Comme souvent, la critique, qui, en ces temps maudits d’avant-guerre, n’est plus aussi facile qu’il y paraît, est globalement juste, mais ne fait que dénoncer la folie criminelle du négationnisme culturel totalitaire mou occidental, que tout le monde subit universellement, sans exception, dans les ruines de son intériorité et de sa nature (…) Merci d’y porter un fer chaud.
Les causes profondes ou simples doivent être déterrées hors théorie globale des décadences : les raisons de la déraison remontent effectivement à certains abandons et trahisons. Évidemment la culture, la vraie, dont il s’agit, dans ses formes diversifiées, est centrale, le seul centre des circonférences des maux qui nous suppriment méthodiquement. Il faut donc la défendre autrement que par de brefs rappels thématiques en catalogue ou slogans.
Nous n’en sommes plus à la politique ni à la philosophie : nous sommes en guerre culturelle dure. Et la question n’est plus celle d’une défense de valeurs, mais de parer au génocide culturel incarné, personnel, humain en cours. Les valeurs se défendent toutes seules à une condition : les incarner, non à l’extérieur au niveau de la puissance, mais à l’intérieur, dans l’énergie transhumaine du don et de la parole, face au néant qui monte. C’est pourquoi notre culture a besoin d’un retour aux sources, d’une renaissance qui offre une confiance qui ne s’achète pas.
Mais vous êtes en guerre, et vous excluez la moitié du cœur de notre culture européenne : le cœur chrétien primitif. Que diriez vous les grecs étaient oubliés ? Vous parlez des grecs et oubliez les celtes (…) Alors que le moteur éternel du vaisseau amiral, que vous taisez (en bon nietzschéen conforme ?) a crée notre histoire ouverte, hors philosophie de l’histoire.
Nous ne sommes pas des
petits soldats : des soudards nous massacrent dans la
métaphysique même de notre culture. J’espère qu’à travers vos
« aveuglements » et votre rage légitime, vous ne finirez
pas comme un de leur allié objectif, en bon réaliste.
Hélas, de la même manière qu’il n’y aucune agressivité ni aucun jugement de valeur dans mon modeste commentaire, je n’ai pas d’illusion sur votre pavillon... Mais j’aime la vigueur, le style et la témérité de votre article, que je soutiens, en dehors des réserves émises. Merci pour elle, notre culture éternelle d’Europe. Vous, au moins, vous sortez de la citadelle assiégée, personne ne peut vous l’enlever. Vous ne vous contentez pas de crier au feu. Alors bon vent pour de futurs dialogues peut-être ? Qui sait ?
Remarquable article. Remarquable courage intellectuel. Remarquable quasi-absence de réaction. Il est tellement rare de lire des paroles de courage et de vérité, travaillées avec honneur et « foi », ceux qui font l’intelligence, au milieu des ruines et des massacres qui commencent et recommencent. Salut à un frère d’armes.
Je vous renvoie, amicalement et sans prétention, à l’article sur mon blog pour vous faire partager aussi ma réaction. http://darkhaiker.blogspot.fr/
Bonjour Corbeau,
Ça veut dire qu’on ne collabore pas avec des gens qui font semblant de ne pas comprendre.
Cordialement.
Camus de Caligula : "Montrer la passion de l’impossible dans sa fureur, en illustrer les ravages, en faire éclater l’échec, voilà quel était mon projet".
Excellent article, avec à la fois une volonté de synthèse et d’approche humaniste non matérialiste. Elle éclaire bien le projet trans-humaniste et montre qu’à la convergence pointée doit répondre une autre convergence, dont l’absence nourrit sans doute la première : quelles sont les raisons profondes de ce mouvement ? Sur quelles démission s’assoit-il et pourquoi ? Pourquoi l’humanisme chrétien, par exemple, n’est-il pas parvenu à éviter la démesure qui vient ? Cet humanisme n’a t-il pas trahi ses principes en collaborant passivement ou activement avec la mystique techniciste qui cherche, maintenant, à le remplacer « royalement » dans les têtes ?
Vous citez Bernanos avec justesse, mais de son vivant et aujourd’hui encore, quel humanisme chrétien pour continuer son combat solitaire et désespéré ? Alors qu’il en va tout simplement de l’honneur humain, et non plus d’une orientation religieuse ou même philosophique, ou de la dignité de l’humain si l’on préfère. On dirait qu’il faudrait se replier purement et simplement sur une religion et ses préceptes pour faire face au monstre post-mécanique qui se lève, alors qu’un Bernanos se battit à mort au « simple » niveau humain, avec un stylo et des cahiers d’écolier, mais avec des arguments de sens, d’expérience, de cœur et de raison de poids.
Nous sommes tous responsable dans notre attitude face à la technique, que nous ne savons ni lire ni tenir à sa place. Nous faisons nos choix à chaque instant dans la honte discrète de notre qualité humaine en voie de remplacement « pratique », facile, automatisée et démissionnaire. La spiritualité, via le new-âge, le développement personnel ou l’économie positive (…) n’y échappera pas. Mais qui ose en parler en s’engageant à fond ?
Ce qui monte est un nouvel intégrisme, un néo-fascisme planétaire : qui est là pour répondre à ses slogans, à la peur ? Nous sommes en guerre civile froide : la résistance n’est pas dans les mots, elle est dans des paroles de vérité, quel que soit le prix à payer. Alors il faut aller plus loin et parler de soi, de ce paquet de peur, de honte et de nihilisme que nous sommes devenus – et qu’on nous pousse sournoisement à devenir – sous prétexte de droits et de libertés (…).
Et passer par le refus clair et dangereux de ce moi-là, modifié, remplacé ou pas. Personne ne peut nous obliger à être ce que nous ne sommes pas, mais nous ne le savons plus depuis un peu trop longtemps : Bernanos avait « fait » la Grande Guerre, il avait vu le futur de si près que son combat, totalement spirituel, le mena à partir de cette vérité vers toutes les autres, pourtant il parla relativement peu de cette guerre, qui continuait à sa façon dans tout le reste, et qu’il ne laissa jamais passer.
Bernanos ne parla jamais en tant qu’homme supérieur mais en tant qu’homme ordinaire, au niveau de qui il se mit volontairement en permanence, comme pour lui montrer qu’il suffisait « d’en avoir » quand on sait d’expérience ce que croire veut dire de ce qu’on a vu et qu’on ne veut plus voir. N’en aurions nous pas vu assez encore ? Inutile de parler du mal si l’on n’est pas prêt à mourir – mais nous voulons tous vivre, vivre encore, mais quoi ? Un au delà nouveau ! Un au delà de quoi ? Savons nous-bien qui nous étions ?
Qui nous humilie et comment ? Par quelle faiblesse inavouable nous tient-t-on ? Est-il si difficile de se voir en face, réduits à nos si existentielles misères ? Mais qui ose encore parler, chez lui, au boulot, dans la rue, n’importe où ? Qui nous fait taire et comment, et pour nous faire avaler quoi ? Et nous serions innocents ? Nous sommes directement responsables du scandale qui vient, nous en sommes le cœur pourri. Par qui et par quoi ? Parlez Nom de Dieu ! Mais vous ne le ferez pas, vous resterez pensifs, comme le noyé rimbaldien. Le combat commence et finit là, comme toujours.
Ce n’est pas la fin du religieux ni une déchristianisation complète qui est escomptée, mais une sécularisation totale qui est visée, comme d’ailleurs vous le montrez remarquablement bien, et dont on ne peut que vous remercier en saluant votre courage de « sortie » dans l’arène, une arènes si proche de celle des premiers chrétiens, comme si les temps modernes ne faisaient finalement que parachever le travail, après récupération totale de la vitalité et de l’énergie (au sens non-bergsonnien du terme) du fait religieux universel et éternel – pour quelques temps comptés encore.
L’objectif est bien, comme vous le dites à votre façon, de récupérer le bébé sans l’eau matricielle du bain, cette sorte de salissure biologique du croyant brut de décoffrage, et de blanchir un peu sa foi du charbonnier pour un commerce effectivement pas très ragoûtant.
Mais il est à douter que ce soit là la première tentative ou occasion de récupération et de remplacement, la religion chrétienne étant tellement plastique dès qu’on la dépouille de sa maigreur musclée d’origine en l’engraissant aux idées modernes des lupanars intellectuels de toutes obédiences depuis les romains « constantins », très constants en effet.
L’indignation fidèle doit partir des vérités qui font mal : Bernanos, par exemple, en ramena quelques unes dans ses filets, sans pour autant, dans sa terrible lucidité, absoudre totalement Luther dans son apocalyptique révolte au nom d’un retour aux sources sans doute machiavélique ment téléguidé, déjà, en coulisses, contre le Christianisme de l’Évangile, puisque le libre arbitre indigné d’un moine en colère ne pouvait aboutir qu’à la pire des défaites d’un Évangile inévitablement amalgamé et assimilé par la suite aux pire corruptions du pouvoir pontifical et clérical, aujourd’hui bourgeois « fonctionnaire de Dieu » .
Comme vous le dites encore très bien, il était très rentable de tout récupérer pour tout usage marchand, discret d’abord, puis de plus en plus sûr de lui – par ses œuvres remarquables, ses avancées saluées par tous ou presque, finissant, dans ce Noël sur terre pour les élus d’une si céleste et réservée cité terrestre, par une science moderne dont les vertus théologales étonneront les plus incrédules, les plus athées et les plus matérialistes.
La fin de l’histoire religieuse fut programmée dès le XIXème siècles, nous sommes « enfin » parvenu, depuis la Guerre de Trente Ans, au stade des essais et des expérimentations de masse sur un plan mondial – au nom d’un Christ si ouvert au mal qu’il accepterait le Diable lui-même comme treizième apôtre à sa table, ou mieux comme sa doublure de remplacement pour son retour annoncé. Encore quelque réglages et l’opération, dans le silence génocidaire requis, pourra commencer, avec l’accord de tous, à commencer par les premiers « crustacés » concernés. Mais on sait que le Christ lui-même avait annoncé les temps qui nous arrivent avec une si infernale douceur. Patience dans l’azur.
Contre cette mort sous morphine perfusée, une nouvelle chevalerie de l’esprit doit se lever, sans haine ni sentiment de supériorité, et avancer uniquement par l’épée de vérité, qu’aucune goutte de sang ne doit salir, dans une non-violence où la barbarie moderne ne peut que se noyer. Le sable et le soleil du désert ont toujours été une limite, que ce soit pour les machines ou pour les cerveaux – même climatisés.
Une chevalerie errante et virtuelle de moines laïcs, invisibles comme une certaine Église – celle qui fait les saints et les justes ordinaires – animés le seul respect du vrai et de la mesure de ce vrai, en toute humilité, en toute conscience de la fin qui vient et de l’enfance qui se lève, très loin de l’intellect pur des propagandes parfaites. Une chevalerie posthume, insaisissable, invendable, transparente et instinctive, « informe » comme le furent les premiers à affronter les fauves romains, avec cette seule force de la foi, celle qui fait entrer droit dans les yeux de la mort immortelle et douce la flamme des cœurs purs, chrétiens ou pas, depuis le début.
Merci pour votre texte courageux et questionneur : de ce genre, ils sont trop rares pour ne pas être salués comme « sortie » en soi. On aimerait les transformer en « sorties » hors de soi, en « sortie
culturelle » de la dernière chance. Le siège n’a que trop duré : même les enfants n’ont plus aucune chance. Une chevalerie doit se lever, mais nettoyée de ses pestes et de ses poux. Merci en tout cas pour votre geste résume bien votre titre d’article. Toute vérité mène à un minimum de noblesse d’esprit.
« S’émanciper, selon Jacques Rancière, c’est se désassujettir du mode de pensée et de parole auquel nous assignent les institutions dominantes. » Certainement, mais encore faut-il montrer la nécessité véritable ou vraie de ce désassujettissement : si le pouvoir est mauvais par nature, la réponse doit d’abord apporter une alternative bonne avant opération de remplacement. Le remplacement vient du bien et le mieux du vrai. Une institution dominante n’est pas mauvaise parce qu’elle domine, ou alors il faut se désassujétir de toute autorité. Et là on est dans un domaine beaucoup moins simple : après l’autorité, il faut se débarrasser de ce qui la fonde : le sens, qui nous fait, c’est vrai, nous tourner vers une certaine science et les moyens qu’elle utilise pour fonder son autorité, qui, à l’analyse, sont les mêmes que pour toute autorité : peur, inconnu, besoin de repères et d’explication, raison et vérité en lesquels « croire », plutôt que comme alibis théoriques invérifiables, comme cela « s’universalise » de plus en plus, si l’on inclut le relativisme absolu comme l’un de ces alibis.
Donc si l’on ne sait pas bien ce que l’on fait, on risque de s’émanciper de l’une des dernières vérités encore vivante (non construite) pour conquérir un nouveau mensonge. Mieux vaut le pire immobilisme – comme plus grande vertu ! Tout en mesurant bien la racine négative fabriquée d’un tel immobilisme « positif » : un bien issu du moindre mal, ou pire : construit à partir et sur lui. Rien ne remplace la vérité – la première comme la dernière (comme fruit positif du devenir).
« L’émancipation consiste donc à conquérir, à vaincre, à abolir ces résistances, essentiellement sémantiques. (…) « La seule perspective effectivement émancipatrice est donc une conquête sémantique. »
La vraie émancipation découle de l’abandon du non-sens plutôt que de la conquête de résistances définies à partir d’un non-sens. Qu’est-ce que le « sémantique » sinon la théorie d’un sens construit à partir du non-sens scientifique nihiliste décrit plus bas ?
« Dans la logique rationnelle on tente au contraire de fixer le sens sous forme de vérités réfutables (...) » Une logique qui tente de fixer le sens n’est pas une logique, c’est une absurdité logique, un suicide, un nihilisme : c’est le sens qui nous fixe et nous bouge. Le sens est ondulatoire, ni fixe ni dynamique mais il est centré à partir d’une fixité supérieure qui définit la raison de ce sens et non l’inverse (la raison définissant le sens).
(…) parce que l’instinct de sécurité est universel chez l’homme que la logique rationnelle est devenue universelle (l’instinct de sécurité est plus fort que celui d’émancipation, c’est ce qui fait la servitude des masses) (…) »
L’instinct de sécurité est universel chez l’homme parce que la sécurité est un besoin fondamental de l’homme et que ce besoin n’est nulle part satisfait – même au minimum : au contraire nous sommes au milieu de conflits culturels insaisissables et de nettoyages par le vide enclenchés depuis plusieurs décennies, à l’intérieur de notre propre culture à partir d’autres concurrents pour la domination globale matérielle, donc rationnelle. Cette désécurisation est un déracinement qui permet l’affaiblissent de base de toute pensée vraie et libre, donc « irrationnelle ».
« (…) nous croyons à ce qui masque le vide, et ce qui le masque aujourd’hui, il faut bien le dire, c’est le billet de banque. (…) dans un vide moral généré par la raison exclusive. »
Le nettoyage par le vide opéré n’est pas un résultat, c’est un objectif stratégique de type scientifique effectivement nihiliste. Mai il est naïf de croire que derrière ce nihilisme il n’y a rien ni personne : nous y sommes tous, par l’instinct de sécurité cité plus haut, embarqués de force pour une expédition sans retour, et nous le savons mais ne le croyons pas suffisamment pour avoir le courage de le penser clairement pour le dire sans « raisonner » logiquement sans issue « scientifique » liée au système de pensée dominante établi sur le mensonge de ce nihilisme. Faire ce constat serait une telle déflagration intérieure que nous ne sommes pas « sûrs » que notre « esprit » tiendrait le coup. Le risque est donc une telle folie personnelle et collective, sociale qu’elle est infiniment plus effrayante que notre simple sécurité au niveau instinctuel : elle submergerait tout « organisationnel » (Sécurité partout, confiance nulle part).
Ce chantage psychologique au final est donc inscrit et imposé d’abord au niveau psychique « globalisé » de l’équilibre de nos « échanges ». Donc c’est un « sauve-qui-peut » à la fois civilisationnel et anthropologique qui submerge et immobilise nos esprits conditionnés autant que la satisfaction contrôlée de chaque besoin.
« Étant donné la profonde crise monétaire actuelle (...) »
Il n’y a pas de crise monétaire : il y a des politiques et derrière ces politiques, des objectifs précis comme un plan comptable. Cette naïveté rationnelle consistant à s’en tenir à la surface vérifiable des choses est irrationnelle au sens non scientifique du terme aussi bien qu’au sens vrai d’une vraie science (non celle qui construit mais celle qui décrit le sens, l’éclaire et l’inclut heureusement).
Un animal agissant et un animal végétatif. L’observable à l’oeil nu et le non-observable ?
Que quelque chose se déclenche au bon moment plutôt de que rien ?
Stimulation extérieure ou stimulation intérieure ?
Pas du pavlovien mais un comportement complexe motivé ?
Motivé par un élément séparé du reste ?
Labyrinthe de l’analyse, non pas inutile mais comme le chatoiement idéel d’un mystère : une esthétique de la raison ?
Pour ce qui est de la motivation, ce qui impulse ou meut, transporte ou émeut, il y a le vrai et le leurre à chaque niveau. Animal ou humain, cela n’y change rien.
Le chasseur tend ses pièges mais ne prend que ce qu’il connaît déjà : la science n’apprend rien.
Elle ne devrait que décrire le vrai. Pour la raison, elle devrait laisser ça à ce qui fonde et rend nécessaire une science vraie, non autonome et loin du pouvoir. Mais on ne perçoit le cul-de-sac qu’au bout du chemin. Il est trop tard pour les demi-tours, il ne reste plus que des pieds du mur du sens. Sans échappatoire autoréférentielle. C’est un fait absolu pour la raison commune, le seul qui compte vraiment derrière illusions et leurres du savoir. Derrière la mystique dégradée d’un temps.
Merci de vos réflexions pleines de logique, de rigueur biologique et de simplicité. Hélas plus rien, ou rien du, de tout cela ne nous paraît tangible, crédible, audible ou même plausible, bien que nous
entendions bien certaines choses, bonnes à dire c’est d’accord, comme vraies dans un sens que nous acceptons volontiers et avec « plaisir ».
Tout ce qui concerne un certain bon sens dans le plaisir pris naturellement à accomplir chaque acte de satisfaction d’un appétit ou d’une fonction essentielle qui lui est aussi liée, semble en effet
« parfait » en soi au niveau de la fonction « perfectionnée » par et analysée de ce plaisir. Je suis d’accord. Mais il n’y a qu’une analyse rationnelle qui nous oblige à introduire une notion de plaisir « rapportée », dans un but logique, à une fonction découpée dans la masse dynamique de la vie. Il n’y a pas de fonction dans la nature : il y a un tout où tout est lié dans une sorte de création apparemment spontanée mais orientée. Je ne peux personnellement justifier en logique les choses en fonction de cette orientation évidente. Au contraire : on dirait que chaque acte construit l’orientation et la transcende de ce qu’elle a en apparence de plus primaire jusqu’au plus « subtil ».
Arrivé à ce niveau, je ne ferais aucune différence entre homme et animal, si l’on accepte l’idée que le plaisir, d’ajouté serait passé d’un côté codifié en culturel, ce qui n’est pas un mal en soi. Le mal
pour moi est quand ce plaisir, ayant pris un certain pouvoir culturel hégémonique prétend à la fois orienter la culture et définir la vie ou la biologie, à partir d’une analyse telle que décrite plus haut.
C’est pourquoi aussi je suis en désaccord avec toute notion de motivation sexuelle (contradiction dans les termes) – même si effectivement, elle est très présente dans le règne animal et notamment chez les singes – en particulier chez les guenons menacées par des mâles dominant notamment, par exemple.
Pour ma part je ne confond pas ruse ou stratégie sexuelle liée à la peur ou la sécurité par exemple, passant par une procuration de plaisir « de remplacement », avec une jouissance équilibrée naturellement dans une vraie fonction. La motivation ou remotivation des stratégies de certaines guenons sont une sorte de
symbole du social en tant que social dans une fonction d’auto-protection ou de survie d’un « individu », d’un groupe ou de l’espèce. Ce n’est même pas une question de critique mais de foi : je n’y crois naturellement pas comme essentielle, profonde et « finale ».
Pour ces mêmes raisons je ne crois en rien à la motivation, qui me paraît être une notion tout droit sortie des sociologies d’entreprise. A observer beaucoup d’animaux, notamment les oiseaux non urbains dans leur vie quotidienne, je ne les vois nullement passant par des motivations mais libres comme l’air et spontanés comme le vent. Je ne nie pas les déterminismes : au contraire je dis que ne voyons que des nécessités, sans être sensibles à la liberté essentielle qu’elles ouvrent comme une porte magique.
Ainsi le sexe est-i aussi magie non analysable – non par un romantisme présupposé mais par le mystère de ses canaux et de sa sensibilité, quand l’acte s’accorde et suit le chemin de valeurs
supérieures : pourquoi n’y aurait-il nulle beauté dans l’animalité ou la sexualité ? Si vous l’enlevez il ne reste plus que du plaisir pensé, calculé. Ce que donc nous nous trouvons contraint de nommer « plaisir ».
Etes-vous certains de plus ou mieux jouir d’une chose quand vous avez conscience du plaisir que vous éprouver ? C’est peut-être aussi ce en quoi les animaux nous sont supérieurs : ils sont liés à ce qui les dépasse, sans rupture de continuité provoqué par l’arrêt sur l’instant « suprême ». Si l’instant est suprême, ce n’est pas pour ce qu’il « renferme » mais par ce qu’il ouvre au delà de soi et du moi qui l’emprisonne dans une détermination qui nous fait peur et nous menace d’une chute imaginaire dans un état animal supposé mécanique – sans que la preuve véritable puisse d’ailleurs en être
apportée autrement que par une sorte de projection qui me paraît des plus arbitraires et dangereuse en ce qu’elle tend justement à nous priver « logiquement » d’une ouverture vitale au delà de nous- mêmes et des apparences objectives que nous construisons à partir de cette fermeture analytique autant que morale ou parfois religieuse (tout ça revient au même).
C’est pourquoi le plaisir comme il « devient » culturellement ne paraît plus être qu’une sorte de leurre psychologique à côté de la vraie vie. Qu’une majorité humaine prenne plaisir de cette situation ne serait pas si terrible si elle n’allait pas jusqu’à nier toute vérité non utilitariste le concernant, ainsi que l’essentielle fonction de compensation socialement construite autour de lui qui
essaie depuis un siècle de réécrire l’histoire du monde en forme de sociologie appliquée à une universelle fourmilière structuraliste remplaçant le mystères de sciences de la vie qui nous dépassent.
Je ne cherche évidemment pas à imposer ces intuitions pré-scientifiques mais je ne n’accepte pas qu’on les nie comme on nie l’irrationalisme de peuples pré-industriels sans lesquels aucune modernité n’aurait pu piller de richesses, de savoir-faire ou d’idée d’aucune sorte avant leur mise en boîte équationnelle. Cette réduction de tête n’est pas acceptable – surtout elle n’est pas plus digne que véritablement scientifique. Elle est encore directement responsable de l’impasse totale dans laquelle nous sommes à tous les niveaux de nos vies, et cette prise de conscience ne peut pas plus nous inciter au laxisme qu’au conformisme intellectuel : nous sommes au cœur d’un combat masqué, occulté par la puissance même d’un seul projecteur dans la nuit infinie que nous traversons.
Les animaux (non domestiques) ne pensent pas : ils sont et n’ont nullement besoin de savoir pourquoi ils ne sont pas, comme nous. Ils ne sont qu’ émotions alors que chez nous cette émotion est rarement sans calcul froid, c’est la part du « réchauffé ». L’instinct animal est un mystère qui n’a rien à voir avec la motivation : il est bien au dessus de ça. Êtes-vous motivés pour apprécier l’air que vous respirez ? Tout est jouissance dans ce sens et le plaisir culturel ou psychologique fait penser à ces libertés de (…) découpées dans des limite sociales piégeant le narcissisme à des fin de productivité séparée ou analytique (individuelle) purement abstraite (psychologique).
La faim n’est pas une sensation, elle produit des sensations : elle est une force nue, essentielle qui cherche son chemin de satisfaction pour poursuivre son voyage dans la liberté de la dépendance à dépasser en permanence – au cœur d’une lutte et d’une tension liée à la détermination incontournable des conditions. Une déviation et tout s’écroule : la culture est donc au cœur de ce voyage « chamanique » depuis toujours, mais une culture non anthropocentrée. Sortir de ces motivations, ce que certains effectivement nomment libre arbitre ne me paraît être qu’un dépassement parfaitement naturel : la satisfaction est un chemin vers l’ailleurs, vers l’au delà, vers l’inconnu, vers un autre stade. La satisfaction est une nourriture de base, pas un point d’arrivée. Je dirais plutôt liberté dans l’équilibre et un dépassement naturel ascendant, comme passage d’un état à autres, plus subtil et plus profond.
C’est pourquoi croire pouvoir créer des motivations étrangères ou supérieures à l’état animal me paraît bien dangereux ou faux, et en tous cas absolument illusoire : nous ne connaissons rien de l’état animal dans ses connexions illimitées avec le monde, biologiques ou informationnelles subtiles et nous sommes sur la voie, en agissant ainsi, de perdre définitivement contact avec les sources et ressources naturelles les plus belles, les plus vraies et les plus essentielles. Une reproduction sexuée qui aurait logiquement besoin des expédients d’une telle supposée motivation me fait penser à ce film de Woody Allen où des machines auxiliaires s’affairent autour des spermatozoïdes « au travail » ou à renforcer l’érection d’un pénis défaillant. J’imagine l’hilarité de certains de nos ancêtres à l’idée qu’un pénis puisse un jour défaillir ou manquer de motivation !
Mais l’élevage industriel est passé par là et le parc humain rationalise l’absurde survie dans laquelle il s’est enfermé avec « plaisir » (tout est dans l’anticipation psy). La nature ou l’animalité étaient d’abord une santé avant d’être un auxiliaire de vie « autonome inventée » au service exclusif d’un humanisme utilitariste « sanitaire ». Mais nous avons épuisé cette prodigalité, plus royalistes que le roi, nous parlons maintenant d’apprendre au
« vieux singe à faire la grimace » en nous vantant d’inventer la vie ou plutôt une vie nouvelle et bien sûr meilleure, « supérieure ». Nous sommes en plein mysticisme positiviste. Plus que le pouvoir
d’une illusion il y a là l’illusion d’un pouvoir, assis sur la destruction de toute culture naturelle et surtout de son sens profond, lié au respect de lois qui nous dépassent sans nous soumettre alors que celles de la science dite moderne nous soumettront en nous empêchant définitivement de nous dépasser.
On voit malheureusement très bien pourquoi : nous allons inventer une animalité humaine inédite – même dans le monde animal sauvage le plus inhumain. Mais il est bien de pouvoir encore en parler sans manier le gourdin à venir d’une post-histoire culturelle. Merci en tous cas pour vos commentaires posés et pacifiques, que je respecte en tant que tels, sans pouvoir évidemment tout partager, mais rend le débat intéressant.
Bénédicte_gab
Merci pour votre commentaire qui ramène bien à la raison et au sens communs dans une simplicité
toute limpide et évidente. Je partage bien ce que vous dites sans avoir grand-chose à ajouter et c’est donc un plaisir non psychologique de saluer vote courage très direct et non « ségrégué » par ailleurs.
Cordialement.
J’aurai dû dire plus précisément : « la caméra ne montre pas et démontre encore moins que »... Elle ne montre que ce qu’elle montre : un fait et non son explication. Aucun humain n’est à ce jour à même de savoir ou de prouver ce qu’il cherche, derrière ses « mobiles » apparents, et même inconscients. Vous prétendez voir et savoir précisément ce qui se passe dans la tête d’un pigeon ? Êtes-vous sérieux ? Pour ce qui est des pigeons, comme de tout animal, comme vous le dites très bien et définitivement : nous ne savons rien. Et nous ne saurons rien, pas plus que sur nous-mêmes, tant que nous prétendrons avoir compris.
Concernant les débat sur la sexualité, je ne crois pas que ce soit le sujet de mon article, mais plutôt l’idée de plaisir comme image socio-construite. Il n’y a pas de misère sexuelle spécifique, il y a une misère totale qui impacte chaque chose, chaque acte, chaque perception, chaque idée-pensé-spéculation. Rien n’est comparable, rien n’est séparé sauf celui qui compare en se situant à l’extérieur, dans une abstraction psychologique aliénante et obscurantiste, parfois très « scientifique » en apparence.
Il n’y a pas d’absurdité catégorielle, elle touche tout le monde par ricochet et lien secret, caché. Il n’y a pas plus de métaphysique que de lois purement physiques dans tout cela. Il n’y a pas d’un côté le physique et de l’autre ce qui le dépasse : s’il en était séparé comment pourrait-il le dépasser ?
Pour ce qui est de vos « convictions » ou de vos « preuves », je ne peux rien en dire de plus. Je ne sais pas ce qu’est un censeur : personne ne m’a jamais empêché de penser librement. j’accorde très peu d’importance à la liberté d’expression, à l’opinion officielle ou celle de l’autre en ce qui concerne ma façon de voir, qui n’a rien à voir avec tout ça : elle est ce qu’elle est et ça lui suffit pour être, comme n’importe quelle autre libre façon de voir non normalisée dans un sens ou dans un autre.
Mais je vous remercie pour l’ensemble de vos commentaires et vous dis peut-être à bientôt pour d’autres échanges sur un autre sujet.
Cordialement.
http://www.youtube.com/watch?v=1m5O...
La caméra montre que le pigeon ne cherche pas le plaisir mais qu’il le trouve comme il peut. Qui peut affirmer qu’il ne compense pas ? Et qu’il ne préférerait pas « un partenaire » bien vivant et frétillant pour donner un peu plus de sens à une vie sûrement très durement absurde ?
Même si à l’arrivée tout finit dans tout, comment confondre automatisme vital à vide et quête socio-pathologique du plaisir ? Pavlovisme biologique et construction sociale du plaisir par justification scientifique de ce plaisir comme destination universelle dogmatiquement supposée de nos pulsions. Où est le lien entre le social et le biologique ? Vaporisé par un décret de loi voté dans une scientifique nuit des long-couteaux ?
Le plaisir n’est qu’un élément, devenant vital et mécaniquement central quand tout le reste a disparu. Nous savons que la fornication était générale et aléatoire dans les prisons avant passage à la guillotine. Elle ne faisait que boucher un trou d’angoisse, rien de plus. Un pendu de frais se trouve en érection, un peu comme l’homme qui se réveille avec une vessie pleine au petit matin...avant exécution ou pas.
Quelle conclusion tirez-vous du fait que les détenus les plus désespérés ou les plus « vifs » de nos républicaines prisons se masturbent souvent à mort ? Que la soit-disant recherche du plaisir est plus forte que le néant ? On connaît aussi les moeurs des rats dans leurs trous (…), celles des singes – nos frères si proches – derrière leurs barreaux (…) Ne voyez-vous pas l’angoisse et ce qui la fait l’instant d’un éclair, illusoirement oublier ? Ce sexe-là n’est que le cache-sexe de la pire des misères qui n’est pas d’abord sexuelle, évidemment.
Tellement de monde cherche plus « par tous les bouts » à fuir l’ennui de ne pas vivre, qu’à trouver le si précieux nirvana d’une « fonction de l’orgasme » dont la mystique progressiste sexuelle a fait tant de viagristes intellectuels. Croyez-vous que la sexualité soit un jeu de hasard dans un monde truqué ? Que faites-vous du lien entre la mort et la sexualité, pas mythologique ou psychanalytique, non – le vrai, celui dont parlent les poètes depuis la nuit des temps jusqu’aux squelettiques « rappistes » de nos belles banlieues ?
Ce n’est pas parce qu’il existe une sexualité qui est une négation de la négation (supposée) que celle-ci est vraie ou positive, elle n’est malade que du mal qui la nie et la dégrade. Le sens de cette sexualité me fait penser à ces canards sans tête courant proprement dans leur propre néant de décapitation. Je ne crois pas que la castration sociale liée plaisir psychologique soit un spectacle tellement « excitant » ni « exemplaire » ou « probant » de quoi que ce soit de « sensé ». Le « sens » ne serait pas perdu en dessous de la ceinture ? La Bonne Nouvelle ! La belle mystique de trottoir ! Surtout ça rapporte... pour le P.I.B final.
Il existe bien sûr un plaisir qui n’a rien à voir avec tout ça mais pourquoi l’appelons nous ainsi ? Pour l’assimiler, l’intégrer, le « naturaliser » comme on empaille des volatiles rares ou des bêtes sauvages féroces mais « excitantes » ? La meilleure preuve de l’inanité réelle du plaisir socio-construit restera notre façon débile de le définir comme absence de souffrance. La notion a été tirée d’un proverbe d’esclavagiste arabe ou yankee ou (…) ou elle vient de chez le grand frère expérimental Pavlov ? Ou des camps de la mort et de leurs bons docteurs ?
La dessus, pour ne pas désespérer certains survivants de chez Renault, on peut dire que Bouddha a tout dit depuis longtemps : tout ceci n’a rien à voir avec « la vraie vie » dont la jouissance est pure liberté d’être ce que l’on est dans l’impensé et l’impensable. Mais tout le monde se fout, surtout en usine moderne, de ses « conclusions objectives », qui ne sont que des vérités « livresques ».
Cependant et pour en finir, il faut dire une fois pour toute que sans les livres nous serions depuis longtemps des robots, comme dans ces usines modèles. Et que ceux qui prétendent invalider un contenu en jugeant un contenant prétendent que l’habit ferait le moine pour tout ce qui ne serait pas livre. Sans aller jusqu’à Farenheit 451, on ne devrait pas oublier, emporté par l’ivresse révolutionnaire hédoniste d’une science sans conscience, l’époque pas si lointaine où un ordre noir brûlait les livres. Mais j’ai déjà parlé de cet « ordre » d’idées dans l’article.
Très cordialement.
Ami révolutionnaire bouddhiste du grand ou du petit Véhicule bonsoir et merci de votre commentaire. Le monde ne serait-il pas encore assez à l’envers ? Le déjantement a des limites.
Ferez vous rouler la roue du monde sur le moyeu ?
Cordialement.
Merci pour votre commentaire.
Vous avez omis de préciser que je souligne que les animaux n’ignorent pas le plaisir. Je doute qu’ils aient, comme l’homme, une relation psycho-idéologique avec cette « notion » devenue concept dominant la science humaine moderne.
La question n’est pas l’animal mais l’homme : il n’y a rien à trouver chez eux qui puisse nous concerner, nous avons abandonné notre animalité (et l’animalité) depuis trop longtemps pour pouvoir prétendre à quelque proximité que ce soit.
Pour ce qui est du salon dont vous parlez, on peut dire que l’ironie est qu’il n’a jamais été très éloigné du laboratoire et du savant fou. Partir du vécu n’est pas suffisant : celui de chacun peut être très différent – sans être faux d’ailleurs.
Projeter nos désirs et problèmes sur nos frères animaux ne me paraît pas une bonne démarche. Je doute de la perversion animale que vous défendez scientifiquement – à cette réserve près qu’elle peut être transmise par l’homme, et que bientôt il n’y aura plus d’animalité que du zoo. Et là hélas, vous aurez un peu raison, mais il faut avouer que cette raison est assez basse.
Je ne vois pas bien ce que vient faire DSK là dedans : en quoi un homme politique peut-être qualifié d’encore humain au sens noble ? Bien sûr l’observation des idéologies permet de dévoiler des mystiques mais les choix restent limités par une qualité humaine, au sens noble, minimum. Il y a déjà bien longtemps, quelqu’un cherchait un homme avec une torche à la main au grand jour. Mais ces temps sont loin déjà : aujourd’hui la science cherche des présages et des signes mystérieux dans le fumier de laboratoire auquel nous réduisons les animaux. La chute n’aura pas de fin.
Cordialement.
Article très intéressant sur l’une des origines matérielles du fascisme de masse français – origine évidemment partagée avec un certain nombre de pays au niveau du pillage de quelque ressource que ce soit à la base de toute puissance économique et idéologique. Merci pour le retour à certaines vérités. On aimerait plus d’information sur les formes nouvelles de la conscience « prolétarienne » américaine, à l’avant-garde, si on peut dire, dans le fait de subir un ordre soit-disant nouveau, et sur les organisations sensées l’aider à atteindre des objectifs qui intéressent évidemment maintenant le monde entier : quels moyens se donnent-elles, en vertu de quels principes ? A partir de quelles réalités ?
« Des idées auxquelles il manque encore des clefs » : je ne vois pas d’idées dans Citadelle, mais une fois profonde. Au contraire des idées qui ferment, la foi ouvre sur autre chose qu’un débat : elle indique un chemin de respect que nous avons « échangé » contre celui de la marchandise — dont la première est « l’idée » de ce qui est —
Je ne « croa » pas : mieux vaut parfois une ébauche à une débauche.
La richesse n’est pas l’argent. L’argent n’est jamais la richesse. C’est un troc de dupes : le « colon » échange de vraies richesses contre de la verroterie. C’est pourquoi son but n’est que le pillage barbare, par la force, de ce qu’il nomme « ressources », quand il s’institue en soit-disant système de valeurs. L’argent s’est arrogé le monopole de la soit-disant création de richesses alors que ce sont elles, mal gérées, qui engendrent le pouvoir arbitraire du système d’argent, qui permet à un bout de papier fabriqué par de faux monnayeurs, parvenus au pouvoir par toutes les ruses, bassesses et trahisons, de dominer la vraie richesse du monde. L’argent se donne à lui-même sa propre fausse valeur, qui, logiquement, s’écroule du jour au lendemain.
Les riches, ou ceux qui ont ont volé la richesse du monde et la richesse humaine , que sont bien commun et une création commune, comme le savent toutes les cultures traditionnelles intelligentes, c’est à dire vraies. Ainsi la jeu caché de l’argent est-il une violence brute et rusée derrière le mensonge de son « pouvoir » divin, et de savoir jouer sur toutes les illusions. Les riches se sont fait appeler les « riches » à cause de leur système, qui fait passer toute richesse par le système d’argent et tout argent pour une vraie richesse. Ainsi l’argent comme système est-il devenu le nouvel « opium du peuple », dans un monde de verroterie globalisée.
« Si nous ne sommes pas propriétaire de la fraîcheur de l’air ni du miroitement de l’eau, comment pouvez-vous nous l’acheter ? » Discours du chef indien Seattle devant l’Assemblée des tribus, 1854.
Article d’une actualité intellectuelle brûlante en des temps infernaux, aux dilemmes proprement diaboliques, qui ne sont, comme vous le montrez bien, que le résultat idéologique de philosophies qui n’ont plus ni rapport avec l’humanité – qui n’est ni un concept ni une rationalité – comme s’efforcent de le faire accroire les diverses révolutions sournoisement programmées, aussi bien progressistes que conservatrices, ni avec le discernement traditionnel d’une sagesse. La pensée comme propagande ne pouvant amener les débats qu’en dessous de la ceinture, bien loin de la hauteur d’homme.
Il y a une différence entre non-assistance à personne en danger par calcul politique, ou encore pire, sacrifice, et une situation à laquelle on est totalement étranger, dans laquelle on ne peut faire qu’un choix entre le pire et le moins pire, qui ne dépend absolument pas de nous, mais d’un accident technique ou naturel, qui ne s’insère pas dans un jeu, ni une responsabilité de pouvoir, où la logique utilitariste ne serait qu’un simple outil comme un autre, si on ose le penser, ou si on a été conditionné pour. Il y a une différence, comme celle du jour et de la nuit, entre le moins pire dont nous ne sommes pas l’auteur et le soit-disant moins pire comme calcul de gain net, sur un plan imaginé et géré.
La question posée par l’article est très importante, essentielle. Elle est très bien posée et nous amène à voir que dans un cas, nous sommes dans une action désespérée qui ne dépend, quant à ses causes et conséquences relatives, absolument pas de nous, et dans l’autre, dans une politique, un projet réfléchi, construit de toutes pièces, comme un coup dans une partie d’échec, où l’on ne manipule pas de pièces, mais des vies humaines. Le pire est donc de faire l’amalgame et l’hypocrite obéissant à la pure logique, comme à une morale proclamée pratique, c’est à dire sans principe supérieur, en fait dissimulé par le mot.
L’expérience de pensée du tramway donne des résultats sensés qui n’ont rien à voir avec l’utilitarisme, qui n’est qu’un rationalisme déguisé en morale, un pragmatisme du résultat faisant office de vertu. Il y a une chose qui se cache derrière cette imposture morale : un relativisme qui fait que tout est comparable, assimilable, réductible à une équation. Le pire, dans cette affaire est d’en arriver à considérer comme des « principes supérieurs » des principes qui ne sont que bassement inférieurs.
Nul n’est obligé d’accepter un dilemme aussi syllogique que d’avoir à choisir entre la peste et le choléra. Un choix est ouvert, il ne peut être déterminé d’avance, sinon il s’agit d’une nécessité assise sur des principes, absolument pas d’un choix. Il faut alors examiner ce que valent ces principes, si, par exemple la fin justifie les moyens. De plus, dans l’action, toute situation théorique est un leurre permettant d’amener une logique a priori, étrangère, quantitative comme vous le montrez. Dans la pratique, la théorie n’est pas étrangère à la réalité qui demande réflexion, et non pas raisonnement, sinon il n’y a que des logiques en action, qui n’ont rien à voir avec la réalité qu’elle manipulent.
Si la fin justifie les moyens, cette fin indique qui, comme fin, tue qui, comme moyen sacrificiel d’être : là nous sommes en religion ET en logique, mais pas dans la raison humaine non rationaliste. Nous sommes dans un humanisme instrumental, dans une sorte de mystique matérialiste opposée à un humanisme chrétien, par exemple (il y en a bien d’autres).
Comment le salut du monde pourrait-il passer par le sacrifice de quelques uns ou de beaucoup ? De quel genre de salut s’agit-il ? Il n’y a pas de bien commun strict ou principiel, pas de nécessité de sacrifice ni de salut : il y a le bien et le mal, la liberté et la contrainte. Contrainte souvent déguisée en morale, c’est à dire en logique, donc en logique de système, en mécanique enclenchée. Il y a le sens commun, qui est le sens de l’humain, dont chacun, dans son humanité, vit une part différente dans la pratique de la vie, pas dans la vie pratique, qui n’est qu’un collectivisme négateur de celui qui, comme dans la pratique sociale, marchande ou communiste, doit être sacrifié à la place des autres.
Le bien dit commun n’est pas commun : il est partagé, ce qui n’a rien à voir avec une pratique de partage mathématiquement prédéfinie, toujours exclusive et réductrice au plus grand nombre, donc aux plus forts en nombre ou aux plus rusés en nombre. Il n’y a pas de solution matérielle à la morale : la morale étant justement ce qui permet de se dégager des logique « liées » du matériel. Il n’y a pas de morale matérielle, il n’y a que des intérêts matériels, qui n’ont rien à voir avec le bien commun, défini comme partage, non comme dénominateur.
Il est trop tard pour pleurer sur le terrorisme intellectuel ou les pratiques ignobles nées de l’affrontement pour le pouvoir, et de la destruction des principes de respect, engendrée par la guerre idéologique. L’idéologie justifie tout. Depuis la première terreur, tous le moyens sont bons pour parvenir à ses fins. Là est le seul problème qu’il ne fallait pas créer.
S’il peut y avoir du respect dans l’affrontement, ce ne peut-être que pour quelque chose qui le dépasse, or la situation est que rien ne le dépasse pour ceux qui s’y livrent. L’affrontement suicidaire et nihiliste, la bassesse arriviste mutuelle ont pour objectif programmé la disparition de toutes les valeurs, la table rase pour le Marché, et derrière lui, la Dictature. Ce qui dépasse, en fait, mais pour le pire, l’affrontement, ce sont des « valeurs » sans principe : comme dans toute guerre totale, elles n’en ont nul besoin.
Là où vous pointez des paradoxes scandaleux, comme celui de l’arroseur arrosé, ce ne sont que retournements de situations par la ruse, dont personne n’a plus le monopole, chacun s’évertuant à retourner les armes de l’autre, à défaut de se battre sur le terrain qui compte vraiment. Mais le pire est que souvent ce scandaleux paradoxe est le fait même des supposées victimes, aveuglées par leurs certitudes « révolutionnaires ».
Quant aux manipulations dominantes, elles ne sont pas étrangères aux guerres d’extermination mutuelle, aux guerres saintes, elle ne sont que leur origine ou leur prolongement. C’est donc dès le départ des révolutions qu’il faut se poser la question du pouvoir, et d’abord la question de l’origine de la Révolution, et même de sa nécessité quant aux formes qu’elle impose, qu’il s’agisse de loi ou d’institutions, et de la façon, souvent ignoble, dont elle « retourne » les situations qui mettent en question le programme de ses certitudes.
Le malheur est que maintenant plus personne ne peut plus pleurer sur le nihilisme – et là Nietzsche avait bien prévenu – , plus personne ne lui étant étranger « de bonne foi », chaque dénonciation n’étant qu’une basse ruse de plus, au départ ou au final, toujours plus grossière et ridicule, mais terriblement efficace. Un malheur encore plus grand est que ceux qui « dénoncent » la situation maintenant établie plus qu’installée, sont systématiquement « éliminés » par des arguments toujours très crédibles et intelligents.
La guerre « du genre » idéologique n’est pas pour les enfants mais pour les salauds. La famille, quelle que soit sa forme, tribale ou humaine, politique ou spirituelle, n’y survit pas. Seul domine la mécanique de « forces ». Tant que nous « croirons » que pour construire une humanité, il faut en détruire une autre...Il y a une certaine religion, qui n’est pas toujours celle que l’on croit, même si trop souvent elles se soutiennent mutuellement dans la terreur, dont il faut « s’apostasier ». A cela seul devrait mener un sentiment d’indignation que je partage ô combien, mais qui ne peut plus que tomber à côté des faits.
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