Petite analyse du mécanisme confusionnel, intentionnel et non intentionnel (partie 1/3)
Comme le titre l'indique, l'article ci-dessous et les deux suivants, ont pour ambition d'expliquer ou rappeler sommairement, c'est à dire dans ses éléments de bases, le mécanisme de la confusion et surtout sa raison d'être, sa fonction essentielle. Son analyse détaillée sous l''angle présenté ici, qui postule le fait que la dissonance cognitive ou plutôt dissociation cognitive est un élément central du confusionnisme (1), nécessiterait un voir plusieurs ouvrages, aussi, la difficulté est de présenter un tel mécanisme de manière simple et didactique.

Le confusionnisme n'est certainement pas une technique moderne, car inhérent au développement des capacités cognitives humaines.
Ainsi, la confusion est soit une technique élaborée méthodiquement quand elle consiste à manipuler les esprits ou cogitos, soit involontairement quand il s’agit de soutenir une idée en dépit de ses contradictions internes, voire de son irrationalité. Autrement dit, la confusion existe de manière « naturelle » dans le cerveau humain et lui est spécifique, c’est-à-dire, que si nous devions suivre strictement la logique des règles que l’on s’est données, nous devrions renoncer à nos pulsions, nos désirs les plus profondément ancrés en nous même, où l'idée d'abandon, du "lâcher prise" nous est insupportable. Raison pour laquelle le cerveau humain à mis en place les artifices de la confusion, dont la dissociation des relations causales ou dissociation cognitive (1) fait partie intégrante en tant que méthode (son explication fera l'objet de la partie trois et est le moyen par excellence du confusionnisme), afin de lui permettre d'assouvir ses désirs les plus puissants, sans paraître renoncer à sa propre morale ou éthique qui lui serait contraire. Du moins et il faut insister sur cette distinction, lorsque la personne en question se veut honnête, sincère, car sinon, le confusionnisme est une technique élaborée de manière consciente.
Tout le processus se passe dans notre cogito ou le « je pense », qui utilise le langage comme moyen. Le premier à avoir tenté de formaliser ces biais cognitif (1) est un dénommé Korzybsky (après la 1ère guerre mondiale), qui en a abordé l’analyse dans ses traités, théorie qu'il appela "la sémantique générale" ou SG. Qui se proposait d'apprendre à repérer et corriger ces biais cognitif. Pour se faire, il utilisa la méthode scientifique, c’est-à-dire, identification du problème, analyse, évaluation et enfin, définition de solutions. Toutefois, les analyses faites par Korzybsky sous la dénomination SG, ignorent l’intention de tromper autrui ou soi même
Contemporain de l’énonciation de la théorie de la relativité par Einstein, il va rompre avec le mode de pensée d’Aristote, c’est-à-dire du tiers exclu, pour introduire la pensée dites « relativiste ». Donc, basé sur la théorie de la relativité, où il convient d’analyser la relation entre l’observateur et l’objet observé et non plus par identification du tiers exclu que l'on peut qualifier de mode de pensée "manichéen".
Si le succès de cette méthode est indéniable, elle va pourtant échouer sur le point central de ce qui, initialement, à motivé son étude par Korzybsky. Soit, donner les outils à l’humanité afin de l’aider à dépasser ses conflits, la prémunir de la guerre et lui permettre de vivre en paix. On pourrait certes répondre que l’échec est dû à l’ignorance de la SG, mais ce serait oublier que celle-ci n’est véritablement inconnue que des citoyens et en aucune manière des spécialistes des techniques de manipulations des foules, si tant est qu’ils en ignoraient les principes de bases. En réalité, la SG en tant qu’outil de manipulation est connue depuis que certains humains ont entrepris de dominer leurs semblables. Donc, partout où l’exploitation de l’homme par l’homme est la norme sociale. Mêmes causes, mêmes effets.
Autrement dit, l’erreur fondamentale de Korzybsky fut de ne pas avoir vu que le mauvais usage du langage, ainsi qu’une mauvaise appréciation du contexte dans lequel naît un conflit, sont la cause de nombreux quiproquos et malentendus, uniquement entre individus de bonne fois, animés de bonnes intentions. Que cela peut effectivement aboutir à des actes de violences, voire mortels, jusqu'à provoquer des guerres et pouvant être effectivement évités par un usage approprié du langage et l’analyse objective des faits (2). Mais au niveau des élites dirigeantes politiques et surtout économiques, on ne peut plus parler de malentendus, sinon de volonté. Car ce qui caractérise le plus les élites dirigeantes des pays, est la volonté de domination et d’exploitation de la vie d’autrui à leur profit. Et quand ils s'en trouvent animés d'une volonté contraire, car il en existe toujours, soit ils sont corrompus, soit calomniés et enfin en dernier recours, éliminés,
Ainsi, si on prend comme référence les 12 leçons de sémantique générale (2), on observe cette constance, que chaque leçon porte toujours sur une erreur d’appréciation de l’intéressé ou d’une personne tierce, et non sous l’angle d’une volonté de nuire à l’intéressé ou d’une volonté de nuisance de ce dernier. Autrement dit, la sémantique générale de Korzybsky pose comme postulat, qu’il n’y a dans l’humanité que des gens animés de bonnes intentions et non qu’il en existe dont la volonté est de nuire à leur prochain. Ce qui relève non pas de l’observation scientifique, mais de la croyance.
C’est donc d’avoir fait abstraction que si la nature contient majoritairement des êtres n’aspirant qu’à vivre en paix avec leur semblable, dépourvus de velléités de domination des peuples, elle en contient une minorité n’aspirant qu’à vivre en concurrence avec leur semblable, dans le but de les dominer et de les exploiter. Que cette aspiration à dominer est le moteur de leur action et les conduits à développer les méthodes de manipulations, contre lesquelles, la SG développé par Korzybsky est impuissante.
La conséquence étant que d’un coté, l’absence de volonté de domination incline à l’éthique de réciprocité où la violence n’est pas naturelle et la volonté de manipulation pas ou peu développé, sinon à son encontre (3). Tandis que de l’autre coté, la volonté de domination porte naturellement la violence et est contre l’éthique de réciprocité, puisque interdisant le principe d’exploitation, conduit tout aussi naturellement à utiliser la manipulation comme arme d’asservissement d’autrui à sa volonté, pour le contraindre à accepter, voir, soutenir cette exploitation.
Or, comme l’humanité présente est dominée par cette minorité vindicative et prédatrice (4) depuis quelques millénaires, essentiellement en Eurasie, puis, avec la colonisation de l’Amérique, imposé à tous les autres continents, c’est son langage qui domine la pensée humaine. Face à laquelle, la SG de Korzybsky est impuissante à résoudre les conflits systémiques, car faisant l’impasse sur le caractère intentionnel du langage, non au sens qu’il lui donnait d’une erreur d’appréciation, mais bien au contraire de la volonté d’induire autrui en erreur afin de mieux le soumettre.
En résumé, la SG énoncé par Korzybsky est parfaitement adaptée pour résoudre les relations conflictuelles qui peuvent naître de la mécompréhension à l’intérieur d’un individu ou/et dans ses relations avec autrui, quand celui-ci est de bonne foi et animé d’une intention amicale, mais se révèle impuissante, et surtout contreproductive, dès l’instant où la personne est de mauvaise foi et animée d’une intention inamicale, telle la volonté de domination d’autrui.
Ce qui précède, met en évidence qu'il faut faire entrer dans le champ de l'analyse scientifique l'intention en tant que volonté d'action, en complément aux erreurs d'appréciation. C'est en se limitant à ces dernières que la SG se condamnait à ne pas atteindre ses objectifs.
Dans la prochaine partie, on verra que certains mots clefs sont dotés de définitions contradictoires et opposés, dans le but de maintenir le cogito dans la confusion et lui interdire l'analyse objective des faits. Favorisant la dissociation cognitive, soit de manière non intentionnelle, soit de manière intentionnelle.
Avant d’aller plus loin, il convient de bien souligner que le but de tout le développement qui va suivre est fondé sur la réalité historique et porte sur le cas général de la société, à savoir, comment une minorité d’individus arrive à imposer leur vision du « mieux vivre ensemble », alors que leur principe est basé sur la concurrence du vivre ensemble, antinomique, aux fins d’exploitation d’autrui et passant par la violence et l’iniquité systémique, avec son lot de guerres et de désolation. Cette catégorie de gens étant aujourd’hui désignée sous le nom de « pervers » et a réussit à pervertir une importante partie de l’humanité, la persuadant d’agir à l’encontre de sa tendance naturelle à l’empathie envers autrui et autrefois permettant d’affirmer que « l’homme est naturellement bon » et n’est « un loup pour l’homme » que par déviation, perversion de sa nature dominante en tant qu’être social, soit, la grégarité.
(1) Sous réserve d'autres auteurs dont je n'aurai pas connaissance. Je parle ici de dissociation cognitive, car contrairement à la dissonance cognitive de Léon Festinger et la sématique générale d'Alfred Korzybsky qui étudient le caractère non intentionnel des biais cognitifs, il s'agit ici de se concentrer sur l'intentionnalité, donc, dans le but de manipulation d'autrui et de soi même pour éviter de devoir choisir et de faire face.
(2) Pour comprendre sommairement la sémantique générale de Korzybsky lire ce pdf « 12 leçons de sémantique générale ». Très pédagogique et didactique.
(3) la constitution de la confédération Iroquoise appellé "la Grande Loi de la paix" est un exemple de ce que peut faire l'être humain, lorsqu'il est "dominé" par le souci d'équité, de respect d'autrui et de la volonté de vivre en paix avec ses semblabes. Donc, basé sur l'équilibre de l'échange, interdisant l'impôt sur celui-ci et interdisant l'exploitation et la domination d'une minorité sur la majorité, par le biais de ce même impôt inique, inéquitable et inégalitaire par nature, prenant différentes formes selon les cas d'espèces.
(4) La prédation humaine n’a plus rien à voir avec la prédation animale, elle s’en distingue essentiellement par le fait qu’elle consiste à soumettre les proies à la volonté du prédateur, celui-ci trouvant plus profitable de s’approprier le temps de vie de sa proie afin d’en exploiter sa force et son savoir faire, plutôt que de la manger. La prédation humaine n’utilise pas seulement sa force physique, mais surtout sa force mentale à soumettre sa proie pour la faire obéir à tous ses désirs, pervers ou non. C’est ici qu’opère la technique de la confusion, conduisant à la sidération de la victime. Les premiers à avoir su la développer, sont les cléricaux, qui par définition, sont spécialisés dans le domaine de la manipulation des esprits. Ce savoir faire sera, en règle générale, ensuite placés sous la domination de la noblesse et enfin, de la bourgeoisie.
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