La lecture du site Bastison.net peut laisser l’impression que l’hypothèse de la démolition contrôlée, émise pour expliquer l’effondrement des tours du World Trade Center le 11 septembre 2001, a été réfutée. L’hypothèse est soutenue, en France, par l’association ReOpen911. Choqué par cette hypothèse, Jérôme Quirant, Maître de Conférences en Mécanique et Génie Civil, a créé le site Bastison.net afin de porter la contradiction à cette hypothèse, démarche naturellement saine et à saluer à l’heure où la censure par le vide est la réaction la plus fréquente dans les médias. Ce site met toutefois l’esprit critique du lecteur à rude épreuve...
(La première partie est consacrée aux Tours Jumelles)
L’effondrement total des Tours Jumelles
Dans la page “
Le mécanisme de ruine”, l’auteur écrit à propos de l’effondrement des Tours Jumelles, je cite, que
« lorsque des dizaines de milliers de tonnes se mettent en mouvement, [il est] difficile, voire impossible de les arrêter... » (je souligne). Ici, l’auteur hésite entre “difficulté” et “impossibilité”. Plus bas, il tranche lorsqu’il écrit, je cite, que
« l’effondrement par le haut des tours a induit une telle énergie qu’il était impossible que le processus s’interrompe » (je souligne). Cette fois, l’auteur a opté pour l’impossibilité.
Immeuble endommagé par un tremblement de terre :
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Sur la base du cas montré ci-dessus, l’auteur affirme, je cite, que « les cas où un seul étage s’effondre sur lui-même sont exceptionnels. Je n’ai personnellement comme exemple que l’immeuble [ci-dessus]. » (je souligne). L’auteur voit donc les bâtiments comme des constructions relativement peu solides, insuffisamment en tout cas pour freiner la chute de leur partie supérieure si celle-ci venait à tomber, pour une raison x ou y. L’auteur prend soin d’ajouter, dans le cas de figure ci-dessus, que l’arrêt de l’effondrement a été facilité par le fait, je cite, que « seulement deux étages étaient présents au-dessus de l’étage ‘compressé’. » (je souligne). Un tel raisonnement me plonge dans des abîmes de perplexité. Faut-il comprendre que plus c’est haut, plus c’est fragile ? Que plus il y a d’étages, plus ça risque de tomber ? Je ne suis pas ingénieur en structure mais je parierais gros, au contraire, que la structure d’un bâtiment est proportionnée à sa charge, autrement dit que sa résistance est d’autant plus importante que l’immeuble est grand. Des petites colonnes suffisent pour un petit bâtiment et de grosses colonnes, très résistantes, sont employées pour les très grandes tours. On me démentira peut-être mais c’est comme cela que je l’imagine...
L’auteur poursuit, je cite : « Or, pour les WTC1 et 2, ce sont respectivement 14 et 29 étages environ qui se sont initialement effondrés sur ceux d’en-dessous. Le poids total des tours était estimé entre 350 000 et 500 000 tonnes suivant les sources, cela correspond à 3000 à 4500 tonnes par étage (110 étages en tout). Je vous laisse faire le calcul de la masse initialement mise en mouvement... » (je souligne). À nouveau, l’auteur tente de nous faire oublier qu’à ce poids important correspond une structure dimensionnée en conséquence.
Mais arrêtons ici la théorie et passons aux travaux pratiques. Ainsi, l’auteur ne connaît qu’un seul bâtiment ayant stoppé l’effondrement de sa partie supérieure ? Et bien, nous en avons trouvé d’autres. Le premier n’était pas difficile à trouver puisqu’il s’est produit le même jour, au même endroit :
L’hôtel Mariott, situé au pied de la Tour Sud, a reçu d’énormes débris pendant l’effondrement de celle-ci. Presque toute la partie supérieure de l’hôtel s’est effondrée et pourtant, l’effondrement a été stoppé. L’hôtel Mariott serait-il d’une construction “exceptionnelle” ? Non, car il n’est pas le seul. Voici d’autres exemples :
Lieu et cause inconnus :
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Tour Windsor à Madrid (malgré un incendie de 20 heures) :
image 1,
image 2
Les cas suivants sont des démolitions contrôlées ratées : l’immeuble, sapé à sa base, commence à chuter mais il se plante dans le sol sans s’effondrer :
Dans le cas suivant, les démolisseurs (il s’agit d’une démolition classique par câbles, et non par explosifs) ne semblent pas penser qu’un seul étage suffit puisque, regardez bien, ils ont évidé 2 étages :
Cas similaire :
Nous le voyons, il est tout sauf « exceptionnel » (© Copyright Bastison.net) que la structure d’un bâtiment résiste et stoppe un effondrement. Et à voir toutes ces démolitions contrôlées ratées, il ne semble pas si facile de détruire un bâtiment !
Les incendies dans les Tours Jumelles
Poursuivant son effort pour effrayer le lecteur et le convaincre que les tours étaient perdues d’avance, l’auteur écrit dans la page “
Les facteurs déclenchant”, je cite, qu’
« à peu près 30 000 litres de kérosène se sont enflammés. » (je souligne). L’affirmation est factuellement exacte puisque cette quantité de kérosène s’est effectivement enflammée... mais à une nuance de taille : une grande partie, surtout pour la Tour Sud, a brûlé à l’extérieur, dans la grande boule de feu que voilà :
De plus, selon les autorités elles-mêmes, le reste du kérosène a brûlé dans les 10 minutes, deux omissions qui participent à la mise en condition psychologique du lecteur de Bastison.net et le conduisent à accepter l’idée suivante selon laquelle, je cite, un « violent incendie s’est déclaré sur plusieurs niveaux de chacune des tours » (je souligne).
« Violent » ?
Comparons une image, donnée par le site lui-même pour illustrer les incendies, avec celle d’un autre incendie :
Tour Nord (G) :
image, Hôtel Mandarin à Pékin (D) :
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Si l’incendie de gauche est « violent » (© Copyright Bastison.net), que dire alors de celui de droite ?
La symétrie de l’effondrement de la Tour Nord
L’effondrement très “propre” de la Tour Nord :
vidéo (
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Dans la page “
Mensonges” et sous le titre “WTC1 et WTC2 auraient dû résister...”, Bastison.net explique pourquoi la Tour Nord tombe droit et symétriquement, tandis que la Tour Sud penche sur le côté. Pour la Tour Sud, l’auteur rappelle, je cite, que
« l’impact de l’avion sur la façade Sud a été très excentré » (je souligne). Tandis que pour la Tour Nord, l’auteur nous invite, je cite, à
« noter [...] que le feu est bien plus violent du côté opposé au crash » (l’auteur souligne). Autrement dit, pour cette tour, les dégâts mécaniques sont du côté où l’avion est rentré et les incendies, de l’autre.
Mais qu’en est-il alors des côtés gauche et droit ? Puisque le feu fait rage « du côté opposé au crash », dixit Bastison.net, pourquoi l’effondrement ne ressemble-t-il pas à ça ?
Hypothèse pour l’effondrement pour la Tour Nord :
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Et au-delà : y a-t-il des précédents, dans l’histoire de la construction, de dommages irréguliers ayant entraîné un effondrement régulier ? J’ai eu beau chercher... je n’en ai pas trouvé. Jamais, jamais, jamais dans l’histoire de la construction une telle chose ne semble s’être produite et si cela était, cela reviendrait à dire qu’il existe un mécanisme tel que lorsqu’un point A de l’immeuble est sur le point de céder (ou trois points A, B et C, peu importe), la défaillance est capable de se propager en une fraction de seconde à l’ensemble du bâtiment, fut-il immense. Mais a-t-on jamais vu une chose pareille ? TOUS les précédents montrent au contraire qu’un tel mécanisme n’existe pas, et c’est bien la raison d’ailleurs pour laquelle les artificiers placent des charges partout dans l’immeuble pour le détruire, et pas seulement d’un côté et de l’autre. Voici des exemples de dommages irréguliers :
Attentat d’Oklahoma City :
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Lieu et cause inconnus :
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Attentat contre l’ambassade des États-Unis à Beyrouth :
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Accident en Russie :
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Aucun effondrement droit et symétrique parmi ces bâtiments...
Et on note, dans les deux cas suivants, la meilleure solidité des coins :
WTC 3 (hôtel Mariott) :
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Bâtiment détruit par un tremblement de terre et un incendie :
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Question : pourquoi les coins de la Tour Nord rompent-ils en même temps ?
Pour expliquer la symétrie, Bastison.net recourt au miracle et suggère que les dommages mécaniques, côté nord, et ceux liés au feu, côté sud, “s’équilibraient”. Ce qui, au mieux, n’explique de toute façon la symétrie que dans un sens... Que penser d’un spécialiste en Génie Civil qui évacue un cas inédit dans l’histoire de la construction d’une simple phrase, « le feu est bien plus violent du côté opposé au crash » ?
La séquence des explosions dans les Tours Jumelles
Dans la page “
Approximations”, l’auteur affirme, je cite, que les
« dynamitages interviennent en amont de l’effondrement. Jamais pendant... » (l’auteur souligne). Il écrit encore, je cite :
« Jamais dans l’histoire il n’a été utilisé une telle technique. » (l’auteur souligne).
« Jamais » ? (nous conservons le soulignement de l’auteur)
Et bien si, les explosifs peuvent être déclenchés pendant l’effondrement. En voici quelques exemples :
Cité par The art & science of explosives & blasting :
vidéo (
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Pour quelque chose qui ne se produit « jamais » (© Copyright Bastison.net), cela fait déjà beaucoup !
Le bruit des explosifs
Dans la page “
Approximations”, l’auteur souligne l’absence, je cite, du
« bruit sec, violent et répété » si caractéristique des démolitions contrôlées dans les vidéos, vidéos qui ne montrent, je cite,
« rien à part le vacarme de l’effondrement » (je souligne). Concernant la tour 7, l’effondrement est même qualifié par l’auteur de
« silencieux » (je souligne).
Mais quel bruit fait la thermite pendant sa combustion ? Réponse dans cette vidéo :
Réponse : “pchhhhhh”...
La question des explosifs utilisés et du moment où ils ont été déclenchés mérite une enquête, réunissant dans une même pièce des artificiers et des militaires au courant des dernières technologies, et non les conclusions hâtives de Bastison.net. D’une part, contrairement au béton, l’acier résiste dans toutes les directions de sorte que des charges de découpe sont plus indiquées que les explosifs “qui claquent”, lesquels restent néanmoins utiles pour les planchers (en béton). D’autre part, les séquences préparatoires ne font pas tomber le bâtiment et peuvent être lancées à l’avance. On entend distinctement les séquences préparatoires dans les cas suivants :
La séquence préparatoire est parfois plus longue que la principale.
Or, pour le WTC, nous avons de très nombreux témoignages d’explosions en amont de l’effondrement ; quelques exemples :
Témoin (même vidéo) :
image
Et pour la tour 7 :
Concernant l’effondrement lui-même, compte tenu de la taille des tours et de la distance des caméras, les experts sauront dire si les enregistrements confirment ou non l’un de leurs scénarios du point de vue des explosifs utilisés. Voici pour rappel quelques enregistrements, le premier étant assez intéressant du point de vue du bruit puisqu’il commence par un “boum”, suivi d’un “roulement” sourd qui dure, si la séquence n’a pas été “montée”, 20 secondes, ce qui est étrange pour un effondrement censé venir de très haut !
Depuis l’intérieur de la Tour Nord :
vidéo à 3’35” (
image)
Quant à la vidéo mise en avant par Bastison.net concernant la tour 7, censée prouver l’effondrement
« silencieux » (
image), la caméra est à une telle distance qu’effectivement, on reste
« silencieux » !
Les colonnes restées debout
Colonnes centrales restées debout (Tour Nord) :
image
Dans la page “
Approximations”, Bastison.net observe, je cite, que
« quelques colonnes centrales sont restées debout quelques secondes après l’effondrement (...) ». Pour se donner l’air d’avoir étudié la thèse adverse, l’auteur laisse entendre que le phénomène pourrait, certes, relever d’une démolition contrôlée “non réussie” – lorsqu’il dit, je cite, qu’
« il faut souligner que si la démolition a agi sur la partie centrale qui comportait les colonnes en acier sous forme de caisson, elle aussi n’a pas été une réussite. Il est possible de voir sur certaines vidéos que quelques colonnes centrales sont restées debout (...) » (je souligne). Mais c’est pour mieux conclure aussitôt après, je cite, que
« Cela prouve bien que le bâtiment n’avait pas été équipé de charges (...) » (sans que l’on sache d’ailleurs ce qui
« prouve »...).
En un mot, le feu sait le faire mais pas les explosifs...
À suivre...
Yves Ducourneau
Illustration : d’après Ric Hochet, la BD créée par Duchâteau et Tibet.