• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV
  • Agoravox Mobile

Les commentaires de ocean



  • ocean 10 novembre 2009 20:57

    je sais bien qu’il est de bon ton de ne pas aimer les américains, mais bon, vous savez ce qu’on dit : "les états-unis c’est le pays où quand les gens voient quelqu’un dans une belle voiture ils se demandent comment ils pourraient faire pour avoir la même, et la france c’est le pays où quand les gens voient quelqu’un dans une belle voiture ils se demandent comment ils pourraient faire pour l’empêcher de l’avoir"...

    je me rappelle aussi, quand on a supprimé les 1ères du métro au nom de « l’égalité républicaine », le type qui avait dit qu’on aurait mieux fait de supprimer les 2ndes !!

    il n’en reste pas moins que les français qui ont de la fortune paient le rsa et la cmu de ceux qui n’en ont pas, ainsi que les hôpitaux où tout le monde est soigné, et qu’une limite dans les plus-values ou un seuil dans les revenus des artistes ne pourra jamais être fixée autrement qu’arbitrairement c’est à dire au hasard.

    les diplômes de mon ami jean-claude ne l’ont pas payé à la hauteur de ses mérites puisqu’il est le premier à dire qu’il n’en a aucun. Saluons au passage son honnêteté intellectuelle ! lorsque je vois quelqu’un se vanter de ses mérites, je me demande toujours s’il aurait pu ne pas faire ce qu’il a fait, et la réponse est non, presqu’immanquablement. Essayez de vous poser cette question devant un exploit, vous verrez.

    pour l’immense majorité des lève-tôt qui se vantent de faire partie de ceux à qui le monde appartient comme dit le proverbe, le véritable héroïsme serait de se lever à midi.

    quant au foot, oui, on peut y voir un analphabète qui encaisse des millions pour taper dans une balle ; mais on peut aussi y voir un type qui s’approprie un enjeu qui ne lui appartient pas, en faisant le pari de réussir sans en être assuré, et les autres avoir assez de confiance pour le laisser prendre le risque, puis reprendre eux-même ce risque à la passe, et cette confiance et ce partage de risques, entre loupés assumés et belles réussites partagées, aboutir à la marque et à la victoire elle aussi partagée ; et pour ma part je trouve sensationnel que cela puisse être fait par un analphabète.

    faudra-t-il aussi supprimer les symboles ?

    nous aurons des occasions d’en reparler, paul !



  • ocean 10 novembre 2009 14:20

    alors il va nous falloir une très grande poubelle, paul ! car nous devrons y jeter :

    - toutes les ventes aux enchères (ebay, salles des ventes...) à interdire d’urgence parce qu’elles constituent le délit d’ « enrichissement sans cause », qui est puni par la loi et qu’elles procurent un argent qui n’est pas lié à un travail (l’argent de chaque surenchère successive n’est lié à aucun travail et il va direct dans la poche du vendeur)

    - la plus-value de la maison que je viens de vendre et que j’ai achetée il y a 20 ans (gain : 700 % en 20 ans, moins l’inflation, net d’impôt). Je dis ça pour la mienne, mais la poubelle devra aussi contenir les plus-values de tous ceux qui ont vu augmenter la valeur de leur maison, c’est à dire tous les propriétaires de france sans exception, vous-même peut-être inclus ! Je ne m’y sens pas prêt. Et vous ?

    - la fortune de gainsbourg. En effet, serge gainsbourg a toujours dit qu’il ne travaillait pas, que ses oeuvres sortaient de lui toutes seules et sans aucun effort. Je l’ai vu une fois dire à la télé « je n’ai jamais travaillé, j’ai toujours eu une scandaleuse facilité ».

    le fait de le dire était peut-être une provoc, mais le contenu était vrai, et ça saute aux oreilles quand on écoute sa musique. Et pourquoi « scandaleuse », serge ? pourquoi « scandaleuse » ?

    - les trois DEA de mon copain jean-claude. Un physicien. Surdoué. Il a passé tous ses certificats avec mention très bien, sauf un, où il a eu mention bien (comme quoi personne n’est parfait). Quand je lui ai demandé comment il avait fait il m’a répondu « je ne sais pas, j’ai rien fait. J’étais dans le fond de la classe, toujours au fond, au dernier rang, je dessinais pendant les cours, j’entendais au loin devant ce que disait le prof, et quand je sortais j’avais tout compris et je savais tout par coeur ».

    il ne parlait pas de scandale, mais il évoquait ceux qu’il voyait ramer pour des résultats moyens.

    - etc etc etc...

    avec la question de la valeur des choses, c’est également celle du mérite et celle de l’égalité, que vous posez. Valeur, mérite et égalité forment trois pôles d’un triangle qu’on ne peut pas dissocier.

    mais enfin, sans vouloir vous contredire, on ne peut pas dire que les toiles de picasso « sont des croûtes », pour la raison simple qu’elles n’en sont pas. Elles devraient peut-être en être ; on pourrait peut-être souhaiter qu’elles en soient ; elles en seront peut-être un jour ; mais elles n’en sont pas.

    la valeur de quelque chose n’est nulle part ailleurs que dans le regard qu’on y porte, paul, et cela est un fait que vous ne pourrez pas contourner.

    Tant qu’il restera sur la terre deux personnes pour penser que picasso est un génie, elles pourront continuer à se l’arracher à coups de millions. Vous et moi avons chez nous des objets qui ont grande valeur à nos yeux et qui pourtant n’en ont pour personne d’autre. Vous le pensez d’ailleurs aussi de picasso : baguette magique : vous en avez un ! c’est une croûte sans valeur, n’est-ce pas ? mettez-le donc à la poubelle !

    le seul bon argent est celui qui résulte d’un travail ? Très bien, et bonne chance pour définir ce que c’est qu’un travail.

    pensez-vous que les traders ne travaillent pas ? Parle-t-on de travail, ou de pénibilité ? « le seul bon argent est celui qui résulte d’un travail pénible » ? admettons. Et les DEA de jean-claude, à la poubelle ? bon, c’est vrai après tout, il ne les mérite pas, ce rat ! Maintenant, dans le gradient continu de dons qui permettent, dans la classe, d’obtenir le diplôme avec plus ou moins de facilité, dites-moi où vous placez la frontière entre ceux qui l’auront parce qu’ils en ont bavé et ceux qui ne l’auront pas parce que c’est trop facile pour eux.

    et notre poubelle devra encore être assez grande pour contenir tous les sports d’équipe : le foot, le rugby, l’alpinisme à plusieurs. Et aussi l’exploration spatiale habitée. Et la recherche scientifique où l’on engage des milliards. Et les conseils d’orientation que je donne à mon fiston. Sans oublier la pêche en haute mer !

    pourquoi tout cela à la poubelle ? parce que dans tout cela on retrouve le risque pris par quelqu’un avec quelque chose qui ne lui appartient pas en propre : le joueur de foot, le chef de cordée, le chef de projet à la nasa, le directeur de programme scientifique, moi avec mes conseils, le patron du chalutier, tous, nous prenons des risques avec des objets qui ne nous appartiennent pas. Et nous récidivons, malgré nos plantages !

    avez-vous lu « la société de confiance » de peyrefitte ?

    il y expose comment l’histoire montre que les sociétés qui ont connu la prospérité et la paix ont toujours été celles où régnait la confiance, et que la défiance de l’autre conduit toujours à la ruine et à la guerre.

    vous connaissez le groupe accor : il a été fondé et développé par deux hommes, pélisson et dubrule. Un jour, un journaliste leur demandait le secret de leur réussite. L’un des deux (je ne me rappelle pas lequel) a répondu : « nous nous sommes imposés au départ quelques règles imprescriptibles. Par exemple : toute décision doit être validée par les deux, on ne fait rien si on n’est pas tous les deux d’accord pour le faire. Si l’un des deux doute mais qu’il décide quand même de valider l’idée de l’autre et qu’ensute ça échoue, interdiction absolue de critiquer celui qui a eu l’idée ».

    c’est celle-là, paul, la vraie solidarité : celle du risque partagé, pris avec quelque chose qui n’appartient pas qu’à soi, et où chacun accepte qu’on peut ne pas réussir.

    c’est celle dont le foot et le rugby nous donnent tous les jours tant de belles images. Ce qui se trouve au centre du triangle valeur (de la chose) - mérite - égalité, c’est le concept de confiance.

    dans le risque partagé, on réussit le plus souvent, tout simplement parce que l’humain n’est pas fou et qu’il réfléchit quand même un peu de temps en temps. Mais quelque fois ça rate. Ca s’appelle un accident, il s’en est produit un avec les subprimes. Mais ce sont ces ratages qui font la valeur de toutes les fois où ça marche.



  • ocean 10 novembre 2009 03:47

    outch, paul !

    « le vol du trader est légal », même pour un breton, vous n’y allez pas avec le dos du clavier ! mais « voler », c’est « prendre pour soi, sans droit ni titre, quelque chose qui n’est pas à soi », et kerviel n’a rien volé !

    pour le convoyeur, à l’heure où j’écris, on a déjà retrouvé l’oseille. La sympathie admirative va-t-elle laisser la place à un « c’était bien essayé » un peu désappointé ou à un « essaye encore » plus ironique ? peu importe. Ce n’est pas de l’homme que vous parlez ni de son acte, c’est de la valeur des choses (si j’ai bien compris, et si non, dites-moi).

    votre article me donne à réfléchir. Je me demande si le point de vue que vous y développez ne serait pas fondé sur les axiomes de « bon sens » suivants :

    1/ le seul bon argent est celui qui résulte d’un travail, et tout autre argent est condamnable

    2/ nul ne doit prendre de risque avec ce qui ne lui appartient pas en propre

    3/ tout ce qui est gagné par l’un est nécessairement perdu par un autre (la somme des richesses est constante et tout enrichissement est dolosif, dans la suite de l’ami proudhon)

    or, je me demande aussi si ce ne serait pas sur de tels axiomes que se serait fondée une forme de bien-pensance contemporaine dans laquelle tout devrait se valoir, dans laquelle le risque ne devrait conduire qu’à plus d’agrément, dans laquelle toute acquisition (par autrui) serait un vol (contre moi bien sûr, et donc toute acquisition par moi un dédommagement minimal), faisant de chacun ce créditeur universel et éternel qu’on voit partout cultiver le doux état victimaire qui marque tant notre époque : « le petit dieu gavé-frustré, votant, consommateur ».

    parce qu’enfin, toute valeur est valeur d’échange, et l’échange n’est fondé que sur la désirabilité ; l’écrivain célèbre et l’écrivain que personne ne lit, la valeur des deux n’est nulle part ailleurs que dans le regard des autres. Vous savez bien qu’il n’y a pas de prix de vente, mais qu’il n’y a que des prix d’achat : la chose vaut (et ne vaut que) ce que quelqu’un est prêt à en donner à cet endroit-là et à ce moment-là.

    diriez-vous, paul, que l’augmentation de « valeur » que prend, jour après jour, l’objet déposé sur ebay, est un « enrichissement sans cause » ? Evidemment non ! cette valeur est un indicateur de désirabilité. Il en est de même de la valeur d’un pissarro ou des célèbres tournesols.

    au nom de quoi faudrait-il que seul le « travail » soit autorisé à produire de la valeur, alors que la valeur n’est qu’un indice de désirabilité personnel, et variable, et irrationnel, et sachant en plus que le travail est une chose fort difficile à définir, comme en témoigne tous les jours le droit qui s’y applique.

    si vous désirez quelque chose plus que moi, vous en offrirez plus, c’est aussi simple que ça.

    vous connaissez sûrement la répartie de picasso : à un critique qui lui demandait agressivement « combien de temps de travail y a-t-il dans ce dessin que vous vendez si cher ? », il avait répondu : « une vie ». Il avait raison, mais c’était encore trop peu dire : il aurait pu ajouter la vie de ses parents, les vies de ceux qui l’avaient influencé, les vies de ceux qui avaient construit ses environnements, celle de dora maar...

    au nom de quoi aurait-on quelque chose à reprocher à ceux qui suivaient le conseil que leur donnait le même picasso quand il les payait d’un chèque en leur disant « ne l’encaissez pas, il vaudra un jour plus que son montant » ?

    les forestiers ont une jolie formule : pour l’estimation d’une pièce plantée d’arbres qui pousseront si dieu veut, ils parlent de « valeur d’espérance ». Or, comparez la valeur de cette pièce d’arbres jeunes à ce qu’elle est devenue trente ans après lors de la coupe, et mettez en face de cette plus-value le coût de l’entretien, vous verrez que l’enrichissement est spectaculaire. Est-il scandaleux ? non. Et pourtant c’est bien dame nature qui a fait tout le boulot (si je puis me permettre !), ou presque.

    en dépit de ses gros doigts, de sa confortable limousine, et de sa manie de ne pas me faire confiance alors que je suis si doué pour l’argent comme chacun sait, le banquier n’est pas un voleur, ni un homme à abattre. Son métier est de permettre ou favoriser la création d’une richesse - de désirabilité - qui profitera d’abord à tout le monde. Trouvez-vous anormal que celui par qui tout le monde est enrichi soit le premier à en profiter ?

    confieriez-vous votre argent à un banquier pauvre ? moi non. S’il gagne, il ne me prend rien : il me fait gagner.

    je me rappelle avoir vu un jour au marché une femme acheter des bananes ; elle avait des parts dans une plantation, et lorsque la vendeuse lui a dit avec une grimace qu’elles étaient chères, la femme a répondu « tant mieux, c’est parce qu’elles sont chères que je peux en acheter », et chaque fois que j’y repense je ris encore de l’expression d’incompréhension de la vendeuse ! Et pourtant c’était vrai !

    pour remplir sa fonction d’enrichisseur, le banquier repère ce qui gagnera en désirabilité, et il le repère avant les autres. Cette anticipation est le coeur de son métier. Ensuite, il favorise l’augmentation de désirabilité, et se retire de ce qui perdra en désirabilité. Sa mission, sa fonction sociale sont celle-là. Sauf pensée magique mickey-bisounours, ceux qui lui confient leur argent le savent. On prend des risques, on en prend plus ou moins, plus ou moins longtemps.

    ce n’est pas un casino comme vous dites, car ces lois d’anticipation ne sont pas les lois du hasard qui seul règle les jeux d’argent.

    je crois que le malentendu vient de ce que l’enrichissement général produit par les banques n’est pas évidemment visible au grand jour, contrairement à la prime du trader. Ce qui est rétribué chez le trader, ce n’est nullement son audace, ni les risques qu’il prend avec l’argent qu’on lui a confié pour ça, ce qui est rétribué c’est l’enrichissement général qu’il produit.

    je suis frappé de voir que ceux qui savent anticiper la désirabilité attirent la haine s’ils en profitent de leur vivant, et l’admiration s’ils n’en profitent pas parce qu’ils ont eu raison trop tôt.

    tout le monde connaît l’anecdote de picasso au restaurant : le restaurateur l’a repéré, et lui demande s’il accepterait de laisser un dessin sur la nappe en papier. L’artiste s’exécute, mais ne signe pas. Le restaurateur admire, remercie, et demande si le maître pourrait signer l’oeuvre. Réponse de picasso : « non, j’achète le repas, je n’achète pas le restaurant ! »

    eh bien, ce picasso-là, on ne l’aime pas, alors qu’on aime pissarro mourant de froid dans la misère au milieu de ses chefs-d’oeuvre.

    pourquoi ?

    dans cette haine du riche, dans notre feinte croyance que pauvreté = pureté, j’aimerais être sûr qu’il y ait autre chose que de la jalousie et du dépit de nos insuffisances.



  • ocean 7 octobre 2009 17:28

    en entreprise, en matière d’évaluation des personnels, on pratique couramment, entre information et communication, une distinction fondée sur la factualisation, regardée comme critère d’incontestabilité.

    la contestabilité n’est pas une notion binaire : on ne peut pas dire que quelque chose est contestable ou pas, en réalité les choses sont plus ou moins contestables (sinon les avocats mettraient la clé sous le paillasson). Il existe un gradient de contestabilité.

    la factualisation peut donc être considérée - et c’est le cas dans l’éval des personnels - comme un repère d’inconstestabilité : plus on est factuel, moins on est contestable.

    « vous arrivez à 10 h. » c’est un fait qui ne peut pas se discuter facilement ; « vous arrivez en retard » ouvre déjà la voie à interprétation, « vous arrivez tard » est une opinion personnelle, et « vous avez vu l’heure ? » est une engueulade qui relève de l’affect. En factualisant de moins en moins, on passe progressivement de l’info à la com.

    pour clarifier le vocabulaire, toujours dans le contexte que j’évoque, on peut dire qu’avec « ça coûte 10 € » j’informe, et qu’avec « ça coûte pas cher » je communique. La communication est alors « une information orientée », comme dans « il fait froid » (vs « il fait 3°C »), ou dans « ils sont très nombreux ». « 2 millions de votationeurs », c’est de l’info, « mobilisation énorme », c’est de la com.

    que l’information et la communication soient toutes deux, comme vous le dites justement, un lien entre deux personnes, me semble de nature à permettre l’introduction du qualitatif, comme valeur ajoutée aux données qu’on échange : le QG opérationnel informe le ministère de la mort du soldat untel, mais le ministère ne transmettra pas telle quelle l’information à la famille : info dans un cas, com dans l’autre, et heureusement. Communiquer peut être tromper - le mensonge relève de la communication, pas de l’information - mais communiquer peut aussi humaniser.

    ce qui brouille les pistes, en fait, c’est que si l’information n’est pas en soi un objet politique (elle est neutre), le politique est si avide qu’il s’en empare immédiatement, toujours, de toutes les façons possibles, à toutes fins utiles, et à tout prix.



  • ocean 27 mai 2009 04:11

    @internaute : les pays d’amérique latine pas touchés ni de près ni de loin par la 2ème guerre mondiale... vous plaisantez ? l’argentine ? le brésil ?



  • ocean 25 mai 2009 17:26

    Courts-circuits dans le clavier ou spasmes aléatoires épileptiques ? avez-vous remarqué, Paul, le déclenchement intempestif de la touche « envoyer » de certains de vos honorables correspondants ? Cela donne un rythme un peu saccadé, haletant, même, mais quelle poisse ! imaginez un peu : vous écrivez tranquillement dans un forum, et tout à coup, hop ! votre message est expédié alors qu’il n’était pas terminé... vous reprenez, patiemment, et hop !! c’est encore parti !!!

    et cent fois sur le métier vous devez reprendre votre ouvrage ! Louable continuité en tout cas !

    ayant donc enjambé le mille-feuilles : bravo Paul et merci de rendre au lieutenant-colonel Beau la vérité qui lui est due.



  • ocean 14 mai 2009 15:52

    ultranul. Salissant pour le sexe, et aussi hors de propos pour la politique que le seraient des carottes râpées ou un raton-laveur.

    inefficace à terme, qui plus est : on a vu ce que ça a donné avec la cicciolina de minable mémoire.

    un milliardième indice pour donner raison au malheureusement prophétique « nous entrons dans la barbarie » de michel henry.

    "Nous entrons dans la barbarie. Certes ce n’est pas la première fois que l’humanité plonge dans la nuit. On peut même penser que cette aventure amère lui est arrivée bien des fois et c’est la gorge serrée que l’historien relève les traces d’une civilisation disparue. Mais une autre toujours prenait la suite. Sur les ruines des sanctuaires anciens s’élèvent de nouveaux temples, plus puissants ou plus raffinés. Les campagnes que les systèmes d’irrigation à l’abandon ont transformées en marécages sont un jour ou l’autre drainées et asséchées de nouveau, une agriculture plus prospère s’y installe. Ainsi pouvait-on se représenter l’histoire sous une forme cyclique. A chaque phase d’expansion succède celle du déclin mais, là ou ailleurs, un nouvel essor se produit, portant plus loin le développement de la vie. ... Ce qui se passe sous nos yeux est bien différent. ..."

    http://www.michelhenry.com/labarbarie.htm



  • ocean 13 mai 2009 15:57

    oui, je sais ce leurre de l’humanitaire, oui et oui, vous pensez bien... je vous dis : vous n’avez pas tort, évidemment...

    je dis juste que c’est une goutte de rosée sur la voile d’un bateau qui coule. Maintenant, c’est en effet peut-être un symptôme (de plus) qui montre à quel point, sur ce joli navire, plus personne, ni profs, ni proviseurs, ni élèves évidemment, ne sait plus non seulement où il va mais pourquoi il est là. Ça au moins c’est clair. Vous ne vous êtes pas souvent privé de le dire, et je suis complètement d’accord (même un aveugle de mauvaise foi aurait du mal à ne pas être d’accord, d’ailleurs !! lol)

    si encore il faisait beau et que la marie-joseph fût un bon bateau..., mais même pas !

    les avatars de l’éduc nat’ rappellent un peu les aventures et mésaventures de la célèbre frégate « l’incomprise ».



  • ocean 13 mai 2009 15:41

    bravo, et vous avez raison, paul, d’œuvrer à le faire savoir.



  • ocean 13 mai 2009 05:14

    bien sûr, paul, oui, oui, et oui, vous n’avez pas tort.

    mais bon.

    va-t-il falloir mettre un préservatif à toute action généreuse, va-t-il falloir aseptiser toute allusion au nom d’une banque pour en masquer l’identité alors qu’elle est présente partout : dans le fonctionnement du lycée, dans la paye des profs et même dans le crédit de leur logement et de leur voiture, dans le matériel, l’entretien des murs, le labo, la cantine, la taille des arbres, la peinture des portes, le remplacement des tableaux, la moindre table, la moindre chaise de l’établissement, les cars scolaires..... ?

    faut-il faire d’une banque le grand satan interdit non seulement de séjour, mais même simplement de figurer sur un document parce que des élèves vont l’avoir entre les mains, alors que ces mêmes élèves vont passer (à la louche et en ne comptant que les jours de classe) 4 x 150 = 600 fois (ne recomptez pas... !!) devant l’agence bancaire en venant au lycée et en en sortant  ?

    faut-il mettre un consultant et deux avocats aux côtés de chaque proviseur ? ou ajouter un conseil juridique à la batterie des intermittents de l’éducation (avec les conseillères d’orientation n’ayant jamais mis les pieds dans une entreprise, etc) ?

    ne faut-il pas jeter tout de même un coup d’oeil à la finalité de l’opération ?

    faut-il enseigner aux chères têtes blondes qu’il n’est de générosité permise que neutralisée, aseptisée, hors la ville, hors la vie, hors l’humain et ses défauts ?

    et surtout : que cherche exactement m. ponthus ? supponsons que son noble combat aboutisse. Parfait. Et puis ? la vie sera-t-elle meilleure quand on se baignera dans son eau ultra javellisée, conforme au moindre alinéa du sous-article de la troisième annexe à la circulaire machin-truc ?

    n’y a-t-il pas mieux à faire auprès des élèves que leur démontrer à tout prix que tout ce qui de près ou de loin évoque l’argent et sa gestion - domaines dans lesquels notre administration exerce ses talents avec le brio que l’on sait - est sale, de toute façon corrompu, de toute façon rampant et mielleux, de toute façon suspect ?

    mort aux banques, mais merci d’y faire verser mon salaire, c’est pour mes sicav, mon pap, mon pel, je vous joins mon rib, merci beaucoup.

    mais surtout, paul : frachement, ce genre de croisade en forme de tempête dans un verre d’eau (je vois d’ici le bahut, la cote du prof sur la cour, les blablas dans les couloirs, la salle des profs, les parents d’élèves, les tracts, les stickers, le tintouin...), ce genre de croisade, n’est-il pas idéal pour masquer les vrais problèmes que vous pointez par ailleurs avec tant de raison ?

    pour ma part, si je venais de refermer le « bréviaire des politiciens » de mazarin (cardinal jules), que je fusse proviseur d’un lycée perdu dans une ville méconnue du grand public, et que je souhaitasse (tant qu’à battre les oeufs en neige, allons-y pour la conjugaison... lol), et que je souhaitasse, donc, faire diversion sur deux ou trois ou quatre vrais problèmes de fond affectant mon établissement, je pousserais discréto mon m. ponthus pour qu’il en fasse le maximum après le plus possible, et qu’il en rajoute encore autant qu’il en pourrait trouver.

    enfin tranquille.... !



  • ocean 29 avril 2009 03:35

    avez-vous lu, paul, le au fond des ténèbres de gitta sereny ?

    c’est un recueil des interviews qu’elle a menées avec franz stangl, ancien commandant du camp de treblinka.

    gitta sereny ne veut pas se résigner à ne pas comprendre pourquoi, ou comment, l’inhumain est incompréhensible. Elle est donc allée regarder au coeur du mal absolu, au coeur des ténèbres, sans tenir aucun compte de ses vertiges ni de ses nausées.

    elle le fait sans la plus petite concession avec une humanité, une rigueur, une pudeur, un tact, un respect, un calme, une exigence, une précision et une noblesse proprement hallucinants.

    et savez-vous ce qu’elle a trouvé ?

    rien.

    rien, paul, tout simplement. Rien qu’un être inhumain à en hurler, qui parle, qui vous regarde, qui répond calmement, qui décrit, qui circonstancie, et rien d’autre, et voilà, et c’est tout. Un monstre absolu qui ne vous défie même pas. Entre vous et lui, le hurlement est muet.

    ce n’est même pas la vitre qui sépare du clinique ; au fond des ténèbres, il n’y a rien.

    et ne tombons pas dans les leurres ; ceux qui condamnent un prof pour une gifle, les proviseurs ou gens de rectorat dont vous parlez souvent, trônent entre ubu roi et le grotesque enflé du carnaval de nice.

    le petit juge, lui, ce serait plutôt hannibal lecter assis sur un gros code pénal beaucoup trop lourd pour lui : qu’est-il, ce pauvre garçon ...

    son insignifiance, elle, est à vous faire penser que dieu est mort.

    [gitta sereny, au fond des ténèbres. Un bourreau parle : franz stangl, commandant de treblinka (denoël editeur, 2007)]



  • ocean 24 avril 2009 03:27

    icare, je ne vous suis ni sur l’innocuité de la confusion entre soupçon et présomption en matière judiciaire, ni sur celle de la confusion entre désaccord et polémique sous le clavier d’un journaliste.

    Présumer comme vous le faites qu’il serait ’anecdotique’ de confondre la présomption, qui est un a priori, avec le soupçon, qui est une hypothèse, ce serait dire qu’on pourrait remplacer notre « présomption d’innocence » par le « soupçon d’innocence », et que vous ne verriez pas d’inconvénient notable à être accueilli au tribunal par un juge qui vous dirait pour entrer en matière : « asseyez-vous, je présume que vous êtes coupable », et qui poursuivrait en vous disant « je vous soupçonne de vouloir rejeter le crime commis sur d’autres ».

    trouveriez-vous cela « anecdotique » ? je ne le crois pas, et j’ajoute que vous auriez raison.

    Quant à la confusion entre désaccord et polémique, je la soupçonne de faire peu de cas de l’étymologie qui veut que polémique signifie guerre  ; or, je présume que vous savez bien qu’ « on peut ne pas être d’accord sans être fâché », et que l’application de cette maxime rend des services inestimables dans la vie de tous les jours.

    Ne me dites pas que vous n’en avez jamais soupçonné l’utilité !



  • ocean 14 avril 2009 15:36

    bonjour Paul.

    je partage tout à fait votre point de vue. Confiscation du pouvoir, mainmise sur les instances décisionnelles, clientélisme, et encore en plus sclérose (vous citez chirac, comment ne pas inviter aussi mitterrand à le rejoindre post mortem...).

    Sans vouloir contredire martine, une volonté d’immobilisme aussi entêtée (car monory était extrêmement entêté) ne définit pas franchement une homme « tourné vers l’avenir » !

    On suppose qu’elle a voulu faire allusion au futuroscope, mais ce dernier a été l’oeuvre de thierry breton, qui l’a créé de toutes pièces, et dont monory n’a été que le bras séculier, grâce au socle et aux relais de ses obligés que vous décrivez fort bien.

    je crois aussi qu’il peut être utile d’ajouter une précision qui me paraît de grande importance, et qui concerne l’environnement, le contexte.

    tant pis pour le souci de plaire à tout le monde, mais le réalisme et l’honnêteté obligent à dire que la vienne est très logtemps restée un département très éloigné des progrès de l’histoire. Poitiers était « Poitiers la noire ». Au nord du département, le triangle poitiers - loudun - châtellerault ne brillait pas par l’importance des débats d’idées, ni par les avancées de ses réflexions politiques, et ce ne sont pas les petites communes rurales traditionnelles du sud du département qui auraient risqué de leur faire de l’ombre.

    c’est là, me semble-t-il, que se trouve le vrai socle des menaces contre la démocratie : dans l’ignorance, dans l’immobilisme intellectuel et culturel, dans une économie enlisée dans le quotidien, l’immédiat, et l’individuel.

    c’est sur ce terreau que poussent les confiscations de pouvoir. A plus grande échelle, l’algérie vient d’en donner un nouvel exemple.



  • ocean 8 juillet 2008 17:29

    je suis extrêmement frappé de voir comment on grimpe aux rideaux parce qu’on ironise sur la grève, et comment on trouve tout naturel de traîner dans la boue le président de la république.

    Franchement, Paul, n’y a-t-il pas là une anomalie ? Déplorer une attitude peut-il justifier qu’on fasse cent fois pire comme le font tant de ceux qui vous répondent ?

    Car enfin, qu’est-ce qui est plus grave ? Ironiser sur la grève ou parler d’un président de la république comme on le voit faire dans ces réponses ?

    Et puis entre nous, le taux de syndicalisation étant en France ce que les syndicats en ont fait, sa localisation très ciblée étant ce que les syndicats en ont également fait, quel est aujourd’hui le vrai ennemi de la grève ? une parole ironique, ou ses propres abus et déviations répétés ?

    En France c’est l’abus de grève qui tue la grève. Les conditions de travail ne sont plus celles de la révolution industrielle !



  • ocean 8 juillet 2008 13:07

    Votre analyse est juste, paul, mais je crois qu’elle prête à cette enseignante beaucoup d’innocence.

    Qui peut croire à tant de naïveté ? Le formalisme que vous évoquez lui fait une bien jolie excuse. Pour ma part, je ne pourrais lui accorder que le bénéfice de la bêtise : soit elle a été assez abrutie pour ne pas se rendre compte de ce qu’elle faisait et il est urgent qu’elle quitte son poste, soit elle prend les gens pour des andouilles en s’imaginant qu’on va gober son boniment.

    Son comportement global ne peut s’expliquer que par la stupidité complète, ou par un mélange de bêtise et de malhonnêteté. Difficile de dire quelle hypothèse serait la pire.

    Cette affaire est pour moi typique des cas devant lesquels les solutions résident dans le bon sens, et le bon sens c’est qu’elle a simplement voulu se faire plaisir avec un geste "politique" minable, à la hauteur de sa dimension personnelle, en essayant ensuite d’utiliser pour se défendre le fondement même de dépersonnalisation qu’elle a fort bien perçu dans sa formation.

    Il y a vingt ans, elle aurait dit "c’est pas moi, c’est ma main !". Elle n’est pas l’auteure de ce geste, elle n’en a été que l’exécutante, l’équivalent du narrateur irresponsable.

    Tout cela est très joli, mais il n’en reste pas moins que la faute est caractérisée, et qu’elle mérite une sanction exemplaire, renvoi et interdiction d’enseigner. C’est trop ? Non. Le problème n’est pas le bla-bla, c’est l’impunité.

    Et si vous me permettez, paul, je crains qu’aborder la question sous l’angle que vous avez choisi (sa formation, le courant structuraliste et son formalisme associé, la dépersonnalisation) n’apporte de l’eau au moulin que vous dénoncez à juste titre.

    Ne cherchons pas midi à quatorze heures, cette fille est responsable de ce qu’elle fait, c’est simple.

    Déresponsabiliser, c’est déshumaniser.



  • ocean 1er juillet 2008 16:10

    merci paul de ce regard iconoclaste et désaliénant. Dans le prolongement de ma réponse à ronchonaire, votre lecture invite à une réflexion sur le bien-être que ressent le spectateur à voir, comme vous le dites si justement, ces milliardaires jouer au ballon, non pas pour lui mais devant lui, recevant comme une perfusion l’envahissement de son esprit par les commentaires totalement déréalisés que vous analysez.

    de quelle peur nous protégeons-nous à regarder et croire que nous aimons ces riches, à rejoindre physiquement ou par l’image le grand troupeau des spectateurs, à vibrer ensemble à la course du ballon, et à nous laisser enivrer par ces commentaires contius qui nous coupent de la réalité et nous empêchent de réfléchir ?

    je crois qu’il ne faut pas se tromper sur la nature de ces commentaires : il s’agit d’un envoûtement collectif, consentant comme le sont tous les envoûtements, ce qui n’est pas le moindre de son mystère.



  • ocean 1er juillet 2008 15:53

    il y a du vrai dans ce que vous dites, ronchonaire, mais il y en aurait davantage si vous n’omettiez ce qui fait que tout cela n’a rien d’un jeu : l’argent. L’argent en quantités faramineuses, en quantités telles que ces multi milliardaires seront pour toujours hors de portée de ceux qui les regarent et croient les voir de près.

    le peuple demande du rêve et de l’image, il est servi, et il s’agit de tout sauf d’un jeu. Mené à sa demande au bout de ses plus absurdes rêves : peut-on imaginer forme d’asservissement plus aboutie ?





  • ocean 24 juin 2008 17:58

    mais oui, paul, il faut rappeler l’existence du personnage !!!

    les militaires travaillent depuis longtemps à des bombes et à des armes qui ne détruiraient "que" les humains, et préserveraient l’intégrité des structures urbaines, industrielles, etc.

    et l’éducation nationale fait la même chose depuis longtemps : ignorance délibérée des filiations et des chronologies, déification de l’instance, de la toute-puissance du caprice immédiat, tyrannie des schémas (actanciel, adjuvantiel, narratif, etc etc) : qu’est-ce que tout cela sinon une négation politique de l’humain destinée à le mieux asservir ?

    tout n’est que structure, contexte, et tout est culturel ! c’est ainsi, comme vous le dites souvent, que se saborde, dans un impressionnant autisme, l’encombrant rafiot empêtré de lui-même et cyniquement abandonné à la vacuité qu’il a tant voulue.

    tout est culturel ... même la négation de la culture, messieurs les professeurs ? si non, pourquoi seriez-vous une exception ? et s’il en était ainsi, que diriez-vous de cesser l’enseignement que vous en faites ?

     



  • ocean 10 juin 2008 16:36

    c’est peut-être dommage, bof, de mélanger à vos arguments des propos désobligeants contre l’auteur. Bruyamment parasité par ces derniers, votre propos n’y gagne pas en visibilité.