertus d’une telle démarche.

              Il faut surtout se pencher sur comment garantir un débat pluraliste et non vicié, que tout le problème se situe à ce niveau, avec l’impossibilité de créer et alimenter un débat non vicié au vu de la sclérose manifeste au sein même de la population, et vis à vis de la façon même de mener et qualifier les débats.

              Et bien en fait, la façon dont l’agora ici évolue, et la mise en oeuvre de mécanismes d’assimilation et de reconnaissance par mimétisme, avec des synchronismes capables d’annihiler les clivages fondamentaux, est peut être bel et bien une des seules voies viables pour éclairer le débat et trouver des débouchés concrets face à la sclérose du débat public.

              A l’appui les égos conscients de leurs limites individuelles se devraient de prendre à bras le corps cette problématique pour faire avancer les choses en trouvant au sein même de l’agora les formes propices à contrecarrer les mécanismes destructeurs et inhibiteurs en usage.

              Sauf que jusqu’ici cela apparaît aux yeux de presque tous comme la dernière roue du carrosse, alors que c’est exactement le contraire.

            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 05:57

              Merci pour cette très intéressante réflexion.

              Je pense qu’Agoravox le vaut bien ! Je compte bien faire un article (il faudrait que je fasse la liste de mes projets d’articles quelque part sinon je vais m’y perdre) sur Agoravox tel que je le vois dans le contexte de mon projet de psychologie synthétique.

              Il est clair que le communication, le débat et les jeux d’égos qui s’y livrent sont une belle matière à penser les processus d’assimilation et d’imitation en même temps que ce qui s’y oppose, à savoir, ce qui fait l’incommunication, l’autisme dont vous parlez.

              Ce que je me demande, c’est qu’appelez-vous un débat vicié ? En général cela arrive quand il y a des enjeux de pouvoir et que la présence des puissants interdit la parole. Mais ici sur Agoravox il n’y a pas de puissants. Comme vous le disiez, NDA est traité comme tout un chacun même si on aime bien voir des grosses pointures s’installer dans l’agora.

              La dynamique des échanges sur Agoravox est ce qu’elle est, humaine, trop humaine et c’est pour ça qu’on l’aime. Des trolls, des autistes, des prétentieux, des chipoteurs, mais aussi des chercheurs de vérité, tout s’y trouve, et c’est ça qui fait le plaisir de l’auteur. Il va forcément trouver un public, serait-il confidentiel.

              Un aparté sur la démocratie. Je n’ai pas lu l’article « une idée révolutionnaire » mais je suis assez impliqué dans la problématique du renouveau démocratique. J’y participe comme je peux mais je reste dubitatif sur sa capacité à atteindre ses objectifs vu les forces qui font face.

              Ma conviction est que nous n’avons jamais été en démocratie et que nous ne faisons que nous en éloigner depuis 1945. Le monde a été mis en esclavage par les banques centrales et la finance internationale. Tant que cela ne sera pas réglé, il n’y aura pas de démocratie qui vaille.
              La chose intéressante ici est que cette vision trouve à s’appuyer sur la logique du cycle que je mets en avant. Cellle-ci en effet permet de penser la construction (sociale, mimétique) de la réalité. Et c’est exactement le même type de dynamique que l’on peut discerner derrière l’invention de la monnaie, l’argent, qui, comme chacun sait, fait tourner le monde.

              Mais là encore c’est une autre histoire smiley


            • Shawford42 2 mars 2013 11:55

              Je parlais de débat vicié en relation avec l’idée de Constituante proposée par Hervé Hum dans son article, et à votre instar je l’oppose effectivement à ce qui se passe sur Agoravox où il n’est pas possible ici de circonvenir les intervenants pour les disqualifier (à tout le moins dans une dynamique où le débatteur ne peut recourir à aucun argument d’autorité).


              Pour les chercheurs de vérité ils ont moyen de trouver leur public comme vous le dites aussi, avec la nécessaire présence à l’esprit que celui ci restera au demeurant le plus souvent confidentiel.

              Dès lors même vouloir prétendre apporter des solutions pour le système dans son ensemble, en prétendant y associer l’ensemble du corps social est une quête a priori vaine sur cette agora et sur le net en général, sauf à trouver en amont des moyens d’organisation et d’expression permettant de regrouper des individus dont la plus part des intérêts sont a priori inconciliables, mais tout au moins conscients de l’impasse manifeste dans la façon de construire et qualifier un dialogue social.

              Cette prise de conscience est le minima pour s’entendre sur une marche à suivre, hors de toute appartenance partisane.

              Le chantier est en fait tout aussi vaste que changer l’ensemble, mais au moins cela se passe au niveau de la responsabilité individuelle de chacun et en tenant compte de la propre incomplétude ou des tares de chacun, sans béquille ni attente d’un gourou qui ne viendra pas, sauf pour donner les moyens au système de circonvenir un quelconque mouvement et ainsi être à même de l’annihiler.



            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 mars 2013 09:10

              Je pense être au moins aussi pessimiste que vous l’êtes.

              Malgré tout je crois à l’utilité d’intervenir sur l’agora et d’échanger car rien ne se fera sans prise de conscience.

              Il n’est point besoin d’espérer un quelconque succès (sous le rapport de la mobilisation des masses) pour entreprendre cette mobilisation.

              Nous savons pas de quelle manière tout cela pourra avoir son utilité, mais je suis convaincu que cela en aura une.

              Je suis constructiviste, j’utilise donc la notion de vérité avec beaucoup de réserves, mais je suis convaincu que l’agora, le débat public et donc Agoravox est un très bon endroit pour approcher « la vérité » pour autant qu’on ait des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.

              bref, mon sentiment et que l’on doit faire ce qu’on peut car comme disait ma bonne grand-mère « quand on fait ce qu’on peut, on fait ce qu’on doit ».


            • Shawford42 28 juin 2013 14:22

              Bonjour Luc-Laurent


              j’en étais resté de ma participation à AV à ce dernier échange de commentaire. J’y reviens au débotté.

              Pour aller dans le prolongement de votre lucide constat, le moins que l’on puisse dire est que la parole et de noirs desseins se manifestent dernièrement de façon malheureusement éclatante ces derniers temps sur l’agora : une vraie tornade « phalangesque » : peut être bien en fait qu’il y a de dures vérités qui doivent pouvoir se libérer et être dites avant d’en arriver au clash complet et irréversible, peut être même que ces trompettes de Jericho citoyennes en culotte courte et marinières assortie sont salutaires (les paroles libérées faisant quand même moins de morts effectifs sur le carreau) >>> acceptons en en tout cas l’augure puisque de toute façon la soupe indigeste qui se répand partout ne nous laisse d’autre alternative.

            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 28 juin 2013 15:08

              Bonjour Shawford42,

              Merci de votre visite.

              J’avoue m’être fait moins présent sur Agoravox ces derniers temps pris que j’étais par une foultitude de projets que je gère toujours aussi mal.
              Je suis l’homme d’un seul projet.
              Quand je faisais ma thèse c’était le bonheur, une seule chose à penser !

              Ceci pour dire que j’ai dû mal à saisir dans quelle direction vous pointez en évoquant la vague (je crois) phalangiste.

              J’ai des inférences qui me viennent à partir du mot phalangiste mais je ne vois sur quoi exactement vous mettez le doigt.

              Pouvez-vous me dire ?

              Par ailleurs qui peut vouloir moinsser votre message ici alors que personne (j’imagine) n’est statistiquement censé arpenter ce recoin du cyberespace ?


            • Shawford42 28 juin 2013 16:36

              Par ailleurs qui peut vouloir moinsser votre message ici alors que personne (j’imagine) n’est statistiquement censé arpenter ce recoin du cyberespace 


              Toute proportion méprisée et orgueil déployé ( smiley ) c’est bel et bien prodigieux (alors que je refous les pieds sur AV pour la première fois depuis 3 mois) qu’un clampin ait effectivement pris la peine de venir moinsser le clampin que je suis sous cet article d’ores et déjà relégué aux oubliettes de la trépidente vie d’Agoravox. (hu hu)
              Alors permettez moi de trouver ça magique de par la seule considération du processus ayant amené à ce qu’une telle manœuvre se soit bel bien mis en branle. smiley

              Pour le reste, en matière de phalange (-iste plutôt que -gesque d’ailleurs, comme vous l’avez judicieusement corrigé de vous même : mea maxima culpa), je faisais tout simplement référence à la vague de fond Fhainisante et hystérique qui a pris possession des lieux et qui dégueule sous tous les articles qui se présentent désormais. 
              Si le cœur vous en dit, prenez la peine de parcourir les fils, vous en aurez l’éclatante démonstration...

              ... et pour revenir à de plus saines proportions, et tout orgueil remis donc à sa place, c’est bien sans doute un tenant de cette pensée fascisante qui a très bien compris la portée de mon message précédent, et qui est donc venu me signifier son désaccord tacite smiley ( smiley )

            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 28 juin 2013 17:31

              Non Shaw ,ne me remercie pas ... smiley
              Ia orana .


            • Shawford42 28 juin 2013 17:43
              la orana, Te(l)ahoupaa smiley smiley

              Si toi y’en a vouloir te ranger -de ton plein gré et moinssement affiché tout autant que revendiqué, au sein de la confrérie Mariniste, telle que je l’ai donc montré à la Lune et par là même à la cantonade (pour ne pas dire à la canonnière), welcome on their board Buddy, pour moi c’est sans façon smileysmiley ? )

            • Abdul al-Hazred 28 juin 2013 17:47

              Je te plusse Shaw, tu le vaux bien.


            • Abdul al-Hazred 28 juin 2013 17:53

              Pour être sérieux Shaw, ça fait du bien de voir qu’il y en a pour être effondrés par la droitisation généralisée et qui se fait maintenant sentir ici. Tu n’es pas le premier rassure toi. Il y en a des connus comme Acheron (ex-Thémis) ou COLRE, et d’autres moins. Dix ans de raffarino-sarkozysme ne leur ont pas suffi, ils en redemandent.


            • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 28 juin 2013 18:02

              En effet ,et les fils de com sur Méric ont été d’une puanteur ...
              Certains se plaisent à danser sur les cercueils ,on l’avait déjà remarqué l’année dernière avec l’affaire Merah ...
              Faillit moi meme partir ,certains l’ont fait ...


            • Shawford42 28 juin 2013 18:05

              Yep, maisdisons (tout autant que nous méditerons) dans ce type de perspective, et sachant (ou plus surement prophétisant smiley ) que la lumière se devant de se situer tout au bout du tunnel... il s’avère des plus logique que la vermine a des penchants inversement proportionnels et naturels à préférer se faire aspirer dans les ténèbres environnants, et si irrésistiblement attirants : c’est le propre des « vulgus pensum » smiley



            • Abdul al-Hazred 28 juin 2013 18:28

              Salut Aita.

              Je vis en plein centre ville de Lyon et je peux pas voir grand chose de la droitisation (les grandes villes sont devenues un milieu électoral et politique assez particulier). Surtout que tu te doutes bien que j’ai fait en sorte d’avoir une sociabilité où la droite conservatrice et la nouvelle extrême droite sont peu représentées. Par contre, dès que je mets les pieds en dehors, c’est une autre histoire.

              Ce qui est hallucinant, c’est de voir ici qu’il y a une croissance des types qui revendiquent ouvertement des sympathies pour le fascisme, voire le nazisme. Il y en avait toujours un ou deux, par exemple l’ex « Pluto » et ses articles (très bien écrits d’ailleurs) sur les surhommes aryens de l’aviation de chasse ou de l’alpinisme himalayen, mais ils restaient rares.

              Il y a une douzaine d’années, j’ai eu des sympathies pour cet ordre d’idées, la haine du PS, la haine de la social-démocratie. J’en suis sorti quand j’ai vu ce que ça donnait en France et aux Etats-Unis. J’étais jeune, j’étais con. Je ne comprends pas. Il y a bien des explications de ce type http://www.nouveau-reac.org/textes/jean-baudrillard-la-conjuration-des-imbeciles/
              Pour autant, les trolls que je vois sur AV faire dans le socialo-bashing depuis des années sans interruption, je n’arrive pas à comprendre. Je peux piger un vote type le non au référendum en 2005, ce genre de pulsion de refus. Mais cette manière de remuer le couteau dans la plaie en permanence, la politique du pire souhaitée tout le temps, cet acharnement, ce manque d’empathie, de pitié, ça me dépasse. Surtout qu’en 2002 voire 2005, ce ressentiment était quelque chose de relativement nouveau. Mais là ça fait des années, on a mis au pouvoir des politiciens qui faisaient leur rhétorique là dessus, avec des résultats minables. 

            • Abdul al-Hazred 28 juin 2013 18:50

              Shaw, j’ai pas le temps de développer, mais ce que tu appelles « la vermine », ils pourraient s’amuser dans leur coin et laisser le monde vivre. Matériellement ils ne manquent de rien, des moyens de se distraire à n’en plus savoir qu’en faire, une médecine qui a fait des progrès gigantesques. Mais au final, un refus d’accepter le monde tel qu’il est. Sur ce, bonne soirée mon grand.


            • Shawford42 28 juin 2013 19:41

              « Abdul », tu m’aurais dit en d’autre temps que j’eus pu être de près ou de loin être classifié dans la même galerie que COLRE, cela m’eut tout tournebossolé smiley


              Faut croire que les temps changent (par certains égards seulement quoi qu’il arrive puisque la proximité avec Acheron -ex Themis et surtout Avatar aux origines avoxiennes- s’avérant bien plus saillante)

              Bonne soirée à « toi » aussi (l’« inspecteur gadget » te file désormais le train smiley smiley )

            • alinea Alinea 1er mars 2013 13:24

              Votre article est très long et très intéressant ; pour en capter toute la teneur, je m’y reprendrai à plusieurs fois.
              J’ai pensé d’abord que les lucioles seraient très utiles pour délimiter un terrain d’atterrissage d’un avion « dissident » !!
              On pourrait penser à une « magie », en ce qui concerne les horloges, et les grenouilles, et les troupeaux ! Pour les troupeaux, c’est simple, chaque mouvement collectif est dicté par le dominant ; leur vigilance est telle que la réaction à un mouvement de la bête de tête est quasi instantané !
              En ce qui concerne le concert de grenouilles, j’y entend plus des appels, des réponses : un concert de communication ! Certes, ce concert n’a lieu qu’au moment des amours, et de la « sortie » des animaux ; au printemps et en été.
              Pour les hommes en foule, je crois que leur réaction se calque sur celle des troupeaux.
              Quant aux horloges, il y a eu des expériences faites sur la perception du rythme de gouttes d’eau tombant à intervalles réguliers ( ceci,scientifiquement chronométré) : le résultat est flagrant : ce rythme est perçu en fonction du rythme et de l’accentuation de la langue maternelle ! Cette histoire d’horloge m’y fait penser.


              • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 14:43

                Merci Alinéa pour ces éclairages visiblement bien informés.

                Pour les troupeaux toutefois et pour la locomotion animale de groupe en général, je pense que l’hypothèse du « suivez le leader » ne marche pas toujours car souvent il n’est pas en vue de tous.

                « Suivez les voisins juste à la distance qu’il faut » offre souvent un algorithme minimal mais suffisant pour expliquer les mouvements animaux collectifs même en trois dimensions, cad, pour le vol des bandes d’oiseaux par exemple.

                Quoi qu’il en soit, dans tous les cas, l’imitation est omniprésente. Sous une forme ou sous une autre, avec un modèle ou plusieurs autres, il n’y a que ça smiley


                • Francis, agnotologue JL 1er mars 2013 15:09

                  Cet essai mérite plus que ma lecture rapide et superficielle, et mérite qu’on y revienne.

                  Mais j’ai noté ceci :

                  ’’... il faut, bien sûr, gérer les différences, mais toujours dans l’objectif de dégager ce qui est semblable. ... il apparaît ainsi que « le saint des saints » des processus mentaux, cette cognition essentielle qu’est l’assimilation, s’enracinerait dans une dynamique physique d’une absolue banalité, la résonance.’’

                  Je ne vous suivrai pas sur cette piste. En effet, il me semble que dans la communication, et au delà, ce sont au contraire, les processus de décodage, ou de mise en musique des différences qui sont essentiels. Contrairement aux apparences, nous sommes infiniment plus semblables que différents. On va même jusqu’à dire que l’ADN des mouches est vertigineusement proche de celui des humains, c’est dire. Nos imaginaires sont si semblables, ne serait-ce que par le fait de la langue, qu’il est possible de tenir une conversation à demi-mots sans avoir à expliquer les concepts un à un.

                  Mais ces similitudes que j’évoque font tellement partie du paysage qu’on ne les voit plus. Par exemple, la pression atmosphérique est un poids considérable qui pèserait sur nos épaules, si elle ne s’exerçait pas aussi en sens inverse. Et les petites variations de pressions sont ce qui permet aux voiliers d’avancer, aux avions de voler.


                  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 15:43

                    Merci pour ce commentaire extrêmement intéressant car, alors même que vous prenez a priori une direction opposée à la mienne, tout ce que vous mettez en avant contribue à souligner l’importance des processus d’assimilation.

                    La conversation à demi-mots ou même silencieuse est un excellent exemple de communication où la similitude lentement construite par l’assimilation & imitation réciproque jour après jour permet de se comprendre sans rien avoir à se dire, un sourire ou un soupir juste au bon moment et on s’est compris. tout le sens a été communiqué. Cela simplement parce qu’il était déjà présent de part et d’autre.
                    Je reviendrais sur la communication qui est l’outil premier de ce processus d’assimilation / imitation réciproque par lequel nous contruisons nos ressemblances, notre unité et la possibilité de communiquer.

                    Vous avez tout à fait raison de souligner que ces assimilations, ces imitations et ces similitudes omniprésentes nous ne les voyons plus. D’abord parce qu’on ne voit plus ce à quoi on s’habitue et ensuite parce qu’il existe un culte de la différence et un dédain pour le semblable qui fait qu’on ne veut même plus reconnaître ce que pourtant on perçoit.

                    C’est pourquoi, pour en revenir à votre argument, à l’idée que dans la communication, c’est la mise en musique des différences qui est l’essentiel, je dirais oui, oui, précisément vous avez raison, la communication est devenue l’outil essentiel de notre « stratégie de présentation de soi », donc un canal par lequel nous tentons de faire passer ce qui fait notre originalité.

                    Ce faisant, nous sommes dans la plus horrible des banalités puisque tout le monde fait ça et ainsi que vous l’avez remarqué, ça se voit : tout le monde se ressemble smiley

                    Bref, la résonance, l’assimilation, l’imitation, ont de beaux jours devant elle, même dans la société hyperindividualiste qui est la nôtre. Car l’hyperindividualiste imite, il fait comme tout le monde, il tente de s’affirmer dans sa différence et s’épuise très vite à ce petit jeu... de miroir.

                    La communication en somme se sert de la différence pour passer sous silence la ressemblance, mais cette dernière est bien la première chose qu’elle valide et que donc elle communique.


                  • Francis, agnotologue JL 1er mars 2013 16:59

                    @ LLS,

                    je n’ai pas dit que tout le monde se ressemble, loin de là.

                    Ce que nous avons en commun c’est ce qui fait de nous des êtres de la même espèce. Et votre dernière phrase sonne creux de mon point de vue (mon approche, le prisme par lequel je regarde la chose), qui est différent du vôtre ici.

                    Je dirais que ’’La bonne communication en somme se sert de la ressemblance (prend appui sur, et par un processus inconscient), non pas pour passer sous silence la différence, mais pour lui donner du sens, pour l’exprimer’’ ; et non pas l’inverse, à savoir qu’elle se servirait de la différence pour passer sous silence la ressemblance.

                    Par exemple, il est fréquent de contester la logique, le bon sens de son interlocuteur, de lui reprocher d’en manquer (d’être différent). Alors qu’en fait, nous avons a priori la même logique (ressemblance), mais nous ne hiérarchisons pas les valeurs de la même façon. Dans un cas je suis dans la bonne communication. Dans l’autre, je ne le suis pas.

                    Dans un cas j’admets ou je souligne nos différences (nos valeurs personnelles différentes), dans l’autre je cherche à disqualifier mon interlocuteur.

                    Et pour revenir à nos différences/similitudes : nous avons le même « software » (la logique) mais pas le mêmes données (nos valeurs).


                  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 04:17

                    La conversation est un échange autour de la différence de point de vue qui a pour visée de s’accorder, serait-ce sur une incompatibilité des vlaleurs et des croyances.

                    Quand il n’y a plus de différence, il n’y a plus de communication, il y a la communion. Elle se fait par le silence ou le demi-mots, pas par la conversation. C’est cela l’harmonie, quand l’absence de différence (la similitude donc) se lit comme unité (dans la dualité, cad par delà une séparation (corporelle et identitaire) des êtres qui reste une évidence)

                    Vous mettez en avant la conversation car elle est l’occasion de valider le fait qu’il y a des différences. Je dirais oui, bien sûr, mais cela n’est pas la fin en soi de la communication. La fin de la communication c’est la similitude des êtres, leur accord donc.

                    Cette fin est présente dès le début car la communication n’est possible qu’entre ceux qui ont les mêmes codes, donc entre semblables, qui s’assimilent (s’imitent) toujours plus grâce à la communication précisément.

                    Même ceux qui restent sur un désaccord éprouvent la satisfaction d’être resté dans (et d’avoir donc validé) cet accord premier et fondamental qu’est celui de la logique sans laquelle il n’est pas de raisonnement possible. Non seulement la logique est validé mais chacun l’est aussi secrètement car en l’acceptant comme interlocuteur l’autre l’a considéré comme un semblable. Et c’est bien l’essentiel.

                    Le mépris, c’est quand on refuse de parler, quand on juge que l’autre n’est pas semblable à nous, qu’il est différent et donc n’est pas digne d’une conversation car c’est un « malade », un « martien », un « fou », pire, un « complotiste » smiley


                  • Francis, agnotologue JL 2 mars 2013 10:10

                    @ LLS,

                    vous dites : ’’La fin de la communication c’est la similitude des êtres, leur accord donc.’’

                    Je ne crois pas. La séduction n’est pas toujours une berceuse à l’eau de rose, et pour moi, la communication en règle générale, a davantage à voir avec la séduction décrite par Baudrillard qu’avec une trop souvent illusoire recherche d’harmonie.

                    « Un destin ineffaçable pèse sur la séduction. Pour la religion elle fut la stratégie du diable, qu’elle fut sorcière ou amoureuse. La séduction est toujours celle du mal. Ou celle du monde. C’est l’artifice du monde. Cette malédiction s’est maintenue inchangée à travers la morale et la philosophie, aujourd’hui à travers la psychanalyse et la ’libération du désir’. » (avant propos de Jean Baudrillard à son ouvrage : « De la Séduction »)

                    dans communication, il y a com. La publicité, c’est de la Com. C’est aussi de la séduction. Et je ne parlerai pas de prosélytisme, propagande, sermons et autres journaux télévisés, qui relèvent eux aussi, de la communication.

                    Au sujet de l’harmonie : n’a-t-on pas dit que l’ennui naquit un jour de l’uniformité ?


                  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 14:05

                    Vous confondez la fin (la convergence sur une même perspective donc un accord) et le moyen (séduction, com, désinformation, manipulation, coercition, etc.)

                    Dans tous les cas, quels que soient les moyens, la fin(alité) de la communication, c’est la mêmeté.

                    Quand X communique avec Y, il a l’intention que Y adopte (imite, reproduise, intériorise, etc.) son point de vue.

                    C’est une reproduction qui est visée et cette uniformité locale, loin d’être ennuyeuse est souvent perçue comme le début d’une « solidarité », une « unité » rassurante et réjouissante.


                  • Francis, agnotologue JL 2 mars 2013 20:21

                    Désolé, Luc-Laurent,

                    je vous laisse à vos doux rêves.


                  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 mars 2013 09:16

                    Pas de souci JL, je pense que nous reprendrons la discussion qu’en j’en viendrai à la communication et au modèle de Shannon.

                    Vous verrez mieux que la communication c’est vraiment « les semblables parlent aux semblables » (par la force des choses puisqu’il faut le même « décodeur » pour communiquer).

                    Mais bon, chacun sa vision des rêves.
                    Dans ma perspective, c’est vous qui rêvez de différence.
                    Moi je vois la similitude... smiley


                  • Francis, agnotologue JL 3 mars 2013 09:46

                    LLS,

                    Je ne rêve pas, ou alors je cauchemarde, puisque si je fais le contraire de vous, mes rêves ne sont pas doux. Bon, la nuit étant passée, les rêves sont envolés.

                    Évidemment que les semblables parlent aux semblables : mais c’est une question de définition. Où s’arrête le semblable, où commence la différence ? That’s the question !.

                    D’un point de vue sémantique, nous avons raison l’un et l’autre.

                    Mais d’un point de vue pragmatique ? Vous énoncez que le but final est l’harmonie. Je vous dirai non, pas seulement, pas que.

                    Vous avez vous-même écrit : ’’Vous confondez la fin (la convergence sur une même perspective donc un accord) et le moyen (séduction, com, désinformation, manipulation, coercition, etc.)’’. J’ajouterai : le pouvoir ; la possession ; l’escroquerie ; la dépendance ; l’appel au secours ; etc.

                    Croyez-vous que, au hasard, l’escroquerie, le mensonge, aient pour but l’harmonie (la convergence sur une même perspective donc un accord) ?

                    Permettez moi de vous citer Mc Luhan (en fait Wikipedia) : « [...] en réalité et en pratique, le vrai message, c’est le médium lui-même, c’est-à-dire, tout simplement, que les effets d’un médium sur l’individu ou sur la société dépendent du changement d’échelle que produit chaque nouvelle technologie, chaque prolongement de nous-mêmes, dans notre vie. »

                    Où voyez-vous du semblable, là-dedans, et quelle harmonie la technocratie vise-t-elle pendant les ’temps de cerveaux disponibles’ ? L’harmonie du troupeau ?

                    A ce point de discussion, je dirais que je vous crois engagé dans une impasse qui ne peut vous conduire qu’à énoncer des opinions réductrices.

                    nb. la limite entre fin et moyen, entre stratégie et tactique, entre fond et forme est toujours un choix pragmatique et n’a pas de valeur absolue en soi : la carte n’est pas le territoire, le mot n’est pas le maître.


                  • Francis, agnotologue JL 3 mars 2013 10:07

                    @ LLS,

                    pour une grille de lecture de mes propos, je vous dirais que je me sens assez proche des objections que vous a présentées Loup Rebel. Sauf erreur de ma part, nous disons en gros la même chose. Et j’y verrais même une certaine harmonie, bien que nous ne communiquions pas directement lui et moi sur ce sujet.


                  • Furax Furax 1er mars 2013 15:58

                    "un peu comme les oies de Konrad Lorenz suivaient ce dernier après qu’il se soit fait passer pour leur mère au travers du fameux mécanisme de l’empreinte."

                    Connaissez vous ceci ?
                    http://www.youtube.com/watch?v=YZSsNUT5npo
                    Ces travaux ont bien entendu été l’objet d’une critique virulente du cercle zététique.
                    Critique démolie à son tour :
                    http://pseudo-scepticisme.com/Le-Cercle-Zetetique-et-les.html


                    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 18:42

                      Merci pour ce commentaire et le lien extrêmement intéressant.

                      Je trouve que c’est une très belle expérience et personnellement je n’ai aucun problème à considérer le résultat comme probant.

                      Toute la difficulté est maintenant de l’interpréter.

                      Bien entendu, mon hypothèse explicative viendra du mécanisme de réaction circulaire sur lequel je base ma réflexion.

                      Je ne vais pas développer ici car ce n’est pas le moment mais disons qu’on peut penser de prime abord à trois phénomènes qui y sont reliés et qui sont :
                      1) la méthode Coué et toutes les stratégies d’auto-hypnose
                      2) les prophéties auto-réalisatrices
                      3) ce qui est expliqué dans les livres et le film sur « Le secret »

                      Tout ces phénomènes ont pour caractéristiques communes d’être sous-tendus par un mécanisme de reproduction. Bref, c’est toujours un cycle qui est à l’oeuvre.


                    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 18:54

                      Il va de soi, mais ça va mieux en le disant que tout cela questionne la réalité qui est la nôtre et débouche sur une perspective spirituelle.

                      Pas étonnant que le pauvre homme ait suscité une levée de bouclier.

                      Dans les commentaires certains croient que les scientifiques s’intéresseraient à ce genre de phénomènes si c’était sérieux.

                      Il n’y a aucune chance, du moins en France. Seule une personne désintéressée peut travailler à une telle problématique. Ce n’est pas le cas des chercheurs, ils sont intéressés pour faire carrière, donc ils écartent les sujets périlleux.

                      Autrement dit, la science se détourne délibéremment de ce qui pourrait la contredire dans ses fondamentaux. Elle prétend accepter le débat contradictoire, mais faut pas rigoler, il y a des sujets qu’on n’aborde pas !


                    • alinea Alinea 1er mars 2013 21:09

                      Heureusement que le poussin veut sa mère ! sinon elle irait n’importe où !!
                      Cela replace l’instinct, le désir et la nécessité !


                    • alinea Alinea 1er mars 2013 16:37

                      À mon deuxième extrait de lecture, ce que vous dîtes évoque ceci :
                      L’harmonie en musique, tonique, tierce quinte, sont les harmoniques basiques, soeurs ! Toute la musique a évolué à partir de ces données pour aller, aujourd’hui vers le disharmonique parfait ( trop cérébral à mon goût, mais c’est une autre histoire).
                      Connaissez-vous ces instruments, indiens principalement la kaméicha ou le sitar qui utilisent des cordes sympathiques, qui ne sont pas touchées mais qui vibrent ( elles sont accordées elles-aussi selon le mode dans lequel on joue - la musique indienne est une musique modale-) et qui enrichissent en harmoniques de base ( tierce quinte,etc) le son de la corde pincée ou frottée avec l’archet ?
                      Le magnétisme ne me semble pas étranger à vos histoires de montres....
                      L’apprentissage du langage se fait, bien sûr par mimétisme et imitation volontaire, cependant chaque individu en crée un système autonome et cohérent à chaque étape de son apprentissage ; c’est-à-dire que la création individuelle n’est jamais étrangère à ce que l’on fait de ce que l’on imite. Ce point me paraît important ; en musique, l’apport de la neuvième dans un accord, fait par Beethoven, a été révolutionnaire ; en jazz les accords de septième sont devenus basiques comme transition d’une tonalité à une autre, mais au départ, il furent « inventés ». Si on s’en tenait à l’imitation brute, sans audace, il n’y aurait pas de création.
                      ... Et je me demande si cette résonance, ce mimétisme, n’est pas à réintroduire, dans une harmonie sociale, car le but de toute cette histoire, au fond, c’est peut-être juste de vouloir vivre peinard ?! smiley


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 19:02

                        Gabriel Tarde serait complètement d’accord avec vous.
                        Lui qui voyait la dynamique des idées et des comportements comme régie par le principe d’une invention ponctuelle, individuelle, autour de laquelle se forment des cercles croissants d’imitation qui la propage et la répande à l’infini.

                        Donc oui, l’invention existe. Mais qu’est-elle ? Juste une variation sur une montagne de reproduction. La variation fait mouche, elle met mille choses en cohérence, elle plaît, elle n’en reste pas moins une toute petite variation adossée à une énorme quantité de reproduction.

                        L’improvisation en jazz, c’est ça non ? A force d’avoir quadrillé le territoire (par la répétition), on connaît les chemins et s’amuse à les prendre librement. C’est inattendu pour l’auditeur, mais le musicien lui reconnaît les chemins parcourus même s’il n’a jamais réalisé le parcours qu’il est en train d’exécuter.

                        Si ça vous intéresse, on peut trouver « Les lois de l’imitation » de Tarde sur internet. C’est disponible en ligne chez nos amis canadiens. J’ai pas le lien sous la main mais ça se trouve facilement.


                      • Aita Pea Pea Aita Pea Pea 1er mars 2013 19:33

                        Luc ,pour faire de l’impro on répète sur la carte ,qui comme le dit Alinéa a variée avec le temps ,mais ce qui compte est le térritoire au moment ou on le joue et les chemins de traverses s’offrent nombreux ,à orienter ou suivre cartes et territoires des autres instrumentistes ...


                      • alinea Alinea 1er mars 2013 19:57

                        Évidemment que la création n’est pas celle imputée à Dieu, à partir du néant ; je ne cherchais pas la contradiction !!  smiley


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 04:26

                        @ Alta Pea Pea

                        Comme vous le dites très bien, on va arpenter le territoire (connu) à son gré, au petit bonheur (et cela suffit à être dans la créativité) en suivant généralement les autres, donc en s’accordant avec eux pour aller dans telle ou telle direction. C’est de l’imitation à tous les étages (imitation de soi pour forger la maîtrise par la répétition ; imitation des autres (maîtres, modèles, partenaires)) et cela n’empêche aucunement de parler de créativité car comme pour le vivant, la créativité vient juste de variations sur un fond immense de reproduction.

                        Bref, le verre de l’habitude est quasiment plein mais nous aimons à dire qu’il est à moitié vide pour nous rassurer sur notre indépendance et notre libre-arbitre. Mais c’est encore une autre histoire...


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 04:34

                        @ Alinéa

                        Voudriez-vous dire (sans le dire smiley) que vous êtes d’accord avec cette idée de la créativité comme partie émergée d’un iceberg de reproduction (répétition) ?
                        (ce que j’ai expliqué dans ma réponse à Aita Pea Pea ci-dessus ?)


                      • alinea Alinea 2 mars 2013 12:08

                        Eh bien, évidemment ! mais ce petit plus ajouté à chaque fois fait que notre langage n’est plus le même que les borborygmes supposés de l’homme du Néanderthal ! Que la musique est aussi variée que possible d’un coin à l’autre de la planète,etc.


                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 mars 2013 09:21

                        Bien sûr Alinéa ! C’est comme la vie.

                        Elle se définit essentiellement par la reproduction et pourtant rien ne surpasse la vie pour ce qui est de la créativité !


                      • Loup Rebel Loup Rebel 1er mars 2013 17:03

                        @ Luc Laurent

                        Je reviens sur le cheminement et l’aboutissement de votre article vers l’autisme : résonance, assimilation, « ressemblement », dynamique groupale (du groupe et dans le groupe), identification du congénère (le semblable), sont des registres toujours repérés dans les défaillances qui entourent l’autisme, l’autiste lui-même, et son environnement (sa famille principalement)

                        Les spécialistes appellent depuis peu cette pathologie « Troubles Envahissants de Développement » (TED). Est-ce plus lisible ainsi ? Je n’en sais fichtre rien, mais si ça permet une approche différente, je suis preneur. Peut-être moins soumise aux conflits d’expert entre les différentes disciplines : génétique, psychiatrie, et psychanalyse en particulier. Chacune revendique l’universalité hégémonique de sa théorie, alors que dans mon expérience avec les familles touchées au cœur par ce drame de l’enfant autiste, le problème ne peut s’aborder que de façon « groupale ». Chercher à soigner l’enfant isolément de sa famille produit parfois les effets contraires à ceux attendus. Cette approche est aussi un « mime » en écho à la dislocation de la famille au profit de l’assouvissement des désirs individuels. L’attention est portée sur l’individu, et non plus sur le groupe famille.

                        Je ne me risquerais pas — à priori — à ouvrir un débat sur l’autisme sur avx, par crainte de voir s’enflammer les réactions violentes que déclenche ce sujet. Je voudrais juste signaler que lorsqu’un diagnostic d’autisme est posé (généralement par le pédopsychiatre), il convient d’en préciser les contours. Dans ma pratique, il est arrivé (pas souvent mais plus d’une fois) d’être témoins de « guérison totale » chez un enfant « condamné » à l’autisme à vie par le pédopsy.

                        La sortie de l’état — dit — autistique est parfois spectaculaire autant qu’inattendue, après moins d’une dizaine de rencontres avec la famille. C’est que tout simplement il ne s’agit pas d’autisme, alors que le tableau clinique est rigoureusement identique.

                        Je pense à un cas en particulier qui pourrait faire l’objet d’un billet, si toutefois j’en trouve le temps et le courage. Le danger aussi à de telles communications, c’est de donner de faux espoirs à des lecteurs directement concernés dans leur vie en cours. Et je m’en sens d’autant moins la légitimité qu’à ce jour mon activité n’est plus centrée sur la clinique, mais pour plus de 80% sur la supervision de thérapeutes en chemin vers leur autonomie (transfert et contretransfert).

                        En fait, après relecture plus approfondie du billet, je réalise que non seulement tout n’est pas dit, mais tout est à dire. Chaque point abordé est une ouverture pouvant faire l’objet de développements.

                        Vous avez là de la matière première pour vos recherches à venir, cher Luc Laurent. Il devrait même en rester pour vos successeurs... smiley


                        • Furax Furax 1er mars 2013 17:27

                          @ Loup Rebel,
                          Ceci n’a rien à voir avec le sujet (veuillez m’excuser Luc-Laurent !), mais avez vous pu entrer en contact ou apprendre quelque chose à propos de la criminelle internée psychiatrique pour avoir « tagué » un tableau à Lens ?
                          SVP, ne lâchez pas l’affaire !


                        • Loup Rebel Loup Rebel 1er mars 2013 19:12

                          Erratum :

                          T E D : il faut lire « Troubles Envahissants DU Développement »

                          et non pas « Troubles Envahissants DE développement »


                        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 1er mars 2013 19:17

                          @ Loup Rebel

                          Je vous suis très bien dans votre attitude prudente et réservée vis-à-vis des diagnostics livrés un peu hâtivement par certains praticiens imprudents.

                          Pour ma part je pense qu’une évaluation en centre de référence est nécessaire car une hirondelle ne fait pas le printemps.

                          Je ne doute pas que certains tableaux de TED puissent connaître des rémissions rapides. Il est facile dans ce contexte de dire que ce n’était pas de l’autisme pur et dur. Mais en même temps, ça ne me paraît pas complètement insensé vu, précisément, la fragilité des diagnostics.

                          Pour ma part, j’aurais l’occasion d’y revenir, quand je parle autisme, je parle de l’autisme « pur et dur », l’autisme façon Kanner. Je sais que j’aurai à être plus prudent en considérant l’Asperger.

                          Je n’accorde qu’un crédit très limité au DSM et, de manière générale, je crois à ce que je vois smiley

                          D’emblée, je vous l’avoue, j’ai une attitude très réservée et même critique vis-à-vis de la psychanalyse. Mais je dirais avant tout en raison de son positionnement institutionnel extrêmement fort. Pour le reste, j’ai des ami(e)s psychanalystes et nous arrivons très bien à converser, à nous comprendre et même à nous entendre.

                          Car je sais reconnaître le bien fondé de certains fondamentaux psychanalytiques. Précisément, j’ai bien l’intention un jour où l’autre de les « réduire » à la logique du cycle assimilateur.

                          Mais c’est une autre histoire... smiley


                        • Loup Rebel Loup Rebel 1er mars 2013 22:42

                          @ Luc-Laurent Salvador (xxx.xxx.xxx.84) 1er mars 19:17
                          *** j’ai une attitude très réservée et même critique vis-à-vis de la psychanalyse. Mais je dirais avant tout en raison de son positionnement institutionnel extrêmement fort ***

                          Je suis un psychanalyste « profane », Luc-Laurent (et je ne suis pas à vendre... smiley ).

                          Peut-être devrais-je le préciser sur ma fiche info agvx, mais trop peu de lecteurs savent ce que ça veux dire (=hors du champ de la médecine asservie au conseil de l’ordre des médecins). Mes amis psy sont – pour la plupart – des psychiatres « défroqués », ou des philosophes, psychologues, ostéopathes et autres soignants, ou même historiens ou gens de lettres.

                          Parler de la psychanalyse institutionnelle, c’est parler de son détournement par la psychiatrie institutionnelle. C’est une imposture.

                          Le comble a été atteint sur le continent nord-américain, où l’étiquette psychanalyse est posé sur les TCC... Lasagne pur bœuf chevalin. N’importe quoi.

                          Vous êtes « gentil » quand vous dites « attitude réservée ». Pour ma part, chaque fois que j’en ai l’occasion, je dénonce l’imposture de la psychiatrie institutionnelle qui se prévaut de la psychanalyse. C’est le même tour de passe-passe que la croyance qui se fait passer pour la vérité absolue. Et là, je sors les griffes.

                          C’est pour ça que je ne tiens pas à lancer un débat sur l’autisme sous ma casquette de psychanalyste affichée. Amalgame assuré avec les institutions soignantes hégémoniques.

                          Freud avait mis en garde contre ce détournement qu’il pressentait. Notamment, il a dissuadé Marie Bonaparte de poursuivre son cursus en médecine pour fonder (dès 1926) la Société psychanalytique de Paris (SPP), lui conseillant plutôt d’évincer Édouard Pichon dont les positions hégémoniques le conduisaient à une attitude très ambivalente à l’égard des textes de Freud : Pichon se sentait menacer dans sa toute-puissance psychiatrique à remettre en cause.

                          Même combat 30 ans plus tard : Lacan se fait littéralement « excommunier » de la SPP à cause (en partie) de son opposition au projet larvé de certains psychiatres de pousser la psychanalyse vers son institutionnalisation... alors que ses projets à lui étaient de développer l’héritage de Freud en s’appuyant sur le structuralisme. Ce qu’il a fait, sans la SPP, en fondant la SFP (Société Française de Psychanalyse).

                          Freud et Lacan ont été beaucoup plus – à mes yeux – des philosophes que des médecins. Mais l’un n’empêche pas l’autre, de toute façon.

                          Je prévois (et ne suis pas le seul) que Lacan sera prochainement en bonne place parmi les philosophes du XXe siècle dans le cursus du Master en philosophie (en France).

                          À bientôt


                        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 05:26

                          Confidences pour confidences, j’aime bien Freud et le premier Lacan m’a beaucoup plu.
                          Leurs pensées est très XIXe ou inspirée d’auteurs de cette époque (Baldwin a influencé Lacan via les cours de Pierre Janet, pour ce que j’en sais, le stade du miroir vient de là).
                          J’aime bien aussi la féministe Karen Horney, Alfred Adler et Jung.
                          Mais aucun de leurs commentateurs n’a eu l’heur de me plaire.
                          Enfin si, je trouve excellent le travail de Berne, mais c’est l’exception qui confirme la règle.

                          Bref, quoi qu’il en soit, je trouve qu’il y a chez ces auteurs d’excellentes idées à retenir mais il est évident que je le ferai dans le cadre de mon monisme du cycle, cad, en référence constante au mécanisme de l’habitude puisque, par hypothèse, je pense que tout peut s’y ramener.

                          C’est pas gagné, bien sûr, je suis assez confiant, surtout quand je vois un J.D. Nasio commettre un petit livre à la va-vite sur la répétition. Le titre est éloquant « L’inconscient, c’est la répétition ». Je ne l’ai pas fini, donc je ne porterai pas de jugement mais en tout cas je le trouve bien orienté.


                        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 05:28

                          erratum : leurs pensées SONT très XIXe


                        • alinea Alinea 1er mars 2013 19:23

                          Promis, dernière intervention !
                          Quid des ânes et des juments ou des chevaux et des ânesses ?
                          Sinon quid de cette convergence d’idées qui fait que, par exemple aujourd’hui sur Avox, trois articles sur l’incompétence ; je suppose qu’en ce qui concerne l’ E N A, il y a eu une étude ou un article publié ailleurs ; mais moi ? Pourquoi ai-je choisi aujourd’hui ( hier plutôt) pour proposer cet article ? Ces vagues de connaissances, même dans des contrées éloignées qui font que des chercheurs, quasiment simultanément découvrent les mêmes faits ? Les mêmes remèdes ?


                          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 06:26

                            Grand merci alinéa de pointer ici la question de la synchronicité de l’apparition des idées.
                            ça s’appelle viser dans le mille !

                            Car ce problème a été le champ d’investigation du fameux Rupert Sheldrake que, je pense vous connaissez.

                            Il explique ce phénomène en invoquant un champ morphogénétique dans lequel il y aurait des résonances morphiques.

                            Et de manière plus générale, il pense ... en termes d’habitudes.
                            Le titre de son livre de 1988 est d’ailleurs « The Presence of the Past : Morphic Resonance and the Habits of Nature »

                            Je pense qu’il est temps que j’en vienne à le lire sérieusement, dans le texte. Jusqu’à présent je me suis contenté de lectures de seconde main.

                            Pour conclure, je pense que comme pour l’expérience sur l’empreinte des poussins pointée plus haut par Fergus, ceci nous renvoie à mécanismes qui unissent les ordres explicite et implicite de l’Univers (pour parler comme le physicien David Bohm) et c’est précisément ce que je crois que la conception en cycles (le monisme du cycle) que je propose peut faire excellemment.

                            Je suis donc très optimiste sur la possibilité de trouver de la cohérence derrière l’immense complexité de notre Univers. J’entrevois la possibilité d’unir tout cela dans le cycle et l’infini variété de ses dynamiques d’interaction.

                            Bref, le cycle et ses résonances pourraient bien être la clé qui ouvre toutes les portes. Il reste à le montrer ! Il y a du chemin à faire, mais quel beau chemin !


                            • herbe herbe 2 mars 2013 09:03

                              Oui, et pour la dynamiques des interactions avec peut-être un zeste de Darwin ?


                              C’est ce que certains proposent pour tenter d’expliquer la « désyntonisation resyntonisation » (changer sa fréquence, faire son chemin de Damas) en un mot plus simple comment se déconditionner :

                            • alinea Alinea 2 mars 2013 12:22

                              J’ai étudié le langage pendant quelques années de ma vie ; il s’agissait, comme vous le dîtes pour le monde, de trouver une cohérence, de rendre compte du complexe par du simple ; résultats des courses ( et je ne sais pas où tout ça en est aujourd’hui), on en est venu très vite à des formules mathématiques. Donc un langage ésotérique ! Depuis quelques milliers d’années, on utilise les symboles pour éclairer le monde ; ça marche très bien mais, c’est un langage ésotérique. Je pense prétentieux de la part des cerveaux humains de vouloir mettre les choses en boîte ; pour moi cela relève de l’exercice intellectuel, très intéressant mais surtout passionnant et « droguant » pour celui qui s’y colle ! Ma sagesse aujourd’hui est bien au contraire de trouver l’unité en dehors du mental ! Pour en revenir à l’image de l’iceberg que j’utilise souvent aussi, ce qu’on appelle raison, mental ou intellect gigote sur la partie émergée !
                              Cela ne veut pas dire que j’ai du mépris pour ce genre de recherches, au contraire, mais disons que je les circonscris dans le domaine du jeu, à moins d’une grande mégalomanie !
                              Mais, j’aime jouer aussi, et je ne manquerai pas de lire vos prochains travaux
                               bien à vous...


                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 13:53

                              Comme disait Mark Twain « Pour l’homme qui tient un marteau, tout ressemble à un clou ».
                              Il est évident que ma pensée est biaisée par des biais de confirmation.
                              Mais j’assume complètement parce que je compte bien sur mes interlocuteurs pour entretenir un biais d’infirmation.
                              Je pense qu’il y a donc de bonnes perspectives de coopération sous ce rapport et je ne crois pas entretenir de mégalomanie même si un très cher ami psychiatre s’amusait à me dire que le modèle dont je me sers marche tellement bien qu’il s’apparente à une paranoïa au sens de système de pensée très cohérent (et pas nécessairement victimaire !).

                              Maintenant vous me dites qu’il faut rechercher l’unité en dehors du mental, c’est cela ?
                              Je suis surpris.
                              Que vous a fait le mental ?
                              Pourquoi voulez-vous l’exclure ?
                              Notez bien que vous vous coupez toute chance de parvenir à l’unité dans ce cas smiley

                              Je comprends vos réserves quant à la visée d’une « théorie de tout ».
                              Vous avez étudié un objet très particulier, la langue.
                              J’ai vu très peu de bonnes choses provenir de la linguistique. J’espère que vous n’étiez pas dans cette discipline.
                              Mais au demeurant, elle n’est probablement pas pire qu’une autre. Beaucoup de personnes que je connais sont déçues par la recherche et l’enseignement actuels de la psychologie.

                              Les véritables chercheurs en sont conscients. Les autres « produisent » et « transmettent » sans se poser de question.
                              Pour ma part, je crois en la possibilité de penser utilement le monde qui nous entoure. Et comme vous, certains discours prétendûment scientifiques me laissent perplexe.

                              Ainsi, j’aime bien me moquer des neurologues qui savent seulement dire « ça se passe dans le cerveau » (ce que l’on sait depuis 200 ans au moins) sans rien pouvoir proposer de nouveau pour régler les problèmes constatés. Ils n’ont que des promesses. Les seules remédiations actuelles sont les entraînements et autres rééducations classiques, cad, psychologiques dans leur fonctionnement.

                              Bon quoi qu’il en soit, merci de votre visite et à une prochaine j’espère !


                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 13:57

                              Bien sûr le message ci-dessus s’adresse à Alinéa !


                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 14:10

                              @ Herbe

                              La mémétique c’est le canada dry du mimétique.
                              ça a la couleur, le gout de l’alcool mais ça n’en est pas.

                              Comme je l’ai déjà dit ailleurs je pense, la mémétique n’est pa une science, seulement un discours.
                              Ce n’est pas une science car elle est incapable de définir son objet, le mème.

                              Il y a un bug ontologique ici. On ne sait pas de quoi on parle.

                              Alors que l’imitation, c’est très clair, c’est la reproduction d’un fait mental ou comportemental suite à la perception ou la représentation d’un modèle.

                              Quand on a l’imitation, la mémétique devient complètement inutile.
                              Ceci dit, je trouve excellent qu’elle existe car elle informe excellemment sur la réalité des phénomènes de reproduction quii nous entourent et que nous ne voyons plus à force d’habitude


                            • herbe herbe 2 mars 2013 14:40

                              @auteur,


                              Mon propos n’est pas de définir une discipline en tant que science ou pas.

                              Ce que j’essaye de souligner c’est l’apport spécifique de la réflexion mémétique quand au comportement darwinien.

                              il est très clair, et merci pour votre apport, que le mimétisme explique très bien la transmission mais il me semble qu’on ne voit plus trop ce que ça apporte quant à la compétition et donc le succès quantitatif d’une idéologie (en compétition avec d’autres, on peut prendre l’exemple des religions, dont la forme de compétition a amené dans le passé et jusqu’à nos jours des guerres sans merci...)

                              On pourrait en discuter pendant des heures (il y a Darwin dans votre profil...) mais je vais juste donner cet article très synthétique :
                              Votre point de vue est peut-être proche de celui de Susan Blackmore...
                              extraits :
                              « La mémétique est l’étude des représentations qui circulent entre les individus et les groupes et se transmettent par imitation : modes, slogans, etc. » Jean-Paul Baquiast « Sciences de la complexité et vie politique, Tome 1 : comprendre », Editions Automates Intelligents, février 2003 (page 138)« 
                               »
                              « Pour Susan Blackmore seul l’imitation telle qu’elle existe chez l’homme peut produire des mèmes (voir mimétique)

                              Pour Howard Bloom, la mémétique au contraire est étendue au delà de l’espèce humaine. les mèmes ne sont pas que langagiers mais également comportementaux. Dans »The Lucifer Principle", il propose une analyse mémétique de l’histoire basée sur l’importance du superorganisme dans le darwinisme

                              Sinon amha peut-être faudrait-il appliquer des méthodes de type MCR pour cerner nos concepts, il y a de la matière, mais il faudrait y passer du temps...

                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 mars 2013 09:32

                              @ Herbe

                              Il me semble que nous sommes d’accord sur le fond puisque nous convenons de la phénoménalité (au deux sens du terme) de la reproduction, réplication, répétition etc. de quelque manière qu’on l’explique.

                              Ce que je dis c’est que la mémétique n’explique pas cette phénoménologie. Elle ne fait que l’hypostasier comme l’attraction universelle n’explique rien et ne fait qu’hypostasier le phénomène de gravité.

                              Ce que j’en dis, c’est que le mécanisme d’accrochage des cycles EXPLIQUE cette phénoménologie car il produit l’imitation au niveau comportemental et toutes les autres synchronisations que vous voulez et que Bloom a bien repéré (ses livres sont en effet extrêmement recommandables).

                              Maintenant concernant la question de la compétition, je ne vois pas où est votre problème. La sélection naturelle n’est que de la « reproduction différentielle ». Celui qui se reproduit plus est le plus apte. C’est valable pour les espèces, c’est valables pour les comportements. Donc je ne vois pas de problème à insister sur l’imitation. Car tout découle de la reproduction, à quelque niveau que ce soit.


                            • Furax Furax 3 mars 2013 11:48

                              @ Luc-Laurent,
                              Ruppert Sheldrake
                               a eu affaire, lui aussi,aux intégristes les plus bornés du monde scientifique !
                              Mais il ne se laisse pas démonter...
                              http://pseudo-scepticisme.com/L-appel-de-Richard-Dawkins.html
                              http://pseudo-scepticisme.com/Debat-sur-la-telepathie-entre.html
                               smiley


                            • alinea Alinea 3 mars 2013 13:36

                              Si malheureusement ! J’ai fait des études de linguistique et je dois dire que je m’y suis « éclatée » ! Mais, la limite a été celle que je dis précédemment : on ne peut mettre le complexe en boîte, à moins d’utiliser les symboles, vieux comme le monde, symboles qui demandent de la part de ses utilisateurs, une connaissance qui a que très peu à voir avec la raison, ou l’intellect, et qui, aussi solides que possible, en appellent pourtant à une communication ou une compréhension non « verbalisable » ! ( en linguistique néanmoins, avant d’en arriver aux formules, des progrès énormes ont été faits ; je trouve dommage que cela ne fasse pas partie de l’enseignement général)
                              Je suis sûre qu’on ne peux pas tout faire rentrer dans la raison pour la bonne et simple raison(!) que celle-ci n’affecte qu’un pourcentage infime de la vie...
                              Cela n’empêche aucunement à mes yeux de s’y coller quand même, mais, à tout le moins, en connaissance de cause !


                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 mars 2013 15:22

                              @ Alinéa

                              Que vous soyez une déçue de la prétendue rationalité scientifique n’a rien de bien surprenant, d’autant plus si vous avez étudié la linguistique. J’aurais envie de dire, bienvenue au club. Rien de problématique à cela.

                              Là où je vois un problème par contre c’est qu’à partir d’une déception essentiellement liée à l’expérience des pratiques (excessivement, bêtement et désastreusement) réductrices de la science vous en veniez à conclure que la raison est vaine car si peu présente en ce monde et/ou dans nos vies.

                              Pardonnez-moi ce rapprochement mais il vient à moi « spontanément » (en toute irrationnalité smiley) : je passe mon temps à rencontrer des familles qui ne comprennent rien à ce qu’elles vivent au sens où elles sont dépassées et invariablement, après les avoir écoutées, je les aide à voir l’ordre ou la logique implicite à leur vécu qui leur avait jusqu’à présent échappé(e).

                              Rien n’arrive sans cause, donc tout à une raison. A partir de là, l’exercice de la pensée n’est jamais vain, pour autant que la méthode soit bonne.

                              Vous avez choisi une science dans les postulats initiaux (Saussure etc.), terriblement réducteurs, ne pouvaient qu’avoir des conséquences catastrophiques. Vous ne pouviez accéder au sens. Vous n’aviez que l’ordre symbolique. Et vous pouvez le calculer avec les outils mathématiques les plus raffinés, jamais vous n’y trouverez le sens. Il n’y est pas.

                              Pas plus que la vie ne se trouve dans le texte de l’ADN. La vie est une totalité représentée par cette totalité en minuscule qu’est la cellule et certainement pas par cette chose insignifiante qu’est l’ADN (lorsqu’il se trouve hors de la cellule).

                              Vous avez marché à la suite de chercheurs ayant pris les mauvaises options. Ne commettez pas l’erreur de jeter le bébé avec l’eau du bain. Ne généralisez pas cette mauvaise expérience à toutes les pistes et les méthodes possibles. La science, comme la vie offre une infinité de voies possibles et l’échec de la linguistique n’est pas, loin s’en faut, preuve de l’échec nécessaire de toute pensée rationnelle.

                              C’est ce que je crois, et je veux le croire smiley.


                            • herbe herbe 3 mars 2013 17:53

                              Oui nous sommes bien d’accord sur le fond ( mon dernier commentaire fait le point sur les définitions et c’est raccord...)

                              il m’a simplement semblé que pour le coté dynamique ça manque de clé de lecture.

                              D’ailleurs je suivrai avec intérêt la suite de votre échange avec Loup Rebel qui lui est encore plus direct sur les dynamiques de transformation...


                            • alinea Alinea 3 mars 2013 19:38

                               Je n’ai pas vécu une mauvaise expérience ; je l’ai menée jusqu’au bout de ma capacité à y prendre plaisir ! la vie passant... j’ai considéré que la linguistique- mais je suppose comme beaucoup d’autres « sciences humaines » -avait rencontré ses limites, limites qui ont été repoussées dans ces années-là ! ;
                              je suis en train d’écrire un article sur le mental ! Il vous déplaira mais j’espère qu’il ne nous fâchera pas !!


                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 4 mars 2013 03:13

                              Désolé, autant pour moi. J’ai sans doute trop inféré à partir de ce paragraphe où vous disiez :

                              "J’ai étudié le langage pendant quelques années de ma vie ; il s’agissait, comme vous le dîtes pour le monde, de trouver une cohérence, de rendre compte du complexe par du simple ; résultats des courses ( et je ne sais pas où tout ça en est aujourd’hui), on en est venu très vite à des formules mathématiques. Donc un langage ésotérique ! « 

                              J’ai compris ça comme une »mauvaise expérience« puisqu’à partir de là suivait le jugement sur le caractère »prétentieux" du cerveau humain qui grosso modo veut tout expliquer mais se gargarise de formules ésotériques (si j’ai bien compris car là je ne peux plus vérifier).

                              Je me réjouis de vous lire et il n’y a aucune chance que cela ni me déplaise ni me fâche !

                              A ce propos, j’ai un service à vous demander. Comme Agoravox ne propose pas de système d’alerter quand un auteur qu’on veut suivre publie, pourriez-vous mettre ici un lien vers votre article sur le mental ? Comme ça notre fil pourra se poursuivre sur celui de votre article. Je compte sur vous car je ne suis pas toujours aux aguets sur Agoravox !


                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 4 mars 2013 03:28

                              @ Furax

                              Merci pour les liens.

                              Eh oui les sceptiques abondent car ils ont besoin de croire religieusement en la science et se font dogmatique comme Dawkins, excellent biologiste au demeurant, mais piètre penseur au final.


                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 4 mars 2013 12:18

                              @ Herbe

                              Bon, ok, à suivre.
                              Je ne vois toujours pas votre problème de clés pour la dynamique.

                              Car je crois (sic) que le cycle les porte toutes. C’est pour moi la clé passe-partout smiley

                              J’attends donc vos prochaines objections pour tenter de le faire apparaître !


                            • herbe herbe 4 mars 2013 19:38

                              Ok à bientôt sur un autre fil.


                              J’ai découvert pas mal de points de convergence avec vous et avec Loup Rebel (même si je ne suis pas d’accord sur tout, notemment sur la place de certaines briques dans la construction de la théorie, je dirais heureusement) et dans la mesure où vous professez éviter tout dogmatisme, je suis rassuré sur le fait que votre pensée ne se veut pas figée mais en marche....oui il y a du chemin à faire smiley



                            • Gollum Gollum 6 mars 2013 10:58
                              Comme Agoravox ne propose pas de système d’alerter quand un auteur qu’on veut suivre publie,


                              Bien sûr que si ! Pour avoir mes publications vous allez là : http://www.agoravox.fr/auteur/gollum

                              Et puis vous cliquez sur Ses articles par RSS

                              Et voilà ! Bon dans mon cas comme je ne publie jamais... smiley

                            • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 6 mars 2013 14:05

                              Merci Gollum,

                              En disant ce que je disais, j’espérais bien me faire contredire.
                              Bingo !

                              Il me reste à comprendre comment fonctionne les RSS...
                              J’avoue n’avoir jamais passé ce cap.
                              Ce sera un grand progrès !

                              A bientôt


                            • rhea 1481971 2 mars 2013 06:52

                              Ou en est le mimétisme quand on est sous neuroleptiques depuis trente ans pour contrer une imagination trop débordante ?


                              • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 2 mars 2013 07:39

                                Le mimétisme est toujours là, neuroleptiques ou pas.

                                L’imagination trop débordante c’est quoi ?

                                C’est quand on assimile le réel en toute liberté sans trop soucier de s’assurer d’une conformité avec le réel.

                                On en fait ce qu’on en veut en suivant (imitant) ce(ux) qui nous inspire(nt) et nous porte(nt) ici et là. Ce faisant (comme au jazz) on invente un chemin et une réalité non conforme qui peut être jouissive sur le moment mais qui aura un prix : celui de la non conformité aux attentes du social qui fixe la norme du réel.

                                C’est là où les neuroleptiques peuvent avoir leur utilité. Ils aident à rentrer dans les petites boîtes très étroites qui font la vie de l’homme moderne qui se pense civilisé.

                                Mais quoi qu’il en soit, à tout moment il est question d’imitation, de similitude et de conformité.


                                • zelectron zelectron 2 mars 2013 08:04

                                  Dans le domaine de la musique aussi l’harmonie séduit, mais une note, disons cacophonique, peut séduire aussi, surtout si elle est répétée dans une phrase mélodique ou diatonique. En clair l’imitation d’autrui ne peut en soi être absolue sur un plan dogmatique. Votre thèse est cependant vraie ... en général, heureusement qu’il existe des exceptions.


                                  • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 mars 2013 09:46

                                    Merci pour cette observation très précise qui a déjà été évoquée sur d’autre plan mais qui est ici très « pure » et donc très efficace en tant qu’objection à l’idée d’harmonie par le même.

                                    Nous plongeons ici au coeur des processus perceptifs dont la caractéristique première est certainement de « voir quelque chose », donc d’opérer une distinction figure / fond qui nous amènera à porter notre attention sur l’arbre isolé au milieu de la plaine désertique.

                                    L’arbre qui rompt l’uniformité (la memêté de l’étendue) du désert fait paysage, il donne quelque chose à voir et cela nous plaît pour une raison qui pourrait vous surprendre mais que je n’ai pas inventée : nous goûterions la beauté de ce constraste car il nous rappelerait la vision de la peau maternelle régulière dont l’uniformité est rompue par le mamelon objet du désir.

                                    Dans cette hypothèse, la différence, la rupture de l’uniformité nous plaît parce que... nous l’assimilons à des choses vues qui nous plaisent, que nous portons en nous et c’est la correspondance entre ce que nous portons en nous et ce que nous rencontrons qui nous réjouit .. .par le sentiment de continuité, d’unité avec le monde. Sentiment océanique qui est un déjà-vu de la prime enfance.
                                    Bref, nous n’échappons pas aux réactions circulaires et à l’assimilation. Nous sommes cela. Et ce n’est pas un problème. Car la créativité de cela est infinie.

                                    Bien entendu, je précisé qu’en dépit de l’enthousiasme qui m’amène à utiliser l’indicatif au lieu du conditionnel, tout cela n’est qu’une hypothèse.


                                  • rhea 1481971 2 mars 2013 09:28

                                    Personnellement je ne cherche pas plus loin que le concept émis par le neurobiologiste Henri Laborit : l’humain est un animal inconsciemment prédateur en permanence à la recherche de l’action gratifiante. Tout le reste n’est que déclinaison.


                                    • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 mars 2013 09:48

                                      Qu’est-ce qui est gratifiant ?

                                      Ce que nous attendons !

                                      Donc la correspondance (le matching, la similitude) entre ce que nous anticipons, ce que nous nous représentons et ce que nous percevons.

                                      Il ne faut pas hypostasier le plaisir, il faut le comprendre.


                                    • Loup Rebel Loup Rebel 2 mars 2013 16:21

                                      La thèse de la mimésis, dans cet excellent article, est juste effleurée au regard de la somme des publications sur le sujet.

                                      Rien ne heurte mes propres croyances dans cette vision, en ce qu’elle fournit une représentation sans faille d’un aspect particulier du monde, et de la vie qu’il porte.

                                      En particulier, les consensus se rejoignent de plus en plus dans l’idée de cycles à l’œuvre à tous les niveaux de l’univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand. Conduire des recherches sur ces cycles — tant à partir de l’observation que de la mise en théorie — me semble une démarche louable, utile, et digne d’intérêt.

                                      Ma réserve avouée ne porte donc pas sur la nature même de cette quête, mais sur le travers que l’on relève chez tous les spécialistes dès qu’ils plongent dans les abysses de leur recherche : la tentation de l’universalisme, fâcheuse tendance à vouloir expliquer « tout » avec la théorie érigée, au seul prétexte qu’elle est bonne et validée.

                                      De Darwin à Luc-Laurent Salvador, en passant par Freud et mille autres (moi inclus), tous ont succombé à un moment ou un autre à cette tentation.

                                      Chaque théorie participe à enrichir la vision du monde, mais aucune — à ce jour — ne peut prétendre contenir ce que je m’amuse parfois à nommer « la chose qui renferme tout ».

                                      Bachelard, quand j’ai relu sur le tard sa « Psychanalyse du feu », a remis mes pendules à l’heure de l’humilité :

                                      « Il suffit que nous parlions d’un objet pour nous croire objectifs. Mais par notre premier choix, l’objet nous désigne plus que nous ne le désignons, et ce que nous croyons nos pensées fondamentales sur le monde sont souvent des confidences sur la jeunesse de notre esprit. [..] En fait, l’objectivité scientifique n’est possible que si l’on a d’abord rompu avec l’objet immédiat, si l’on a refusé la séduction du premier choix. »

                                      Plus facile à entendre qu’à appliquer à soi... Pas sûr que j’y sois parvenu !


                                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 mars 2013 20:08

                                        Merci de mettre les pieds dans le plat.

                                        Voilà une sacrée question qui n’arrête pas de revenir ici et là.

                                        Je l’ai abordée récemment dans un fil de Bernard Dugué sous le rapport de la « théorie de tout » dont les physiciens sont friands.

                                        A ceux qui l’attaquaient en affirmant qu’il ne peut y avoir de « théorie de tout » je demandais le début d’un commencement de preuve.

                                        Rien de plus difficile à démontrer que les théorèmes de limitation qui affirment l’inexistence ou l’impossibilité d’une chose.

                                        Pour le présent échange je ne vais argumenter sur cette base car nous ne sommes pas en physique. Le contexte ne s’y prête pas.

                                        Je voudrais juste pointer ceci : la théorie selon laquelle la vie est basée sur les (mais, bien sûr, ne se réduit pas aux) acides (désoxy)ribonucléiques est une théorie « universelle » de la vie. Toute les formes de vie, quelle que soit leur diversité se ramènent à ce mécanisme basé sur la réplication de ces chaînes. A ma connaissance il y a zéro exception.

                                        N’est-ce pas magnifique ?

                                        La gravitation universelle s’applique à tous les corps. Pareil zéro exception.
                                        Qui se trouve dérangé par cela ?

                                        Il est des choses universelles qui sont universellement admises et même si elles ont pu connaître des difficultés à leur début, vient le moment où elles tiennent de l’évidence qu’on ne discute plus.

                                        L’idée que toute organisation a, comme le vivant, pour « visée » première de se reproduire et que par conséquent tout « étant », étant une organisation, tendra à se reproduire (afin de persévérer dans son être, comme disait ce cher Spinoza) me semble quelque chose d’insuffisamment aperçu à présent mais qui, un jour, devrait tenir de l’évidence qu’on ne discute plus.

                                        La question est juste : peut-on, à partir de ce seul postulat initial construire une approche de la psychologie qui puisse couvrir l’ensemble du domaine ?
                                        Je n’ai pas le moyen de le démontrer.
                                        Je peux juste dire que j’en fais l’hypothèse, que je crois en la « puissance » explicative de cette hypothèse et que c’est pour ça que je m’engage sur ce chemin.

                                        Pour la suite, je sais que la preuve du pudding sera dans le fait de manger du pudding et là tout reste à faire.

                                        Je ne me soucie pas de mes chances de succès, cad, d’arriver à un système cohérent et exhaustif du champ psychologique pour la bonne raison que le seul échec que je puisse connaître c’est seulement si je ne fais rien, si je reste improductif.

                                        Car supposons que mes hypothèses soient infirmées, supposons qu’on me démontre l’insuffisance de mon approche, si cela doit arriver alors je n’aurai pas perdu mon temps en tentant d’aller au bout de ma logique car j’aurai appris quelque chose d’absolument essentiel qui me manquait.

                                        Et si cela n’arrive pas, alors a fortiori je n’aurai pas perdu mon temps en tentant d’aller au bout de ma logique.

                                        Bref, je crois que la seule chose que chacun ait à faire c’est d’aller au bout de ses idées et de compter sur les autres pour lui apprendre à reconnaître celles qui ne tiennent pas la route.

                                        Pour cette raison je prête avant tout attention aux arguments qui ciblent les miens (pour les critiquer, les étayer, les ouvrir our les réduire). Pour cette même raison, les critiques de principe et parfois les critiques personnelles ne me posent pas de difficulté.

                                        Bref, pour conclure, je comprends votre réserve car elle est courante. Je suis moi même amusé par cette tendance un peu mégalo quand je la reconnais chez une multitude d’auteurs que j’ai eu l’occasion de lire. Pour cette raison même, n’ayant pas peur du ridicule, j’assume la logique du cycle sans me soucier du fait que je puisse apparaître comme l’homme qui tient un marteau et pour qui tout ressemble à un clou.

                                        Ok, je suis cet homme, mais l’important c’est de savoir : n’y a-t-il pas des clous (des cycles) partout ? smiley

                                        Voyez-vous la particularité d’une théorie « universaliste » c’est qu’elle est d’une fragilité maximale.
                                        Plus l’espace supposément couvert est large plus il est a priori facile de l’infirmer.

                                        Alors pour conclure, permettez que je vous pose cette question : voyez-vous des faits qui très concrètement font exception aux thèses que j’ai avancées et permettent de les infirmer ?

                                        Ou faites-vous seulement un raisonnement statistique en jugeant qu’aucune théorie universaliste n’ayant jusqu’à présent réussi, il y a de fortes chances que les suivantes échouent ?


                                      • Loup Rebel Loup Rebel 4 mars 2013 14:12

                                        *** voyez-vous des faits qui très concrètement font exception aux thèses que j’ai avancées et permettent de les infirmer ?

                                        Ou faites-vous seulement un raisonnement statistique en jugeant qu’aucune théorie universaliste n’ayant jusqu’à présent réussi, il y a de fortes chances que les suivantes échouent ? ***

                                        Bonjour Luc-Laurent,

                                        Je réponds « non » aux deux questions.

                                        Mes pensées sur l’universalisme sont purement philosophiques.

                                        C’est juste que je ne crois pas (ou plus devrais-je dire) à l’universalisme. Je suis un athée « incurable »  smiley

                                        On peut toujours dire des résultats d’une observation scientifique qu’à un moment donné rien d’autre n’a encore été observé. C’est précisément ce qui devrait pousser à chercher encore, pour découvrir ce qui va s’ajouter à ce que je cherche.

                                        Rien ne permet d’affirmer que la gravitation est « universelle ». Mais ici et maintenant c’est la seule hypothèse sur laquelle sont érigées les théories cosmiques. Idem pour la vie : nous ne connaissons que celle-là, ce qui ne prouve pas qu’il n’en existe pas d’autres que nous ne connaissons pas.

                                        Tout ça pour vous (re)dire que je mesure à son juste niveau l’étendue magistrale de votre recherche, et ses apports de toute première importance à la connaissance dont je suis bien entendu preneur.

                                        Soyez assuré que je compte bien vous « marquer à la culotte », si j’ose dire, pour ne pas perdre de vue les avancées de vos recherches. Et si, à l’issue, l’universalisme est au rendez-vous, je serais le premier à m’en réjouir. Mon athéisme sera vaincu (si mon crédit temps sur cette planète n’est pas tout consommé... il m’en reste peu !)

                                        À bientôt donc.


                                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 4 mars 2013 15:26

                                        @ Loup Rebel

                                        Merci pour vos précisions et prises de position finalement très encourageantes pour moi.
                                        Je vais donc persévérer de mon mieux en sachant que vous m’attendez au virage de l’universalisme.
                                        Mais comme je suis preneur de toute objection sérieuse, pas de souci, ce sera avec plaisir.

                                        Quoi qu’il en soit, je crois que je perçois assez bien votre a priori anti-universaux et pour le coup, je serais très intéressé par un article de votre part qui, à tout le moins, creuserait les motivations d’une telle posture.

                                        Faut-il y voir une forme de réaction, une rébellion contre les systèmes de pensée qui ont eu cette prétention par le passé et ont versé largement dans le dogmatisme, pour ne pas en dire plus ?

                                        Bref, n’y aurait-il pas ici une motivation davantage historique qu’épistémologique ?

                                        Ne vous semble-t-il pas que ce thème serait propice à un article sur l’agora ? smiley


                                      • Loup Rebel Loup Rebel 4 mars 2013 17:41

                                        @ Luc-Laurent

                                        Je crois que nous nous rejoignons.

                                        Mais... non, je ne vous attends pas au virage, au contraire, je suis parti prenant. Et je me garderais bien de me gausser d’aucune manière sur la passion qui vous anime dans votre démarche. Soyez assuré de mon plus sincère (et amical) respect.

                                        Il m’arrive comme tout le monde d’avoir la faiblesse de gouailler un auteur ou commentateur, mais seulement si je crois déceler de la mauvaise Foi.

                                        *** Ne vous semble-t-il pas que ce thème serait propice à un article sur l’agora ? ***

                                        Bien sûr que mon positionnement est directement lié à mon engagement politico-religieux. D’ailleurs vos réponses à mon dernier billet montrent que cela ne vous a pas échappé (De la croyance à la connaissance : vraie fausse vérité).

                                        Et ce sera encore sans doute plus évident pour vous dans les prochains, maintenant que vous avez repéré le Rebel. Mais de toute façon je ne m’en cache pas (c’est dit dans mon pseudo). Je n’en fais pas étalage non plus smiley

                                        On pourrait presque dire que mes billets parlent tous, peu ou prou, de ça. Mais c’est vrai pour n’importe quel auteur : il ne parle que de là où il est. Pour certains ça saute aux yeux (Easy, Dugué, Aldous, ...), pour d’autres c’est moins criant, et il faut chercher au fond de la structure linguistique pour lever le voile de l’inconscient.

                                        À bientôt smiley


                                      • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 4 mars 2013 18:16

                                        @ Loup Rebel

                                        Je n’ai pas de problème à être attendu au virage.
                                        Ma culture de méditerranéen est une culture du polémos, père et roi de tout.
                                        Cela a souvent donné des discussions « à bâtons rompus » qui pouvaient affoler mes amis allemands par exemple peu habitués à autant d’énergie et de verbe haut.
                                        tout ça appartient au passé mais, vous savez, l’habitude... smiley

                                        Pour le reste, je trouve que vous avez trouvé les paroles (bienveillantes) qui permettent de tranquillement clore ce fil de commentaires en ouvrant sur d’intéressantes perspectives d’échanges.
                                        Je propose de considérer que ce sont les mots de la fin.
                                        Merci à vous et...
                                        A bientôt !


                                      • Malika 2 mars 2013 17:55

                                        Excellent article et comme d’habitude (je vous lis fréquemment) j’apprécie la clarté de vos écrits.

                                        Cela va vous paraître étonnant mais en lisant l’exemple que vous donniez (je le reprends ci-dessous) :
                                        « Ainsi, le bébé qui voit un quadrupède et le désigne comme « ouah ouah » assimile...    (a) l’animal perçu aux diverses représentations dont il dispose en mémoire,          (b) mais il s’assimile aussi lui-même aux personnes qu’il a vues et entendues utiliser le symbole « ouah ouah » pour désigner la même chose. »
                                        Le cas (a) fait partie de ma représentation mais pas le (b). Au risque de vous faire sourire, ça a été une révélation pour moi : moi qui pensais que je n’avais souvent peu de ressemblance avec les autres, je découvre que j’en aurai beaucoup plus !
                                         

                                        • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 4 mars 2013 03:34

                                          Merci Malika pour ce témoignage.

                                          Ce que vous écrivez me fait penser au narcissisme des petites différences de Freud que vous connaissez sans doute.

                                          Une tendance commune que nous entretenons pour éprouver la satisfaction d’être différent des autres.
                                          Ah le narcissisme, que ne nous ferait-il pas faire ? smiley


                                        • Loup Rebel Loup Rebel 3 mars 2013 11:46

                                          J’ignore s’il y a encore des lecteurs ici, mais un questionnement a traversé mon esprit cette nuit.

                                          La tendance mimétique, exploitée par un pouvoir politique soucieux de son efficacité manipulatoire, peut conduire un peuple à se soumettre — à son insu — à toutes sortes d’injonctions, tant bénéfiques que maléfiques, du moment qu’elles servent les intérêts des puissants qui tirent les ficelles ici bas (injonctions génocidaires comprises).

                                          Rabelais, dans Le Quart Livre (chapitre 8) en donne une magistrale démonstration dans la querelle de Panurge avec le marchand Dindenault. Pour se venger, il lui achète un de ses moutons, qu’il précipite dans la mer. L’exemple et les bêlements de celui-ci entrainent tous ses congénères à la mer, et le marchand lui-même s’accrochant au dernier mouton se noie.

                                          Certes, direz-vous, mais nous ne sommes pas des moutons. Du moins le croyons-nous...

                                          Freud nous a rappelé (après Socrate et Platon) que notre vie est davantage dirigée par les forces occultes de notre inconscient. Nombreux sont ceux qui refusent de l’admettre. Paix à leur âme !

                                          Dans la suite de l’éveil des esprits, prendre conscience qu’un mouton de Panurge sommeille dans notre inconscient me semble une étape déterminante pour échapper à la manipulation, ennemi numéro 1 de notre liberté [vraie] de penser, et donc d’agir.

                                          La question est maintenant de savoir comment transformer ce mouton de Panurge hébergé dans notre âme en loup rebelle...

                                          Ce questionnement me fait penser à l’étude de Milgram Stanley sur son expérience du « petit monde » d’une part, et la soumission à l’autorité* d’autre part. Ce dernier sujet pourrait faire l’objet d’un prochain billet, et participer au réveil des consciences endormies.

                                          *Lien-1

                                          *Lien-2,

                                          *Lien-3 = L’homme peut être engagé dans un processus immoral et criminel, il se soumet « naturellement » à l’autorité tant que celle-ci est homogène et reconnue.

                                          À bientôt

                                           


                                          • alinea Alinea 3 mars 2013 13:39

                                            Je reviendrai sur vos liens ce soir ; mais je suis bien d’accord avec vous Loup Rebel !


                                          • alinea Alinea 3 mars 2013 20:00

                                            lien1 : cette expérience m’a toujours fascinée et je m’y suis beaucoup intéressée, vis à vis de moi-même : selon les circonstances qui entourent cette proposition d’expérience, selon l’intimidation qui est mise en oeuvre vis à vis des candidats, selon l’âge que l’on a, la confiance que l’on a en soi,etc, je pense qu’on réagit différemment.
                                            Mais, dans mes moments où je suis en pleine possession de mes moyens, comme je suis plutôt une rebelle ( une « réboussière » comme on dit chez moi), comme mon esprit de contradiction me contrarie souvent, je pense que j’aurais eu plus de chance de ne pas suivre les « ordres ».. tout en sachant que j’aurais pu les suivre à d’autres moments !
                                            Je pense que c’est vrai pour tout le monde mais, l’étude qui m’intéresserait serait plutôt celle qui examinerait et expliquerait pourquoi certains s’y soumettent et d’autres pas ? Qu’est-ce qui fait que des gens, contre eux-mêmes, font ce qu’ils croient devoir faire et pourquoi d’autres s’affirment ?


                                          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 mars 2013 20:14

                                            @ Loup Rebel et Alinéa
                                            Désolé, il est trop tard pour moi.
                                            Je reviens demain pour réagir à vos commentaires et deviser sur ce thème essentiel du panurgisme en chacun de nous.


                                          • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 3 mars 2013 17:04

                                            Merci Loup Rebel pour vos deux derniers commentaires, chacun à sa manière très lourd de signification.
                                            Je les ai gardé pour la fin.
                                            J’y reviens d’ici une heure je pense.

                                            Pour discuter le premier et abonder pleinement dans le sens du second...

                                            A tout à l’heure


                                            • Loup Rebel Loup Rebel 4 mars 2013 10:16

                                              @ Alinea (xxx.xxx.xxx.134) 3 mars 20:00

                                              *** l’étude qui m’intéresserait serait plutôt celle qui examinerait et expliquerait pourquoi certains s’y soumettent et d’autres pas ? Qu’est-ce qui fait que des gens, contre eux-mêmes, font ce qu’ils croient devoir faire et pourquoi d’autres s’affirment ? ***

                                              Je crains que la réponse à ce pourquoi ne vous enchante pas...

                                              J’ai déjà évoqué ici à d’autres occasions l’équation de l’équilibre psychique, à savoir que chacun de nos actes résulte d’une tentative de résoudre nos tensions psychiques. Autrement dit, nous cherchons toujours à aller vers le plaisir maximum, ou le déplaisir minimum.

                                              Or, des pulsions sadiques sont présentes en chacun de nous, dans le meilleur des cas suffisamment réprimées (refoulées au sens freudien) par... notre besoin d’être aimé, qui nous pousse à... imiter nos parents/éducateurs. Encore la mimésis à l’œuvre.

                                              Mais si le contexte offre une possibilité d’être aimé en laissant libre cours aux pulsions sadiques, vous imaginez aisément qu’elles vont s’en donner à cœur joie !

                                              À bientôt


                                              • Loup Rebel Loup Rebel 4 mars 2013 10:25

                                                J’ai oublié de donner la citation idoine :

                                                La civilisation a été acquise par le renoncement à la satisfaction pulsionnelle. Ainsi, l’éducation, en réprimant nos pulsions, nous apprend à voir dans le fait d’être aimé un avantage qui permettrait de renoncer à tous les autres.

                                                Inutile de préciser l’auteur, vous l’aurez deviné  smiley


                                              • Loup Rebel Loup Rebel 4 mars 2013 10:37

                                                Ah ! Et puis une autre pour la route :

                                                Il existe infiniment plus d’Hommes qui acceptent la civilisation en hypocrite que d’Hommes vraiment et réellement civilisés.

                                                Même auteur...


                                              • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 4 mars 2013 12:14

                                                @ Alinéa,

                                                Vous posez une sacrée question qui aussi intéressante soit-elle ne doit pas nous détourner du constat désastreux du suivisme et de la soumission à l’autorité qui caractérise l’humain en général.

                                                Car porter l’attention sur ceux qui résistent adoucit la peine de constater que, par ailleurs tant d’humains sont portés à se soumettre. Il faut donc comprendre, mais ne pas se raconter d’histoire.

                                                Quoi qu’il en soit, certains résistent oui.

                                                Si je ne m’abuse, Loup Rebel n’a pas répondu directement à votre question puisqu’il nous donne, me semble-t-il, une explication pulsionnelle de la soumission dans l’expérience fameuse de Milgram.

                                                Pour ce qui est de comprendre la résistance et non la soumission, je vous proposerais une réponse logique à partir du postulat initial qui voudrait que l’imitation soit partout. Autrement dit, c’est encore du côté de l’imitation qu’il faudrait chercher la réponse.

                                                En effet, observons que celui qui ne se soumet pas, qui ne reproduit pas le modèle qu’on lui propose, n’est pas celui qui n’imite pas, il est plutôt celui qui imite ailleurs, autre part.

                                                Comme disait en substance le poète Thoreau, celui qui ne marche pas au son du tambour c’est qu’il entend un tambour plus lointain.
                                                Celui qui ne se soumet à telle norme, c’est qu’il a déjà adopté (imité) une autre norme, sur laquelle il a bâti son identité et, comme toute chose tend à persévérer dans son être (l’habitude), ce sujet va persévérer dans ses choix même face à l’adversité. Il restera attaché à ses valeurs, cad, qu’il les reproduira en acte quand bien même il devrait pour cela s’opposer à la pression de l’autorité.

                                                Pour tout un chacun la question est donc toujours : quels sont mes modèles ? quelles sont les valeurs que j’ai intériorisées... en les imitant ?

                                                @ Loup Rebel

                                                Vous aussi vous posez une sacrée question : comment échapper au mouton qui nous habite et construire un véritable libre-arbitre ?

                                                Je pense comme vous que la liberté de l’individu passe par la connaissance de son fond de commerce pulsionnel, ce que pour ma part j’identifie complètement à ce que j’appelle l’écosystème de ses habitudes qui sont autant d’automatismes mentaux qui le poussent à droite à gauche au grè de leur niveau d’activation intrinsèque et des conditions environnementales (dont les pressions sociales).

                                                C’est pourquoi je recommande vivement l’éducation à la psychologie en général (j’ai même fait une association pour cela) et la psychoéducation en particulier, comme stratégie de prévention des psychoses (dont la dimension mimétique est, je crois, insuffisamment reconnue).

                                                A noter que le lien donné plus haut par herbe montre les spécialistes de la mémétique ont déjà abondé dans ce sens.

                                                Un début de consensus se fait jour on dirait smiley

                                                Pour ma part, je ne vois pas trop ce que l’on peut faire de plus, à part donner de bons modèles, enseigner comment les reconnaître comme tels, et autant que faire se peut, en être un soi-même !

                                                PS : je vous précise que j’ai répondu plus haut à votre commentaire sur le problème des théories à visée universelle.


                                              • Alire 16 avril 2013 11:34

                                                Ne peut-on rapprocher et assimiler les mécanismes de résonance, d’accrochage de cycles et de perception-action à de celui connu des biologistes de l’évolution sous le nom d’hypertélie
                                                définie étymologiquement comme « excès de fin » (voir les auteurs Cuenot et Tétry) soit une évolution qui se répète sur un caractère unique ou préférentiel ce qui la conduit dans une impasse évolutive (exemple : le Mégacéros Hibernicus qui s’étant sélectionné sur la taille des bois en devint un handicapé pour la course dans les forêts de son habitat !...)
                                                On* a suggéré une extrapolation au psychisme humain ou l’ hypertélie serait la règle alors qu’elle est l’exception en biologie de l’évolution...Serait ce parce que en matière de psychisme humain, avec la conscience en plus, les mécanismes de feed back régulateurs ont tendance à se déréguler et donc à s’emballer ? (feed back positifs)
                                                Les « mauvaises » habitudes humaines qui nous conduiraient dans ces sortes d’impasses et nous aurions besoin de nous heurter à des murs pour nous réveiller ? Bref il pourrait ne pas suffire d e se laisser vivre pour évoluer et être heureux ?... C’est une vue furieusement finaliste j’en conviens ! mais finaliste ne veut pas dire faux à tout coup !...
                                                J. Dartan : Franchir le Rubicon


                                                • Luc-Laurent Salvador Luc-Laurent Salvador 16 avril 2013 18:37

                                                  Merci pour le commentaire.

                                                  Je crois que je comprends l’hypothèse.
                                                  C’est vrai que le développement exponentiel des connaissances et des capacités technologiques de l’homme avec les ravages que peut occasionner cette puissance si rapidement acquise, cela pourrait faire penser aux phénomènes interprétés comme relevant de l’hypertélie.

                                                  Pour ma part, ma conviction est que ce mot n’explique rien, c’est juste un pointeur qui désigne quelque chose de bizarre du point de vue évolutif parce qu’on le comprend mal du point de vue d’une biologie adaptationniste naïve, cad, néo-darwinienne.

                                                  Lorsqu’on pense systémique, ce que faisait Darwin, on prête attention à la sélection sexuelle (ce que faisait Darwin) qui se fout de l’adaptation à l’environnement parce que ce qui compte c’est .... la reproduction, encore et toujours.

                                                  Si celui qui ne peut courir ou se défendre parce qu’il a tel ou tel organe hypertélique existe, c’est tout simplement parce qu’avec cet organe il attire furieusement les femelles et, au bout du compte, il se reproduit davantage. Et encore une fois, cela seul compte !

                                                  Pour ce qui est de l’humain, il y a toutes raisons de penser que l’intelligence aura été sélectionnée par les femelles car si ça c’est passé comme on le voit chez les chimpanzés, le plus intelligent devient male alpha et il a alors le pouvoir sur la reproduction avec une quasi exclusivité sur les femelles.

                                                  Notez bien qu’il n’y a ici pas la moindre explication finaliste. C’est juste de la bonne logique évolutionniste.

                                                  J’ai écris dans cette veine. Je peux vous passer l’article si cela vous intéresse.

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