ReOpen911 répond à Noam Chomsky et Jean Bricmont
- Noam Chomsky et Jean Bricmont en conférence à Bruxelles en mars 2011
« Est-il déontologique de réduire tous ceux qui se posent des questions sur le 11-Septembre à des fous obsédés, antisémites et manipulés par l’extrême droite, comme l’a fait l’émission ? Beaucoup de gens dans le monde, notamment des scientifiques, des journalistes réputés et des gens de gauche, mettent en doute la version officielle de l’administration Bush.
Par exemple, sur l’effondrement du troisième bâtiment, j’ai entendu des avis de physiciens dans un sens et dans l’autre. N’ayant pu consacrer à une question aussi complexe le temps qu’il faudrait pour me faire un avis personnel, je ne me suis jamais prononcé. Je n’ai pas été convaincu par les arguments de ReOpen911 ni ceux de Thierry Meyssan. Mais la version officielle présente de nombreuses incohérences. Ce que j’apprécierais, c’est qu’il y ait un débat sérieux, avec échange des arguments entre partisans des diverses thèses afin que le public puisse se faire une opinion ».
Michel Collon, qui mène de front de nombreux combats, invoque le manque de temps comme obstacle à une étude sérieuse des incohérences de la thèse officielle. Certes, il est vrai que le dossier est volumineux et que la masse impressionnante d’informations peut facilement rebuter le plus motivé des journalistes. Mais heureusement, depuis bientôt une décennie, une poignée de citoyens à travers le monde a entrepris de classifier, synthétiser et analyser la quantité astronomique de données disponibles sur le 11-Septembre. Prendre connaissance de ce travail peut aider à se forger une opinion. On aurait pu espérer qu’en l’absence du débat tant souhaité sur nos chaines de télé [2], Michel Collon décide d'organiser une confrontation entre défenseurs et détracteurs de la thèse officielle sur son site Investig’Action. Au lieu de cela, il préféra publier en avril 2011 les contributions de Noam Chomsky et de Jean Bricmont, deux contributions qui ont toutes deux la particularité de ne jamais se pencher sur les faits.
Noam Chomsky | Jean Bricmont |
Mieux, nos deux intellectuels vont s’évertuer à essayer de nous démontrer que l'étude des points troublants du 11-Septembre est une démarche inutile car :
- toute nouvelle enquête serait vouée à l’échec,
- aucune thèse alternative n'est crédible,
- l’hypothèse du complot interne ne résiste pas au critère de plausibilité.
Et qu’il ne faut pas s’inquiéter s’il reste des points troublants car, comme dit la chanson, c’est normal :
- Si la thèse officielle comporte des zones d’ombre, c’est parce qu’aucune commission gouvernementale ne dit jamais la vérité, c’est donc normal.
- S’il reste des points inexpliqués dans certains phénomènes observés, c’est parce que les problèmes techniques sont en fait très compliqués, c’est donc normal.
Vous l’aurez deviné : enquêter sur le 11-Septembre serait donc une perte de temps. Bref, circulez, il n’y a pas lieu de débattre nous dit en substance cet article, véritable apologie (bien qu’involontaire) de la fabrication du consentement.
I. Une démarche dangereuse car propice à la diversion et démobilisatrice
Mais le plus inquiétant pour Collon, Bricmont et Chomsky (et nombre d’intellectuels de gauche) est que la remise en question de la thèse officielle du 11-Septembre détourne les citoyens des crimes et mensonges avérés commis par les administrations Bush et Obama.
Dans un livre d’entretiens (L’Ivresse de la Force - 2008), Chomsky déclarait : « Pourquoi ce débat autour du 11-Septembre est-il si bien toléré ? [3] [sic] Je soupçonne le pouvoir de le voir d’un bon œil. Il capte énormément d’énergies et détourne [le peuple] des véritables crimes de l’administration, infiniment plus graves ».
Analyse guère différente de la part de Collon : « Bush, suivi par Obama, s’est servi du 11/9 pour attaquer l’Afghanistan et l’Irak. La prétendue "guerre contre le terrorisme" a servi à diaboliser les résistances en Palestine et dans le monde arabe, en Colombie et en Amérique latine ; elle a aussi servi à attaquer les droits démocratiques aux USA et en Europe. Pour les autorités, il est bon que les gens ne débattent pas sur ces manipulations, mais se limitent à discuter sans fin sur l’effondrement des tours de New York ».
Présenter la remise en question de la thèse officielle au seul débat autour d’un aspect technique (certes problématique) est particulièrement réducteur car non, dans leur ensemble, les sceptiques ne se cantonnent pas à « discuter sans fin sur l’effondrement des tours de New York ».
Noam Chomsky est connu et respecté à travers le monde pour la rigueur de ses analyses qu’il agrémente généralement de nombreuses références, mais curieusement, dans le cas présent, aucune étude ne vient corroborer l'affirmation selon laquelle des sujets sérieux seraient délaissés au profit d’un engouement pour les incohérences du récit officiel sur les attentats du 11-Septembre.
Se pourrait-il néanmoins que l’étude du 11-Septembre contribue à distraire les citoyens en focalisant leur attention sur cet évènement singulier laissant ainsi d’autres sujets essentiels dans l’ombre ? Une simple recherche par mots-clés dans la section News de ReOpen911 montre qu’il n’en est rien. Si l'on trouve effectivement un nombre important d'articles consacrés au WTC (78 articles) ou au Pentagone (80 articles), on constate également la présence de nombreux articles sur :
- les droits de l’homme (59 articles)
- la guerre préventive (35 articles)
- l’impérialisme (30 articles)
- l’Irak (95 sujets)
- l’Iran (68 articles)
- le Pakistan (74 articles)
- le Patriot Act (26 articles)
- le terrorisme et la guerre au terrorisme (294 articles)
- la torture (51 articles)
(…)
Au lieu de détourner les citoyens des vrais problèmes, le 11-Septembre apparaît au contraire comme une "opportunité" de les amener à prendre conscience de l’envers du décor de nos démocraties, et à se pencher sur des dossiers qui naguère ne les auraient peut-être pas intéressés (impérialisme, propagande, terrorisme d’Etat, instrumentalisation de la peur, poids du lobby pétrolier et du lobby militaro-industriel, rôles des experts et des journalistes, etc.)
Dans son livre le Nouveau Pearl Harbor, David Ray Griffin, figure centrale aux États-Unis du "mouvement international pour la vérité sur le 11-Septembre", estime que : « la révélation d’une conspiration pourrait, plutôt que de détourner l’attention des problèmes structuraux d’une société, attirer l’attention vers eux. Par exemple, s’il devenait évident que nos dirigeants politiques nationaux ont causé ou au moins ont permis les attaques du 11/9 et qu’ils l’ont fait en partie parce qu’ils avaient incarné profondément des valeurs partout présentes dans notre société, nous pourrions décider qu’il serait temps d’opérer une vaste réorientation de notre société ».
II. De l’inutilité des commissions d’enquête
Le rapport officiel sur les attentats du 11-Septembre, rédigé par une Commission d’enquête sous-budgétée et ne disposant pas d’assez de temps pour mener à bien sa mission [4], réussit l’exploit de susciter les critiques tant des familles de victimes que de plusieurs de ses contributeurs [5].
Lors d’un débat à l'université libre de Bruxelles (retransmis dans l’émission « Là-bas si j’y suis », parties 10 et 11), Chomsky ne se disait guère étonné d’un tel résultat et affirmait qu’une nouvelle enquête aboutirait forcément au même résultat :
« Si vous me demandez si je suis satisfait des conclusions de l'enquête nationale sur le 11-Septembre, je vous répondrai non. Mais tout simplement parce que ce sont les conclusions d'une commission gouvernementale. Prenez n'importe quelle commission gouvernementale sur n'importe quel sujet, elle ne dira tout simplement jamais la vérité. Une des principales revendications des militants du 11-Septembre, c'est qu'on ouvre une enquête indépendante. Mais par qui une enquête indépendante pourrait-elle être menée ? Par le gouvernement ? Non, bien sûr, parce qu'il va encore blanchir bien entendu. Alors par qui d'autres ? Par les martiens ? Qui peut faire une vraie enquête indépendante ? ».
En effet, être juge et parti est rarement un gage d'impartialité aussi est-il illusoire d'attendre d'un gouvernement qu'il soit objectif lorsqu'il enquête sur lui-même. Il est cependant étonnant de constater que Chomsky semble oublier l'existence du Congrès des Etats-Unis dont les deux chambres, le Sénat et la Chambre des représentants, ont par le passé fait preuve de courage et de pugnacité dans plusieurs de leurs commissions d'enquêtes. Chomsky avait d'ailleurs soutenu en 1989 que « beaucoup fut révélé lors des audiences de la Commission Church au Sénat en 1975, et d'autres parties ont été découvertes par de bonnes enquêtes journalistiques » (Comprendre le pouvoir, tome 1, page 26).
Le rapport de la Commission Church révéla également l'existence de l'Opération Mockingbird [7], une opération secrète de la CIA destinée à influencer les médias aux Etats-Unis et à l'étranger : « La CIA dispose actuellement d’un réseau de plusieurs centaines d'individus étrangers à travers le monde qui fournissent du renseignement pour la CIA et essayent de temps en temps d'influencer l’opinion publique par le biais d’opérations de propagande clandestine. Ces individus permettent à la CIA d’avoir un accès direct à un grand nombre de journaux et de périodiques, à de nombreux services et agences de presse, à des stations de radio et des chaînes de télévision, à des maisons d’édition et à d'autres canaux médiatiques étrangers ».
Autre révélation, et non des moindres, de la Commission Church : l’Opération MK Ultra, un projet de la CIA des années 1950 à 1970 qui visait à manipuler mentalement des individus par l'injection de substances psychotropes [8].
Et puisque M. Chomsky s’interroge sur la possibilité d’une enquête véritablement indépendante, ignore-t-il que son grand ami Mike Gravel, ancien sénateur démocrate de l'Etat de l’Alaska et fervent promoteur de la cause de la démocratie directe, avait lancé en 2011 la "Campagne pour une Commission Citoyenne sur le 11/9" qui explorait alors la possibilité d'organiser dans différents Etats, pour les élections présidentielles US de 2012, des référendums d'initiative populaire pour une nouvelle enquête indépendante sur le 11-Septembre ? [10]
Affiche de la conférence de presse donnée par Mike Gravel à Paris pour promouvoir son projet de Commission d'enquête citoyenne sur le 11/9. Organisée par ReOpen911, elle a eu lieu le 8 novembre 2011 [11] |
Au cours de ce même débat à l'université libre de Bruxelles, Chomsky déclarait :
« Pour ce qui est des faits avancés par les militants d'une réouverture d'une enquête sur le 11-Septembre, ce qu'ils disent avoir trouvé, ce sont principalement des faits étranges, des coïncidences troublantes, des choses incompréhensibles. Et sans remettre en doute tous ces détails, dont certains sont probablement corrects, pourquoi ne reconnait-on pas tout simplement que c'est un fait historique ? Prenez n'importe quel évènement historique, il sera tellement compliqué et embrouillé que vous y trouverez nécessairement toutes sortes de phénomènes inexpliqués, d'étranges coïncidences, ou des détails laissés dans l'ombre ».
Effectivement, la complexité des évènements historiques rend illusoire la connaissance parfaite de ces derniers, et les immanquables zones d’ombres ou détails ne paraissant pas cadrer avec le reste des éléments peuvent être autant de fausses pistes pour les historiens ou simples citoyens. Mais de ce constat avéré, en profiter pour rejeter a priori, comme le fait Chomsky, tout examen minutieux des points troublants d’un évènement historique est une position qui risque de surprendre bien des historiens. Ne serait-il pas plus judicieux pour Chomsky de réclamer, comme l’a fait le militant des droits de l'homme et des droits des gays Peter Tatchell, une « nouvelle commission qui soit réellement indépendante, capable de démêler les faits de ce qui relève du hasard ou de la coïncidence, de façon à donner des réponses aux anomalies non élucidées concernant les attaques menées contre le World Trade Center et le Pentagone » ?
En réaction à un tel éloge du renoncement, j'avais laissé ce message sur le répondeur de l'émission "Là-bas si j’y suis" de Daniel Mermet :
Ce petit rappel historique ne fut pas diffusé à l’antenne de l’émission de "Là-bas si j’y suis". L’équipe de Daniel Mermet avait pourtant les moyens d’en juger la pertinence vu que pas moins de trois émissions sur le Karachigate et sept sur la stratégie de la terreur en Italie furent diffusées dans "Là-bas si j’y suis".
III. Absence d’hypothèse alternative crédible
Imaginons un instant qu’un suspect soit emprisonné pour meurtre et que la défense démontre que l’accusation est bancale (preuves falsifiées, témoignages contradictoires, incohérences dans le scénario de l’accusation, etc.), faudrait-il rejeter ces éléments au motif que la défense est dans l’incapacité de désigner un autre coupable ? Le simple fait que les différents rapports officiels publiés sur les attentats du 11-Septembre comportent erreurs, mensonges, omissions, contradictions et incohérences ne légitime-t-il pas en soi toute demande pour une nouvelle enquête, sans être tenu d'avancer au préalable une quelconque hypothèse alternative crédible ? [12]
Selon nos deux intellectuels, nul besoin d'analyser les faits parce que les thèses alternatives ne seraient pas crédibles a priori. « Tout le problème des conspirations est celui de leur plausibilité a priori » affirme Bricmont en avançant deux arguments pour soutenir une telle position.
Une thèse notamment défendue par Robert David Steele, ancien officier des opérations clandestines au sein de la CIA : « Je suis forcé d'admettre, qu'au minimum, on a laissé se produire le 11-Septembre afin de servir de prétexte de guerre » affirme-t-il. Signalons que Robert David Steele n'est pas le seul issu des milieux du contre-terrorisme et du renseignement à remettre en cause le rapport officiel sur le 11-Septembre comme en témoigne cet article recensant les déclarations publiques de 41 citoyens américains, tous anciens agents du contre-terrorisme et des renseignements.
Bricmont évoque brièvement cette thèse du laisser-faire délibéré qu’il qualifie de « version faible des conspirations » et à laquelle il oppose le critère de plausibilité (en l’occurrence l’absence de fuites rendant cette thèse peu crédible à ses yeux) ainsi que la quasi-impossibilité de déterminer si la faillite des services de renseignements américains est due à de l’incompétence ou à une réelle volonté de laisser advenir ces attaques : « il est difficile de prouver quoi que ce soit lorsqu’il s’agit des intentions des êtres humains » affirme t-il.
- 11-Septembre et la CIA : Qui est Rich Blee ?, enquête menée par Ray Nowosielski et John Duffy qui révèle pour la première fois l’identité des agents qui ont délibérément bloqué, un an avant les attentats, des informations capitales sur certains pirates de l’air du 11-Septembre.
- 11-Septembre et la CIA (1ère partie) : La question des « échecs », intention ou incompétence ?, enquête menée par le chercheur indépendant Kevin Fenton.
- L’affaire des "Pilotes kamikazes" du FBI, article de la lanceuse d'alertes Sibel Edmonds qui donne - via un témoignage censuré par la Commission d’enquête - un cas extrêmement précis d’informations cruciales « égarées » par la division antiterroriste du FBI de Washington.
Un autre scénario ignoré par Chomsky et par Bricmont est celui de l'éventuelle instrumentalisation des terroristes, un scénario tout à fait "plausible" quand on connait la propension des services de renseignement à infiltrer les groupes terroristes, voire parfois à les manipuler. Le 20 juillet 2007, le Figaro publiait un article aux révélations stupéfiantes : « En mai dernier, en pleine crise avec les dirigeants de la mosquée, le président Musharraf avait accepté de libérer un ex-responsable de l’ISI [NdT : ISI pour "Inter-Services Intelligence", services de renseignements militaires pakistanais], Khalid Khawaja emprisonné depuis plusieurs semaines. Il était accusé d’avoir introduit dans les bâtiments de la mosquée des responsables d’al-Qaida et des armes ! Ce membre de l’ISI est celui qui servait d’instructeur pour les explosifs dans les camps d’al-Qaida, notamment à Shakar Dara. C’est lui qui avait manipulé Richard Reid, cet Anglais qui avait essayé de faire exploser l’avion du vol Paris-Miami [d’American Airlines] le 22 décembre 2001 à l’aide d’explosifs cachés dans ses chaussures ».
IV. Le critère de plausibilité
a. Critère de plausibilité appliqué aux pirates saoudiens :
Dans l’article publié sur le site de Michel Collon, Chomsky termine sa contribution en pointant ce qui lui semble être une "contradiction majeure" dans le discours « conspirationniste », à savoir que si les Etats-Unis avaient pour projet d'envahir l'Irak et non l'Arabie saoudite, ils auraient dû alors logiquement s’arranger pour faire porter le chapeau directement à l’Irak. Une "contradiction majeure" sur laquelle Bricmont rebondit : « Cette dernière remarque [de Chomsky] soulève le problème de la plausibilité des scénarios conspirationnistes. Si tout a été manigancé de l'intérieur (an « inside job »), pas d'avion dans le Pentagone, démolition contrôlée des tours etc., alors pourquoi diable avoir inventé des pirates de nationalité saoudienne plutôt qu'irakienne ou afghane ? ». Reprenant cet argument lors de son débat à l'université libre de Bruxelles, Chomsky concluait ainsi : « Il y a donc deux possibilités : ou bien les États-Unis sont des pieds-nickelés et dans ce cas la discussion peut très bien s'arrêter là, ou bien ils n'ont rien fait. Si quelqu'un voit une troisième option possible, je serais curieux de l'entendre ».
J’avais proposé une troisième "possibilité" sur le répondeur des auditeurs de l’émission de Daniel Mermet :
« Les Américains avaient sous la main ben Laden et son organisation Al-Qaida qu'ils connaissent bien [15] et savaient que des apprentis terroristes s’y trouvaient et que nombre d’entres eux rêvaient de frapper le "grand Satan" en son cœur. Par contre, en Irak, il n'existait aucune organisation de type Al-Qaida. Les américains ne pouvaient donc compter sur d’éventuels terroristes irakiens vu que ces derniers n’existaient pas. Les américains n’avaient donc d’autre choix, s’ils souhaitaient que ces attentats aient lieu, que de laisser agir, voir d’aider des terroristes d’Al-Qaida. Dans le cas du 11-Septembre, le choc traumatique vécu par les Américains a été si violent que les identités des terroristes n’avaient plus aucune importance : il suffisait qu’un ennemi soit désigné, que l’on créé ensuite des liens artificiels entre cet ennemi et le pays à envahir, et laisser le désir de vengeance ressenti par les américains [16] faire le reste. Pour preuve de l’efficacité de la désinformation, la veille du jour où le Sénat a voté la guerre en Irak, un sondage a montré que 77% des Américains croyaient que Saddam Hussein était à l'origine des attentats du 11-Septembre. Il est surprenant de voir ici Chomsky oublier à quel point la propagande peut être d’une redoutable efficacité ».
L’équipe de "Là-bas si j’y suis" ne diffusa pas non plus ce message jugeant probablement celui-ci impropre à étancher la soif de curiosité de Chomsky [17].
b. Critère de plausibilité appliqué à l’absence de fuites :
« On est dans un monde où tout se sait, où la notion de secret d'Etat n'existe plus » (Nicolas Sarkozy – conférence du 19 juin 2009 – au sujet de l’attentat de Karachi)
Un autre argument avancé par Bricmont pour rejeter l'hypothèse du complot intérieur est celui de l'absence de fuites :
« si tout a été fabriqué, cette conspiration implique-t-elle un grand nombre de personnes (la Maison Blanche, le FBI, le Pentagone, la plupart des experts ayant étudié les attentats etc.) ou un petit nombre (quelques individus félons mais haut placés) ? Dans le premier cas, comment se fait-il qu’il n’y a eu aucune fuite depuis lors, dans un pays où il y a eu les papiers du Pentagone, le Watergate, l’Iran-Contragate, Philip Agee1, Wikileaks et les mémos de Downing Street [18] ? Aucune confession, même sur un lit de mort ? De plus, il faut une certaine bonne volonté pour imaginer que, dans un pays où il y a tant de fuites, un dirigeant quelconque serait assez fou pour mettre sur pied une gigantesque conspiration en espérant garder le tout secret. Dans le deuxième cas (une conspiration due à un petit nombre d’individus félons), on doit supposer une incompétence inouïe du reste de l’appareil d’Etat ».
Etonnamment, Bricmont ne semble pas réaliser que l'argument d'une "incompétence inouïe" invaliderait en premier lieu la thèse officielle qui repose sur le postulat d’une ... "incompétence inouïe" de l’appareil d’Etat : (soi-disant) échec à repérer les terroristes sur son sol, (soi-disant) échec des agences de renseignements à communiquer entre elles, échec de la FAA à prévenir les détournements d’avions, échec du NORAD à intercepter les vols détournés…
Bricmont mentionne comme exemple de fuite l'affaire des papiers du Pentagone [19]. Ces documents révélèrent, entre autres, que le gouvernement américain avait délibérément étendu et intensifié la guerre du Viêtnam en menant des bombardements secrets sur le Laos, des raids le long du littoral vietnamien, et en engageant les marines dans des actions offensives, avant leur engagement officiel, et ce alors que le président Lyndon Johnson avait promis de ne pas s'impliquer davantage dans le conflit. La majorité de ces 7000 pages de textes et d'analyses couvrant la période 1945-1967 fut clandestinement communiquée à la rédaction du New York Times au début de l'année 1971 par Daniel Ellsberg, un brillant analyste de la RAND Corporation employé comme consultant par le Pentagone, avec l'aide notamment de son ami Noam Chomsky. L'ancien sénateur démocrate Mike Gravel contribua également à la divulgation de ces documents lorsque, dans la nuit du 29 juin 1971 au cours d’une sous-commission qu’il présidait, il lut des pages des papiers du Pentagone en présence de journalistes, et fit enregistrer à cette occasion plus de 4000 de ces pages au Journal Officiel du Congrès [20].
Couverture du Time du 5 juillet 1971 |
Howard Zinn (à gauche), Daniel Ellsberg (au milieu), |
Tout comme Bricmont, Chomsky ne juge pas crédible l'idée qu'un gouvernement puisse orchestrer des attentats de grande ampleur sur son propre sol car, pense-t-il, la probabilité que des fuites révèlent le pot-au-rose serait bien trop élevée [21].
Daniel Ellsberg | Mike Gravel |
« C’est un lieu commun de dire que "vous ne pouvez pas garder un secret à Washington" ou "dans une démocratie", peu importe le degré de sensibilité du secret, vous êtes susceptibles de le voir [publié] le lendemain dans le New York Times. Ces banalités sont parfaitement fausses. Ce sont des histoires qui servent de couverture, de moyens de flatter ou de tromper les journalistes et leurs lecteurs, et cela fait partie intégrante du processus qui permet de garder les secrets bien au chaud ».
Quant à l'ex-sénateur Mike Gravel, ami proche de Noam Chomsky, il affirma fin 2010 que tout indique que le 11-Septembre relève d'un complot interne. Dans une interview au Daily Caller, il déclara :
Mais apparemment Chomsky ignore ou feint d’ignorer les positions de ses deux compagnons de lutte et préfère réduire la remise en question de la thèse officielle à « une industrie assez fanatique » semblable à « une sorte de fanatisme religieux ».
Penchons nous à présent sur ces fuites qui selon Bricmont et Chomsky ne manqueraient pas de se produire dans l’hypothèse où tout aurait été « manigancé de l’intérieur » [23]. Bricmont prétend qu' « il faut une certaine bonne volonté pour imaginer que, dans un pays où il y a tant de fuites, un dirigeant quelconque serait assez fou pour mettre sur pied une gigantesque conspiration en espérant garder le tout secret ».
L’argument qui consiste à prétendre que tout se sait n’a aucun poids puisque l’on est dans l’incapacité de déterminer combien de conspirations restent inconnues faute de fuite révélant leur existence. Bricmont saurait-il nous dire combien de complots restent dans l’ombre pour un complot révélé au grand jour ? Comment pourrait-on répondre à cette question ?
Que nous enseigne l’histoire ? De vastes conspirations peuvent-elles avoir lieu dans « un pays où il y a tant de fuites » ?
Celles et ceux qui ne seraient pas convaincus par ces deux exemples (livrés par Chomsky) sont invités à lire cet excellent article fournissant de nombreux autres exemples historiques.
- Quand la Maison Blanche ordonna à l’Agence de Protection de l'Environnement (EPA) de mentir au sujet de la toxicité de l’air à "Ground Zero" au lendemain du 11-Septembre (un mensonge qui fera vraisemblablement encore plus de morts que le 11-Septembre lui-même), s’est-elle souciée du sort des sauveteurs, pompiers, déblayeurs ?
- Quand le Pentagone menait dans les années 40 des expériences chimiques (gaz moutarde et gaz urticant) sur 60 000 de ses militaires, se souciait-il de leur santé ?
- Quand l’armée américaine exposait ses soldats aux radiations d’explosions atomiques, se souciait-elle de leur avenir ? (la même question se pose pour l’armée française)
- Quand, entre les années 50 et 70, des médecins américains réalisaient des expérimentations médicales sur des prisonniers, des Noirs et des malades mentaux (sans les en informer), étaient-ils soucieux de leur santé ?
- Quand l’administration Bush décida d'envoyer ses soldats en Irak sur de faux prétextes, s’inquiétait-t-elle de savoir que nombre d'entre eux ne reviendraient certainement pas ?
- Quand cette même administration décida de sabrer les budgets de santé pour pouvoir augmenter celui de la Défense, était-elle soucieuse du sort des citoyens qui ne pourraient alors plus se soigner ?"
Partons de l’hypothèse d’un complot interne [26] de grande ampleur (par exemple avec emploi de drones ou utilisation d’explosifs pour faire tomber les tours), et demandons-nous comment les instigateurs ont pu s’y prendre pour minimiser le risque de fuites.
- La première précaution élémentaire consiste à ne faire appel qu’à des personnes ayant fait preuve de leur loyauté, de leur discrétion, de leur efficacité, ou encore de leur absence totale de sens moral.
- La segmentation des directives selon le critère de la « connaissance suffisante » consiste à veiller à ce que les différents exécutants n'aient aucune connaissance du projet d'ensemble mais uniquement de la tâche qu'ils doivent accomplir. « En cas de complot, seule une poignée de personnes sait ce qui se passe. Les autres exécutent ce qu’on leur a ordonné de faire. Sans savoir qu’ils participent à une action plus vaste », nous explique Daniele Ganser, professeur d’histoire à l’Université de Bâle et auteur du livre Les Armées secrètes de l’Otan (un livre qui reçut d’ailleurs les éloges de Chomsky [27]).
- Le risque de fuite peut également être contenu en recourant à des exécutants convaincus que le sacrifice d’innocents est le prix à payer pour éradiquer l'ennemi et sauver le pays. Quoi de plus patriotique que d'aider à « reconstruire les défenses de l'Amérique » [28] ?
Plus difficile pour les comploteurs (que l’on postulera ici être un groupe d'individus au sommet de l'Etat américain) est de préparer une telle conspiration sans se faire repérer par leurs collègues. Pour tester le critère de plausibilité, nous allons prendre l’une des hypothèses les plus extrêmes qui soit : celle défendue par Thierry Meyssan [29], à savoir que ce ne serait pas un avion qui aurait percuté le Pentagone mais un missile. Comment diable parvenir à mettre en place toute la logistique nécessaire à un tir de missile sans éveiller la suspicion de ses collègues ?
Une façon simple et efficace est de le faire ouvertement sous couvert d’exercices anti-terroriste. L’avantage d’un tel stratagème est évident : le risque d’être démasqué par un service de renseignement américain ou par des collaborateurs non impliqués dans le projet est fortement amoindri, la plupart des participants à l’exercice de simulation d’une attaque terroriste pouvant même ignorer la véritable finalité de l'opération ! Une fois l’exercice mis au point, il servira de base à l’exécution d’une attaque bien réelle (avec quelques modifications de paramètres). Les membres du renseignement et les journalistes ne remarqueront alors qu’une « incroyable coïncidence » [30]
Avons-nous connaissance d'exercices de simulation qui auraient pu être détournés de leur objectif officiel afin de servir de préparation à une attaque contre le Pentagone ?
L’exercice de simulation du crash d'un jet privé sur le siège de la NRO le 11 septembre 2001 (détaillé dans la note de bas de page n°30) peut être une piste, tout comme l’exercice de simulation anti-terroriste de juin 2001 dénommé Amalgam Virgo 01 qui consistait à déjouer le tir d’un missile de croisière lancé depuis le sol d’un Etat voyou ou à partir d’une embarcation (péniche par exemple) de la côte Est.
Couverture du rapport Amalgam Virgo 01 |
Le but n’est bien sûr pas de défendre ici la thèse du missile qui, rappelons-le, ne parvient pas à rendre compte de l'ensemble des observations, mais de montrer que le recours au seul critère de plausibilité pour évaluer la crédibilité de telle ou telle thèse alternative peut induire en erreur lorsqu'on ne dispose pas de certaines informations pertinentes. Par exemple, les défenseurs de la version officielle prétendent que la thèse du complot intérieur est à écarter parce que inimaginable et demandant des moyens bien trop considérables (disparition du vol AA77, mise en place des débris, etc.). Les remarques portant sur le mode opératoire d'un éventuel complot interne sont bien sûr légitimes et méritent examen [31]. Cependant affirmer qu'on doit écarter la thèse du complot intérieur sous prétexte qu'un tel scénario serait inimaginable témoigne avant tout d'une grande méconnaissance de l'Histoire. En effet, dans un passé pas si lointain, des scénarios de complots "inimaginables" ont été le plus sérieusement du monde envisagés par le haut commandement militaire américain et … proposés à l’exécutif américain (qui fort heureusement s’y opposa).
En 1962, pour légitimer une guerre contre Cuba, l'état-major interarmées des Etats-Unis avait envisagé toute une série d’attaques sous faux-drapeau destinée à susciter dans l'opinion publique un désir de revanche.
L’Opération Northwoods envisageait notamment :
- L'attaque de la base de Guantanamo par des mercenaires cubains sous uniforme castriste.
- De faire sauter un navire de guerre américain dans les eaux territoriales cubaines avec la présence proche de navires ou d'avions cubains afin de leur faire porter le chapeau, attaque voulant rappeler la destruction de l'USS Maine à La Havane en 1898 (utilisée à l’époque pour légitimer auprès de l'opinion publique l'intervention militaire alors menée pour déposséder l'Espagne de sa colonie). Optionnellement, il fut envisagé de téléguider le navire et de simuler des funérailles pour de fausses victimes afin de provoquer « une vague d'indignation bénéfique ».
- De terroriser les exilés cubains de Floride en organisant des attentats contre eux, y compris de faire couler, réellement ou en simulation, des embarcations transportant des réfugiés cubains fuyant le régime castriste. Il était prévu que des agents cubains soient arrêtés et contraints aux aveux afin d'exhiber des preuves. La presse aurait été alimentée de faux documents compromettants préétablis.
- Le bombardement nocturne d'Etats voisins par de faux avions cubains.
Deux des propositions envisagées dans le cadre de l'Opération Northwoods sont si incroyables, tant dans leur complexité que dans leur machiavélisme, qu’il est préférable de les recopier in extenso afin que chacun puisse en « apprécier » le contenu :
« 8. Il est possible de créer un incident qui démontrerait de façon convaincante qu'un avion cubain a attaqué et abattu un avion commercial civil affrété volant des États-Unis vers la Jamaïque, le Guatemala, le Panama ou le Venezuela. La destination serait choisie pour la seule raison que le plan de vol passerait par Cuba. Les passagers pourraient être un groupe d'étudiants en vacances, ou quelque groupe de personnes ayant un intérêt commun à voyager sur un vol non régulier.
a. Un avion de la base aérienne d'Eglin serait peint et numéroté pour en faire une réplique exacte d'un avion civil immatriculé appartenant à une société dont la CIA est propriétaire, dans la région de Miami. Au moment voulu, la réplique serait substituée au véritable appareil et les passagers choisis, tous listés sous de fausses identités soigneusement préparées embarqueraient. L’avion réel enregistré serait transformé en drone [NdT : appareil piloté à distance].
b. Les heures de décollage du drone et du vol véritable seront programmées pour permettre un rendez-vous au sud de la Floride. Depuis ce point de rendez-vous, l'avion transportant les passagers descendra à une altitude minimum et se rendra directement dans un terrain auxiliaire de la base aérienne d'Eglin, où des dispositions auront été prises pour évacuer les passagers et remettre l'avion dans son état d’origine. Le drone poursuivra pendant ce temps son plan de vol déposé. Une fois au-dessus de Cuba, le drone transmettra sur la fréquence internationale de détresse un message de "SOS", déclarant être attaqué par un avion de type MIG cubain. La transmission sera interrompue par la destruction de l'appareil, qui sera déclenchée par signal radio. Cela permettra aux stations de radio de l'ICAO (International Civil Aviation Organization) déployées dans l'Hémisphère Ouest d'apprendre à l'Amérique ce qui est arrivé à l'avion, plutôt que ce soit l'Amérique qui "vende" l'incident.
9. Il est possible de créer un incident faisant apparaître que des MIGs communistes cubains ont détruit un avion de l'armée de l'Air américaine, au-dessus des eaux internationales, lors d’une attaque non provoquée.
a. 4 ou 5 chasseurs F-101 seront envoyés sur une route allant de la base aérienne de Homestead en Floride jusqu’à proximité de Cuba. Leur mission sera de faire demi-tour pour servir d’avions plastrons dans le cadre d’un exercice de défense aérienne au sud de la Floride. Ces appareils exécuteront des variantes de ces vols à intervalles réguliers. Les équipages auront l'ordre de rester à au moins 12 miles des côtes cubaines ; cependant, il leur sera demandé d'emporter des munitions dans l'éventualité d'actions hostiles de la part des MIGs cubains.
b. Sur l'un de ces vols, un pilote averti à l’avance aura pour mission de voler en queue de patrouille, en laissant une grande distance entre lui et les autres appareils. Une fois à proximité de l'île de Cuba, ce pilote annoncera par radio qu’il a été touché par des MIGs et qu'il est en train de tomber. Aucun autre appel ne sera passé. Le pilote volera alors directement vers l'Ouest, à une altitude extrêmement basse, et se posera sur une base sûre, auxiliaire d'Eglin. L'appareil sera accueilli par le personnel approprié, rapidement garé, et un nouveau numéro de queue lui sera donné. Le pilote qui aura accompli la mission sous un faux nom reprendra son identité propre, et retournera à son travail habituel. Le pilote et l'avion auront alors disparu.
c. Au moment précis où l'avion est censé être abattu, un sous-marin ou un petit navire de surface éparpillera des morceaux de F-101, de parachute, etc. à environ 15 à 20 miles des côtes cubaines et quittera les lieux. Les pilotes de retour à Homestead raconteront une histoire qu'ils croiront vraie. Des navires et des avions de recherches pourraient être envoyés, et des pièces de l'avion retrouvées ».
On peut lire ici le mémo officiel de l’Opération Northwoods du 13 mars 1962, déclassifié le 18 novembre 1997, ou lire sa traduction là.
Il ne s’agit pas là d’un scénario à la X-Files mais de projets d’attaques sous faux-drapeau bien réels, destinés à manipuler l'opinion publique des États-Unis pour qu'elle soutienne une guerre contre Cuba en 1962. Avion téléguidé, avion maquillé, fausses funérailles, faux débris, témoins bernés, etc. : tout ceci avait été envisagé il y a 50 ans par les chefs d’état-major américains !
Les chefs d’état-major responsables du projet Northwoods |
Si cette opération démentielle ne fut pas menée, ce n’est pas parce que ses concepteurs la trouvaient irréaliste ou trop compliquée, ni qu'ils la trouvaient immorale, ni même qu’ils craignaient un risque de fuite, mais uniquement parce que le président des Etats-Unis John F. Kennedy et son secrétaire à la Défense Robert McNamara s’y opposèrent fermement [32]. L'Opération Northwoods montre bien qu’on aurait tort de s’en remettre aveuglément au critère de plausibilité pour écarter telle ou telle thèse, fusse-t-elle a priori absurde, extravagante, inimaginable. Si le citoyen a tendance à écarter l'hypothèse du complot intérieur a priori (sans même se pencher sur les faits) en prétendant qu'elle n'est pas plausible, c'est bien souvent qu'il ne parvient pas à concevoir l'existence de projets machiavéliques dans nos démocraties. Une barrière psychologique qui constitue un allié considérable pour les comploteurs [33].
« L'individu est handicapé en se retrouvant face à face avec une conspiration si monstrueuse, qu'il ne peut croire qu'elle existe » (J. Edgar Hoover, Directeur du FBI de 1924 à 1974).
c. Critère de plausibilité appliqué à la … thèse officielle :
A propos, M. Bricmont, puisque le critère de plausibilité vous semble si pertinent, pourquoi ne pas l’appliquer à la thèse officielle ?
Quel degré de vraisemblance accordez-vous aux points suivants ?
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La découverte à proximité du WTC du passeport intact [34] de l'un des terroristes présents à bord de ce vol. Selon le récit officiel, ce document a traversé le crash sans être endommagé pour être ensuite retrouvé par "un passant non identifié" qui a eu la présence d'esprit de le donner à un inspecteur de police, tout ceci avant que les tours ne s'écroulent (Commission, audience du 26/01/04), soit entre 8h46 et 9h59, malgré la panique qui régnait et la présence de milliers de papiers dans les rues. A peine le mystérieux passant avait-il remis le passeport à l'inspecteur de police qu'il « s'était enfui ».
Passeport de Satam Al-Suqami (Vol AA11 - World Trade Center) |
Boule de feu résultant du second impact (UA175 - World Trade Center) |
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La découverte de la carte d’identité en bon état du terroriste Majed Moqed (vol AA77) dans les décombres de la section du Pentagone ravagée par un terrible incendie suite à l'attaque [35].
Carte d'identité de Majed Moqed (Vol AA77 - Pentagone) |
Crash sur le Pentagone |
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Dans les bagages de Mohamed Atta (lesquels n’avaient pas été embarqués à bord du vol AA11 suite à une erreur d’aiguillage), fut retrouvé le testament du terroriste où il est écrit : « Ceux qui m'ensevelissent doivent me fermer les yeux et prier pour que j'aille au paradis. Ils doivent me vêtir d'habits neufs et me défaire de ceux que je portais au moment de ma mort ». Jugez-vous plausible que Mohammed Atta décide d'emporter son testament avec lui dans son opération suicide contre le WTC [sic], un testament qui fut rédigé en 1996, soit cinq ans avant le 11-Septembre [sic], et qui donne des instructions sur la façon d'enterrer son corps [sic] ?
-
Le maintien le jour des attentats d'exercices de simulation de détournements d’avions (avec notamment l'incrustation de faux tracés sur les écrans radars du NORAD tout au long des attaques), alors même que « tous les signaux étaient au rouge » à la période des attentats, comme indiqué dans le rapport de la Commission d’enquête, et que plusieurs services de renseignements étrangers avaient alerté leurs homologues américains qu’Al-Qaida avait l'intention de frapper les Etats-Unis sur son territoire à l'aide d'avions de ligne.
- Les aveux de Khaled Sheikh Mohammed (désigné comme le « cerveau des attentats du 11-Septembre ») après qu'il ait été soumis à la torture du « waterboarding » à 183 reprises [36] (des aveux qui sont « les seules sources disponibles sur le complot » et qui sont des informations de troisième main transmises à la Commission par la CIA [37]).
Si le critère de plausibilité peut être un outil pour "guider" sa pensée (c'est à dire pour analyser en premier lieu la piste jugée a priori la plus crédible), il ne peut en aucun cas se substituer à l’examen minutieux des faits (surtout si certains d'entre eux vont à l’encontre de cette piste jugée "plus crédible"), à défaut de quoi le critère de plausibilité ne servira qu'à renforcer des idées préconçues, reflets d'une méconnaissance du sujet.
V. L’inexplicable expliqué…
…par le fait que le 11-Septembre est un événement historique et qu’en tant que tel, du fait de sa complexité, il est normal selon Chomsky d'y trouver « toutes sortes de phénomènes inexpliqués, d'étranges coïncidences, ou des détails laissés dans l'ombre ».
Dans sa contribution, Bricmont s'interroge : « Des expériences comme le 11-Septembre ne sont pas faites tous les jours (heureusement). Or comment savoir ce qui se passe dans des phénomènes compliqués impliquant des centaines de variables sans faire d’expériences ? » [38]
Bonne question en effet que Jean Bricmont devrait poser aux ingénieurs de l'Institut National des Normes et de la Technologie (NIST), l'organisme qui fut chargé de l'enquête sur l'effondrement des tours du WTC :
a. Le mystère de la matière fondue s'écoulant de la Tour Sud :
Juste avant l’effondrement de la Tour Sud, une matière en fusion de couleur orangée s'écoule du 80ème étage de la face nord.
Le NIST privilégie quant à lui l’hypothèse de l'aluminium en fusion. Dans sa FAQ d’août 2006, il déclarait : « Le NIST a conclu que la source de la matière en fusion [observée s'écoulant du WTC2 avant qu'il ne s'effondre] provenait des alliages d'aluminium de l'avion, puisque qu'ils sont connus pour fondre entre 475°C et 640°C (cela dépend du type d'alliage), bien en-dessous des températures présumées à proximité des feux (environ 1000°C). L'aluminium n'est pas censé s'enflammer à la température d'un feu normal et il n'y a aucune indication visuelle que la matière coulant de la tour était en feu. De l'aluminium liquide pur serait censé apparaître argenté. Cependant, le métal fondu était très probablement mélangé avec une grande quantité de matériaux solides organiques (meubles, moquettes, cloisons, ordinateurs, etc.) partiellement brûlés qui peuvent présenter une couleur orange brillante, comme des bûches brûlant dans une cheminée. La couleur apparente aurait aussi pu être affectée par des impuretés en surface ».
Cette déclaration du NIST fit aussitôt réagir le physicien Steven Jones : « J'ai lu le mot “peut” dans le rapport du NIST et en tant que scientifique j'ai cherché à faire des expériences. Pourquoi le NIST n'a-t-il pas fait d’expériences avant de faire cette déclaration (ou les ont-ils faites) ? Ont-ils essayé de mélanger de l'aluminium avec des matériaux organiques et verser le mélange (comme la matière coulante de la tour sud) pour montrer que ce n'est pas seulement “peut” mais “va” émettre un “orange brillant” ? Nous avons décidé de faire l'expérience nous-mêmes ».
Le résultat de l’expérience menée par Jones est sans appel : l'écoulement obtenu est argenté et ne ressemble absolument pas au liquide orangé qui coulait de la Tour Sud. Là où le NIST émet des suppositions, Steven Jones réalise l’expérience ... et invalide par là-même l'hypothèse de l'aluminium en fusion avancée par le NIST.
b. Le mystère de l’acier en forme de gruyère :
En décembre 2001, trois professeurs de l’Institut polytechnique de Worcester (WPI, au Massachusetts) publient un bref rapport sur une pièce métallique récupérée parmi les débris du WTC7. Ces chercheurs, qui s'attendaient à voir une déformation et une flexion de l’acier suite à l’incendie, constatent avec surprise que l’échantillon récupéré du WTC7 a les bords devenus aussi fins que les lames d’un rasoir et qu’il présente des trous d’environ la taille d'une pièce de monnaie.
Figure 1 de l’étude "An Initial Microstructural Analysis of A36 Steel from WTC Building 7" |
Les incendies ayant ravagés les tours du WTC ne pouvant développer la chaleur nécessaire pour faire fondre l’acier (environ 1400°C), les trois chercheurs proposent cette explication : « ANALYSE - La rapide détérioration de l’acier a été le résultat d’un chauffage avec oxydation en combinaison avec une fusion intergranulaire due à la présence de soufre. La formation du mélange eutectique d’oxyde de fer et de sulfure de fer abaisse la température de liquéfaction de l’acier. Cela suggère fortement que les températures dans cette région de la poutrelle en acier approchaient les 1000°C lors d’un processus similaire à l’élaboration d’une "soudure de forgeron" dans une forge portative ».
Les trois chercheurs poursuivent leur investigation et rédigent en mai 2002 l’appendice C du rapport de la FEMA (Agence fédérale des situations d’urgence) dans lequel ils analyseront également un échantillon de métal provenant cette fois des Tours Jumelles. « L’importante corrosion et l’érosion qui s’en est suivie sur les échantillons 1 et 2 constituent un événement tout à fait inhabituel. Aucune explication claire sur l’origine du soufre n’a été trouvée. (…) Une étude détaillée des mécanismes ayant engendré ce phénomène est nécessaire ».
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Echantillon n°1 : acier ASTM A36 (issu du WTC7)
Figures C-1 et C-2 de l’annexe C du rapport de la FEMA |
Echantillon n°2 : acier HSLA (issu du WTC)
Figure C-9de l’annexe C du rapport de la FEMA |
Le NIST se contente en effet d’hypothèses : « La dégradation des plaques d'acier a vraisemblablement été causée par corrosion thermique, accentuée par la présence de soufre. (…) Etant donné qu’il n’a pas été observé de présence de soufre en grandes quantités sur l’acier (pas plus de 0.02 % du poids total), nous pensons que celui-ci provient de matériaux disséminés au sein des débris (comme le plastique ou le caoutchouc provenant du mobilier de bureau). (…) Nous ignorons quels matériaux précis (mobilier de bureau, fournitures de bureau, moquettes) ont pu être à l’origine de la corrosion observée sur l’acier à une telle échelle, ni sur combien de temps et à quelle température ce processus s’est produit » (Rapport NCSTAR 1-3C - pp 230 et 231).
Alors que les enquêteurs de la FEMA avaient déclaré qu’ « aucune explication claire sur l’origine du soufre n’a été trouvée » et que le NIST s’est dispensé de l’étude préconisée par ses prédécesseurs, les défenseurs de la thèse officielle affirment que l’explication est simple : le soufre viendrait du gypse, composant principal du plâtre, un élément présent en grande quantité dans les Tours [41].
Là encore, c’est un « conspirationniste », l’ingénieur du génie civil Jonathan H. Cole, qui mènera l’expérience destinée à vérifier les hypothèses du NIST. Les résultats sont sans équivoque et démontrent que le soufre issu des panneaux de gypse n’a pu être à l’origine de la formation du mélange eutectique responsable de la corrosion extrême observée sur pièces de métal analysés par la FEMA [42] :
Mais les enquêteurs du NIST, qui n’avaient déjà pas cherché les traces de thermate dans les aciers des Tours, n’ont même pas testé l’hypothèse de la thermate. La FAQ du NIST du 21 août 2008 nous précise que cette hypothèse fut écartée car jugée improbable : ils ont estimé qu’au moins 45 kg de thermate auraient dû être déposés contre la colonne 79 du WTC7 pour la faire plier, et que leur pose aurait été détectée par les services de sécurité de la tour. Le NIST affirme également que cette quantité de thermate aurait provoqué une détonation si forte qu’elle aurait été entendue à plus d’un kilomètre de là. Des arguments en vérité bien fallacieux car :
- Premièrement, c’est aux enquêteurs du FBI et non à ceux du NIST de juger de la plausibilité de la pose de 45 kg de thermate dans le WTC7.
- Deuxièmement, prétendre que les services de sécurité auraient détecté les poseurs d’explosifs est une ineptie comme le montre cet article du Washington Post révélant de graves failles de sécurité dans des bâtiments fédéraux.
- Troisièmement, affirmer que la thermate aurait provoqué une détonation audible à plus d’un kilomètre est un mensonge comme l’a montré l’ingénieur Jonathan H. Cole dans ses expérimentations avec de la thermate (voir la vidéo ci-dessous adaptée en français par ReOpen911. Elle montre notamment que l’utilisation de thermate sur une colonne d’acier peut lui donner cet aspect de morceau de gruyère observé sur l’échantillon issu du WTC7). Un mensonge du NIST d’autant plus grossier que celui-ci mène depuis des années en collaboration avec d'autres organismes des recherches sur la nanothermite [43].
c. Nouveau phénomène au WTC 7 :
Le 21 août 2008, le NIST publie enfin l'ébauche du rapport final sur l'effondrement du WTC 7 à l'attention du public. Le point clef de la théorie du NIST est le phénomène de dilatation thermique des systèmes de travées des planchers qui intervient, de façon inexpliquée par le NIST, à des « températures à des centaines de degrés en dessous de celles prises en compte habituellement par la profession en matière d'indices de résistance au feu ».
Au cours de la conférence de presse tenue le jour de la publication du rapport, le directeur de l’étude, Shyam Sunder déclare : « L’effondrement du WTC7 le 11-Septembre était un événement rare. Notre étude a identifié la dilatation thermique comme un nouveau phénomène qui peut causer l’effondrement d'une structure ».
Interrogé par la TéléLibre, le professeur Niels Harrit expose ses critiques sur ce nouveau phénomène avancé par le NIST pour expliquer l’effondrement du WTC7 : « Le NIST n’a pas réellement cherché à comprendre ce qui s’était passé. Mais ils ont dépensé beaucoup d’argent et de temps pour expliquer que cela pouvait être dû aux feux de bureaux. C’est une proposition audacieuse car cela ne s’est jamais produit, dans l’histoire de l’architecture moderne, qu’un immeuble comme celui-ci s’effondre à cause du feu. Ils brisent dès lors une règle basique de la méthode scientifique dans la mesure où quand vous avancez une hypothèse scientifique, vous devez vous référer à de l’expérimentation, à des expériences, à des faits, des documents produits antérieurement. Vous ne pouvez pas débarquer avec un nouveau phénomène sans avoir démontré sa réalité ».
Notons que les quelques secondes du début de l'effondrement de la façade du WTC7 rendues public suffisent à mesurer la différence entre le modèle simulé et la réalité :
Cet état de fait n’invite-t-il pas Chomsky à revoir ses propos tenus dans son livre d’entretiens l’Ivresse de la Force :
VI. Paroles d’experts :
Un des grands classiques des défenseurs de la thèse officielle est de réduire les sceptiques à un vaste conglomérat informe d’amateurs se formant sur le net, tandis que face à eux se trouveraient les experts qualifiés dont les diplômes seraient la garantie de leur compétence, de leur objectivité. Bref, d'un côté la science neutre, objective, impartiale et de l'autre les « conspirationnistes », ensemble hétéroclite d’illuminés dogmatiques guidés par leurs préjugés.
Une présentation de la situation évidemment fausse que Jean Bricmont utilise malgré tout : « Tout le mouvement "pour la vérité sur le 11-Septembre" se concentre sur les "impossibilités techniques" soi-disant liées aux attentats : la forme du trou dans le Pentagone, la rapidité de la chute des tours, etc. Mais ces problèmes techniques sont en fait très compliqués - on ne devient pas expert en aéronautique et en résistance des matériaux en quelques heures ». Déjà en 2008 Chomsky usait de cet « argument » dans son livre l’Ivresse de la Force : « Au sujet des preuves matérielles, peut-on vraiment devenir un expert très qualifié en génie civil et mécanique en passant une heure ou deux sur Internet ? »
N’en déplaise à nos deux intellectuels, il existe de nombreux experts (recensés sur le site PatriotsQuestion, traduit partiellement sur ReOpen911) à travers le monde à contester la thèse officielle.
M. Bricmont pourrait-il nous dire si l’ancien enquêteur sur les accidents d'avion à l'US Air Force, le Colonel George Nelson, diplômé du collège de l'US Air Force, 34 ans de carrière dans l'armée, détenteur d’une licence de pilote commercial et spécialiste en structures d'aéronefs et moteurs, a les compétences nécessaires pour donner son avis ?
« Avec toutes les preuves directement disponibles au site de crash du Pentagone, n'importe quel enquêteur rationnel et non biaisé ne pourrait que conclure qu'un Boeing 757 n'a pas percuté le Pentagone comme on l'a prétendu (…) ».
Et quant au Capitaine Daniel Davis de l’U.S. Army, son avis vaut-il la peine d’être mentionné ?
M. Chomsky saurait-il nous dire si les 29 ingénieurs en génie civil de cette liste ont obtenu leur diplôme après avoir passé une heure ou deux sur Internet ? Et qu’en est-il de ces autres experts ? Méritent-ils une quelconque attention de la part de nos deux intellectuels ?
Il existe donc bel et bien une controverse scientifique, et réduire le mouvement pour la réouverture d’une nouvelle enquête à de simples internautes s’improvisant experts en quelques heures passées sur le web relève simplement d’une profonde ignorance ou d’une mauvaise foi caractérisée. Maintenant, faut-il en déduire pour autant que le citoyen ordinaire n’a pas son mot à dire au débat et que seuls les experts sont qualifiés pour s’exprimer ?
Doit-on laisser le débat aux seuls experts ?
Ce serait là bien regrettable car cela nous aurait privés par exemple de la possibilité de voir comment les experts du NIST furent contraints de réviser leur rapport sur l’effondrement du WTC7 tout juste sorti suite aux remarques exprimées lors d’une réunion technique (organisée par le NIST le 26 août 2008) par David Chandler, simple professeur de physique au lycée, accrédité pour cette conférence presque "par chance", au titre de membre d'une association de professeurs de physique :
Grâce aux questions de David Chandler, le NIST a dû admettre que le WTC7 s’était effondré à la vitesse de la chute libre sur 2,25 secondes [45].
La qualité d’expert est-elle d’ailleurs garante d’objectivité ?
La réponse à cette question est un non catégorique, car les conditions suivantes doivent être réunies pour que la qualité d'expert puisse être garante d'objectivité :
- une connaissance minimale du sujet
- une absence de préjugés
- une indépendance
-
une honnêteté intellectuelle
Or, dans le cas du 11-Septembre, nous avons souvent affaire à :
a. Des experts qui ne connaissent pas les dossiers :
Régulièrement sont invités dans les médias des experts dont le rôle s’avère moins d’éclairer les citoyens que de fixer les débats dans un cadre idéologique préétabli [46]. Il n’est donc guère surprenant de constater que seuls les experts défendant la thèse officielle sont invités à « débattre », mais n’est-il pas consternant de voir que bien souvent ces derniers ne connaissent même pas la thèse qu’ils sont appelés à soutenir ?
-
Charles Baloche, Chef du Département sécurité, structures et feu au Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB)
Le 11 septembre 2008, cet éminent expert est invité, au cours d’un « débat » sur France 24, à expliquer comment le WTC7 a pu s’effondrer alors qu’il n’avait pas été percuté par un avion. M. Baloche nous avertit qu’il n’a pas « étudié de près cette tour numéro 7 », mais que ce qu’ « il sait » et qui lui « parait raisonnable » est qu’une partie du carburant des avions est descendu par les cages d’ascenseur jusqu’aux sous-sols des Tours Jumelles y développant un incendie très conséquent qui n’a pas été traité et qui ensuite a cheminé par les sous-sols jusqu’à atteindre le WTC7.
La thèse est certes originale mais présente cependant un léger défaut : elle est en totale contradiction avec le rapport du NIST publié trois semaines auparavant [47]. N’est-il pas intéressant de voir que l’expert appelé à défendre la thèse officielle ignore l’existence même du rapport officiel dont la presse s’était pourtant largement fait écho ? [48]
-
Henri Gottesdiener, ingénieur, spécialiste mondialement reconnu en structures des tours
Plus étonnant (ou simplement consternant), cette thèse du feu migrateur fut également soutenue sur France5 le 22 mai 2010 (soit plus d’un an et demi après la parution du rapport du NIST sur le WTC7 !) sur le plateau de l’émission "Les détectives de l’Histoire : 11-Septembre, a-t-on dit toute la vérité ?" par Henri Gottesdiener présenté en tant qu’ « ingénieur, spécialiste mondialement reconnu en structures des tours ». Il fut tout aussi stupéfiant de constater qu’aucun des journalistes présents sur le plateau (et ayant donc préparé cette émission sur le 11-Septembre) n’a semblé connaître l’existence de ce rapport du NIST et n’a donc corrigé l’expert.
-
François Grangier, expert Enquêtes-Accidents
Le 23 mars 2002, sur le plateau de l’émission +Clair de Canal+, l’expert et pilote d’avion François Grangier [49] est invité à apporter la contradiction à Thierry Meyssan dont le livre l’Effroyable Imposture vient d’être publié : « Ce qu'il y a de certain, quand l'on voit la photo de cette façade qui est intacte, il est évident que l'avion n'est pas passé par là. On peut imaginer qu'un avion de cette taille-là ne peut pas passer par une fenêtre en laissant l'encadrement debout. Mais il est évident que si avion il y a eu, il a tapé à un autre endroit ».
Le problème avec cette affirmation catégorique est qu’elle est démentie par les faits. En effet, le 8 mars 2002, soit plus de deux semaines avant cette interview, le site Internet de CNN publiait les images du crash du Pentagone qui feront le tour du monde (mais apparemment inconnues de notre expert) et dont la première, à défaut de montrer un avion, montrait la fumée blanche laissée par l’engin [50], indiquant que celui-ci, lorsqu’il se trouvait à cent mètres de la cible, volait horizontalement à moins d’un mètre du sol et que, par conséquent, l’impact n’avait pu se faire qu’au niveau de la façade [51].
La thèse officielle avance que le vol AA77 a percuté le Pentagone au niveau de la façade. L’expert aéronautique attitré des médias invité à défendre la thèse officielle, déclare qu’il est « évident que l'avion n'est pas passé par là » et pas un journaliste en France pour s’étonner de cette contradiction ? [52]
b. Des experts enclins aux préjugés :
« Il est plus facile de briser un noyau qu'un préjugé » (Albert Einstein).
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François Grangier, commandant de bord, instructeur, examinateur en vol et expert Enquêtes-Accidents
Nous retrouvons notre expert toujours interrogé par la journaliste de Canal+ :
- Daphné Roulier : « Donc un Boeing 757 à cet endroit aurait dû faire beaucoup plus de dégâts ? Vous êtes d'accord en cela avec Thierry Meyssan ? »
- François Grangier : « Précisément sur la façade, oui. Mais je ne vois pas l'importance de la chose. Lorsque l'on regarde le site Internet des architectes du Pentagone [53], on voit une vague description d'impact. Mais il ne faut pas voir de machiavélisme là où il n'y a que de l'incompétence. Il ne s'agit pas d'une enquête sur un accident d'avion, il s'agit d'un acte de terrorisme. Comment l’avion est tombé ? Pourquoi il est tombé ? On s’en moque totalement. (…) On sait très bien qu’il s’agissait d’un acte terroriste, donc il n’y a ni examen des débris, ni examen de la façon dont l’avion est tombé, ni conservation de ces débris à des fins d’enquêtes (…) ».
Selon Grangier, le vol 77 n’a pas percuté le Pentagone au niveau de la façade. Son analyse va donc à l’encontre de la thèse officielle mais tout ceci n’a guère d’importance puisqu'on sait – d’après la thèse officielle – que c’était un acte terroriste… Un expert Enquêtes-Accidents qui en vient à déclarer qu’une enquête est inutile au motif qu’on sait ce qui s’est passé est une assez belle illustration que les faits matériels ont bien peu de poids face aux préjugés.
-
Les enquêteurs du NIST :
Autre exemple de préjugés (enfin, si l’on écarte toute intention délibérée de saborder l’enquête) qui dans ce cas s’avèrera bien plus dramatique car il empêchera les enquêteurs d’explorer certaines pistes :
En janvier 2008, la journaliste d'investigation Jennifer Abel interroge le porte parole du NIST Michael Newman au sujet des indices d’explosifs au WTC :
- Abel : « Pourquoi le NIST n'a-t-il pas recherché des indices d'explosifs ? »
- Newman : « Parce qu'il n'y avait aucun indice de cela »
- Abel : « Mais comment le savez-vous puisque vous n'avez pas effectué de recherches ? »
- Newman : « Si vous recherchez quelque chose qui n'est pas là, vous perdez votre temps... et l'argent du contribuable ».
Rappelons qu’une des critiques récurrentes faites aux « conspirationnistes » est de partir d’une conclusion préétablie et d’écarter les éléments qui n’iraient pas dans le sens de celle-ci...
c. Des experts pas vraiment indépendants :
S’il y a bien une leçon que l’on peut tirer de l’étude du 11-Septembre, c’est que la science peut devenir « subjective » dès lors qu’elle est dépendante des pouvoirs politique et économique.
Le NIST (Institut national des normes et de la technologie) qui a publié les deux rapports sur les effondrements des Tours du WTC n’a rien d’indépendant : c’est une agence du Ministère du Commerce dont le directeur est directement désigné par le Président des Etats-Unis. Quant à la FEMA (Agence fédérale des situations d’urgence) chargée de la 1ère enquête sur les Tours, précisons simplement que son directeur de février 2001 à mars 2003 n’était autre que Joseph Allbaugh, le trésorier des campagnes électorales de Bush et l’un de ses plus proches conseillers.
Ajoutons à cela que l’administration Bush s’est particulièrement illustrée dans sa volonté d’instrumentaliser la science : en 2004, 15 000 scientifiques (incluant 62 lauréats de prix Nobel et 63 titulaires de la médaille nationale de la science) ont signé une pétition reconnaissant le gouvernement Bush comme coupable de « manipulation de connaissances scientifiques à des fins politiques partisanes ».
Enfin, le point le plus important comme le remarque Pascal Sacré est que « la plupart des intervenants étaient à la fois juges et parties. Les scientifiques du NIST, s’ils étaient des experts incontestés dans leur domaine, étaient également tous en rapport direct ou indirect avec des institutions, universités, laboratoires sous contrat avec le gouvernement qu’une enquête impartiale pouvait à tout moment montrer du doigt. Leurs réputations, leurs budgets de recherche dépendaient directement de leurs conclusions. (…) Cet article de Kevin Ryan, « La recherche de la vérité au travers des titres et des diplômes : Les "experts" du WTC », montre bien que, dans toute enquête, le plus important n’est pas d’avoir les experts les plus compétents, mais les experts les plus indépendants ».
Un exemple frappant que la plus haute compétence n’empêche pas pour autant la crainte de voir ses crédits de recherche suspendus nous est décrit dans le reportage « Du poison dans le robinet » diffusé en mai 2010 sur France3. On y apprend qu’en 1998, une équipe d’épidémiologistes de Bordeaux travaille sur la maladie d’Alzheimer et découvre qu’une forte teneur en aluminium dans l’eau du robinet multiplierait par deux le risque d’Alzheimer. La suite se passe en un jour :
- France Soir sort le matin le scoop en Une du journal
- le Pr Jean-François Dartigues qui a mené l’étude en question reçoit l’après-midi un appel du Ministre de la Santé
- le professeur relativise les conclusions de son étude au JT de 20 heures de TF1 le soir même.
L’extrait de ce reportage de France 3 mérite le détour.
d. Des experts pas vraiment objectifs et impartiaux :
Un des grands mythes de notre époque est que les scientifiques seraient forcément objectifs, puisque par définition un scientifique est celui « qui se consacre à l'étude d'un domaine avec la rigueur et les méthodes scientifiques ». Les scientifiques étant humains, il n’y a pas de raison qu’ils échappent aux faiblesses (lâcheté, corruptibilité, petits arrangements…) dont nous sommes tous potentiellement les victimes [54].
Dans le numéro d’octobre 2009, la revue scientifique La Recherche rappelait à ses lecteurs que « selon un sondage de 2002, le tiers des scientifiques travaillant aux Etats-Unis admettent avoir commis au moins un geste douteux au cours des trois dernières années, comme omettre de présenter des données qui contredisent leurs travaux précédents ; fermer les yeux sur la conduite discutable d’un collègue ; changer le protocole ou les résultats d’une étude sous la pression d’un financeur ».
Que penser de l’objectivité de l’ingénieur du NIST John Gross qui prétend lors d'une conférence n’avoir jamais eu connaissance des multiples témoignages sur la présence de métal fondu dans les décombres du WTC ?
John Gross : « Je n'ai jamais eu connaissance d'aucun témoin oculaire ayant parlé de cela ».
Peut-on croire un instant que l’un des principaux experts en charge de l’enquête du NIST puisse ignorer tous ces témoignages concordants sur ce métal fondu présent dans les ruines des Tours ? Ce métal fondu que les experts du NIST ont choisi d’ignorer serait-il un de ces « détails laissés dans l'ombre » sans réelle importance comme l’avance Noam Chomsky ?
Que penser des multiples témoignages d’explosions ignorés par la Commission d’enquête et par le NIST ? Que peuvent valoir les plus prestigieux diplômes si leurs détenteurs s’avèrent être malhonnêtes, s’ils sont prêts à passer sous silence tous les points qui iraient à l’encontre de la thèse qu’ils défendent ?
VII. Du rôle des experts dans nos sociétés
Nous vivons dans une ère de progrès où chaque jour la science repousse les limites de la connaissance humaine et il apparait donc logique de se fier aux experts pour nous aider à mieux comprendre notre monde. Si jadis on s'en remettait aveuglément aux églises, force est de constater qu’à présent les experts semblent être devenus les nouveaux prêtres de nos sociétés parcourant les plateaux télévisés pour y prêcher la vérité révélée. Parés de leur manteau de neutralité, les experts s’avèrent être de parfaits relais au discours dominant, les médias sélectionnant ceux dont le discours correspondront aux attentes de la doxa du moment [55].
Pascal Froissart, enseignant-chercheur, Maître de conférences à l’Université de Paris VIII, fréquemment invité dans les médias en sa qualité de spécialiste de la rumeur, admet volontiers ce rôle qu’on attend d’eux : « Les interventions des "spécialistes" (puisque c'est ainsi qu'on me présente) sont largement plus cadrées que vous ne l'imaginez : le dialogue est quasiment écrit d'avance, et c'est bien au contraire quand je refuse de me prononcer pour une thèse ou l'autre que je provoque la surprise » (Mail personnel cité avec l’autorisation de son auteur).
Tout sens critique a aujourd’hui disparu dès lors que les experts ont parlé. Qu’importe si leurs études, leurs simulations, leurs démonstrations comportent de graves erreurs tant que celles-ci confortent le discours officiel. Une illustration saisissante de ce fait nous fut donnée tout juste un an après les attentats avec la simulation informatique du crash du Boeing 757 dans le Pentagone réalisée par les chercheurs de l’université d’Etat de Purdue dans l’Indiana.
En mars 2002, invité sur le plateau de "Tout le monde en parle" à l’occasion de son dernier livre L’Effroyable Imposture, Thierry Meyssan crée la stupéfaction en affirmant qu’aucun avion n’avait percuté le Pentagone. Aussitôt une véritable tempête s’abat sur l’homme qui se voit qualifié de salaud, de révisionniste et même de négationniste [56]. S'agissant des lecteurs de Meyssan, Guillaume Dasquié explique sur CNN que « beaucoup ne sont jamais allés à l’école et ne possèdent qu’une culture rudimentaire » [57]. Le CSA y va de sa lettre au président de France Télévision pour déplorer que Thierry Ardisson ait « repris à son compte, sans la moindre distance critique ni précaution de langage, la propagation d'informations à l'évidence fausses » et demande expressément au président de la chaîne « de prendre des mesures pour que la vérité soit rétablie et que de tels dérapages ne se renouvellent pas ».
Dans ce contexte, la simulation de Purdue est du pain béni pour les médias qui y voient la preuve scientifique de l’inanité de la thèse d’un missile avancée par Meyssan. Le seul problème (mais de taille conséquente) est que cette simulation est tout sauf réaliste :
- la façade du Pentagone n’a pas été modélisée, ce qui permet d’éviter le problème de la taille du trou laissé dans la façade soulevé par Meyssan en mars 2002.
- les 2 réacteurs de 6 tonnes du Boeing 757 - parties les plus dures et potentiellement les plus destructrices - n’ont pas été pris en compte dans la simulation.
Boeing 757 | Simulation de Purdue |
Celles et ceux qui penseraient être victimes d'une mauvaise plaisanterie sont invités à vérifier ces images et à visionner la vidéo de la simulation de Purdue [58].
Le mois suivant, la revue Science & Vie publie un article intitulé « Un logiciel rétablit la vérité sur l’attentat du Pentagone ». Morceaux choisis :
De son côté, le site spécialisé Sciencepresse écrit le 15 octobre 2002 : « Et au passage, cette simulation pourrait aussi servir à démontrer aux adeptes de théories du complot qu'un Boeing s'est vraiment écrasé contre le Pentagone ce jour-là - quoique de ce côté, il n'y a sans doute aucun argument rationnel qui pourra les convaincre ».
Amen.
VIII. L’accusation de « conspirationnisme »
On pourrait qualifier ces termes de véritables ADM – Armes de Destruction Médiatique – en ce sens qu’ils se suffisent à eux-mêmes et ne nécessitent aucune démonstration. Une fois désigné comme tel, vous êtes alors transformés aux yeux du public en un paranoïaque délirant [62] voyant des complots derrière le moindre évènement historique. Bref, votre cas relève de la psychiatrie, il est donc du devoir des journalistes de ne pas en parler [63] afin d’éviter la contagion [64] au sein de la population.
La question suivante s’adressera donc aux journalistes qui liraient ces lignes : considérez-vous que la majorité des sceptiques soient des paranoïaques ou des obsédés du complot ? Estimez-vous par exemple que l’usage du terme « conspirationniste » convienne à Donna Marsh O’Connor,militante pour une nouvelle enquête qui a perdu sa fille lors des attentats du 11-Septembre :
Conscients de la force de cette accusation, les politiques n’hésitent guère à l’utiliser pour discréditer toute remise en question d’une vérité officielle.
Les journalistes qui voudraient évoquer objectivement les innombrables omissions, mensonges et incohérences de la thèse officielle se trouvent aujourd’hui pris dans le piège qu’ils ont eux-mêmes fabriqué : comment peuvent-ils à présent traiter ces faits sans courir le risque de subir l’opprobre de leurs confrères, de se voir qualifiés de « conspirationnistes » ou accusés de faire le jeu des « conspirationnistes » ?
Cette peur de relayer ou développer les « thèses conspirationnistes » a ainsi anesthésié depuis des années tout esprit critique chez les journalistes. L’exemple le plus frappant nous fût donné à l’annonce le 2 mai 2011 de la mort d’Oussama ben Laden par Barack Obama. Alors que les versions changent d’heure en heure, que les incohérences s’accumulent, que les preuves sont inexistantes (pas de photo, pas de vidéo, corps immergé…), quiconque usant de son droit au doute se verra aussitôt qualifié de « théoricien du complot ».
Trop occupés à lancer cette chasse aux sorcières et à commenter la moindre miette donnée par les services de communication de la Maison Blanche, les journalistes omettent de poser les questions essentielles. Responsable de la mort de plusieurs milliers d’américains, ben Laden est à la tête, nous dit-on, d’un réseau planétaire de terrorisme capable de frapper à tout moment et n’importe où. Alors que sa capture permettrait de démanteler des filières, de mettre à jour des réseaux dormants, d’empêcher de futurs attentats, le leader d’Al-Qaida qui est surveillé depuis huit mois par les services de renseignement américains est abattu de deux balles, alors qu’il était … désarmé. La capture de ben Laden aurait permis sa comparution devant la justice américaine et bien des mystères autour de l’homme et de son organisation auraient pu être levés, comme par exemple la nature de ses liens avec les services secrets pakistanais [67], la teneur de sa rencontre avec l'agent local de CIA Larry Mitchell à l'Hôpital américain de Dubaï le 12 juillet 2001, ou encore la nature précise de ses liens avec la CIA, etc., etc., etc.
Outre ces clarifications potentiellement gênantes pour l’administration américaine, un autre (petit) souci aurait pu se poser comme le rappelle Maître Philippe Currat, spécialiste du droit pénal international, interrogé par l’Express le 4 mai 2011 : « Il n'est pas certain que les Etats-Unis auraient eu la capacité d'apporter les preuves de la responsabilité de Ben Laden dans les attentats du 11-Septembre ». [68] Mais chut… puisque « Justice est faite ! » vous dit Barack Obama.
IX. Les debunkers
Depuis l’épisode Meyssan, la remise en question de la thèse officielle du 11-Septembre est devenue tabou en France [69] et toute personne qui s’y aventure risque d’être qualifiée d’adepte de Thierry Meyssan, ce qui par extension la désigne comme un potentiel extrémiste. Les avis circonstanciés de plusieurs centaines d’experts qui remettent en question la thèse officielle à travers le monde laissent de marbre les journalistes qui trouvent plus intéressant de mettre en avant les propos d’artistes [70]. Il est certes plus facile de ridiculiser des peoples que des experts du contre-terrorisme ou des ingénieurs en génie civil par exemple. Mais rien n’y fait, malgré les injures, les accusations d’antisémitisme, de révisionnisme, de négationnisme, de conspirationnisme, d’antiaméricanisme, d’antidémocratisme, de soutien au terrorisme [71] et autres procès en sorcellerie, les années passent et la contestation de la thèse officielle ne cesse de prendre de l’ampleur. Les médias se trouvent alors confrontés à un problème : comment contrer les sceptiques sans utiliser de tels « arguments » lorsqu’on ne connaît pas le dossier ?
C’est là qu’interviennent les debunkers, généralement des journalistes ou des experts, qui se sont fait une spécialité de démonter les arguments des sceptiques : les médias n’ont plus alors qu’à mentionner leur travail et proclamer que ceux-ci démontrent l’inanité du discours « conspirationniste ». Partant du postulat que la remise en question de la thèse officielle est infondée, les journalistes accordent une confiance aveugle à ceux qui prétendent démonter les critiques des sceptiques. Aucune vérification n’est alors menée, aucune confrontation entre les deux partis n’est même envisagée, tant il est évident qu’une telle démarche (pourtant à la base du travail journalistique) s’avèrerait une perte de temps…
La fonction première des debunkers n’est donc pas de fournir aux journalistes une réfutation clé en main des arguments des sceptiques mais de les rassurer dans leurs préjugés, dans leurs croyances, de les conforter dans l’idée que le sujet ne mérite pas d’être étudié, analysé : la boucle est bouclée. Qu’importe dès lors que des sceptiques mettent en avant les erreurs, omissions ou manipulations des debunkers [72], les journalistes n’y verront là que l’acharnement d’obsédés du complot aveuglés par leur foi, incapables d’accepter l’évidence. Et face à la succession d’arguments, de contre-arguments, de contre-contre-arguments, il n’est certes pas facile pour des journalistes souhaitant malgré tout se faire un avis de s’y retrouver. D’ailleurs, Jean Bricmont qui enseigne la physique théorique à l'université catholique de Louvain déclare lui-même « trouver souvent les contre-arguments [avancés par les sites de debunking] assez techniques et compliqués ».
Il y a pourtant une façon très simple et rapide d’évaluer le degré de pertinence des arguments des debunkers : il suffit de tester l’honnêteté intellectuelle de ces derniers. Et pour que la démonstration soit probante, nous n’allons pas mettre à l’épreuve l’intégrité intellectuelle d’un vulgaire debunker mais celle du plus célèbre des détracteurs des sceptiques en France, Jérôme Quirant, enseignant-chercheur en calcul de structures à l'Université de Montpellier II, connu pour son soutien indéfectible à la version officielle.
Jérôme Quirant |
En avril 2008, Canal+ diffusait dans le cadre de l'émission Jeudi Investigation un reportage de Stéphane Malterre sur le thème « Rumeur, intox : les nouvelles guerres de l’info ». Ce reportage entendait démontrer que les informations disponibles sur internet sont loin d’être fiables (une évidence qui sert avant tout aux médias traditionnels à ramener vers eux ceux qui ne se contentaient plus de leurs informations). Pour ce faire, le réalisateur s’attaqua à Loose Change 2, un documentaire américain qui remet en cause la thèse officielle du 11-Septembre. Alors qu'il était censé lutter contre la désinformation véhiculée par le net, le reportage de M. Malterre s’avéra être truffé de contre-vérités, de manipulations, d’omissions et autres amalgames grossiers. Ravis de cette prétendue réfutation « point par point » des arguments de Loose Change 2, les médias se gardèrent de toute critique sur le fond, l'Express allant même jusqu'à qualifier le travail de Stéphane Malterre « d'utilité publique ». Face à cet engouement des médias pour le reportage de Jeudi Investigation, l’association ReOpen911 avait décidé d’effectuer le travail de vérification qu’auraient dû faire les journalistes, et de répondre à Stéphane Malterre par l'intermédiaire du "contre-documentaire" Jeudi Investigation : un Jeudi Noir de l’Information mis en ligne avec un grand succès sur notre site en septembre 2009.
Ardent défenseur de la thèse officielle, Jérôme Quirant livra alors une critique du documentaire de ReOpen911 prétendant que les manipulateurs seraient ses auteurs (dont je fais partie) et non Malterre. Nous invitons M. Bricmont à visionner Jeudi Investigation : Un Jeudi Noir de l’Information, puis à lire la critique de M. Quirant, et ensuite à prendre connaissance de notre propre réponse [73], et fort de ces éléments, de se prononcer sur l'honnêteté de Jérôme Quirant dans sa défense du réalisateur Stéphane Malterre.
Au cas où M. Bricmont ne disposerait pas d'assez de temps à accorder à ce sujet pour statuer, nous l'invitons à lire notre réponse à la première des critiques formulées par M. Quirant :
« Chapitre 1 : Les rumeurs. Dans cette partie, Zorg et Aldwinn contestent la présentation qui est faite par Malterre suggérant que le film Loose Change est essentiellement basé sur un assemblage de rumeurs. Il est hélas peu discutable que le film Loose Change n'apporte aucun élément probant, juste des témoignages imprécis ou qui ne démontrent rien, et des analyses de vidéos très orientées ».
Notre réponse :
Dans son documentaire, M. Malterre tentait de discréditer l'ensemble des témoignages d'explosions au WTC montrés dans Loose Change 2 en les faisant passer pour de simples rumeurs sans fondement.
Alors que cette version de Loose Change rapportait 13 témoignages directs d'explosions et 3 témoignages indirects, M. Malterre se basera sur un seul de ces témoignages : celui indirect du journaliste correspondant de la NBC Pat Dawson. Là où M. Malterre déroge aux règles déontologiques du journalisme, c’est lorsque avec la complicité de Pat Dawson, il prétendit que Loose Change avait dénaturé les propos du journaliste :
- Pat Dawson : « Quand j’ai fini mon plateau, j’ai dis en parlant du pompier : 'il pense', 'il suppose'. J’essayais de faire comprendre aux téléspectateurs que dans ce contexte il ne s’agissait pas d’un fait, c’est ça que je voulais leur faire comprendre. C’est très grave pour un professionnel de voir son travail pris hors contexte et utilisé pour développer une théorie que les faits ne soutiennent pas ».
Or, comme nous l'avions montré dans notre documentaire (à 3'37), ses propos n'avaient été en rien dénaturés ou tronqués par l'équipe de Loose Change.
Retranscription dans son intégralité du témoignage du journaliste Pat Dawson tel que montré dans Loose Change 2 (visible ici à 38'14) : « Il y a quelques instants j'ai parlé au chef de la sécurité des pompiers de New York, Albert Turi. On vient de lui annoncer qu'il y avait peut-être un engin explosif secondaire : une bombe. Il a essayé d'évacuer ses hommes le plus rapidement possible, mais il dit qu'il y a eu une autre explosion. Environ 1 heure après que le premier avion s'est crashé, il y aurait eu une autre explosion dans l'une des tours. D'après lui, des explosifs avaient été placés à l'intérieur du bâtiment. Il suppose que les explosifs secondaires avaient sans doute été placés à l'intérieur du bâtiment ».
Les précautions oratoires de Pat Dawson sont donc bien présentes dans l'extrait utilisé dans Loose Change 2 ("il y avait peut-être", "il y aurait eu", "d'après lui", "il suppose"). Mais dans le but de convaincre les téléspectateurs de Canal+ d'une manipulation des auteurs de Loose Change, Stéphane Malterre s'est bien gardé d'inclure dans son documentaire le passage en question de Loose Change. Au lieu de cela, il a présenté un court extrait de l'interview de Pat Dawson provenant de YouTube afin de montrer que celui-ci usait bien de précautions oratoires, sous-entendant ainsi que celles-ci étaient absentes de l'extrait diffusé dans Loose Change 2.
De plus, l'identité du pompier (Albert Turi, chef de la sécurité du département du feu de New York) fut écarté de l'extrait retenu par M. Malterre, une dissimulation qui lui permettra de déclarer qu'il s'agissait là d'une simple rumeur puisque de source inconnue.
Albert Turi, chef de la sécurité du département du feu de New York |
Malterre a t-il manipulé les téléspectateurs de Canal+ en leur faisant croire que les auteurs de Loose Change avaient dénaturé les propos du journaliste Pat Dawson ? Quirant manipule t-il ses lecteurs en faisant l’omission sur cette manipulation avérée de Malterre ?
Au vu de l'exemple présenté ci-dessus (on en trouvera de nombreux autres ici), pouvez-vous, M. Bricmont répondre aux deux questions suivantes ?
- Le journaliste de Canal+ Stéphane Malterre est-il honnête dans son reportage qui s'attaque à Loose Change ?
- Le scientifique Jérôme Quirant est-il honnête dans sa défense de Malterre ?
Deux questions simples qui méritent deux réponses simples en espérant bien entendu que votre qualité de président d’honneur de l’AFIS (association française pour l’information scientifique) ne vous empêche de vous exprimer sincèrement sachant que M. Quirant fut choisi pour coordonner un numéro hors-série sur le 11-Septembre éditée par l’AFIS [74].
Dernière remarque au sujet de Jérôme Quirant : ce n’est pas parce que ce dernier entretient un rapport tout particulier avec la notion d’intégrité intellectuelle que la thèse officielle serait pour autant fausse. Cela montre simplement que la qualité d'expert n'est définitivement pas un gage d’objectivité [75].
De même, le fait que le porte-parole du NIST Michael Newman et l’ingénieur du NIST John Gross soient pris en flagrant délit de mensonges ou que le NIST omette plusieurs points, écarte certaines pistes, refuse de livrer les données de certaines simulations informatiques, se contente d’hypothèses là où de simples expériences pourraient apporter une réponse, arrête son étude au moment de l’initiation des effondrements des Tours Jumelles, etc., n’implique pas pour autant que les Tours aient subi une démolition contrôlée.
Par contre, cela ne rend t-il pas légitime la demande de 1700 architectes et ingénieurs auprès du Congrès américain pour une enquête véritablement indépendante, ne fussent-ils pas tous aussi qualifiés que M. Quirant [76] ?
Conclusion
Ce qui frappe à la lecture des contributions de Noam Chomsky et Jean Bricmont, c’est que jamais n’est abordé le moindre élément avancé par les sceptiques. Les deux auteurs se contentent, tout comme les journalistes, de les caricaturer et de leur opposer un principe de plausibilité dont on a pu mesurer les limites.
Ces derniers doivent bien mal connaitre les arguments des sceptiques pour se contenter de telles démonstrations. Par exemple, M. Bricmont qui évoque les miracles en guise d'argument comparatif semble ignorer qu’en juillet 2010, David Ray Griffin a envoyé une lettre ouverte intitulée « Aux principaux détracteurs appartenant à la Gauche américaine qui critiquent le Mouvement pour la vérité sur le 11/9 : Croyez-vous vraiment aux miracles ? » où il détaille une série de faits expliqués selon lui de façon irrationnelle par la thèse officielle mais admis sans questionnement par ses partisans. Parmi les destinataires de la lettre, un certain Noam Chomsky qui n'a jamais daigné répondre sur seulement un seul de ces points. Dommage cela nous aurait peut-être épargné quelques clichés…
Il est certes commode d'ignorer le travail de recherche des sceptiques du 11-Septembre, en prétextant fallacieusement que ce travail détourne les gens des "vrais" problèmes de nos sociétés [77] mais c'est un "argument" bien faible. En effet, le questionnement du 11-Septembre — un événement qui a servi de prétexte à une dérive sécuritaire, liberticide et anti-démocratique de nos sociétés sous couvert de guerre au terrorisme — conduit naturellement les "sceptiques" à s'interroger sur les problèmes de société qui découlent du (ou ont été exacerbés par le) 11-Septembre : l’impérialisme, les guerres préventives, la restriction des libertés, l’instrumentalisation de la peur, le terrorisme d’Etat, le fonctionnement des médias, le rôle des experts, etc. C'est notamment le cas dans Ben Laden, Storytelling et Démocratie, un documentaire de ReOpen911 qui, à partir de l'annonce de l'assassinat de ben Laden le 2 mai 2011 par les forces spéciales US, amène le spectateur à s'interroger sur le fonctionnement de nos médias et l'évolution de nos démocraties.
L’info spectacle semble avoir gagné, le réel s’est virtualisé, les drames vécus par nos semblables ne nous concernent pas : trop loin et puis de toutes façons on n’y peut rien... Une résignation qui ravirait Samuel Huntington — le père du concept du Choc des Civilisations — lequel écrivait dans le rapport n°8 de la Trilatérale [78], The crisis of democracy, présenté à Kyoto en mai 1975 :
« Nous en sommes arrivés à reconnaître qu’il y a des limites potentiellement désirables à la croissance économique. Il y a aussi des limites potentiellement désirables à l’extension indéfinie de la démocratie politique ».
« Plus un système est démocratique, et plus il est exposé à des menaces intrinsèques (...). Au cours des années récentes, le fonctionnement de la démocratie semble incontestablement avoir provoqué un effondrement des moyens traditionnels de contrôle social, une délégitimation de l’autorité politique et d'autres formes d’autorité et une surcharge d’exigences adressées au gouvernement, exigences qui excèdent sa capacité de les satisfaire ».
« Le fonctionnement effectif du système politique démocratique requiert habituellement une certaine mesure d’apathie et de non-participation de quelques individus et groupes. Dans le passé, chaque société démocratique a une population marginale, numériquement plus ou moins importante, qui n’a pas activement participé à la vie politique. En elle-même, cette marginalisation de certains groupes est anti-démocratique par nature, mais elle a été aussi l’un des facteurs qui ont permis à la démocratie de fonctionner effectivement. Des groupes sociaux marginaux, les Noirs par exemple, participent maintenant pleinement au système politique. Et le danger demeure de surcharger le système politique d’exigences qui étendent ses fonctions et sapent son autorité ».
« La vulnérabilité du gouvernement démocratique aux Etats Unis ne provient donc pas seulement de "menaces extérieures, bien que celles-ci soient réelles, ni d’une subversion interne de droite ou de gauche, bien que ces deux risques puissent exister, mais plutôt de la dynamique interne de la démocratie elle-même dans une société hautement scolarisée, mobilisée et participante ».
Contrairement à tous ces drames qui se passent « loin », le 11-Septembre eut lieu en direct au cœur de chaque foyer. Ce fut l’évènement historique le plus marquant de la vie de la plupart d’entre nous : chacun se souvient de ce qu’il faisait, où il se trouvait le jour où il a appris que des avions étaient rentrés dans les Tours Jumelles. La démonstration d’une éventuelle participation active ou passive d’élites américaines ne pourrait-elle pas à son tour créer un choc psychologique à même de briser la résignation des citoyens ? [79] Comme le souligne le journaliste Hicham Hamza : « L’enjeu est significatif : si la "guerre contre le terrorisme" ayant causé depuis dix ans la mort de centaines de milliers d’individus est basée sur un mensonge, les conséquences de cette démystification seraient politiquement dévastatrices ».
Chacun est bien entendu libre de choisir ses combats, d’établir ses priorités, mais les contributions présentes de Noam Chomsky et Jean Bricmont qui se basent seulement sur le « critère simple de plausibilité » et sur des arguments fallacieux (les experts face aux conspirationnistes se formant sur le net, inutilité des commissions, technicité du débat…) s’avèrent être des plaidoyers pour l’abandon de toute investigation sur les innombrables incohérences du récit officiel.
Une attitude d’autant plus consternante que nos deux célèbres pourfendeurs de l’ordre établi ne contestent pas la pertinence de certains faits. Chomsky reconnait que parmi « les faits étranges, les coïncidences troublantes, les choses incompréhensibles » rapportés par les sceptiques « certains sont probablement corrects ». De même, Bricmont se dit « prêt à admettre que la version officielle comprend des trous et que, peut-être, on nous cache des choses » (Mail personnel cité avec l’autorisation de son auteur).
Nous n’attendons pas de vous un engagement à nos côtés ou un soutien inconditionnel à notre combat. Par contre, nous estimons être en droit d’attendre de vous une argumentation autre que celle servie depuis des années par les médias, une argumentation exempte de dénigrement [80] ou de caricature et qui se baserait avant tout sur les faits.
Une meilleure connaissance du sujet ne pouvant que vous aider dans l’élaboration de vos arguments, nous vous invitons à visionner ces deux vidéos. La première résume la thèse officielle et la seconde présente diverses zones d’ombres du 11-Septembre :
- Les attentats du 11-Septembre expliqués en 5 minutes
- 12 Questions aux Défenseurs du Récit Officiel sur le 11-Septembre
Si vous désirez approfondir votre étude du sujet, vous pouvez prendre connaissance de :
- La rubrique « Points-clés du 11-Septembre » qui s'applique à rapporter les principaux faits relatifs au 11-Septembre, avec un souci d'objectivité et dans le respect des règles du journalisme : citation des sources, recoupement de l'information, recherche de la contradiction.
- La recherche personnelle du journaliste québécois David Charbonneau, basée sur deux années complètes d'analyse de sources médiatiques crédibles et vérifiables, dans le but de permettre à un maximum de gens d'atteindre une vision plus nette sur le sujet.
- La Complete 911 Timeline, site anglophone de Paul Thompson qui regroupe des milliers d’articles de presse sur les événements entourant le 11-Septembre, et qui est à la base des recherches des familles de victimes regroupées sous le nom des "Jersey Girls".
- Architects and Engineers for 9/11 Truth
- Scientists for 9/11 Truth
- Military Officers for 9/11 Truth
- Firefighters for 9/11 Truth
- Scholars for 9/11 Truth and Justice
- Pilots for 9/11 Truth
- Political Leaders for 9/11 Truth
- Lawyers for 9/11 Truth
Signe indéniable d’une évolution dans la société, plusieurs célèbres journalistes ont publiquement fait part de leurs doutes comme par exemple Robert Fisk, Eric Margolis, John Pilger ou encore chez nos compatriotes Karl Zéro et John-Paul Lepers (des propos malheureusement passés sous silence par leurs confrères) [81], et même d’ardents défenseurs de la thèse officielle reconnaissent qu’il reste effectivement des points à clarifier [82], certains d’entre eux se déclarant même favorables à une nouvelle enquête.
Si tout le monde s’accorde à dire que la thèse officielle est sur certains points discutable, pourquoi ne pas en discuter simplement et calmement ? Plus d'une décennie s’étant écoulée, n’est-il pas temps de sortir enfin de cette spirale du silence ?
Par Pierre Luciani pour ReOpen911
Notes :
[1] Le documentaire de Canal+ « Rumeur, intox : les nouvelles guerres de l’info » de Stéphane Malterre y fut à cette occasion diffusé. Un documentaire d’une rare malhonnêteté qui fut démonté par ReOpen911
[2] France2 avait (un court instant) envisagé un tel débat avant de faire marche arrière…
[3] Contrairement à ce que prétend Noam Chomsky, le débat autour du 11-Septembre est loin d'être « si bien toléré ». Rappelons en effet que le politologue Aymeric Chauprade, directeur des études de géopolitique au Collège interarmées de défense, fut renvoyé de son poste par le ministre de la Défense le lendemain de la publication d’un article de Jean Guisnel dans le Point qui l’accusait de complaisance vis-à-vis des thèses conspirationnistes du 11-Septembre dans son dernier livre Chronique du choc des civilisations. Deuxième exemple avec un cas plus proche de Chomsky, celui de la démission forcée en septembre 2009 du conseiller d’Obama, Anthony Van Jones, pour avoir signé en 2004 une pétition réclamant une enquête plus approfondie sur les évènements du 11-Septembre.
[4] Lors de son interview le 21 août 2006 sur CBC, le vice-président de la Commission Lee Hamilton déclara : « vous menez une enquête, vous avez une limite de temps, vous n'avez pas un temps illimité, vous avez une limite de budget, vous ne pouvez pas suivre toutes les pistes, vous ne pouvez pas répondre avec certitude à chaque question […]. Je ne crois pas une seconde que nous ayons raison sur tout. Nous avons écrit une première version de l'histoire. Nous l'avons écrite sous une contrainte de temps importante, et nous avons fait le tri entre les indices aussi bien que nous le pouvions. Il serait plutôt remarquable que nous ayons tout juste [...]. Des gens vont enquêter sur le 11-Septembre pendant les 100 prochaines années dans ce pays, et ils trouveront des choses que nous avons oubliées ».
[5] Confronté à de multiples restrictions d’accès à certains documents cruciaux, le Sénateur Max Cleland démissionne en novembre 2003 de la Commission d'enquête qu’il qualifie de « scandale national » (Salon, 21/11/03). En juin 2006, le sénateur et membre de la commission d’enquête Bob Kerrey affirme qu'il y a « de nombreuses raisons de soupçonner qu’il y ait une alternative à ce que nous avons exposé dans notre version » (Salon, 27/06/06). En mars 2009, il refait part de ses inquiétudes : « il y a désormais des raisons de suspecter que nous nous sommes peut-être trompés sur certains aspects » du complot du 11/9 et sur Al-Qaida (Newsweek, 13/03/09).
[6] Pour plus d’information sur cette opération secrète qui selon Chomsky « gagne le prix de la plus importante entreprise isolée de terrorisme international au monde » (Comprendre le pouvoir, 1989, tome 1, p.25), vous pouvez lire ce passage très instructif tiré du livre Les Guerres Scélérates de William Blum, ancien fonctionnaire du département d'État américain.
[7] Le journaliste d'investigation américain Carl Bernstein, célèbre pour avoir fait éclater avec son collègue Bob Woodward le Scandale du Watergate qui mena en 1974 à la démission de Richard Nixon, publia dans le Rolling Stone Magazine du 20 octobre 1977 l’article « The CIA and the Media » dans lequel il révèle que, d’après des documents déclassifiés, plus de 400 journalistes américains ont collaboré avec la CIA durant les 25 dernières années. Curieusement, cet article de Bernstein n’a pas reçu la même attention de la part de ses confrères que ses révélations sur le Watergate. Il est sûr qu’un tel article démontrant les liens entre services secrets et médias ne participe guère à édifier l’image de contre-pouvoir dont les médias aiment tant se prévaloir…
La sous-médiatisation de cette opération d’influence des médias (estimée par la Commission Church à environ 265 millions de dollars par an) contribuera à l’effacer de la mémoire collective, permettant ainsi à l'ancien directeur de la CIA, James Woosley, sous l'administration Clinton de prétendre que l'opération Mockingbird n’avait jamais existé (vidéo de 3 minutes sous-titrée).
[8] Vous trouverez ici une bonne synthèse de cette opération de contrôle mental. L'article fait mention d'un document MK Ultra de 1955 qui énumère les études effectuées sur les substances qui lèsent le comportement, le psychisme et le mental : on retrouve ce document dans un rapport du Sénat du 3 août 1977 (à la page 244 ici ou dans sa version d'origine là).
[9] Rappelons que le comité de pilotage des familles de victimes (Family Steering Comittee) avait soumis une liste de 171 questions à la Commission du 11/9 et que 70% de ces questions n'ont pas reçu de réponses. Selon une de ses membres, Lorie Van Auken, « les 30% restants, c'est parce qu'ils savaient que nous savions ».
[10] Fin 2011, suite à un différent sur l’utilisation des fonds collectés lors de la "Campagne pour une Commission Citoyenne sur le 11/9" dont Gravel était le porte-parole et trésorier, ce dernier décide sans l'autorisation du « Bureau », ni celle des donateurs, de reverser la quasi totalité des fonds récoltés et non encore dépensés à sa nouvelle association visant à l’établissement de la "démocratie directe".
[11] Sur les 16 000 journalistes à qui une invitation a été envoyée, un seul a fait le déplacement, un journaliste de l'Itinérant, journal vendu par les SDF et tiré à 20 000 exemplaires.
[12] On appréciera la marge réduite laissée aux sceptiques : tandis que Chomsky leur reproche d’être incapables de fournir un scénario alternatif crédible des évènements, Bricmont trouve lui « regrettable que beaucoup de gens sincères et courageux passent leur temps à spéculer sur ces attentats ».
[13] Un rapport du PNAC (Projet pour le Nouveau Siècle Américain), un groupe de réflexion néoconservateur, indiquait en septembre 2000 : « Le processus de transformation [des Etats-Unis en force dominante], même s'il est porteur de changements révolutionnaires, sera probablement long en l'absence d'un événement catastrophique et catalyseur, comme un nouveau Pearl Harbor ». Quelques mois plus tard, les rédacteurs du rapport se retrouveront aux commandes de l'Etat. Toute la question est de savoir si la volonté de maintenir la suprématie américaine sur le monde a pu rendre (a minima) aveugles certains responsables américains aux multiples avertissements émanant des services de renseignement américains et étrangers sur le risque d’attaques imminentes.
[14] L’instrumentalisation des terroristes par des services secrets est une pratique loin d’être marginale. En 1995, une série d’attentats frappent la France et sont attribués au GIA islamiste. En mars 2002, Canal+ diffuse dans le cadre de l’émission "90 minutes" un reportage, fruit de deux années d’enquête, affirmant que les « Groupes islamistes armés » sont depuis 1994 directement guidés par le Département de renseignement et de sécurité (DRS, l’ex-Sécurité militaire). Jean-Baptiste Rivoire, l’un des réalisateurs de ce reportage – jugé salutaire par Pierre Vidal-Naquet – dira au cours d’une interview : « Je pense personnellement que les jeunes qui ont été jugés dans le cadre du procès sur les attentats de 1995 ont vraisemblablement participé aux opérations, sauf qu’à mon avis ils ont été manipulés. Le vrai chef du réseau n’a jamais été arrêté ».
[15] En effet, la CIA a commencé à travailler avec Oussama ben Laden dès 1979, pour l’aider à repousser les russes d'Afghanistan. Une collaboration qui dura un peu plus que ce qui est admis généralement : ben Laden avait reçu le 12 juillet 2001 à l'Hôpital américain de Dubaï la visite de l'agent local de CIA Larry Mitchell. Rappelons également que selon l'ancienne traductrice du FBI Sibel Edmonds, les Etats-Unis n’ont jamais cessé de soutenir ben Laden jusqu’au 11-Septembre, dans le cadre d’opérations de déstabilisation en Asie Centrale.
[16] Le lendemain des attentats, 90% des Américains réclamaient des représailles, selon un sondage du Washington Post.
[17] Daniel Mermet s’est toujours refusé à aborder la remise en question de la thèse officielle ou le traitement médiatique du 11-Septembre. Bien entendu, c’est là son entière liberté de passer sous silence un dossier qui suscite une défiance et un rejet croissants des citoyens, mais comment ne pas sourire à la lecture du passage suivant tiré du n°13 de "Là-bas si j'y suis Hebdo" diffusé le 27 novembre 2006 : « Face à la critique cinglante des médias dont nous nous faisons l’écho (Bourdieu, Halimi, Pierre Carles, Acrimed, François Ruffin, etc.), la médiacratie campe dans un silencieux mépris, mais là aussi, la majorité de l’opinion exprime défiance et rejet croissants ».
Et que penser de ce passage extrait du n°22 de "Là-bas si j'y suis Hebdo" diffusé le 3 Septembre 2007 : « Karl Rowe, l’éminent conseiller de George W Bush, le disait sans complexe, "Nous sommes un empire, désormais nous créons notre propre réalité" (Cité par Robert Fisk, The Independant, 27.08.07) ».
A priori rien de choquant, si ce n’est que cette phrase de Karl Rowe est tiré d’un article de Robert Fisk intitulé « Moi aussi, je questionne la "vérité" du 11-Septembre ». Mais dans cette lettre de "Là-bas si j'y suis Hebdo", aucune allusion n’est faite au contenu de l’article de Robert Fisk (que connait d’ailleurs bien Mermet) où il écrit être « de plus en plus troublé par les inconsistances dans la version officielle du 11-Septembre » et que « du point de vue journalistique, il y a eu de nombreuses choses étranges autour du 11-Septembre ». Du contenu de cet article de Fisk, rien ne sera révélé aux auditeurs de l’émission, ni même aux abonnés de la lettre d’information, qui devront se contenter de la citation de Karl Rowe extraite de l’article de Fisk : « Nous sommes un empire, désormais nous créons notre propre réalité ». Visiblement, il n’y a pas que ce conseiller de Bush qui aime à créer sa propre réalité…
[18] Offrons-nous une petite pause humoristique que nous sert bien involontairement Bricmont lorsqu’il propose comme exemple de fuite les mémos de Downing Street. Dans une note de bas de page, Bricmont donne un lien sur ces mémos de Downing Street et s’étonne : « Curieusement, les adeptes des conspirations n’insistent jamais sur ces documents, pourtant publiquement disponibles, et qui en disent long sur le cynisme absolu de la politique américano-britannique ». Malheureusement pour Bricmont, l’article qu’il donne en lien provient de Questions Critiques, un site qui publie notamment des articles d’auteurs qualifiés de « conspirationnistes » puisqu’ils remettent en cause la thèse officielle du 11_Septembre. Portons également à la connaissance de Bricmont un article récent du Telegraph relayé par ReOpen911 qui porte sur des mémos secrets de Downing Street prouvant l’existence de liens entre les compagnies pétrolières et la participation de la Grande-Bretagne à l’invasion de l’Irak.
[19] Nous conseillons vivement à celles et ceux qui l’auraient manqué de voir l’excellent documentaire « L'homme qui a fait tomber Nixon - Daniel Ellsberg et les dossiers secrets du Pentagone » diffusé sur Arte en avril 2010.
[20] Par la suite, Mike Gravel parviendra en octobre 1971 à faire publier ces documents dans quatre volumes chez Beacon Press (ils sont désormais connus sous le nom de The Senator Gravel Edition).
[21] Dans L’Ivresse de la Force, Chomsky déclarait : « L’idée même n’est pas crédible. Pour qu’il y ait une once de vérité dans les théories sur le 11-Septembre, il faudrait qu’il y ait eu un énorme complot, incluant les compagnies aériennes, les médias, la préparation des faux avions. Il aurait fallu mettre au courant quantité de gens dans l’administration. Ils ne s’en seraient jamais tirés. Même une dictature n’aurait pas pu. C’est une opération vraiment risquée. La probabilité d’une fuite est très élevée : ça se serait su tout de suite ». On remarquera que Chomsky réduit la contestation de la thèse officielle à la soutenance d’un complot interne, ce qui est bien pratique car cela le dispense d’envisager la thèse du laisser-faire délibéré qui n’impliquerait évidemment qu’un nombre très restreint de complices.
[22] Dans cette même interview, Ellsberg se déclare favorable à une nouvelle enquête sur le 11-Septembre : « Il ne fait selon moi aucun doute qu’il y a suffisamment d’évidences pour justifier une enquête complète et sans complaisance [...] ».
[23] Rappelons que Bricmont avait également utilisé cet argument de la question de la plausibilité en cas d’hypothèse d’un laisser-faire délibéré. Argument réfuté par Taïké Eilée dans son article « Chomsky, Bricmont et le 11-Septembre : la défaite de la pensée ».
[24] En novembre 1950, Jacobo Arbenz est élu démocratiquement à la présidence du Guatemala et devient président de la République en mars 1951. Il entame, en 1952, une réforme agraire qui passe par la nationalisation et la redistribution des terres cultivables non utilisées, notamment des terres appartenant à la United Fruit Company. On estime qu'en 1945, 2% de la population du pays contrôlait 72% de toutes les terres arables, mais seulement 12% de celles-ci étaient utilisées. La Maison Blanche et la CIA mettent alors en place l’opération PBSUCCESS qui aboutira en 1954 à l’exil d’Arbenz et la mise en place d’un régime militaire dirigé par le colonel Carlos Castillo Armas.
Le 25 juin 1954, Arbenz ordonne de distribuer des armes au peuple ; l'armée refuse. Arbenz démissionne dans la nuit du 27 juin en déclarant : « Ils ont utilisé le prétexte de l'anticommunisme. La vérité est très différente. La vérité se trouve dans les intérêts financiers de la compagnie fruitière et des autres monopoles états-uniens qui ont investi d'importantes sommes d'argent en Amérique latine et qui craignent que l'exemple du Guatemala soit suivi par d'autres pays latins. (...) J'ai pris en charge la présidence avec une grande foi envers le système démocratique, la liberté et la possibilité d'atteindre l'indépendance économique du Guatemala. Je continue de croire que ce programme est juste ».
A noter qu’à l’époque, le numéro un de la CIA Allen Dulles siège au conseil d'administration de United Fruit et que son frère John Foster Dulles dirige le Département d'Etat. Par ailleurs, les frères Dulles possèdent le plus important cabinet juridique de Wall Street et ont pour client United Fruit.
Le Guatemala sombra dans une guerre civile de 36 ans… (200.000 morts, rien que sous la dictature de Ríos Montt qui dura moins d’un an et demi).
Archives déclassifiées de l’opération PBSUCCESS ici.
[25] Il faudrait donc croire qu’un gouvernement serait moins cynique que le lobby du tabac ?
Un article du Figaro du 28 août 2008 révèle que le lobby de tabac a réussi à maintenir un silence de 40 ans :
« Philip Morris (PM), RJ Reynolds, British American Tobacco et toutes les « majors » de l'industrie du tabac ont volontairement caché au public pendant plus de quarante ans la présence dans les feuilles de tabac, les cigarettes et la fumée de tabac d'un élément radioactif dangereux et cancérigène, le polonium 210 (…). Le 210Po serait responsable d'1 % de tous les cancers du poumon des Américains ».
Le Monde dans un article du même jour précise que le polonium 210 « serait responsable d'environ 12 000 morts par an dans le monde ». Ce qui sur une période de quarante ans totalise près d’un demi-million de morts…
Bref, une conspiration du silence impliquant probablement des centaines de personnes (chercheurs, direction, avocats, secrétariat...), menée par de simples civils et qui pourtant a duré 40 ans ! Et pas une fuite dans la presse pour dénoncer ce scandale, même pas sous le couvert de l’anonymat. Aucune confession, même sur un lit de mort.
Qu'est-ce qui les a empêchés de parler pendant 40 ans ?
Pourtant, c'étaient là des gens « normaux », des gens « ordinaires » qui ne faisaient que leur travail…
Quant au gouvernement français, il sait lui aussi à l'occasion se montrer cynique en privilégiant les intérêts économiques au détriment de la vie de ses citoyens. Un exemple particulièrement frappant nous est montré dans le documentaire Diesel, le scandale français diffusé sur France5 en novembre 2011 et dont voici le texte de présentation : « Le diesel, un secret bien gardé qui pourrait entraîner un scandale comme ceux de l'amiante ou du sang contaminé. Il implique des millions de personnes, fait tous les ans des dizaines de milliers de victimes en France, et est au cœur du secteur automobile. Au départ, ce carburant était destiné à « sauver » l'industrie automobile française. Aujourd'hui, il détruit des vies. Des scientifiques, des victimes, des détracteurs et des défenseurs du diesel témoignent sur le sujet. Ce document analyse également pourquoi et comment les autorités françaises n'ont pas alerté l'opinion plus tôt sur ses dangers ».
[26] Thèse que l'association ReOpen911 ne soutient pas mais qu'elle ne s’interdit pas d’examiner en raison d’un soi-disant critère de plausibilité qui bien souvent ne révèle qu’une ignorance patente d’informations pourtant avérées.
[27] « Cette étude méticuleuse et soignée, incisive, révèle pour la première fois l'ampleur, la noirceur et les implications menaçantes des armées secrètes créées par l'OTAN. La lecture de ce livre important de Ganser s'avère une urgence, particulièrement dans la période que nous traversons » (Noam Chomsky, professeur de linguistique au MIT. Source)
[28] « Reconstruire les défenses de l'Amérique » est le nom du rapport rédigé en décembre 2000 par le PNAC (Projet pour le Nouveau Siècle Américain), un think tank néoconservateur dont l’objectif affiché est de promouvoir le leadership global des Etats-Unis dans le monde et dont plusieurs de ses membres (Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz, Richard Perle, Dick Cheney…) se retrouveront à des postes clé dans les futurs gouvernements Bush. Le rapport préconise les actions qui lui apparaissent comme vitales à la pérennité de la Pax Americana. Sans elles, la domination américaine touchera rapidement à sa fin, est-il précisé à la page 13. Page 51, on lit : « Le processus de transformation [des Etats-Unis en force dominante], même s'il est porteur de changements révolutionnaires, sera probablement long en l'absence d'un événement catastrophique et catalyseur, comme un nouveau Pearl Harbor ».
[29] Hypothèse à laquelle adhèrent aujourd’hui bien peu de sceptiques (aucun témoin n’a déclaré avoir vu un missile, les dégâts sur la façade sont apparemment incompatibles avec le crash d’un missile, …). Pour autant, de nombreux points (fin de trajectoire du vol, forme du trou de sortie dans l’anneau C, capacités de pilotage d’Hanjour, souffle de l’explosion…) continuent de laisser perplexes bien des sceptiques. Bref, aucun consensus ne se dégage, si ce n’est que la thèse officielle est insatisfaisante à bien des égards et qu'il est donc nécessaire de ne pas refermer le dossier.
[30] Un exemple d’« incroyable coïncidence » nous est donné avec cette dépêche de l’Associated Press du 21 août 2002 :
« Un avion devait s'écraser le matin du 11-Septembre contre les bâtiments d'une agence gouvernementale ultrasensible près de Washington, selon un scénario imaginaire d'évacuation qui fut annulé lorsque commencèrent les vrais attentats terroristes. Le Bureau national de reconnaissance (NRO), qui opère les satellites d'observation du Pentagone et de la CIA, avait prévu "par pure coïncidence" un tel scénario d'accident - et non d'attaque terroriste - dans le cadre des exercices de routine pour familiariser son personnel à des évacuations d'urgence, a indiqué jeudi un porte-parole du NRO.
"Le scénario était qu'un jet d'affaires Lear ayant décollé de l'aéroport international voisin de Washington Dulles avait des problèmes techniques et s'écrasait sur notre quartier général en voulant retourner sur Dulles", a déclaré le porte-parole Art Haubold. La simulation était prévue à 09H00 du matin. "C'était juste une coïncidence incroyable", a déclaré M. Haubold à l'AFP (…).
Le NRO est situé à Chantilly (Virginie) dans la banlieue nord-ouest de Washington, à 6 km de l'aéroport de Dulles et à quelques minutes à vol d'oiseau du Pentagone. Un Boeing 757, ayant justement décollé de Dulles, s'est écrasé à 09H39 sur le Pentagone, le siège du département américain de la Défense (…) ». Précisons que le crash simulé était prévu à 9h32, soit 5 minutes avant l’attaque du Pentagone.
Un dossier très complet sur les multiples coïncidences du 11-Septembre est consultable sur le blog de ReOpen911. Pour les plus pressés, nous conseillons cet article de Taïké Eilée portant sur quelques notables coïncidences.
[31] Dans certains cas, le critère de plausibilité s’avère effectivement pertinent, par exemple :
- Si les comploteurs avaient utilisé un missile, pourquoi inventer cette histoire d’avion et ne pas prétendre simplement qu’une équipe de terroristes avait tiré un missile ?
- Si les comploteurs tenaient pour une quelconque raison à faire croire que c’était un avion qui s’était écrasé sur le Pentagone, alors pourquoi ne pas avoir utilisé un drone maquillé aux couleurs d’American Airlines au lieu d’un missile ?
Mais ne pas avoir de réponses à ces questions ne signifie pas pour autant que la thèse du missile serait fausse car ce qui peut paraître illogique peut n’être que le résultat d’un manque d’information. Ce qui importe ici avant tout est de confronter les théories aux faits et si un fait va à l’encontre de la thèse avancée alors il faut essayer d’y trouver une explication et non l’ignorer.
[32] Une question en passant : si en 1962, le président n’avait pas été Kennedy mais Bush fils : ce dernier se serait-il opposé de la même manière aux chefs d’état-major responsables du projet Northwoods ? Pas évident lorsqu’on sait grâce à un mémo secret britannique que, lors d’une entrevue entre George W. Bush et Tony Blair le 31 janvier 2003, le président américain proposa à son homologue, dans le but de justifier l’entrée en guerre contre l’Irak, de faire voler un avion U2 de reconnaissance peint aux couleurs des Nations unies au-dessus de l’Irak en espérant que l’artillerie irakienne tire sur l’avion.
Le vice président américain Dick Cheney n’est pas en reste d’imagination lorsqu’il s’agit de trouver un prétexte pour attaquer l’Iran comme l’a révélé le journaliste d’investigation Seymour Hersh lors d’une conférence sur les médias. Ici, il était question de fabriquer dans des chantiers navals américains « 4 ou 5 bateaux torpilleurs qui ressembleraient aux bateaux iraniens de ce genre, d’y mettre des Navy Seals bien armés, et de tirer dessus ». Visiblement, le sacrifice de soldats américains ne semblait guère émouvoir Cheney (le projet fut repoussé en raison de la réticence de certains de ses collaborateurs).
Au vu de cet exemple, on imagine sans peine les difficultés auxquelles ont dû être confrontés les rares journalistes ayant tenté d’aborder les zones d’ombre du 11-Septembre…
[34] La prouesse effectuée par ce passeport qui a échappé sans dommage à la terrible boule de feu est d'autant plus remarquable qu’il fut retrouvé imbibé de kérosène, comme l’indique à la page 291 la timeline du FBI déclassifiée en février 2008.
[35] Un exploit également remarquable que réalise là cette pièce à conviction, sortie indemne d’un intense incendie qui sera définitivement éteint dans la matinée du 12 septembre.
[36] Face à un tribunal militaire sur la base navale américaine de Guantanamo Bay, KSM avait déclaré en mars 2007 être « responsable de l'opération 11-Septembre, de A à Z ». Lors de cette audition à huis clos, il avait également reconnu 30 autres actes ou tentatives terroristes (dont les tentatives d’assassinat de Jean-Paul II, des présidents Jimmy Carter et Bill Clinton…). Un document déclassifié a révélé qu’un des interrogateurs de KSM l’avait menacé de tuer ses enfants. Une menace d’autant plus crédible pour le prisonnier que ses deux enfants âgés de 7 et 9 ans avaient été placés dans un centre de détention pour adultes pour au moins quatre mois.
[37] Un article de mars 2009 de Newsweek traduit sur le site du Nouvel Observateur nous apprend : « Une analyse menée par NBC News montre que plus d’un quart des renvois en bas de page — 441 sur quelque 1 700 — concernent des détenus qui ont été soumis au programme d’interrogatoires "améliorés" de la CIA, dont le trio ayant subi le "waterboarding" ». Dans leur livre Without Precedent, les président et vice-président Thomas Kean et Lee Hamilton écriront que la Commission n’avait « aucun moyen de vérifier la fiabilité des informations [qui lui étaient] fournies [par la CIA] ». Des aveux qui seront pourtant d’après Kean et Hamilton « les seules sources disponibles sur le complot ».
[38] Dans L’Ivresse de la Force, Chomsky précisait : « Et je ne crois pas que leurs preuves [aux sceptiques] soient sérieuses. Ni même que ceux qui les exposent soient capables de les évaluer. Ce sont des questions techniques compliquées. On n’a pas l’air de le comprendre, mais ce n’est pas pour rien que les scientifiques font des expériences, qu’ils ne se contentent pas de filmer ce qu’ils voient par la fenêtre ».
[39] Ce qui n’est guère surprenant quand on sait que les experts de la FEMA n’ont disposé que d’un budget total de 1,1 million de dollars. Selon eux la nouvelle enquête du NIST devrait disposer d’un budget d’au moins 40 millions de dollars pour mener à bien sa mission : le NIST en reçut la moitié.
[40] A la page 36 du rapport NCSTAR 1-3 (septembre 2005), le NIST prétend qu’il a été impossible d’identifier avec certitude un échantillon issu du WTC7 : « Aucun élément d'acier n'a été clairement identifié comme provenant du WTC 7 ». Une affirmation également présente dans la faq du NIST du 21 août 2008 : « Une fois enlevé des lieux, l'acier du WTC 7 ne pouvait pas être clairement identifié. Contrairement aux pièces d'acier du WTC 1 et du WTC 2, qui étaient peintes en rouge et contenaient des marques distinctives, l’acier du WTC 7 ne présentait pas de telles caractéristiques d'identification ».
Il s’agit là d’un mensonge de la part du NIST. Dans le documentaire de debunking de la BBC "Conspiracy Files : 9/11 - The Third Tower" (à 48’15), le professeur Jonathan Barnett (qui a mené l’étude de l’annexe C du rapport de la FEMA) affirme, l’échantillon à la main, que celui-ci provient avec certitude du WTC7. Un fait reconnu également dans l’étude « Metallographic Examination of Heavily Eroded Structural Steel from World Trade Center Buildings 1, 2 and 7 » de R. R. Biederman, Erin Sullivan, George F. Vander Voort, et R. D. Sisson, Jr. La grande tromperie du NIST fut de ne pas étudier ce morceau de métal troué comme du gruyère sous prétexte qu’on n’était pas certain qu’il provienne du WTC7 ! Or, qu’il provienne des Tours Jumelles ou du WTC7, cela ne change strictement rien au fait que l’importante corrosion et érosion qu’il a subit constituait un événement tout à fait inhabituel et qu’à ce titre cet échantillon aurait dû être examiné avec la plus grande attention…
[41] Dans un numéro hors-série - coordonné par Jérôme Quirant et consacré au 11-Septembre - de juin 2011 de la revue Science et pseudo-sciences de l’AFIS, une note de bas de page de l’article de M. Brilich prétend que trois équipes scientifiques « ont reproduit ces phénomènes [de corrosion et de sulfidation de l’acier] en laboratoire et expliqué comment ils avaient pu se produire dans les décombres du WTC (...) » (note 7, page 53). En réalité, un seul de ces trois articles scientifiques a effectivement tenté de reproduire ces phénomènes en laboratoire mais dans des conditions bien éloignées de la réalité. Par exemple, les auteurs ont chauffé leur acier à 1100°C pendant 12 heures alors que le NIST a indiqué dans sa FAQ que la grande majorité des colonnes d’acier du WTC7 n’avait atteint qu’une température de 300°C, et seule une partie de l’acier situé à l’angle Est a dépassé les 600°C. De plus, les auteurs ont malheureusement omis de montrer des photos (en taille réelle) de l'acier corrodé de leur expérience, empêchant ainsi toute possibilité de le comparer à celui retrouvé dans les décombres du WTC7. Plus de détails sur cette fraude de l’AFIS, ici. Précision importante, cette note de bas de page mensongère n’est pas le fait de M. Brilich mais de la rédaction de l’AFIS.
[42] Sur 9/11 Forum, le Professeur Greening qui défendait depuis des années l’hypothèse avancée par le NIST reconnait en juillet 2010 que la démonstration de Cole est convaincante : « Je dois dire que je suis très impressionné par l'expérience de M. Cole, c'est du bon travail ! La manière dont l'expérience a été faite est convaincante et je suis content de voir que quelqu'un a testé ce que j'ai suggéré quelques années plutôt. Je suis prêt à admettre que ma première proposition d'explication de la sulfidation de l'acier pendant le 11-Septembre a besoin d'être modifiée. Il est certain que le diesel, le gypse, le béton et l'aluminium seuls ne peuvent pas le faire... ». Greening avance alors une nouvelle hypothèse : « Cependant, je pense que l'inclusion de chlore dans l'expérience peut expliquer la sulfidation "naturelle" de l'acier », hypothèse qu’il s’abstient malheureusement de valider par l’expérience…
[43] La nanothermite est un matériau énergétique high-tech constitué d’un mélange ultra-fin de poudre d’aluminium (Ultra Fine Grain, ou UFG) et d’oxydes de métal UFG, généralement de l’oxyde de fer, de l’oxyde de molybdène ou de l’oxyde de cuivre, bien que d’autres composants puissent être utilisés (Prakash 2005, Rai 2005). Une solution liquide est ajoutée au mélange de ces réactifs, formant ce qu’on appelle des "sols" ; puis on ajoute un agent gélifiant qui capture ces minuscules combinaisons réactives dans le mélange (LLNL 2000). Le "sol-gel" qui en résulte est ensuite séché pour former un matériau poreux réactif qui peut être enflammé de plusieurs façons. Pour plus d’informations sur la nanothermite nous vous conseillons la lecture de cet article de Kevin Ryan.
Reconnaissons toutefois au NIST le mérite d’avoir chargé un organisme indépendant, Underwriter Laboratories, de conduire des tests sur la résistance au feu de planchers similaires à ceux du WTC, avec pour objectif de vérifier l'hypothèse selon laquelle l'effondrement des Tours Jumelles aurait été initié par la déformation des planchers sous l'effet de la chaleur. Cette déformation des planchers aurait généré une force de tirage vers l'intérieur provoquant l'arrachage des colonnes externes.
[45] Cela n’a peut-être l’air de rien mais ce n’est qu’une impression : ceci équivaut approximativement à une chute de huit étages, sans résistance d’aucune sorte. Pour Jérôme Quirant, ardent défenseur de la thèse officielle, ceci est tout à fait normal : « L'accélération observée, proche de celle de la chute libre sur une portion de chute (et pas TOUTE la chute), indique juste que les déformations générées dans les matériaux étaient insuffisantes pour influer de façon mesurable sur l'accélération observée. C'est un fait qui ne choque nullement quiconque à quelques notions élémentaires de résistance des matériaux et de dynamique des structures. C'est pourquoi, sûrement, le NIST n'a pas jugé utile de détailler plus cet élément » (Post sur Rue89 – les réponses de Marie Rima sont à lire).
[46] Un exemple de cadre idéologique préétabli ici. Exceptionnellement des experts non orthodoxes sont invités à donner leur avis mais gare à eux s’il leur vient à l’idée de critiquer le rôle des médias dans l’établissement de ces cadres préétablis : http://www.acrimed.org/article2998.html
[47] Le NIST établit dans son rapport publié le 21 août 2008 que des débris incandescents tombant de la Tour 1 ont allumé des incendies sur les façades sud et ouest du bâtiment du 7e au 9e et du 11e au 13e étage.
[48] Un rapport qui aura le mérite de rappeler aux journalistes l’existence de cette troisième tour et qui, selon le Monde reprenant une dépêche AFP, « met un point final aux controverses sur les raisons de l’effondrement du bâtiment ». Le Point quant à lui opte pour la sobriété en titrant « Le NIST tord le cou aux théories conspirationnistes sur le 11-Septembre ». Saluons au passage la performance de Jean Guisnel qui ayant écrit cet article le lendemain de la parution de ce rapport, n’a eu que quelques heures pour lire, analyser la « documentation de plusieurs milliers de pages », temps néanmoins suffisant pour affirmer que « tous les arguments des conspirationnistes sont scientifiquement contestés un à un ». Des critiques de ce rapport du NIST sont consultables ici ou là.
[49] Sur le site de François Grangier, on peut lire qu’il est commandant de bord, instructeur, examinateur en vol et expert Enquêtes-Accidents (expert agréé par la Cour de Cassation, expert auprès de la Cour d’Appel de Pau et Vice-président de la Compagnie des Experts auprès de la Cour d’Appel de Pau).
[50] Comme le remarque fort justement Science et Vie de septembre 2011 : « des formes d’explosion et de la fumée blanche sont les seuls éléments discernables ». D’après les défenseurs de la thèse officielle, cette traînée blanche serait due aux dommages subis par le réacteur droit suite à un choc sur un des lampadaires. C’est ce que montre notamment la simulation réalisée par Mike Wilson et qui est reprise par de nombreux défenseurs de la TO (comme ici par Rue89).
Les détracteurs de Meyssan objectent à juste titre qu’aucun témoin n’a dit avoir vu de missile, ces mêmes détracteurs n’ont-ils donc pas remarqué qu’aucun témoin n’a dit avoir vu cette trainée blanche que l’on voit pourtant clairement sur les images rendues publiques ? On a donc :
- d'un côté : les vidéos du parking du Pentagone montrant une épaisse trainée de fumée blanche derrière l'objet.
- de l'autre côté : aucun témoignage de cette trainée (sur presque une centaine de témoignages).
Ce qui implique que, soit les vidéos ont été trafiquées, soit les témoins ont menti ou se sont tous trompés.
[51] En effet, le rapport de l’ASCE publié en janvier 2003 indique à la page 14 que d’après l’analyse de la première photo divulguée par CNN, ils ont pu estimer qu’à cent mètres du lieu d’impact le haut du fuselage se trouvait à environ 20 pieds du sol, ce qui implique que les moteurs se trouvaient à 2,2 pieds du sol, soit à moins de 70 cm du sol ! Et ce alors que l’avion volait à 850 km/h et était piloté par un pilote qui un mois avant les attentats s’était vu refusé la location d’un simple Cessna 172, un petit appareil monomoteur, car il n'a pas été jugé capable de le piloter. Rappelons qu’avant de connaître ces faits, le Washington Post écrivait le 12 septembre 2001 que « des sources dans l'aviation ont dit que l'avion fut piloté avec une habilité extraordinaire ». Terminons en précisant que Science et Vie de septembre 2011 ment ou se trompe lorsqu’il affirme « mais à ce moment-là, soit une seconde avant de s’écraser, il était encore 15 mètres plus haut que son altitude finale ».
[52] Mieux, Bruno Gex, corédacteur en chef de C+ Clair, explique que, lors de cette émission de Canal +, « on a mis des interlocuteurs crédibles en face de Thierry Meyssan précisément pour apporter la contradiction ».
[53] Facteur aggravant pour notre expert car il n’a même pas l’excuse de ne se baser que sur la célèbre photo prise avant l’effondrement de la façade et qui ne montre que peu de dégâts, les jets d’eau des lances d’incendies cachant les dégâts du rez-de-chaussée.
[54] Il va de soi que les experts critiquant la thèse officielle peuvent eux aussi être victimes de leur méconnaissance du dossier, de leurs préjugés. Il convient donc à chacun de rester prudent envers toutes les expertises, y compris celles venant conforter ses propres doutes ou convictions…
[55] L’exemple le plus caricatural de cette fonction de gardien du système nous est donné par les économistes qui bien qu’ayant fait preuve de leur incapacité à prévoir les dernières crises continuent néanmoins à être invités sur les plateaux télés pour y asséner leur prêche.
[56] Wikipedia rappelle les différences entre révisionnisme et négationnisme : « À l'origine, le terme de révisionnisme désignait le mouvement demandant la révision du procès Dreyfus. Le sens de ce terme s'est ensuite étendu, et désigne aujourd'hui un courant de pensée tendant à remettre en cause et modifier plus ou moins profondément, selon les cas, un système idéologique ou politique établi, un traité international ou un texte de loi majeur, ou encore des faits considérés comme historiques. Son utilisation au sujet de la Seconde Guerre mondiale a restreint dans le grand public l'usage du terme à ce seul sujet, souvent avec une connotation péjorative dans ce contexte. Le terme de négationnisme a été créé pour distinguer le révisionnisme historique au sens large du discours tendant spécifiquement à contester la réalité de crimes contre l'humanité, s'agissant tout particulièrement de la négation de la Shoah ».
Cette accusation abjecte de négationnisme deviendra un classique de l’argumentaire des journalistes qui l’utiliseront même contre des personnes qui auront eu le seul tord d’affirmer avoir le droit au doute sur le 11-Septembre. Pour ce crime de la pensée, Mathieu Kassovitz, petit-fils de déporté sera traité de « Faurisson du 11-Septembre ».
[57] Ce qui n’empêchera ce dernier de déclarer lors du débat « Le retour des théories du complot » sur la chaîne Histoire le 15 mars 2009 : « Les rares fois où ils [les médias] traitent les conspirationnistes, c'est bien souvent sur un ton un peu moqueur ». Guillaume Dasquié, qui décrit les lecteurs de Meyssan comme des incultes, est invité à prendre connaissance de la note précédente (note n°55) afin d’éviter à l’avenir de réitérer ce genre d’inepties : « S’agit-il de révisionnisme ? Le révisionnisme est une démarche intellectuelle qui consiste à manipuler des événements factuels pour remettre en cause une vérité historique. Or sur le 11-Septembre, c’est dur de parler de vérité historique puisqu’il y a encore des zones d’ombre. Donc révisionnisme non, mais négationnisme, oui » (Le Parisien - 29 10 2009).
[58] A propos, celles et ceux qui pensaient être victimes d'une mauvaise plaisanterie sont invités à poursuivre l'expérience en prenant connaissance de la réponse de Mete Sozen, le chef de ce projet à l’université de Purdue, suite à nos demandes d'éclaircissement sur la non intégration de la façade et des réacteurs dans la simulation.
[59] L’article de Science et Vie estime utile de conclure avec un encadré intitulé « On tenait à vous le dire » :
« La fin d'une rumeur ? Publiés à l'occasion du premier anniversaire des attentats du 11-Septembre, les travaux des chercheurs sur l'attaque du Pentagone tombent à point nommé. Ils réfutent, si besoin en était, la thèse selon laquelle aucun avion détourné par des terroristes ne s'est en réalité écrasé sur le Pentagone et, partant, que l'attentat faisait en réalité partie d'un plan machiavélique visant à justifier la politique de représailles du gouvernement américain contre Oussama ben Laden. Cette thèse, largement reprise en Europe, a d'ailleurs rencontré très peu d'échos outre-Atlantique ».
Signalons qu’à l'occasion de la commémoration des 10 ans des attentats, Science et Vie s’est de nouveau brillamment illustré au travers d’un dossier spécial intitulé « le 11-Septembre et la rumeur. La théorie du complot à l’épreuve de la science » (démonté en partie ici). Il est "amusant" de constater que huit ans après leur l’article de novembre 2002, la rédaction de Science et Vie continue de mettre en avant les images tirées de la simulation biaisée de Purdue. A titre informatif, précisons que la rédaction bien qu'avertie à plusieurs reprises de l'inanité de ces images, ne jugea pas utile d'émettre de correctif, voire de publier dans le courrier des lecteurs les messages pointant les faiblesses de la simulation.
Réponse : « Le doute est sain. Par contre, c’est une véritable hantise pour les pouvoirs en place. Ils voient leur capital confiance s’éroder et se faire critiquer. Or, ils ont besoin de la confiance de la population, même si les avis sont différents. En permanence, ils agitent le chiffon de la paranoïa. Mais ça ne fait peur qu’à eux.
Il y a eu trop d’exemples dans le passé où il aurait fallu douter et on ne l’a pas fait. Le doute est l’un des éléments clés de la pensée occidentale. Le débat doit exister et on peut regretter que les lieux de débats soient difficiles. Ces différentes communautés ne se rencontrent pas. Et c’est dommage. »
[63] Suite au passage de Meyssan chez Ardisson, le Monde interroge plusieurs journalistes pour savoir comment traiter ce genre de thèse : « Mais dès lors que la presse – en l’occurrence France-Soir et Libération – s’empare du sujet pour le dénoncer, et qu’une émission de télévision lui consacre une large partie de son temps, constate Ulysse Gosset, "la bouillabaisse a tellement pris qu’elle dépasse l’entendement et échappe à tout contrôle, son traitement devenant incontournable". Dans ce même ordre d’idées, Edwy Plenel signale que "Le Monde a décidé de ne pas en parler le premier. Mais à partir du moment où les propos de Thierry Meyssan dépassaient la barrière de la télévision et de la presse écrite", le quotidien du soir s’est exprimé. (…) C'est justement ce que "regrette" Jean-Bernard Cadier [journaliste à Europe 1] : "Il y a dans les médias, dit-il, des sas et des purgatoires où l’on peut parler de cette rumeur, mais la grande presse ne devrait pas s’en emparer ».
[64] Bénédicte Charles, journaliste à Marianne, déclarait dans "Parlons Net" sur France Info le 7 mars 2008 : « …c’est de l’intérêt de cette histoire avec Marion Cotillard, ça a permis de voir que ce qu’on considérait comme un cancer en phase de rémission, à savoir les théories du complot développées autour du 11-Septembre ont continué à faire florès sur internet pendant des années, elles existent encore, elles se sont développées ».
- « Avez-vous osé dire “conspiration”. Bien… oui, et alors… » par Paul Laurendeau, ancien professeur de linguistique au Département d’Études françaises de l’Université York (1988-2008) et Docteur ès Lettres de l’Université Denis Diderot (Paris VII), publié sur son blog en avril 2008.
- « "La théorie du complot" en version France Culture » par Henri Maler, maître de conférences en science politique à l'Université Paris VIII et Patrick Champagne, sociologue, enseignant à l'Université Panthéon-Sorbonne (Paris I) et à l'Institut d'études politiques de Toulouse, publié sur Acrimed en février 2010.
- « Vous avez dit complot… » par Alain Garrigou, professeur de science politique à l’université de Paris Ouest Nanterre et directeur de l’Observatoire des sondages, publié sur Les blogs du Diplo en juin 2011.
Le 7 octobre 2001, jour d’entrée en guerre contre l’Afghanistan, on apprend discrètement que Mahmoud Ahmad est renvoyé de son poste de directeur de l’ISI, les services secrets pakistanais. Le lendemain, un quotidien pakistanais révèle que ce serait en raison de son implication dans le financement des attentats du 11-Septembre : il aurait fait transférer 100000 dollars sur le compte de Mohammed Atta. Bien que cette révélation fût rapportée par le Wall Street Journal, la Commission d’enquête prétend ne pas avoir vu « de preuves qu’un gouvernement étranger – ou le représentant d’un gouvernement étranger – ait fourni des fonds ».
Enfin, rappelons que ben Laden, l’homme le plus recherché de la planète vivait depuis des années tranquillement dans une résidence à Abbottabad, ville-garnison pakistanaise comptant 90000 soldats sur place, trois corps d’infanterie et l’une des plus importantes académies militaires du pays ainsi que des bureaux des services secrets pakistanais, des services de l’armée, du ministère de l’Intérieur, de la police.
[68] Pour un bon résumé des points troublants concernant ben Laden, vous pouvez visionner ce court documentaire réalisé par ReOpen911 : "Ben Laden, storytelling et démocratie".
[69] Florence Aubenas interviewée le 13 septembre 2008 par la TéléLibre : « Je ne pense pas comme Meyssan que c’est une effroyable imposture, je ne le pense pas mais je pense qu’il y a plein de questions et que ces questions doivent être posées toutes sans tabous ».
Karl Zéro interviewé par la blogueuse Natacha Quester-Séméon en novembre 2006 :
NQS : « Et pourquoi quand t’étais encore à la télévision, tu n’a pas fait de chose là-dessus ? »
KZ : « Parce que c'était impossible ! »
NQS : « Mais de quel point de vue c’était impossible ? Parce que ça, ça fait vachement genre : ben dans les médias on ne peut pas dire tout ce qu’on veut ».
KZ : « Ça veut dire la direction de la chaîne disait : "non, on ne touche pas à ça" »
NQS : « Mais en tant que producteur, tu n’as pas les moyens de faire quelque chose ? »
KZ : « (…) Dès que tu commençais à dire "mais on pourrait peut-être faire un truc qui donne un peu la parole aux deux", "ah non, tu ne peux pas". Donc ça, c’est pas si tu veux une conspiration, une théorie de la conspiration que de dire que quand tu es dans les médias dominants, les médias "officiels", y'a des trucs que t'as pas le droit de dire ! »
[70] Un bon exemple nous a été offert le 30 septembre 2009 par Guillaume Durand dans son émission L’objet du scandale sur France2 où il organisait un débat sur les attentats du 11 septembre 2001 intitulé "11-Septembre : pourquoi les stars doutent". Démontage de ce pseudo-débat par ReOpen911 ici.
[71] Toutes ces accusations furent notamment lancées par Philippe Val au cours d’un « débat » mémorable sur Arte le 13 avril 2004.
[73] Depuis la parution de notre réponse sur le blog de ReOpen911, laquelle fut accompagnée de l'envoi en simultané d'une lettre recommandée aux rédactions des différents médias ayant relayés les allégations de Quirant pour les inviter à lire notre papier et à se prononcer sur l’honnêteté intellectuelle de leur caution scientifique, Quirant a répondu à notre démontage de sa critique. Nous invitons évidemment M. Bricmont à prendre connaissance de cette dernière réponse de Quirant après avoir lu notre démontage de sa critique à notre documentaire.
[74] Le titre de ce hors-série suffit d’ailleurs à lui seul à révéler toute l’objectivité de l’opuscule : « Dix ans après les attentats du 11-Septembre. La rumeur confrontée à la science ».
Comme d’habitude, ce debunking des "théories conspirationnistes" a été démonté par des sceptiques (ici, ici ou là), mais qu’importe puisque l’important ne réside pas dans la confrontation des points de vues mais dans le fait que les médias puissent disposer de la "démonstration scientifique" de l’inanité des "thèses conspirationnistes".
[75] Plusieurs sceptiques ont démonté les arguments de Jérôme Quirant, notamment Yves Ducourneau dans l’article "Quelques réponses au site Bastison.net" et Frédéric Henry-Couannier, Maître de conférences et chercheur en physique fondamentale au Centre de Physique des Particules de Marseille, dans le chapitre « La propagande pro thèse officielle : www.bastison.net  ;» ; se trouvant en bas de cette page, ou encore dans cette page spécialement consacrée à réfuter les arguments de Quirant au sujet de la thermate.
Quant à ceux dont les diplômes ne permettent pas à Quirant de les exclure, il se contente de les dénigrer : « Quant aux 50, grand maximum, qui semblent avoir un jour pratiqué le calcul de structure de bâtiments, on ne sait s'ils ont un jour dimensionné autre chose qu'un hangar agricole » (Tribune publiée sur Rue89). Dans cette même tribune, Quirant assène au sujet des ingénieurs et architectes : « Bien qu'ils ne soient pas du tout spécialistes du domaine et qu'ils n'aient jamais rien publié dans des revues scientifiques de génie civil ni avant, ni après le 11-Septembre, ils se permettent de critiquer, accuser, juger ». Mais M. Quirant qui n'a aucune compétence en sismologie, en économie ou en chimie, a par contre lui le droit de « critiquer, accuser, juger » l’étude d'un ex-chercheur du CNRS en géologie-géophysique spécialiste des ondes acoustiques, celle d’un professeur en Finance, ou encore celle d’un chimiste ayant publié près de 60 articles dans les meilleures revues à comité de lecture.
Ne craignant aucune contradiction, Quirant clame sur son site à la rubrique complot : « Le mécanisme de la réaction [sulfuration de l’acier] pourrait être étudié (certains l’ont même fait...) mais ça, je le laisse aux chimistes, pour le coup je ne suis pas compétent (…). Ce qui est sûr, c’est qu’à la différence d’autres personnes, je ne vous parlerai pas de choses dont je ne sais rien : on m’a demandé une fois ce que je pensais de la pelouse du Pentagone ! J’ai répondu "je ne sais pas je ne suis pas jardinier" … Et c’est vrai : j’ai bien quelques notions de jardinage, mais il vaut mieux laisser cela à des spécialistes… ».
[77] Il est possible que Chomsky - dont la critique des médias fut qualifiée de « conspirationniste » par certains de ses détracteurs en manque d’argumentation – rejette aussi violemment la remise en question de la thèse officielle par crainte de donner à ses accusateurs une nouvelle occasion de tenter de disqualifier son travail.
[78] La Commission Trilatérale est une organisation privée qui fut créée en 1973 à l'initiative des principaux dirigeants du groupe Bilderberg et du Council on Foreign Relations, parmi lesquels David Rockefeller, Henry Kissinger et Zbigniew Brzezinski. Regroupant 300 à 400 personnalités parmi les plus distinguées et influentes – hommes d’affaires, politiciens, décideurs, « intellectuels » – de l’Europe occidentale, de l’Amérique du Nord et de l'Asie Pacifique, son but est de promouvoir et construire une coopération politique et économique entre ces trois zones clés du monde, pôles de la Triade.
[79] Sans pour autant prétendre que le fait de « mettre en doute la version officielle » représente le summum de la subversion et de la « résistance au système », quelle autre révélation serait à même de causer un tel bousculement dans les consciences ?
[80] Nous apprécierions par exemple l’abandon de cette Arme de Destruction Médiatique qu’est ce terme méprisant de « conspirationniste », un qualificatif qui a pour effet de tuer toute possibilité de dialogue.
[81] Signalons toutefois les tentatives d’ouverture du débat sur le 11-Septembre par les journalistes Mehdi Ba et Bruno Fay à travers leurs ouvrages respectifs 11 questions sur le 11 septembre et Complocratie.
[82] Interviewé en décembre 2009 sur France Culture, Pierre-André Taguieff, sociologue spécialisé dans l’étude des théories du complot reconnaissait qu’« il reste indéniablement quelques contradictions internes dans notamment le contre rendu de la commission américaine… ».
En mai 2010, Guillaume Dasquié est interrogé par Laurent Joffrin dans l’émission "Les détectives de l’Histoire" sur France 5 :
Joffrin : « Est-ce que la version officielle est vraie ou est-ce qu’il y a eu un complot ? »
Dasquié : « Non, non, la version officielle tient la route, définitivement. »
Joffrin : « Et pourtant il y a plein de zones d’ombre… »
Dasquié : « Oui enfin il y a des détails qui restent à préciser… »
Quelques minutes auparavant au cours de l’émission au sujet du vol 93 :
Dasquié : « C’est vrai que l’on a des débris qui sont à des km de distance… »
Joffrin : « à une dizaine de km, 12 km… »
Dasquié : « Oui, c’est ça. (…) Ce n’est pas possible que l’avion, il rebondisse comme ça, il heurte le sol de manières différentes… Non, ça ne colle pas. »
Un détail…
En lien avec cet article :
- "Question de David Ray Griffin aux principaux détracteurs de la Gauche américaine qui critiquent le Mouvement pour la vérité sur le 11-Septembre : Croyez-vous vraiment aux miracles ?" – par David Ray Griffin
- "Un nouveau regard sur le 11 Septembre" – par David Ray Griffin
- "Quatorze points de convergence avec les rapports officiels" – par Steven E. Jones
- "Réexaminer le 11/09/2001 en appliquant la méthode scientifique" – par Steven E. Jones
- "Mort de Ben Laden : Tous conspirationnistes ? Non, tous citoyens !" – par Taïké Eilée
- "Chomsky, Bricmont et le 11-Septembre : la défaite de la pensée" – par Taïké Eilée
- "Qui sont ces experts « accrédités » qui défendent la thèse officielle sur le 11/9 ?" – par Kevin Ryan
- "Le Mouvement pour la vérité sur le 11 septembre a-t-il été neutralisé ?" – par Pascal Sacré
-
"11-Septembre : les militaires US ont-ils confondu les attentats avec un exercice d’entrainement ?" – par Shoestring
- "Mediapart dans l'impasse du 11-Septembre" - par Sébastien Durrbach
A lire :
- 11 Septembre, La Faillite des Médias de David Ray Griffin (Titre original : Debunking 9/11 Debunking)
- 11 Questions sur le 11 Septembre de Mehdi Ba
A voir :
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